jeudi 10 septembre 2020

Planning d'ouverture du local de Notre-Dame de Chrétienté

http://www.nd-chretiente.com/images/logo_ndc_bleu200.jpgAdresse: 191 avenue du Général Leclerc 78220 Viroflay

- Période du 28 septembre 2020 au 28 février 2021 :

  • Lundi : 8h30-12h30
  • Mardi : 8h30-16h30
  • Mercredi : 8h30-12h30
  • Jeudi : 13h30-16h30
  • Vendredi : 13h30-16h30

- Période du 1er mars 2021 au 25 juin 2021 :

  • Lundi : 8h30-12h30 et 13h00-16h30
  • Mardi : 8h30-12h30 et 13h00-16h30
  • Mercredi : 8h30-12h30 et 14h30-16h30
  • Jeudi : 8h30-12h30 et 13h00-16h30
  • Vendredi : 13h00-16h30

Le local est fermé les mois de juillet et août, une permanence est assurée en septembre les mardis de 9h00 à 16h30.
Il est toujours possible de » nous contacter par courriel ou de laisser un message téléphonique (01.39.07.27.00), la messagerie est consultée quotidiennement à distance.

mercredi 22 juillet 2020

Mgr Schneider lance une croisade de réparation eucharistique en raison des péchés contre le Saint-Sacrement

https://1.bp.blogspot.com/-r7LuH7wQDNI/XxcDYR8uDQI/AAAAAAAAI3Y/9jR7wwuzHm0jZN_T-xrxFffW0jbN5cXBgCNcBGAsYHQ/s320/2015_Bishop_Athanasius_Schneider_TFP_Pontifical_High_Mass_Elevation.jpg

Mgr Athanasius Schneider, bien connu pour sa dénonciation de la communion dans la main, vient de lancer une Croisade eucharistique pour laquelle il propose une prière qu'il a lui-même composée ; vous en trouverez le texte ci-dessous.

Dans une explication qu'il m'a demandé de traduire, enrichie de nombreuses citations de saints, Mgr Schneider donne les raisons de son appel qui s'achève sur les mots de saint Pierre Julien Eymard : « Un âge prospère ou décline en proportion de sa dévotion à l'Eucharistie. »

 

A ce propos : n'ayant pas sous la main toutes les versions françaises originales ou les traductions admises de tous les textes cités (je signale cela par les mots « d'après » placés avant la source) je se serais très reconnaissante à ceux de mes lecteurs qui pourraient me fournir l'une ou l'autre de ces citations, car je n'ai pas tous les livres cités sous la main.


Voici en tout cas ma traduction de travail de l'appel et de la prière de Mgr Schneider. – J.S.

 

*

 

Les péchés contre le Saint-Sacrement
et la nécessité d’une croisade de réparation eucharistique

Par Mgr Athanasius Schneider

 

JAMAIS, dans toute l’histoire de l’Eglise, il n’y a eu de moment où le sacrement de l’Eucharistie a été bafoué et outragé à un degré aussi alarmant et grave qu’au cours des cinq dernières décennies, en particulier depuis l’introduction officielle de la pratique de la communion dans la main, qui a reçu l’approbation du Pape en 1969. Ces abus sont en outre aggravés, par la pratique répandue dans de nombreux pays où des fidèles qui n’ont pas reçu le sacrement de Pénitence depuis de nombreuses années, reçoivent néanmoins régulièrement la sainte communion. Le summum des outrages vis-à-vis de la sainte Eucharistie est l’admission à la sainte communion de couples vivant dans un état public et objectif d’adultère, qui violent ainsi leurs liens sacramentels indissolubles et valides, comme c’est le cas des personnes dites « divorcées et remariées ». Cette admission est officiellement légalisée dans certaines régions par des normes spécifiques ; dans la région de Buenos Aires en Argentine, de telles normes ont même été approuvées par le Pape. À ces abus s’ajoute la pratique de l’admission officielle des conjoints protestants dans les mariages mixtes à la Sainte-Cène, par exemple dans certains diocèses en Allemagne.

