Pèlerinage de Pentecôte
de Paris à Chartres

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Actualité

Dimanche 14 novembre 2021

Appel de Chartres n° 252

» Téléchargez le numéro 252 de l'appel de Chartres (novembre 2021)

Un numéro de 9 pages.

Au sommaire:

  • Edito de Joseph Darantière
  • Le chrétien face au monde: choisir la bonne attitude: Thibaud Collin, philosophe
  • La conquête de l'audiovisuel par l'Evangile: Hubert de Torcy, fondateur de Saje Distribution
  • N'oublions pas les âmes du Purgatoire: Père Maximilien, Chanoine de l'abbaye de Lagrasse
  • Portrait de pèlerin : Osanne, restauratrice de tableaux


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vendredi 22 octobre 2021

Profitez de vos vacances pour aller voir Fatima !

Tout commence par un étrange dialogue entre un auteur agnostique venu rencontrer Sœur Lucia dans son couvent de carmélite, pour parfaire son dernier ouvrage. « Pourquoi ce qui s’est passé il y a tant d’années vous est arrivé à vous et à personne d’autre » ? » C’était nécessaire, lui répond-t-elle, de transmettre Son message. Naturellement à l’époque je n’aurais pas pu imaginer l’importance de ce message ni quelles en seraient les conséquences je n’étais qu’une enfant. Le monde semble-t-il avoir entendu ce message de paix divine ? »

Nous sommes en 1917 dans une petite ville du Portugal, pays mis à mal par les ravages de la première guerre mondiale et une république fraichement imposée et violemment anticléricale. Alors qu’elle dessine sur les murs d’une grotte, Lucia, petite bergère de 9 ans, est interrompue par le sentiment d’une présence qu’elle perçoit peu à peu sans pouvoir l’identifier : l’Ange de la paix, venu lui apporter une vision des combats et la recommandation de prier sans cesse pour que vienne la paix.  « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, n’adorent pas, n’espèrent pas et ne vous aiment pas ». Peu de temps après, elle reçoit en présence de ses cousins, Jacinta et Fransisco une deuxième apparition, celle d’une « très belle dame » au regard doux mais empli de tristesse. « La guerre doit cesser » dit-elle, mais pour cela il faut prier le chapelet quotidiennement. Seules les deux fillettes entendent son message, Fransisco ne perçoit que le mouvement de ses lèvres.

Chaque 13 du mois entre mai et octobre 2017, la « belle dame » apparaîtra aux enfants au même endroit, à la même heure et délivrera toujours le même message : le Christ souffre car Il est insulté, seule la prière peut réparer Sa douleur et faire cesser les maux de ce monde. Les enfants vont alors vivre un combat spirituel dense, écartelés entre la promesse qu’ils ont faite à la Sainte Vierge de ne dévoiler de ses échanges avec eux que l’appel à la prière continue, et le discrédit de leurs parents comme de leur curé, voire l’emprise satanique associée à leurs témoignages. L’affaire s’ébruite et la population locale, après avoir été réticente, se fait de plus en plus nombreuse auprès des jeunes bergers pour les rendez-vous mensuels. Les autorités locales y voient un trouble à l’ordre public, décident la fermeture des églises et la séquestration des enfants pour les soumettre à d’éprouvants interrogatoires. Mais rien ne désarme la fidélité des enfants à leur récit ; les plus viles atteintes n’entament ni la ferveur de leurs prières ni la confiance absolue en le secours de la belle dame, Notre-Dame du Rosaire.

Le 13 octobre 1917 a lieu la dernière apparition qui cette fois n’est pas réservée à la seule vue des enfants. Alors que le temps était sec, un orage déchire brutalement le ciel assombri avant de laisser apparaitre un soleil dansant qui menace de percuter la terre avant de reprendre sa place dans le ciel. Cet évènement visible de beaucoup ne semble pour autant pas convaincre l’épiscopat portugais qui restera longtemps sceptique.

Marco Pontecorvo nous offre là un très beau film, d’une riche composition (avec entre autres, Harvey Keitel, Goran Visnjic, Sônia Braga) au service de talents extrêmement prometteurs à travers les personnages de Lucia (Stéphanie Gil) et Jacinta (Alejandra Howard), soutenus par une magnifique musique du générique, Gratia Plena, interprétée par Andrea Boccelli. Les paysages sont superbes et les jeux de lumière savamment dosés pour plonger le spectateur dans une ambiance particulière d’introspection. L’analyse psychologique des divers protagonistes est posée avec beaucoup de finesse et d’objectivité.

Mais c’est surtout parce que ce film résonne d’une actualité prégnante qu’il faut aller le voir, et en famille (à partir de 12 ans) !

Un film distribué dans 60 salles par Saje Distribution (www.sajedistribution.com)

 

 

Lundi 11 octobre 2021

Journée d'Amitié Chrétienne samedi 20 novembre 2021

Au lycée Gerson (Paris XVIe)

PROGRAMME
11h00 Messe
12h00 Présentation du thème 2022 par l’Aumônier Général (Abbé Alexis Garnier)
12h30 Déjeuner
13h45 Table ronde n°1 : Le MP Traditionis custodes, réception et perspectives 
Table ronde animée par Cyril Farret d’Astiés
La vision ecclésiastique (Abbé Guillaume de Tanouarn)
Le point de vue d’un laïc (Jean-Pierre Maugendre)
15h00 Pause
15h30 Table ronde n°2 : Après le MP Traditionis custodes, comment réagir ? (10 mn / intervenant)
Table ronde animée par Hervé Rolland
La stratégie sur le terrain – Foi et Tradition (Marc Billig)
Le combat Spirituel (Abbé Alexis Garnier)
La formation des étudiants et jeunes pro. - KTSens – (Antoine-Marie Sallé)
La communication de NDC (Odile Téqui)
La mobilisation locale en France et ailleurs (par le responsable de Juventus Traditionis)
Les outils de formation proposés par NDC (Pie-Louis Lecluse)
16h30 Questions et propositions des participants
17h00 Conclusion (Louis de Lestang)

INSCRIPTION PREALABLE OBLIGATOIRE

déjeuner offert, PAF libre sur place

 

Lundi 20 septembre 2021

Hommage à Didier Raynal par Xavier Hennequart

Cher Didier,

Tu nous a quitté le 31 juillet 2021. La Providence ne pouvait pas mieux choisir comme jour de nouvelle naissance au ciel pour que tu rejoignes le chapitre céleste des pèlerins de Chartres :

  • Un samedi, jour réservé à notre maman du ciel, la Très Sainte Vierge Marie, dont tu étais grand dévot. La bannière de Notre Dame de la route, chapitre que tu avais fondé dans le Val d’Oise, recouvrait ton cercueil lors de la messe traditionnelle de requiem célébrée dans ta paroisse à Butry sur Oise ce vendredi 6 août 2021. Un ami proche avec qui tu récitais fréquemment à distance le chapelet m’a dit combien tu portais dans la prière la souffrance des autres en particulier.
  • Fête de sainte Ignace. Soldat du Christ infatigable, toi aussi Didier tu t’es employé toute ta vie à vouloir transmettre le bon Dieu autour de toi. Ton bâton de pèlerin lui aussi disposé sur ton cercueil était là pour nous rappeler que notre vocation c’est non seulement désirer le ciel mais aussi de montrer le chemin du ciel.

A l’image de Marthe et Marie, tu as œuvré comme chef de chapitre puis comme fontainier des années totalement dévoué et fidèle dans l’ombre du pèlerinage.

Cher Didier, voici que tu rejoins le « porteur d’eau vive », Notre Seigneur Jésus-Christ, désormais tu n’auras plus jamais soif et tu seras rassasié à jamais.

Te voici pèlerin pour l’éternité, merci pour tout ce que tu nous a apporté et continue à intercéder pour cette belle œuvre de Notre Dame de Chrétienté dans ce monde plein d’adversité certes mais aussi sous la protection de Notre Dame.

Notre Dame de Chartres, priez pour nous.

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez nous !

 

 

jeudi 16 septembre 2021

Hommage à Jean-Pierre Hachard ( Abbé Le Roux

Alors que l’abbé Coiffet était tout juste hospitalisé à l’hôpital Mignot, j’ai pu avoir une belle conversation avec lui au sujet des personnes qui l’avaient marqué au cours de ses riches années de dévouement sacerdotal. Nous n’avons pas pu terminer cet échange. Cela aurait été trop long et il était déjà bien fatigable. Cependant, très vite il a mentionné « Les Hachard… fidèles et solides… », avec sa moue légendaire. Dans la mémoire de l’abbé Coiffet, impossible de séparer Jean-Pierre de son épouse Badou, toujours ensemble. Il en va de même pour moi qui les ai bien connus pendant onze années de ministère à l’Immaculée Conception de Versailles. Ensemble, à la messe en semaine, à l’adoration, pour les cours de doctrine, les moments paroissiaux de réjouissance et de peine, les conduites… même les plus difficiles pour amener leur voisin et vieil ami Jean-Marie Sorlot, à la messe tant que c’était encore possible.

Mais c’est Jean-Pierre qui nous a quittés le premier, vaincu en son corps au terme d’une période éreintante. La COVID l’aura touché par deux fois, après l’avoir affaibli, elle l’a emporté
 . Il a su faire face en vrai chrétien sans oublier l’époux, le père et le grand-père qu’il était. Il a pu y faire face entouré des siens, nourri et secouru par tous les soins que l’Eglise du Christ peut apporter à celui qui s’approche de la dernière rencontre. Merci encore au personnel de l’hôpital pour sa bienveillance et son humanité. Il a eu le temps de conscience suffisant pour dire au revoir à chacun des siens et partir l’âme en paix. On dit souvent que l’on part comme l’on a vécu… et c’est vrai. Tout le monde n’est pas appelé à être le bon larron. Le pari serait risqué. Autant chercher tout au long de la vie à devenir le fidèle et solide serviteur qu’a cherché à être notre ami Jean-Pierre Hachard, fils respectueux de l’Eglise, conscient de ses défauts et de son fort caractère. Les fruits de  ce dévouement d’homme et de chrétien fidèle et imparfait continuent de rayonner : sa grande famille, Notre-Dame des Armées, les Scouts du Chesnay, Notre-Dame de Chrétienté, l’Institution Saint-Pie X de Saint-Cloud, l’Immaculée Conception… sans oublier tous les menus services et innombrables bricolages...
Au nom de beaucoup qui sont passés par Versailles ou qui y sont encore, merci Jean-Pierre Hachard… Merci les Hachard. Chacun à notre place, consciemment ou inconsciemment, nous vous devons tant.

Abbé LE ROUX

Appel de Chartres n° 250

» Téléchargez le numéro 250 de l'appel de Chartres (juin 2021)

Un numéro de 11 pages.

Au sommaire:

  • Edito de Joseph Darantière
  • En Vous Seigneur, j'ai espéré: Abbé Alexis Garnier, aumônier de NDC
  • Un heureux anniversaire? Essai sur les 50 ans du Missel de Paul VI: Cyril Farret d'Astiès
  • Pourquoi je suis attaché à la Forme Extraordinaire du rite Romain: Un fidèle
  • Portrait de pèlerin: Notre-Dame de Chrétienté Espagne
  • Hommages

mercredi 08 septembre 2021

Lettre aux catholiques du monde entier

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Quel père, si son fils lui demande du pain, lui donnera une pierre ? (Mt 7, 9) 

Chers Frères et Sœurs dans le Christ, 

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris la décision du pape François d’abroger les principales dispositions du Motu Proprio Summorum Pontificum promulgué par le pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007. Après des décennies de divisions et de querelles, ce Motu Proprio fut, pour tous les fidèles catholiques, une œuvre de paix et de réconciliation. 

Rome viole la parole donnée par le pape Benoît XVI, avec brutalité et intransigeance, bien loin de l’accueil fraternel tant vanté.

La volonté affirmée du pape François, dans le Motu Proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021 est de voir disparaître la célébration de la messe de la Tradition de l’Eglise. Cette décision nous plonge dans la consternation. Comment comprendre cette rupture avec le Missel traditionnel, réalisation « vénérable et antique » de la « loi de la foi », qui a fécondé tant de peuples, tant de missionnaires et tant de saints ? Quel mal font les fidèles qui souhaitent, simplement, prier comme le firent leurs pèresdepuis des siècles ? Peut-on ignorer que la messe tridentine convertit de nombreuses âmes, qu’elle attire des assemblées jeunes et ferventes, qu’elle suscite de nombreuses vocations, qu’elle a fait surgir des séminaires, des communautés religieuses, des monastères, qu’elle est la colonne vertébrale de nombreuses écoles, œuvres de jeunesse, catéchismes, retraites spirituelles et pèlerinages ? 

Beaucoup d’entre vous, frères catholiques, prêtres, évêques, nous avez fait part de votre incompréhension et de votre profonde douleur : merci pour vos nombreux témoignages de soutien. 

Favoriser la paix de l’Église afin de construire l’unité dans la charité, mais aussi amener les catholiques à renouer avec leur propre héritage en faisant découvrir au plus grand nombre les richesses de la tradition liturgique, trésor de l’Église, tels étaient les buts poursuivis par Summorum Pontificum. Le pape émérite Benoît XVI voit son œuvre de réconciliation détruite de son vivant. 

Dans une époque imprégnée de matérialisme et déchirée par les divisions sociales et culturelles, la paix liturgique nous apparaît comme une nécessité absolue pour la foi et la vie spirituelle des catholiques dans un monde qui meurt de soif. La restriction drastique de l’autorisation de célébrer la Messe selon sa forme traditionnelle fera resurgir la méfiance, le doute et annonce le retour d’une querelle liturgique déchirante pour le peuple chrétien. 

Nous l’affirmons solennellement, devant Dieu et devant les hommes : nous ne laisserons personne priver les fidèles de ce trésor qui est d’abord celui de l’Église. Nous ne resterons pas inactifs devant l’étouffement spirituel des vocations que prépare le Motu proprio Traditionis Custodes. Nous ne priverons pas nos enfants de ce moyen privilégié de transmission de la foi qu’est la fidélité à la liturgie traditionnelle. 

Comme des fils à leur père, nous demandons au pape François de revenir sur sa décision, en abrogeant Traditionis Custodes et en rétablissant la pleine liberté de célébration de la messe tridentine, pour la gloire de Dieu et le bien des fidèles. Du pain plutôt que des pierres. 

                         Le 8 septembre 2021, en la fête de la Nativité de la Très sainte Vierge Marie    

Bernard Antony, Président de l' AGRIF
Xavier Arnaud, Forum catholique
Victor Aubert, Président d'Academia Christiana
Moh-Christophe Bilek, Notre Dame de Kabylie
François Billot de Lochner, Président Fondation de Service politique
Benjamin Blanchard, Délégué général de SOS Chrétiens d'Orient
Anne Brassié, Journaliste et écrivain
Jacques Charles-Gaffiot, Historien d'art
Thibaud Collin, Professeur agrégé de philosophie
Laurent Dandrieu, Journaliste
Yves Daoudal, Journaliste - Directeur de Blog
Marie-Pauline Deswarte, Docteur en Droit
Stéphane Deswarte, Docteur en Chimie
Cyrille Dounot, Docteur en droit, licencié en droit
canonique
Alvino-Mario Fantini, The European Conservative
Claude Goyard, Professeur des universités
Max Guazzini, Avocat
Michael Hageböck, Summorum Pontificum Freiburg
Maike Hickson, Docteur en Littérature, écrivain
Robert Hickson, Professeur, écrivain
Michel De Jaeghere, Journaliste et essayiste
Marek Jurek, Ancien pdt de la Diète de Pologne
Peter Kwasnieswki Ecrivain
Philippe Lauvaux, ULB Paris Assas
Pierre de Lauzun, Haut fonctionnaire Ecrivain
Massimo de Leonardis, President International Commission of
Military History
Anne le Pape, Journaliste
Christian Marquant, Président de Paix Liturgique
Michael Matt, The Remnant
Roberto de Mattei, Ancien président du CNR (CNRS italien)
Jean-Pierre Maugendre, Renaissance Catholique
Philippe Maxence, Rédacteur en Chef de L'Homme Nouveau
Charles de Meyer, Président de SOS Chrétiens d'Orient
Paweł Milcarek, Christianitas
Jean-Marie Molitor, Journaliste
Martin Mosebach, Ecrivain
Hugues Petit, Docteur en Droit
Philippe Pichot-Bravard, Docteur en Droit
Hervé Rolland, Vice-Président de ND de Chrétienté
Reynald Secher, Historien
Jean Sévillia, Journaliste, Historien, Ecrivain
Henri Sire, Ecrivain, compositeur, chercheur
Jeanne Smits, Journaliste - Directrice de Blog
Jean de Tauriers, Président de Notre Dame de Chrétienté
Guillaume de Thieulloy, Editeur de presse
Jérôme Triomphe, Avocat
Philippe de Villiers, Ancien ministre, écrivain

mardi 07 septembre 2021

Motu proprio Traditionis custodes  Le père Augustin-Marie Aubry répond aux questions de Présent (entretien paru le 4 septembre 2021) 

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  • Avez-vous été surpris par le contenu du motu proprio Traditionis custodes ? 

 

Oui, mais au risque de vous surprendre, je vous dirais que je l’ai reçu dans la joie. Non dans la joie d’une bonne nouvelle, mais dans cette « joie parfaite » dont parle saint François d’Assise, quand vous sentez que tout s’écroule et que le cœur ne tient plus que par une grâce puissante du Saint-Esprit. J’ai médité sur le sort de Job, j’ai rendu grâces à Dieu de pouvoir connaître l’amertume de celui à qui on retire ce qui lui est le plus cher : le culte divin, la sainte liturgie. Et j’ai prêché en ce sens : souvenez-vous de la fin, gardez la paix du cœur, battez-vous dans l’honneur et la dignité pour transmettre ce que vous avez reçu. 

 

  • Reconnaissez-vous vos fidèles dans le portrait de catholiques méfiants, tournés uniquement vers le passé ? 

 

La réalité est souvent plus intéressante que la caricature (même si j’apprécie les dessins humoristiques, ceux de Chard par exemple). Quand je pense aux fidèles qui fréquentent notre couvent, je ne vois pas de membres d’une association de reconstitution historique, mais des hommes et des femmes, des jeunes et des anciens, qui veulent vivre avec sérieux et profondeur leur vie chrétienne. Sur ce chemin, le grand nombre a découvert la liturgie traditionnelle et y a trouvé la source rafraîchissante et toujours abondante pour pèleriner jusqu’au ciel. Un élément qui échappe à la discussion sur le motu proprio, c’est l’immense vertu apostolique de la liturgie traditionnelle : elle attire et convertit. 