 

Affirmer que le Seigneur ne souffre pas à cause des outrages commis contre Lui dans le sacrement de la sainte Eucharistie peut conduire à minimiser la gravité des atrocités commises. Certains disent : Dieu est offensé par l’outrage au Saint-Sacrement, mais le Seigneur ne souffre pas personnellement. Il s’agit là toutefois d’une vision trop étroite sur le plan théologique et spirituel. Bien que le Christ se trouve désormais dans son état glorieux, n’étant donc plus sujet à la souffrance d’une manière humaine, Il est néanmoins affecté et touché en son Sacré-Cœur par les abus et les outrages contre sa majesté divine et l’immensité de son amour dans le Saint-Sacrement. Notre Seigneur a confié à nombre de saints ses plaintes et sa douleur face aux sacrilèges et aux outrages par lesquels les hommes L’offensent. On peut comprendre cette vérité à partir des paroles adressées par Notre Seigneur à sainte Marguerite Marie Alacoque, comme le rapporte Pie XI dans son encyclique Miserentissimus Redemptor :

 

« Dans ses apparitions à Marguerite-Marie, quand Il lui dévoilait son infinie charité, le Christ laissait en même temps percevoir comme une sorte de tristesse, en se plaignant des outrages si nombreux et si graves que Lui faisait subir l’ingratitude des hommes. Puissent les paroles qu'Il employait alors ne jamais s’effacer de l’âme des fidèles : “Voici ce Cœur ― disait-Il ― qui a tant aimé les hommes, qui les a comblés de tous les bienfaits, mais qui, en échange de son amour infini, non seulement ne reçoit pas de reconnaissance, mais ne recueille que l’oubli, la négligence et des injures, et cela parfois de la part de ceux-là même qui sont tenus de lui témoigner un amour spécial.” » (n. 12)

 

Frère Michel de la Sainte Trinité a donné une explication théologique profonde du sens de la « souffrance » ou de la « tristesse » de Dieu à cause des offenses que les pécheurs commettent contre Lui :

« Cette “souffrance”, cette “tristesse” du Père céleste, ou de Jésus depuis son Ascension, doivent être comprises de manière analogique. Elles ne sont pas subies passivement comme chez nous, mais au contraire librement voulues et choisies comme l’expression ultime de leur miséricorde envers les pécheurs appelés à la conversion. Elles ne sont qu’une manifestation de l’amour de Dieu pour les pécheurs, un amour souverainement libre et gratuit, et qui n’est pas irrévocable. » (d’après Toute la vérité sur Fatima, vol. I, pp. 1311-1312)

 

Cette signification spirituelle analogique de la « tristesse » ou de la « souffrance » de Jésus dans le mystère eucharistique a été confirmée par les paroles de l’Ange lors de son apparition en 1916 aux enfants de Fatima et surtout par les paroles et l’exemple de la vie de saint Francisco Marto. Les enfants ont été invités par l’Ange à réparer les offenses faites à Jésus Eucharistie et à le consoler, comme on peut le lire dans les Mémoires de sœur Lucie :

 

« Pendant que nous étions là, l’Ange nous apparut une troisième fois, tenant à la main un calice, et, au-dessus de celui-ci une Hostie, d’où tombaient dans le calice quelques gouttes de sang. Laissant le calice et l’Hostie suspendus en l'air, il se prosterna à terre, et répéta trois fois cette prière : “Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint Esprit…” Puis, se levant, il prit de nouveau le calice et me donna l’hostie, et donna à boire ce que contenait le calice à Jacinthe et à François, en disant en même temps : “Prenez et buvez le Corps et le Sang de Jésus Christ, horriblement outragé par les hommes ingrats. Réparez leurs crimes et consolez votre Dieu !” » (Mémoires de sœur Lucie, éd. Pierre Téqui.)

 

Dans son récit de la troisième apparition du 13 juillet 1917, sœur Lucie a souligné comment François percevait le mystère de Dieu et la nécessité de le consoler à cause des offenses des pécheurs :

 

« Ce qui l’a le plus impressionné [François] et l’a entièrement absorbé, c’est Dieu, la Très Sainte Trinité, perçu dans cette lumière qui a pénétré au plus profond de nos âmes. Il a dit ensuite : “Nous étions en feu dans cette lumière qui est Dieu, et pourtant nous n’avons pas été brûlés ! Qu’est-ce que Dieu ? Nous n’avons jamais pu le mettre en mots. Oui, c’est effectivement une chose que nous ne pourrons jamais exprimer ! Mais quel dommage qu’Il soit si triste ! Si seulement je pouvais Le consoler !” (d’après les Mémoires de sœur Lucie).