 

  • La liturgie traditionnelle constitue-t-elle le cœur de votre vie religieuse ? 

 

Vous touchez un point important. La liturgie traditionnelle met en lumière, plus nettement que le nouvel ordo, la dimension sacrificielle de la messe. La vie religieuse, c’est-à-dire l’état de vie constitué par les vœux publics de pauvreté, de chasteté et d’obéissance, est pour une grande part un renoncement, une offrande, un sacrifice. La messe, et l’office divin qui l’entoure comme un écrin enchâsse sa perle, ont donc une profonde affinité avec la finalité de notre vie. Nous nous sommes offerts à Dieu, pour son service, et cette offrande est incorporée à la grande offrande du Christ, « le grand-prêtre des biens à venir » (Hb 9, 11). Notre sacrifice d’hommes dans son sacrifice d’Homme-Dieu. Le royaume de Dieu, dit l’évangile (Mt 13, 46), c’est comme celui qui trouve une perle fine et qui vend tout ce qu’il possède pour l’acheter. Comme religieux, nous avons tout donné pour la messe.  

 

  • Avez-vous déjà la certitude de recevoir une visite apostolique disciplinaire, visant à mettre en œuvre les déclarations du motu proprio ? 

 

Dans cette affaire du motu proprio, qui a vu le jour le 16 juillet dernier, mais qui s’élaborait dans les officines et les coulisses depuis des années, nous n’avons aucune certitude. Le texte est tombé comme un aérolithe et n’est pas particulièrement le fruit d’un dialogue bilatéral.  

Qu’en sera-t-il des décrets d’application ? Il serait hélas ! dans la logique du texte de l’été de barrer tout ce qui peut permettre que vive et se développe la liturgie traditionnelle, il serait dans la logique du texte de stopper les entrées des candidats aux séminaires et noviciats, il serait dans la logique du texte de bloquer les ordinations. Cette logique de mort programmée est-elle la logique de l’évangile ? 

 

  • Quel peut être le rôle des laïcs dans les circonstances actuelles ? 

D’abord, vivre toujours plus profondément de la liturgie traditionnelle. Il faut faire mentir ceux qui estiment à tort qu’elle est un objet mort, une curiosité de musée. C’est en vivant de cette liturgie que l’on manifeste qu’elle est vivante, et qu’elle est la vie de nos vies. Donc, pas de paresse à la messe, mais adoration, louange, action de grâces et joie spirituelle de vivre les mystères du Christ. S’édifier de sa présence et de son sacrifice et le faire rayonner dans nos vies, notamment par les œuvres de miséricorde envers les plus démunis. 

Ensuite, adopter la juste attitude dans le combat qui commence : dignité et fermeté. Fermeté, car on défend un bien commun de toute l’Église ; dignité, car un noble combat ne souffre pas d’âmes viles. Il est capital en l’occurrence de fuir le zèle amer, de garder le respect des personnes et de cultiver le sensus Ecclesiæ. 

Enfin, manifester par tous les moyens compatibles avec la foi et les bonnes mœurs notre attachement aux « pédagogies traditionnelles ». Il sera important dans les prochains jours et semaines que les laïcs fédèrent leurs actions autour des associations et mouvements qui vont œuvrer pour que le trésor de la liturgie traditionnelle reste accessible à tous les fidèles. 

 

  • À tous les fidèles ? 

Oui, la messe pour tous. Les Instituts érigés depuis le motu proprio Ecclesia Dei, qui forment des prêtres pour le rite antique, doivent pouvoir continuer sans entrave leur mission, non pour une « réserve d’Indiens », mais pour le bien de tous, dans la paix de l’Église. C’est le sens du communiqué des Supérieurs daté du 31 août. À un niveau plus fondamental, la liturgie traditionnelle est un élément indisponible du patrimoine de l’Église. Sa légitimité, reconnue canoniquement en 1988 après une période de déni, et renforcée en 2007 par Summorum Pontificum, est d’abord un fait ecclésial et une donnée théologique. Personne n’a le pouvoir de la supprimer. En ce sens, il est conforme au sens catholique de prier pour l’abrogation de Traditionis custodes.  

Une note positive pour finir. Le drame du 16 juillet a été l’occasion d’une belle manifestation de charité ecclésiale. Une partie notable de l’épiscopat et du peuple chrétien a été stupéfaite de ce motu proprio. Une vague d’intérêt pour le rite traditionnel, et de solidarité pour les prêtres qui le célèbrent, s’est manifestée. Des fidèles pratiquants du rite de Paul VI ont rejoint les communautés où se célèbre la liturgie traditionnelle. Cela traduit, dans une société individualiste qui fait naufrage, l’étonnante vitalité du corps ecclésial. 

Lundi 06 septembre 2021

Quelle sera notre rentrée après le motu proprio Traditionis Custodes ?

Quelle est l’ambiance pour cette rentrée de Notre-Dame de Chrétienté ?

Une ambiance particulière et studieuse en raison du motu proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021. Après réflexion, ne représente-t-il pas exactement ce que pense le monde catholique progressiste, aujourd’hui à la tête de l’Eglise ? Les traditionalistes attachés à la messe tridentine sont durement sanctionnés mais ils avaient été épargnés de manière providentielle depuis le motu proprio Summorum Pontificum de 2007. L’Eglise a-t-elle, pendant ces temps de paix, condamné les erreurs doctrinales, liturgiques, pastorales commises ces dernières décennies ? L’enseignement magistériel de Jean-Paul II et Benoît XVI, largement utilisé dans les différents enseignements du pèlerinage de Chartres, a bien rectifié certains sujets mais peut-on dire que les « expériences » des années soixante ont été clairement condamnées par la plus haute autorité de l’Eglise ? Les catholiques s’indignent à juste titre de Traditionis Custodes mais la déclaration d’Abu Dhabi du 4 février 2019, où le Pape justifie la diversité des religions, n’est-elle pas encore plus inquiétante ? 

Quelles conséquences aura ce motu proprio sur Notre-Dame de Chrétienté ?

Nous avons reçu de nombreux messages d’encouragement après ce motu proprio. Je remercie encore une fois tous nos amis, clercs et laïcs, de tous les bords de l’échiquier, pour tous ces soutiens que je vois comme les fruits de Summorum Pontificum. 

Le pèlerinage de Chartres est né en 1983, a grandi très régulièrement avec les années pour atteindre des chiffres de participation extrêmement élevés en 2019. La période Covid a montré l’attachement au pèlerinage de milliers de familles qui ont su organiser des pèlerinages locaux. Le pèlerinage réunit ainsi aujourd’hui des catholiques dits traditionalistes pour la plus grande part, mais la croissance de ces dernières années vient des milieux « observants » selon la dénomination de Yann Raison du Cleuziou. Je ne crois pas que Traditionis Custodes arrêtera ce mouvement.

Cet été, dans une paroisse du sud de la France lors d’une messe en forme ordinaire concélébrée par un évêque et son curé à l’occasion d’une manifestation régionale réunissant beaucoup de monde, pas toujours catholique et pour certains, manifestement éloignés de la pratique religieuse. Aucun enseignement sur la Sainte Eucharistie, aucun avertissement, aucune précaution avant la communion où les fidèles ont tous été invités ! Devant de tels scandales, comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de réaction traditionaliste au sein de l’Eglise ?

Quel intérêt de classer le monde traditionaliste en catégories d’ailleurs très contestables comme l’a fait récemment le mensuel La Nef ? Le problème est bien davantage de savoir ce qu’est la foi catholique. Un traditionaliste n’est rien d’autre qu’un catholique voulant rester fidèle à la foi de son baptême face au relativisme des temps présents. 

Faire de tous ces sujets autour de la tradition à la suite de Traditionis Custodes une histoire de réception ou non des textes de Vatican II éloigne du sujet de fond qui est, je le répète, la foi. 

Laissons les théologiens commenter sans se lasser les textes et interprétations de Vatican II et son fameux esprit printanier. Nous sommes des catholiques de base, nous vivons en 2021 dans une Eglise que nous aimons et voulons servir. L’étude des différentes interprétations de Vatican II ne sont vraiment pas utiles à la vie spirituelle des pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté qui vivent dans le monde post-chrétien et post-conciliaire (églises vides, séminaires vides, ignorance religieuse des catholiques, société déchristianisée, cathophobie, scandales au sein de l’Eglise, lois contre nature). 

Certes, il est vrai qu’un pèlerin de NDC devrait se renseigner, se cultiver, lire les textes du Concile et aussi beaucoup d’autres livres. Cela va de soi. Il serait bien aussi de faire un doctorat de théologie (avec thèse sur les bienfaits de Vatican II, évidemment) pour pouvoir en parler avec la science requise. 

Mais il se trouve que notre pèlerin de NDC a charge de famille, quelques enfants, un travail, divers engagements associatifs (dont le pèlerinage de Chartres). Il est un peu occupé en fait et puis aussi légèrement inquiet. Quand notre pèlerin a trouvé pour sa famille une paroisse, de bons prêtres, un catéchisme solide, une école catholique, des troupes scouts, des activités spirituelles enrichissantes, le plus souvent : il est dans une paroisse traditionaliste (pas uniquement Dieu soit loué !) et pour tout ce dont il bénéficie, il remercie le Bon Dieu et les prêtres qui se dévouent. 

Le problème est que ce catholique de terrain vient d’apprendre avec Traditionis Custodes qu’il faisait partie d’une espèce en voie d’extermination et que cette entreprise était souhaitée et encouragée par le Pape François. Il est devenu très perplexe.

NDC a-t-elle des initiatives en préparation ?

Le pèlerinage 2022, bien sûr. Il faudra peut-être davantage craindre les foudres administratives anti-Covid que l’autoritarisme clérical ! 

Nous aurons rapidement à décider de la poursuite ou non des pèlerinages régionaux, immenses succès en 2021. Nos pèlerins doivent bien comprendre que l’association NDC engage sa responsabilité dans l’organisation de tels pèlerinages et doit donc rester vigilante.

L’édition 2022 sera particulière : notre quarantième anniversaire ! Les églises seront-elles ouvertes ou fermées aux pèlerins ? Nous verrons bien mais je reste optimiste. Les pèlerins seront là et s’adapteront aux contraintes Covid et vaticanes. 

Le 8 octobre 2022, notez bien la date, NDC organisera un grand événement où tous nos amis seront invités, comme je vous l’avais annoncé le dernier dimanche de Pentecôte. Une grande personnalité de l’Eglise, fidèle ami du pèlerinage, sera avec nous à Dieu ne plaise.

Avez-vous une dernière demande particulière ?

Dans ces moments délicats nous devons faire un triple effort spirituel, intellectuel et de pédagogie. 

D’abord, spirituel car sans vie intérieure, nos actions perdent leur sens. Mais aussi intellectuel car même si nous manquons de temps, nous devons par l’effort de l’intelligence comprendre nos choix liturgiques, pastoraux, doctrinaux, qui forment un tout. Nous devons aussi savoir expliquer nos choix. Cet effort pédagogique est très exigeant et réclame beaucoup de qualités ; elles peuvent s’acquérir. Apprenons à faire aimer ce que nous croyons. 

 

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous, 

Saint Joseph, protégez l’Eglise, 

Notre-Dame de Chartres, protégez-nous.

 

Jean de Tauriers

 

Un guide sur la doctrine sociale de l’Église recommandé par le Cardinal Sarah

Olivier Vandame : La Doctrine Sociale de l'Eglise | Livres en famille

Nier l’existence de Dieu et le fondement de la Doctrine Sociale de l’Église qu’on appelle la loi naturelle conduit indubitablement au désordre, au relativisme, à l’égoïsme, à un monde néolibéral à la dérive car sans boussole.

Aussi la parution avant l’été de l’ouvrage « La Doctrine Sociale de l’Église » écrit par Jean de Saint Chamas (U) et Olivier Vandame, aux éditions du Jubilé, est une excellente nouvelle.

Ce guide est rédigé dans un style très accessible et à la portée de tous. Il ne s’agit pas d’une présentation intellectualisée mais bien au contraire très concrète puisque partant des réalités observées, pour analyser les points qui marchent ou ne marchent pas et pourquoi, puis en dégager les enseignements, pour s’appliquer à les mettre en œuvre ensuite dans la vie quotidienne.

 

Ce guide de plus de 800 pages est une somme impressionnante d’informations. Il est très structuré et facile d’utilisation car très pédagogique.

Pour chaque thème abordé, les auteurs commencent par :

  • Décrire la notion à l’aide de ce qu’en disent le Catéchisme de l’Église Catholique, le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église et la Bible.
  • Recenser les réalités constatées, avec en prime un résumé à la fin de chaque chapitre.
  • Tirer de ces réalités les enseignements à retenir.
  • Suggérer des applications possibles : « Que puis-je faire moi aujourd’hui ? »

Des références bibliographiques sont aussi proposées pour aller plus loin.

L’ouvrage expose de façon très compréhensible tous les principes de la Doctrine Sociale de l’Église (DSE), avec des citations de nombreux textes du magistère depuis le pape Léon XIII jusqu’à nos jours :

  • Nous sommes uniques, dignes et d’une valeur inaliénable.
  • Nous servons le bien commun.
  • Nous avons besoin les uns des autres et nous disposons de biens (communication mutuelle des biens).
  • Nous poursuivons des buts (principe de finalité).
  • Nous formons des sociétés, car nous avons besoin les uns des autres (principe de réalisme social).
  • Nous assumons des responsabilités (principe de subsidiarité).
  • Nous sommes guidés par nos intérêts, accorder intérêt et devoir (principe de gouvernement).

Ce guide passe ensuite en revue des valeurs fondamentales révélant l’homme à lui-même :

  • La liberté, conquête de l’intelligence et de la volonté.
  • L’autorité au service des libertés.
  • La dignité du travail.
  • Les aspects individuels et sociaux de la propriété.
  • La sollicitude pour les pauvres et les faibles.

Il ne s’agit pas de théories fumeuses ou de jus de cerveau, les deux auteurs témoignent dans leurs riches expériences que la DSE cela marche et porte de nombreux fruits dès lors qu’elle est mise en application.

Ce guide nous engage à passer à l’action et à combattre le démon : le démon du découragement, le démon de la défiance, le démon de la zizanie.

Il décortique très bien la spirale infernale pouvant paralyser notre agir à faire le bien :

Doute, soupçon è Crainte, peur è Repli sur soi

Ces manœuvres sont diaboliques car elles attaquent chacune des 3 vertus théologales :

  • La doute tue la foi.
  • La peur va à l’encontre de l’espérance chrétienne.
  • Le repli sur soi est la négation de la charité , de l’amour en actes.

L’ouvrage montre qu’instaurer une spirale positive et vertueuse est possible par la restauration de :

la confiance è courage è ouverture aux autres.

Ces conditions indispensables permettent ainsi de généraliser peu à peu une pratique du progrès permanent, un maillage d’initiatives bienveillantes.

Pour reprendre la célèbre méditation des deux étendards de saint Ignace, chaque homme créé libre doit se déterminer et choisir :

  • Soit ignorer Dieu et préférer le malin, mortel ennemi de notre nature humaine.
  • Soit se mettre au service de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Tous appelés à être des ministres du Christ Roi, Il faut donc que le Christ règne sur nos intelligences, nos volontés, nos cœurs. Alors seulement nous pourrons, là où nous sommes placés, avec nos modestes dons et talents reçus, travailler à l’extension du règne de Jésus-Christ pour le bonheur de tous car Jésus est la voie, la vérité, et la vie.

Achetez ce guide, son prix est très modique (25 € soit le prix de 2,5 paquets de cigarettes), c’est un excellent investissement pour un développement durable.

Lisez-le, comme le recommande vivement le cardinal Robert Sarah dans sa préface :

« Je souhaite que ce ouvrage soit lu aussi bien des prêtres que des fidèles, en particulier les plus jeunes, et qu’il ait la diffusion qu’il mérite dans les paroisses, les mouvements catholiques laïcs engagés dans la promotion humaine et chrétienne, et aussi sur les lieux de travail, en particulier au sein des syndicats professionnels et dans le cadre de la formation permanente des employés , des cadres et des chefs d’entreprise, de même que dans les lycées, facultés, grandes écoles et instituts d’enseignement professionnel. »

POUR LA LIBERTE DE LA MESSE TRADITIONNELLE HUITIEME MANIFESTATION PACIFIQUE DEVANT LA NONCIATURE APOSTOLIQUE EN FRANCE

Ce premier samedi de septembre, de 12h à 13h, plus de 75  manifestants battaient le pavé avenue du Président Wilson à Paris, devant la nonciature apostolique. Les propos du Pape, dans un entretien qu’il vient d’accorder à une radio espagnole et qui circule sur les réseaux sociaux, n’étaient pas fait pour les apaiser : la possibilité pastorale donnée par Summorum Pontificum, dit le Saint-Père au journaliste espagnol, « se transformait en idéologie » ! Les manifestants ont au contraire répété que leur attachement à la messe tridentine était un attachement de Foi. Leur « instinct de Foi » les pousse à défendre la liberté de vivre leur religion selon le mode immémorial qui a soutenu la Foi de leurs pères et qui a été reconnu par Benoît XVI. Où sont les idéologues, du côté de ceux qui veulent conserver une lexorandi millénaire, où du côté de ceux qui font du passé liturgique et dogmatique de l’Eglise de Rome table rase ?

 

Interview de rentrée de Jean de Tauriers

Quelle est l’ambiance pour cette rentrée de Notre-Dame de Chrétienté ?

Une ambiance particulière et studieuse en raison du motu proprio Traditionis Custodes du 16 juillet 2021. Après réflexion, ne représente-t-il pas exactement ce que pense le monde catholique progressiste, aujourd’hui à la tête de l’Eglise ? Les traditionalistes attachés à la messe tridentine sont durement sanctionnés mais ils avaient été épargnés de manière providentielle depuis le motu proprio Summorum Pontificum de 2007. L’Eglise a-t-elle, pendant ces temps de paix, condamné les erreurs doctrinales, liturgiques, pastorales commises ces dernières décennies ? L’enseignement magistériel de Jean-Paul II et Benoît XVI, largement utilisé dans les différents enseignements du pèlerinage de Chartres, a bien rectifié certains sujets mais peut-on dire que les « expériences » des années soixante ont été clairement condamnées par la plus haute autorité de l’Eglise ? Les catholiques s’indignent à juste titre de Traditionis Custodes mais la déclaration d’Abu Dhabi du 4 février 2019, où le Pape justifie la diversité des religions, n’est-elle pas encore plus inquiétante ?

Quelles conséquences aura ce motu proprio sur Notre-Dame de Chrétienté ?