 

Sœur Lucie a décrit comment François a perçu la nécessité de consoler Dieu, ayant compris qu’Il était « triste » à cause des péchés des hommes :

 

« Un jour, je lui demandai :
— François, qu’est-ce que tu aimes le mieux : consoler Notre-Seigneur ou convertir les pécheurs afin qu’il n’y ait plus d’âmes à aller en enfer ?
— J’aime mieux consoler Notre-Seigneur. Tu n’as pas remarqué combien Notre-Dame, le mois dernier, est devenue triste lorsqu’Elle nous a dit qu’il ne fallait plus offenser Dieu, Notre-Seigneur, car Il est déjà trop offensé ? Je voudrais consoler Notre-Seigneur et, ensuite, convertir les pécheurs afin qu’ils ne L’offensent plus » (d'après les Mémoires de sœur Lucie).

Dans ses prières et dans l’offrande de ses souffrances, saint Francisco Marto a donné la priorité à l’intention de « consoler Jésus caché », c’est-à-dire Jésus-Eucharistie. Sœur Lucie a rapporté ces paroles que François lui a dites : « Quand tu quittes l’école, va et reste un moment près de Jésus caché, et ensuite, rentre à la maison toute seule. » Lorsque Lucie a interrogé François sur ses souffrances, il lui a répondu : « Je souffre pour consoler Notre Seigneur. Je le fais d’abord pour consoler Notre Seigneur et Notre Dame, puis, ensuite, pour les pécheurs et pour le Saint-Père. (…) Plus que toute autre chose, je veux Le consoler » (d’après les Mémoires de sœur Lucie).

 

Jésus-Christ continue de façon mystérieuse sa Passion à Gethsémani à travers les âges dans le mystère de son Église et aussi dans le mystère eucharistique, le mystère de son immense Amour. Elle est bien connue, l’expression de Blaise Pascal : « Jésus est sera en agonie jusqu’à la fin du monde. Il ne faut pas dormir pendant ce temps‑là » (Pensées, n. 553). Le cardinal Karol Wojtyła nous a laissé une réflexion profonde sur le mystère des souffrances du Christ à Gethsémani, qui, en un certain sens, se poursuivent dans la vie de l’Église. Le cardinal Wojtyła a également parlé du devoir de l’Église de consoler le Christ :

 

« Et maintenant l’Église cherche à recouvrer cette heure à Gethsémani – l’heure perdue par Pierre, Jacques et Jean – afin de remédier au manque de compagnie du Maître, qui a augmenté la souffrance de son âme. Le désir de recouvrer cette heure est devenu un besoin réel pour de nombreux cœurs, en particulier pour ceux qui vivent aussi pleinement que possible le mystère du cœur divin. Le Seigneur Jésus nous permet de Le rencontrer à cette heure-là, il nous invite à partager la prière de son cœur.  Face à toutes les épreuves que l’homme et l’Église doivent subir, il existe un besoin constant de retourner à Gethsémani et de prendre part ainsi à la prière du Christ, Notre Seigneur » (Le signe de contradiction, chapitre 17, « La prière à Gethsémani »).

 

Jésus-Christ n’est pas indifférent et insensible dans le mystère eucharistique au comportement que les hommes adoptent à son égard dans ce sacrement de l’amour. Le Christ est présent dans ce sacrement également avec son âme, qui est unie à sa Personne divine par l’union hypostatique. Le théologien romain Antonio Piolanti a présenté une solide explication théologique à cet égard. Même si le corps du Christ dans l’Eucharistie ne peut pas voir ni percevoir sensiblement ce qui se passe ou ce qui est dit dans le lieu de sa présence sacramentelle, le Christ dans l’Eucharistie « entend tout et voit avec une connaissance supérieure ». Piolanti cite alors le cardinal Franzelin :