Nous avons reçu de nombreux messages d’encouragement après ce motu proprio. Je remercie encore une fois tous nos amis, clercs et laïcs, de tous les bords de l’échiquier, pour tous ces soutiens que je vois comme les fruits de Summorum Pontificum.
Le pèlerinage de Chartres est né en 1983, a grandi très régulièrement avec les années pour atteindre des chiffres de participation extrêmement élevés en 2019. La période Covid a montré l’attachement au pèlerinage de milliers de familles qui ont su organiser des pèlerinages locaux. Le pèlerinage réunit ainsi aujourd’hui des catholiques dits traditionalistes pour la plus grande part, mais la croissance de ces dernières années vient des milieux « observants » selon la dénomination de Yann Raison du Cleuziou. Je ne crois pas que Traditionis Custodes arrêtera ce mouvement.
Cet été, dans une paroisse du sud de la France lors d’une messe en forme ordinaire concélébrée par un évêque et son curé à l’occasion d’une manifestation régionale réunissant beaucoup de monde, pas toujours catholique et pour certains, manifestement éloignés de la pratique religieuse. Aucun enseignement sur la Sainte Eucharistie, aucun avertissement, aucune précaution avant la communion où les fidèles ont tous été invités ! Devant de tels scandales, comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de réaction traditionaliste au sein de l’Eglise ?
Quel intérêt de classer le monde traditionaliste en catégories d’ailleurs très contestables comme l’a fait récemment le mensuel La Nef ? Le problème est bien davantage de savoir ce qu’est la foi catholique. Un traditionaliste n’est rien d’autre qu’un catholique voulant rester fidèle à la foi de son baptême face au relativisme des temps présents.
Faire de tous ces sujets autour de la tradition à la suite de Traditionis Custodes une histoire de réception ou non des textes de Vatican II éloigne du sujet de fond qui est, je le répète, la foi. Laissons les théologiens commenter sans se lasser les textes et interprétations de Vatican II et son fameux esprit printanier. Nous sommes des catholiques de base, nous vivons en 2021 dans une Eglise que nous aimons et voulons servir. L’étude des différentes interprétations de Vatican II ne sont vraiment pas utiles à la vie spirituelle des pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté qui vivent dans le monde post-chrétien et post-conciliaire (églises vides, séminaires vides, ignorance religieuse des catholiques, société déchristianisée, cathophobie, scandales au sein de l’Eglise, lois contre nature).
Certes, il est vrai qu’un pèlerin de NDC devrait se renseigner, se cultiver, lire les textes du Concile et aussi beaucoup d’autres livres. Cela va de soi. Il serait bien aussi de faire un doctorat de théologie (avec thèse sur les bienfaits de Vatican II, évidemment) pour pouvoir en parler avec la science requise.
Mais il se trouve que notre pèlerin de NDC a charge de famille, quelques enfants, un travail, divers engagements associatifs (dont le pèlerinage de Chartres). Il est un peu occupé en fait et puis aussi légèrement inquiet. Quand notre pèlerin a trouvé pour sa famille une paroisse, de bons prêtres, un catéchisme solide, une école catholique, des troupes scouts, des activités spirituelles enrichissantes, le plus souvent : il est dans une paroisse traditionaliste (pas uniquement Dieu soit loué !) et pour tout ce dont il bénéficie, il remercie le Bon Dieu et les prêtres qui se dévouent. Le problème est que ce catholique de terrain vient d’apprendre avec Traditionis Custodes qu’il faisait partie d’une espèce en voie d’extermination et que cette entreprise était souhaitée et encouragée par le Pape François. Il est devenu très perplexe.

NDC a-t-elle des initiatives en préparation ?

Le pèlerinage 2022, bien sûr. Il faudra peut-être davantage craindre les foudres administratives anti-Covid que l’autoritarisme clérical !
Nous aurons rapidement à décider de la poursuite ou non des pèlerinages régionaux, immenses succès en 2021. Nos pèlerins doivent bien comprendre que l’association NDC engage sa responsabilité dans l’organisation de tels pèlerinages et doit donc rester vigilante.
L’édition 2022 sera particulière : notre quarantième anniversaire ! Les églises seront-elles ouvertes ou fermées aux pèlerins ? Nous verrons bien mais je reste optimiste. Les pèlerins seront là et s’adapteront aux contraintes Covid et vaticanes.
Le 8 octobre 2022, notez bien la date, NDC organisera un grand événement où tous nos amis seront invités, comme je vous l’avais annoncé le dernier dimanche de Pentecôte. Une grande personnalité de l’Eglise, fidèle ami du pèlerinage, sera avec nous à Dieu ne plaise.

Avez-vous une dernière demande particulière ?

Dans ces moments délicats nous devons faire un triple effort spirituel, intellectuel et de pédagogie. D’abord, spirituel car sans vie intérieure, nos actions perdent leur sens. Mais aussi intellectuel car même si nous manquons de temps, nous devons par l’effort de l’intelligence comprendre nos choix liturgiques, pastoraux, doctrinaux, qui forment un tout. Nous devons aussi savoir expliquer nos choix. Cet effort pédagogique est très exigeant et réclame beaucoup de qualités ; elles peuvent s’acquérir. Apprenons à faire aimer ce que nous croyons.

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous,
Saint Joseph, protégez l’Eglise,
Notre-Dame de Chartres, protégez-nous.


Jean de Tauriers
Président NDC

jeudi 02 septembre 2021

Communiqué des Supérieurs généraux des communautés "Ecclesia Dei"

 

« La miséricorde de Dieu sur toute chair »
(Si 18, 13)

 

Les Instituts signataires veulent avant tout redire leur amour de l’Eglise et leur fidélité au Saint-Père. Cet amour filial se teinte aujourd’hui d’une grande souffrance. Nous nous sentons soupçonnés, mis en marge, bannis. Cependant, nous ne nous reconnaissons pas dans la description donnée par la Lettre d’accompagnement du motu proprio Traditioniscustodes du 16 juillet 2021.

 

« Si nous disons que nous n’avons pas de péché… » (I Jn 1, 8)

Nous ne nous considérons aucunement comme la « vraie Église ». Au contraire, nous voyons en l’Eglise catholique notre Mère en qui nous trouvons le salut et la foi. Nous sommes loyalement soumis à la juridiction du Souverain Pontife et à celle des évêques diocésains, comme l’ont montré les bonnes relations dans les diocèses (et les fonctions de Conseiller presbytéral, Archiviste, Chancelier ou Official qui ont été confiées à nos membres) et le résultat des visites canoniques ou apostoliques des dernières années. Nous réaffirmons notre adhésion au magistère (y compris à celui de Vatican II et à ce qui suit) selon la doctrine catholique de l’assentiment qui lui est dû (cf. notamment Lumen Gentium, n° 25, et Catéchisme de l’Eglise Catholique, n° 891 et 892) comme le prouvent les nombreuses études et thèses de doctorat faites par plusieurs d’entre nous depuis 33 ans.

Des fautes ont-elles été commises ? Nous sommes prêts, comme l’est tout chrétien, 
à demander pardon si quelques excès de langage ou de la défiance vis-à-vis de l’autorité ontpu s’introduire chez tel ou tel de nos membres. Nous sommes prêts à nous convertir si l’esprit de parti ou l’orgueil a pollué nos cœurs.

 

« Accomplis tes vœux au Très-Haut » (Ps 49, 14)

Nous supplions que s’ouvre un dialogue humain, personnel, plein de confiance, loin des idéologies ou de la froideur des décrets administratifs. Nous voudrions pouvoir rencontrer une personne qui sera pour nous le visage de la Maternité de l’Eglise. Nous voudrions pouvoir lui raconter la souffrance, les drames, la tristesse de tant de fidèles laïcs du monde entier, mais aussi de prêtres, religieux, religieuses qui ont donné leur vie sur la parole des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI. 

On leur avait promis que « toutes les mesures seraient prises pour garantir l’identité de leurs Instituts dans la pleine communion de l’Église catholique [1] ». Les premiers Instituts ont accepté avec gratitude la reconnaissance canonique offerte par le Saint-Siège dans le plein attachement aux pédagogies traditionnelles de la foi, notamment dans le domaine liturgique 
(sur la base du Protocole d’accord du 5 mai 1988 entre le cardinal Ratzinger et Mgr Lefebvre). Cet engagement solennel a été exprimé dans le Motu Proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988 ; puis de façon diversifiée pour chaque Institut, dans leurs décrets d’érection et dans leurs constitutions approuvées définitivement. Les religieux, religieuses et prêtres engagés dans nos Instituts ont prononcé des vœux ou émis des engagements selon cette spécification. 

C’est de cette manière que, confiants dans la parole du Souverain Pontife, ils ont donné leur vie au Christ pour servir l’Eglise. Ces prêtres, religieux et religieuses ont servi l’Église avec dévouement et abnégation. Peut-on aujourd’hui les priver de ce sur quoi ils se sont engagés ? Peut-on les priver de ce que l’Eglise leur avait promis par la bouche des Papes ?

 

« Sois patient envers moi ! » (Mt 18, 29)

Le pape François « invite les pasteurs à écouter avec affection et sérénité, avec le désir sincère d’entrer dans le cœur du drame des personnes et de comprendre leur point de vue, pour les aider à mieux vivre et à reconnaître leur place dans l’Église » (Amoris Laetitia, n° 312). Nous sommes désireux de confier les drames que nous vivons à un cœur de père. Nous avons besoin d’écoute et de bienveillance et non de condamnation sans dialogue préalable. 
Le jugement sévère crée un sentiment d’injustice et produit les rancœurs. La patience adoucit les cœurs. Nous avons besoin de temps.

On entend parler aujourd’hui de visites apostoliques disciplinaires pour nos Instituts. Nous demandons des rencontres fraternelles où nous puissions expliquer qui nous sommes et les raisons de notre attachement à certaines formes liturgiques. Nous désirons avant tout un dialogue vraiment humain et miséricordieux : « Sois patient envers moi ! »

 

« Circumdata varietate » (Ps 44, 10)

Le 13 août dernier, le Saint-Père affirmait qu'en matière liturgique, « l'unité n'est pas l'uniformité mais l'harmonie multiforme que crée l'Esprit-Saint [2] ». Nous sommes désireux d'apporter notre modeste contribution à cette unité harmonieuse et diverse, conscients que comme l’enseigne Sacrosanctum Concilium « la liturgie est le sommet auquel tend l’action de l’Eglise et en même temps la source d’où découle toute sa vertu » (SC, n° 10).

 

Avec confiance, nous nous tournons tout d’abord vers les évêques de France afin qu’un vrai dialogue soit ouvert et que soit désigné un médiateur qui soit pour nous le visage humain de ce dialogue. « Il faut éviter des jugements qui ne tiendraient pas compte de la complexité des diverses situations… Il s’agit d’intégrer tout le monde, on doit aider chacun à trouver sa propre manière de faire partie de la communauté ecclésiale, pour qu’il se sente objet d’une miséricorde imméritée, inconditionnelle et gratuite » (Amoris Laetitia, n° 296-297).

 

Fait à Courtalain (France), le 31 août 2021

 

M. l’abbé Andrzej Komorowski, Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre

Mgr Gilles Wach, Prieur Général de l’Institut du Christ Roi Souverain Prêtre

M. l’abbé Luis Gabriel Barrero Zabaleta, Supérieur Général de l’Institut du Bon Pasteur

Père Louis-Marie de Blignières, Supérieur Général de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier

M. l’abbé Gerald Goesche, Prévot Général de l’Institut Saint-Philippe-Néri

Père Antonius Maria Mamsery, Supérieur Général des Missionnaires de la Sainte-Croix

Dom Louis-Marie de Geyer d’Orth, abbé de l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux

Père Emmanuel-Marie Le Fébure du Bus, abbé des Chanoines de Lagrasse

Dom Marc Guillot, abbé de l’abbaye Sainte-Marie de la Garde

Mère Placide Devillers, abbesse de l’abbaye Notre-Dame de l’Annonciation du Barroux

Mère Faustine Bouchard, Prieure des Chanoinesses d’Azille

Mère Madeleine-Marie, Supérieure des Adoratrices du Cœur Royal de Jésus Souverain Prêtre

 

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[1] Note d’information du 16 juin 1988, in Documentation Catholique, n° 1966, p. 739.

[2] Videomensaje del Santo Padre Francisco a los participantes en el congreso virtual continental de la vida religiosa, convocado por la CLAR, 13-15 août 2021.

Lundi 16 août 2021

Mgr Robert Sarah: «Nul n’est en trop dans l’Église de Dieu»

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Le cardinal guinéen* offre une réflexion de haute tenue sur la situation de l’Occident et de l’Église alors que les catholiques s’apprêtent à célébrer la fête de l’Assomption.

Le doute s’est emparé de la pensée occidentale. Intellectuels et politiques décrivent en chœur une même impression de chute. Face à l’éclatement des solidarités et au délitement des identités, certains se tournent vers l’Église catholique. On la somme de donner une raison de vivre ensemble à des individus qui ont oublié ce qui les unit en un seul peuple. On lui quémande un supplément d’âme pour rendre supportable la froide dureté de la société de consommation. Quand un prêtre est assassiné, tous sont touchés et beaucoup se sentent frappés jusqu’en leur âme.

Mais l’Église est-elle capable de répondre à ces appels? Certes elle a déjà joué ce rôle de gardien et de passeur de civilisation. Au crépuscule de l’Empire romain, elle a su transmettre la flamme que les barbares menaçaient d’éteindre. Mais en a-t-elle encore aujourd’hui les moyens et la volonté?

Au fondement d’une civilisation, il ne peut y avoir qu’une réalité qui la dépasse: un invariant sacré. Malraux le notait avec réalisme: «La nature d’une civilisation, c’est ce qui s’agrège autour d’une religion. Notre civilisation est incapable de construire un temple ou un tombeau. Elle sera contrainte de trouver sa valeur fondamentale ou elle se décomposera.»

Sans fondement sacré, tout lien devient fragile et inconstant
Sans fondement sacré, les limites protectrices et infranchissables sont abolies. Un monde tout entier profane devient une vaste étendue de sables mouvants. Tout y est tristement ouvert aux vents de l’arbitraire. Sans la stabilité d’un fondement qui échappe à l’homme, la paix et la joie - signes d’une civilisation appelée à durer - sont sans cesse englouties par le sentiment de précarité. L’angoisse du danger imminent est le sceau des époques barbares. Sans fondement sacré, tout lien devient fragile et inconstant.

Certains demandent à l’Église catholique de jouer ce rôle de fondement solide. Ils voudraient la voir assumer cette fonction sociale: être un système cohérent de valeurs, une matrice culturelle et esthétique. Mais l’Église n’a d’autre réalité sacrée à offrir que sa foi en Jésus, Dieu fait homme. Elle n’a d’autre but que de rendre possible la rencontre des hommes avec la personne de Jésus. L’enseignement moral et dogmatique comme le patrimoine mystique et liturgique sont l’écrin, le moyen de cette rencontre fondamentale et sacrée. La civilisation chrétienne naît de cette rencontre. La beauté et la culture en sont les fruits.

Pour répondre à l’attente du monde, l’Église doit donc se retrouver elle-même et assumer la parole de saint Paul: «Je n’ai rien voulu savoir parmi vous sinon Jésus et Jésus crucifié.» Elle doit cesser de se penser en supplétif de l’humanisme ou de l’écologie. Ces réalités, au demeurant bonnes et justes, ne sont pour elle que des conséquences de son unique trésor: la foi en Jésus-Christ.

La paix liturgique est le signe de la paix que l’Église peut apporter au monde
Ce qui est sacré pour l’Église est donc la chaîne ininterrompue qui la relie avec certitude à Jésus. Chaîne de foi sans rupture ni contradiction, chaîne de prière et de liturgie sans cassure ni reniement. Sans cette continuité radicale, à quelle crédibilité pourrait encore prétendre l’Église? En elle, nul revirement, mais un développement organique et continu que l’on appelle la tradition vivante. Le sacré ne se décrète pas, il se reçoit de Dieu et se transmet.

C’est sans doute la raison pour laquelle Benoît XVI pouvait affirmer avec autorité: «L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon, pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Église, et de leur donner leur juste place.» À l’heure où certains théologiens cherchent à rouvrir la guerre liturgique en opposant entre eux le missel revu par le Concile de Trente et celui en usage depuis 1970, il est urgent de le rappeler. Si l’Église n’est pas capable de préserver la continuité paisible de son lien avec le Christ, elle sera incapable d’offrir au monde «ce sacré qui unit les âmes», selon le mot de Goethe.

Au-delà de la querelle des rites, il y va de la crédibilité de l’Église. Si elle affirme la continuité entre ce que l’on nomme communément la messe de saint Pie V et la messe de Paul VI, alors l’Église doit être capable d’organiser leur cohabitation pacifique et leur enrichissement mutuel. Si l’on en venait à exclure radicalement l’une au profit de l’autre, si on les déclarait inconciliables, on reconnaîtrait implicitement une rupture et un changement d’orientation. Mais alors l’Église ne pourrait plus offrir au monde cette continuité sacrée qui seule peut lui donner la paix. En entretenant en son sein la guerre liturgique, l’Église perd sa crédibilité et se rend sourde à l’appel des hommes. La paix liturgique est le signe de la paix que l’Église peut apporter au monde.

Un père ne peut introduire entre ses enfants fidèles la défiance et la division
L’enjeu est donc bien plus grave qu’une simple question de discipline. Si elle revendiquait un revirement de sa foi ou de sa liturgie, au nom de quoi l’Église oserait-elle s’adresser au monde? Son unique légitimité est sa cohérence dans la continuité.

Bien plus, si les évêques, responsables de la cohabitation et de l’enrichissement mutuel des deux formes liturgiques, n’exercent pas leur autorité en ce sens, ils courent le risque de ne plus apparaître comme des pasteurs, gardiens de la foi reçue et des brebis confiées, mais comme des chefs politiques: commissaires de l’idéologie du moment plutôt que gardiens de la tradition pérenne. Ils risquent de perdre la confiance des hommes de bonne volonté. Un père ne peut introduire entre ses enfants fidèles la défiance et la division. Il ne peut humilier les uns en les opposant aux autres. Il ne peut ostraciser certains parmi ses prêtres. La paix et l’unité que l’Église prétend offrir au monde doivent d’abord être vécues en son sein. En matière liturgique, ni la violence pastorale ni l’idéologie partisane n’ont jamais produit de fruits d’unité. La souffrance des fidèles et l’attente du monde sont trop grandes pour s’engager dans ces voies sans issues. Nul n’est en trop dans l’Église de Dieu!

* Préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements

samedi 17 juillet 2021

Motu Proprio "Traditionis Custodes" - Communiqué de Notre-Dame de Chrétienté

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Communiqué de Notre-Dame de Chrétienté

 

Notre-Dame de Chrétienté exprime sa grande tristesse devant le motu proprio Traditionis Custodes du Pape François qui ne montre que mépris pour les catholiques dits traditionalistes. Nous prierons tout particulièrement pour le pape émérite Benoît XVI qui, de son vivant, voit balayer son œuvre de réconciliation.

Le pèlerinage traditionnel de chrétienté créé en 1983 avait cru aux promesses de Saint Jean-Paul II et du cardinal Ratzinger en 1988 « Vous avez toute votre place dans l’Eglise, comme vous êtes ». Manifestement, la situation a changé et l’urgence est maintenant de rallumer la guerre liturgique. L’argument invoqué laisse pantois : mettre sous contrôle les jeunes prêtres diocésains attirés par la messe traditionnelle ! L’intention du pape est d’ériger un mur pour empêcher de découvrir la richesse de la spiritualité de la messe tridentine ! 

Au-delà de la colère que nous arriverons bien à contrôler, dans cette situation pénible nous restons confiants. Le cléricalisme-caporalisme ne fonctionne jamais très bien, le motu proprio sera difficilement applicable dans une Église qui se trouve dans une situation catastrophique et qui a bien d’autres difficultés : ce que le Vatican feint de ne pas voir. 

Notre-Dame de Chrétienté continuera de réunir des milliers de pèlerins, peu importe finalement que le temps soit à la persécution … nous l’avons déjà connue, ai-je envie d’ajouter. Nous nous adapterons aux intempéries, covid, motu proprio, … comme toujours, en marchant et priant pour la Sainte Eglise, nos patries et l’espérance de notre salut.

 

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Très Sainte-Vierge, aidez le Pape François dans son pontificat.

Saint Joseph, protégez l’Eglise.

 

Jean de Tauriers

Président NDC

Dimanche 04 juillet 2021

Rendez-vous les 2 et 3 octobre !

Amis pèlerins, rejoignez notre

retraite Notre-Dame-de Chrétienté à Fontgombault sur le thème

L'ABANDON A LA VOLONTE DIVINE

les 2 et 3 octobre 2021


Pour qui ? Retraite ouverte à tous (hommes et femmes), à partir de 18 ans.

Où ? Abbaye bénédictine Notre Dame de Fontgombault - 36220 FONTGOMBAULT
Pour se rendre à l’abbaye : la gare la plus proche est la gare de Blanc. Un covoiturage pour rejoindre l’abbaye vous est proposé le vendredi soir à 20h, 21h et 22h et le samedi matin à 9h. Prévenir de votre heure d’arrivée par mail : retraite@nd-chretiente.com

Hébergement : les hommes sont accueillis à l’hôtellerie et les femmes au village d’hôtes. Pour les personnes mariées, possibilité de chambre commune au village d’hôtes.  Toutes les inscriptions se font auprès de Notre-Dame de Chrétienté.

Quand ? 
Les samedi 2 et dimanche 3 octobre 2021.
Possibilité d'arriver dès la veille, le vendredi 1er au soir (ne pas dépasser 22 heures pour l'arrivée à l'abbaye)
Fin de la retraite à 13h30 après le déjeuner du dimanche.

Comment ? 
Les inscriptions à cette retraite se font en ligne: les inscriptions sont closes!


Pour plus d'information, contactez le secrétariat de Notre Dame de Chrétienté : information@nd-chretiente.com – Tél: 01.39.07.27.00 à partir du mois de septembre.
Clôture des inscriptions le 17 septembre. Ne tardez pas à vous inscrire afin de faciliter la bonne préparation et le bon accueil de chaque retraitant (nombre de places limité).
Une participation aux frais de 45 euros (hôtellerie et repas) est demandée afin de couvrir les frais.
Nous encourageons les retraitants à effectuer en complément un don à l'Abbaye.
Inscription et règlement en ligne (lien ci-dessus).

Thème de la retraite
Elle sera prêchée par le Révérend Père Ambroise-Marie, de la Fraternité Saint-Vincent Ferrier, Aumônier Général Adjoint de Notre Dame de Chrétienté, sur le thème de l'Abandon à la Volonté Divine , à partir des Évangiles de l'enfance.

 

Horaires indicatifs de la retraite.

Samedi 2 octobre 2021

- 10h : messe conventuelle (église abbatiale).
- 11h00 : Accueil, installation.
- 1ère instruction.
- Office de Sexte.
- Déjeuner. (réfectoire des retraitants – pour les messieurs qui en font la demande, réfectoire des moines). - Pause, temps libre (repos – promenade – prière à l'abbatiale - parloir, entretien et confession à disposition).
- 2° instruction.
- Pause. Temps libre.
- 18h : Vêpres.
- Dîner.
- Complies et repos.

Dimanche 3 octobre 2021

- Messes basses (sur volontariat) ; il est possible d'assister (ou de servir) aux messes basses qui ont lieu à l'église principale (abbatiale). Se présenter devant le portail latéral (à gauche), à 6h45.
- Petit déjeuner pour tous (réfectoire des hôtes et réfectoire des retraitants).
- 3ème instruction.
- Tierce et Messe dominicale.
- Photo de groupe - Temps libre (possibilité de parloir, entretien et confession ).
- Sexte et déjeuner.
- Café, clôture de retraite, rangement (les bonnes volontés sont les bienvenues!).
- La retraite se fera en silence, sauf le moment des repas au réfectoire des retraitants (lecture en 1° partie, puis Tu autem...).

Informations pratiques :

  • Église abbatiale ouverte de 7h à 13h, et de 14h à 19h.
  • Parloir avec un moine (entretien spirituel ou de connaissance). s'adresser à la porterie ou en faire la demande sur place directement auprès du père hôtelier.
  • La retraite inclut l'assistance à l'office de Tierce et à la messe conventuelle, ainsi qu'aux Vêpres du samedi.
  • Porterie (devant l'abbatiale à droite); icônes, chapelets, médaillons, livres, reproductions de tableaux ou de photos, cassettes et CD de chants religieux...
  • Magasin de poterie (ouvert tous les jours de 9H à 12H45 et de 14H à 19H sauf le dimanche de 10H à 12H). Grès, icônes et émaux réalisés par les moines.
  • Magasin de produits monastiques (ouvert de 11H à 12h30 et de 15H à 17H30 sauf  dimanches et fêtes) ; produits de l'artisanat provenant de divers monastères - fromage,  oeufs, fruits et légumes, vins, liqueurs, miel, confitures, pâtisseries, confiseries, produits de beauté et produits diététiques.


Dans l'attente de vous retrouver pour ce temps de grâce, nous vous souhaitons de bonnes et saintes vacances.

Université d'été de Renaissance Catholique

Dates: du 27 au 29 août 2021

Lieu: l'Abbaye du Pin à Béruges près de Poitiers.

Thème: Naissance d'une religion l'écolo-hygiénisme

Intervenants: Guilhem Golfin - Gérard-François Dumont - Benoît Rittaud - Fabien Bouglé
Jean-Pierre Maugendre - Philippe de Villiers - Jean-Yves le Gallou - Patrick Buisson
Yann de Cacqueray - Abbé Guillaume de Tanoüarn

Inscriptions en lignewww.renaissancecatholique.fr

Plus d'information: tract

Lundi 21 juin 2021

L’abbé Aulagnier, un géant de la Tradition

« L’abbé Aulagnier, un géant de la Tradition »

par Jacques-Régis du Cray

Monde et Vie, 4 juin 2021, p. 38-39

 

Elle résonnait sur le parvis de Notre-Dame de Chartres ou au pied du Sacré-Cœur de Montmartre. Elle présidait aux manifestations derrière le Louvre et devant les églises pour qu’on les lui ouvre. Cette voix de stentor qui enthousiasmait les fidèles traditionalistes dans les années 1980, c’était celle de l’abbé Paul Aulagnier. « Rendez-nous la messe ! Rendez-nous la messe de toujours ! » s’écriait-il. Cette voix représentait un peu celle des catholiques de France, errant sans feu ni lieu, cherchant des pasteurs leur montrant la route du Ciel, réclamant la manne de la foi dans le désert conciliaire. À la fin des années 1960, elle a interpellé de façon tellement convaincante Mgr Marcel Lefebvre que ce dernier s’est résolu, à l’âge de la retraite, à fonder des maisons pour sauver la messe et le sacerdoce catholique. Ce dernier entendit, à travers la fougue de cet étudiant du séminaire français de Rome un véritable appel qui correspondait à ses intuitions, à ce qu’il avait pressenti alors qu’il était encore archevêque de Dakar. Cette voix de l’abbé Aulagnier, tantôt paisible, au moment de la prière qu’il récitait au pèlerinage de sainte Thérèse, tantôt tonitruante lorsqu’il battait le pavé en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc, s’est éteinte ce 6 mai 2021, au cœur de cette terre de France qu’il a tant aimée et tant sillonnée.