« La bienheureuse humanité du Christ voit toutes choses en elles-mêmes en vertu de l’abondante connaissance infuse due au Rédempteur de l’humanité, au Juge des vivants et des morts, au Premier-né de toute créature, au Centre de toute l’histoire céleste et terrestre. Tous ces trésors de la vision béatifique et de la connaissance infuse sont certainement dans l’âme du Christ, y compris dans la mesure où elle est présente dans l’Eucharistie. En plus de ces raisons, à un autre titre spécial, précisément parce que l’âme du Christ est formellement dans l’Eucharistie, et dans le même but que celui de l’institution du mystère, elle voit tous les cœurs des hommes, toutes les pensées et les affections, toutes les vertus et tous les péchés, tous les besoins de l’Église entière et de ses membres individuels, les travaux, les angoisses, les persécutions, les triomphes – en un mot, toute la vie interne et externe de l’Église, son Épouse, nourrie de sa chair et de son Précieux Sang. Ainsi, à un triple titre (si l’on peut dire), le Christ à l’état sacramentel voit et perçoit d’une certaine manière divine toutes les pensées et les affections, le culte, les hommages et aussi les insultes et les péchés de tous les hommes en général, de tous ses fidèles et de ses prêtres en particulier ; Il perçoit les hommages et les péchés qui se réfèrent directement à ce mystère ineffable de l’amour » (d'après De Eucharistia, pp. 199-200, cité dans Il Mistero Eucaristico, Firenze 1953, pp. 225-226).

 

L’un des plus grands apôtres de l’Eucharistie des temps modernes, saint Pierre Julien Eymard, nous a laissé ces profondes réflexions sur les affections de l’amour sacrificiel du Christ dans l’Eucharistie :

 

« En instituant son Sacrement, Jésus a perpétué les sacrifices de sa Passion. (…) Il connaissait tous les nouveaux Judas ; Il les comptait parmi les siens, parmi ses enfants bien-aimés. Mais rien de tout cela ne pouvait l’arrêter ; Il voulait que Son amour aille plus loin que l’ingratitude et la malice de l’homme ; Il voulait dépasser la malice sacrilège de l’homme. Il connaissait d’avance la tiédeur de Ses disciples : Il connaissait la mienne ; Il savait le peu de fruits que nous tirerions de la sainte communion. Mais Il voulait aimer tout de même, aimer plus qu’Il n’était aimé, plus que l’homme ne pouvait rendre. Y a-t-il autre chose ? Mais n’est-ce rien d’avoir adopté cet état de mort alors qu’Il a la plénitude de la vie, une vie glorifiée et surnaturelle ? N’est-ce rien que d’être traité et considéré comme un mort ? Dans cet état de mort, Jésus est sans beauté, sans mouvement et sans défense ; Il est enveloppé dans les espèces sacrées comme dans un linceul et déposé dans le tabernacle comme dans un tombeau. Mais Il est là, Il voit tout et entend tout. Il se soumet à tout comme s’Il était mort. Son amour jette un voile sur sa puissance, sa gloire, ses mains, ses pieds, son beau visage et ses lèvres sacrées ; son amour a tout caché. Il ne Lui a laissé que son Cœur pour nous aimer et son état de victime pour intercéder en notre faveur » (d’après La présence réelle, 29. Le Très Saint Sacrement n’est pas aimé !, III).

 

Saint Pierre Julien Eymard a écrit cette profession, émouvante et quasi mystique, de l’amour eucharistique du Christ, avec un appel ardent à la réparation eucharistique :

 

« Le Cœur qui a enduré les souffrances avec tant d’amour est ici, dans le Saint Sacrement ; il n’est pas mort, mais vivant et actif ; il n’est pas insensible, mais encore plus affectueux. Jésus ne peut plus souffrir, c’est vrai ; mais hélas ! l’homme peut encore être coupable envers Lui d’ingratitudes monstrueuses. Nous voyons les chrétiens mépriser Jésus dans le Très Saint Sacrement et faire preuve de mépris pour le Cœur qui les a tant aimés et qui se consume d’amour pour eux. Pour le mépriser librement, ils profitent du voile qui le cache. Ils l’insultent par leurs irrévérences, leurs pensées pécheresses et leurs regards criminels en sa présence. Pour exprimer leur mépris à son égard, ils se servent de sa patience, de la bonté qui souffre tout en silence, comme ce le firent les soldats impies de Caïphe, d’Hérode et de Pilate. Ils blasphèment de manière sacrilège contre le Dieu de l’Eucharistie. Ils savent que son amour le rend muet. Ils le crucifient même dans leurs âmes coupables. Ils le reçoivent. Ils osent prendre ce Cœur vivant et le lier à un cadavre immonde. Ils osent le livrer au diable qui est leur seigneur ! Non ! Jamais, même aux jours de sa Passion, Jésus n’a reçu autant d’humiliations que dans son Sacrement ! Pour Lui, la terre est un calvaire d’ignominie. Dans son agonie, il a cherché un consolateur ; sur la Croix, il a demandé quelqu’un pour compatir à ses afflictions. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons faire amende honorable au Cœur adorable de Jésus. Répandons en abondance nos adorations et notre amour sur l’Eucharistie. Au Cœur de Jésus vivant dans le Très Saint Sacrement, l’honneur, la louange, l’adoration et la puissance royale pour les siècles des siècles ! » (d’après La présence réelle, 43. Le Sacré-Cœur de Jésus, III).