Revenons quelques années en arrière. Nous sommes à l’automne 1977. Le téléphone sonne au prieuré du Pointet, dans l’Allier, et Mgr Lefebvre appelle l’aîné de ses prêtres pour l’interroger. Que faut-il faire ? Comme l’année précédente, où il l’avait consulté pour savoir s’il fallait continuer la Fraternité malgré les injonctions de Rome, il compte sur l’ardeur de ce jeune auvergnat pour scruter les desseins de la Providence. Cette fois, c’est tout le séminaire d’Écône qui est en ébullition et les professeurs songent sérieusement à éloigner définitivement le fondateur, alors conspué pour sa prétendue rigidité. « Renvoyez-les tous ! » lui suggère sans hésiter l’abbé Aulagnier et, le lendemain, Mgr Lefebvre remercie tout le corps professoral. Avec une telle décision, il doit reconstituer en quelques semaines toute l’équipe d’enseignants. Il sait alors qu’il peut compter sur le moral inoxydable du doyen des prêtres de la Fraternité.

Il a tout fait

Pourtant, n’allons pas imaginer que l’archevêque eût été utilisé par un noyau dur. Maniant un gouvernement indépendant, il demeurait secret, se méfiait des avis imposés, mais il prenait soin de consulter sereinement. Et les idées de l’abbé Aulagnier étaient assurément celles qu’il suivait aux heures les plus graves. Celui qui fut le premier ordonné au sein de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, admirait profondément le vénérable prélat. Même, au soir de sa vie, il aurait voyagé jusqu’à l’autre bout du monde pour défendre sa mémoire. De son côté, Mgr Lefebvre se sentait certainement ragaillardi et encouragé par la témérité, l’enthousiasme, parfois l’audace, de ce jeune prêtre plein d’élan, dont le zèle apostolique ne paraissait jamais s’amoindrir. L’un et l’autre disposaient de caractères bien différents mais tous deux, en véritables bâtisseurs, formaient un tandem à la productivité inouïe.

Nommé à l’âge de trente-trois ans à la tête du district de France, l’abbé Aulagnier établit pendant deux décennies des centaines de fondations. Il acheta des écoles. Il obtint des églises. Il monta des pèlerinages. Il lança des revues. Il soutint des associations. L’impressionnante œuvre pour laquelle Mgr Lefebvre lui accorda une véritable carte blanche constitua dès lors l’essentiel du maillage traditionaliste dans le pays, qui fut ensuite imité à travers le monde, par de multiples initiatives.

De tous ceux qui se sont engagés au sein de la Fraternité, l’abbé Aulagnier était certainement un de ceux que le prélat connaissait depuis le plus longtemps car il l’avait rencontré à Rome, à Santa Chiara, dès 1964. Et ce dernier assista aux moments-clés de l’histoire de l’œuvre. Il accompagnait déjà Mgr Lefebvre à Fribourg, lorsque les universitaires l’encouragèrent à fonder une maison de formation sacerdotale en 1969. Il n’était encore question ni d’Écône, ni de Fraternité. Quand les envoyés romains vinrent inspecter le séminaire cinq ans plus tard, il recueillit les confidences de l’archevêque. En 1976, comme sous-directeur, il l’exhorta à ne pas se laisser intimider par les premières interdictions du Saint-Siège et à poursuivre l’œuvre. L’année suivante, il joua un rôle évident pour relancer le séminaire. Lors de la réunion tenue au Pointet, le 31 mai 1988, quand toutes les voix prêchaient la prudence, l’abbé Aulagnier fut le premier à se lever pour demander à Mgr Lefebvre de procéder aux consécrations épiscopales. N’oublions pas non plus les grandes réunions dont il fut le maître d’œuvre : les jubilés sacerdotaux de l’archevêque, à la porte de Versailles en 1979, et au Bourget, en 1989, qui réunirent des dizaines de milliers de personnes.

« C’est l’amour de la messe qui m’a sauvé »

Sans doute le battant abbé avait-il mangé son pain blanc au cours de toutes ces années car la disparition, survenue le 25 mars 1991, du fondateur de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, marqua pour lui une forme de désenchantement. L’alchimie obtenue par la conjonction entre sa fougue entraînante et la douce détermination de l’ancien missionnaire avait, semble-t-il, vécu, et ce changement de paradigme ne permit pas au bouillonnant prêtre de retrouver un équilibre auprès de ses nouveaux jeunes supérieurs qui devaient faire au mieux pour poursuivre l’œuvre. Considérant que ses intuitions l’avaient jadis conduit à suggérer la poursuite de la Fraternité en 1976, l’éviction des professeurs d’Écône en 1977, les consécrations épiscopales en 1988, il réclama énergiquement, à partir de 2000, la régularisation de sa famille religieuse, soulignant l’évolution des temps et le risque progressif d’enlisement. Pour lui, après les années de conquête, il ne fallait pas que la durée ne finisse par transformer tous ces combats en un confortable entre-soi. Afin de corroborer sa pensée, il s’appuyait en particulier sur le projet d’administration apostolique que Mgr Lefebvre avait lui-même proposé au Saint-Siège à l’automne 1987. En interne, un tel avis était encore isolé et sa discordance publique entraîna son éviction, très douloureusement vécue. Elle provoqua une situation incongrue qui consistait à voir s’éloigner de la Fraternité l’une des rares figures qui l’incarnaient historiquement.

À l’évidence, l’abbé Aulagnier songea à cette époque à la terrible solitude que l’archevêque avait vécue, lorsqu’il fut acculé à prendre ses distances à l’égard de sa congrégation des Pères du Saint-Esprit en 1968. Sa vie apostolique avait également été trépidante et il se retrouvait, du jour au lendemain, sans occupation, ne sachant où il allait déposer sa simple valise. Le risque était grand pour l’abbé de perdre de vue les principes qui avaient guidé ses combats et de justifier certaines décisions par des mobiles affectifs parés de vêtements doctrinaux. Or sa foi fervente lui a manifestement évité ce genre d’écueil. « C’est l’amour de la messe qui m’a sauvé depuis mon renvoi de la FSSPX, nous écrivait-il. Heureusement que j’ai eu la messe. Elle m’a permis de garder l’espérance et la joie de vivre. En elle, j’ai nourri ma “solitude”. Voilà ce que je veux laisser dans mon testament ». D’ailleurs, ses principes ne varièrent pas d’un iota. Quand il commençait à aborder la question du Concile ou celle de la nouvelle messe, son regard s’animait. Et même, lorsqu’il nous entretenait de l’œuvre pour laquelle il avait été ordonné, il le faisait toujours avec un grand respect, sans omettre l’adjectif auquel il tenait tant, de « la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X ». Dans les discussions, il était assez remarquable de constater que lorsque nous abordions la question des pourparlers entre le Saint-Siège et Mgr Bernard Fellay, il parlait systématiquement de « nos relations avec Rome » ou encore de « nos supérieurs ». Dans son esprit, il était toujours un fils d’Écône. Il continua à déployer son infatigable énergie en faveur des âmes, à Rolleboise et à Thiviers, de la formation des futurs prêtres de l’Institut du Bon-Pasteur à Courtalain, mais son cœur battait toujours à Écône ou à Suresnes où il avait si magnifiquement œuvré.

L’unité des combattants de la Tradition

Sans doute notre époque est-elle propice pour oublier le passé et réécrire l’histoire. L’abbé Aulagnier en était lui-même bien conscient et il ne manqua jamais de publier les mérites de son mentor. Aussi, quelles que furent les incompréhensions et blessures du passé, paraît-il difficile pour l’âme chrétienne de faire œuvre d’ingratitude et de ne pas exprimer la reconnaissance de toute une génération pour ce géant de la Tradition. Combien d’églises, de prieurés, d’écoles dont les fidèles attachés au missel traditionnel foulent les seuils quotidiennement, ont été achetés, restaurés, bénits, par cette emblématique figure ? Quel aurait été le sort du monde traditionnel si le moral sans faille de l’abbé Aulagnier n’avait pas aidé Mgr Lefebvre à confirmer ses décisions inspirées ?

Parmi les disciples du célèbre archevêque, il est d’usage de relayer l’une de ses citations, consistant à dire qu’il ne cherchait plus à reprendre contact avec ceux qui avaient quitté son œuvre. Sans conteste, il était bien l’auteur de cette phrase. Mais, aussi confortable puisse-telle paraître pour ne pas s’encombrer de cas de conscience, résume-t-elle inébranlablement toute sa pensée et son attitude ? Rien n’est moins sûr. Après avoir lu cet article, on comprend qu’en 1977 Écône a vécu sa crise majeure et quel rôle l’abbé Aulagnier y a joué. À l’époque, le chanoine Berthod, qui dirigeait le séminaire, était parti avec fracas, avec une cohorte de professeurs révoltés, tandis que les prises de position doctrinales proférées ici ou là avaient causé quelques dégâts. Le moment ne voulait-il pas que l’on tirât définitivement un trait sur ces compagnons encombrants ? Et pourtant, quelques années plus tard, le vieux chanoine avait discrètement paru aux ordinations du 29 juin. Ému d’une telle visite, Mgr Lefebvre avait accueilli avec joie l’ancien supérieur et l’avait placé, comme dans le récit évangélique, à sa droite au repas, sans se perdre dans de profondes discussions. Quelques années auparavant, il réclamait dans ses écrits le retour à cette unité des combattants de la Tradition, « étant donné les années qu’ils ont passées dans cette maison et les liens qui les unissaient à la Fraternité ». Nous nous plaisons à imaginer Mgr Lefebvre, incarnant parfaitement l’unité des vertus théologales, accueillant là-haut avec joie son disciple Paul Aulagnier, sans cesse animé par sa devise épiscopale qui l’a quotidiennement guidé au cours de ses missions et de ses fondations : « Et nous, nous avons cru en la charité ».