 

Dans sa dernière encyclique Ecclesia de Eucharistia, le pape Jean-Paul II nous a laissé des exhortations lumineuses par lesquelles il a souligné l’extraordinaire sainteté du mystère eucharistique et le devoir des fidèles de traiter ce sacrement avec le plus grand respect et un amour ardent. De toutes ses exhortations, cette déclaration est la plus importante : « Il n’y a aucun risque d'exagération dans l’attention que l’on porte à ce Mystère, car “dans ce Sacrement se résume tout le mystère de notre salut” (Saint Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, III, q. 83, a. 4c) » (n. 61).

 

Que l’Eglise établisse dans tous les diocèses du monde une « Journée annuelle de réparation des crimes contre la Très Sainte Eucharistie » serait une mesure pastoralement urgente et spirituellement fructueuse. Ce pourrait être le jour de l’octave de la Fête-Dieu. L’Esprit Saint donnera des grâces spéciales de renouveau à l’Église de notre temps là où – et seulement quand ce sera la cas – le Corps eucharistique du Christ sera adoré avec tous les honneurs divins, aimé, traité avec prévenance et défendu comme étant réellement le Saint des Saints. Saint Thomas d’Aquin dit dans l’hymne Sacris solemniis : « O Seigneur, visitez-nous dans la mesure où nous vous vénérons dans ce sacrement » (sic nos Tu visita, sicut Te colimus). Nous pouvons dire sans le moindre doute : O Seigneur, vous visiterez votre Église en notre temps dans la mesure où la pratique moderne de la communion dans la main reculera et dans la mesure où nous vous offrirons des actes de réparation et d’amour. »

 

Dans l’actuelle « urgence de la pandémie COVID-19 », les horribles offenses à l’égard du Très Saint Sacrement ont encore augmenté. De nombreux diocèses à travers le monde ont imposé la communion dans la main, et dans ces lieux, le clergé, souvent de manière humiliante, refuse aux fidèles la possibilité de recevoir le Seigneur à genoux et sur la langue, faisant ainsi preuve d’un cléricalisme déplorable et affichant un comportement de néo-pélagiens rigides. En outre, dans certains endroits, l’adorable Corps eucharistique du Christ est distribué par le clergé et reçu par les fidèles avec des gants de ménage ou jetables. Le fait de toucher le Saint-Sacrement avec des gants conçus pour le traitement des ordures est un abus eucharistique inqualifiable.

 

Au vu des horribles mauvais traitements infligés à Jésus Eucharistie –continuellement piétiné à cause de la communion dans la main, au cours de laquelle de petits fragments de l’hostie tombent presque toujours sur le sol ; traité de manière minimaliste, privé de son caractère sacré, comme un biscuit, ou traité comme un déchet par l’utilisation de gants ménagers – aucun véritable évêque catholique, prêtre ou fidèle laïc ne peut rester indifférent et se contenter de rester passif.

 

Il faut lancer une croisade mondiale de réparation et de consolation du Seigneur eucharistique. Comme manière concrète d’offrir à Jésus Eucharistie des actes de réparation et de consolation dont Il a un besoin urgent, chaque catholique pourrait promettre de consacrer chaque mois au moins une heure complète à l’adoration eucharistique, soit devant le Saint Sacrement dans le tabernacle, soit devant le Saint Sacrement exposé dans l’ostensoir. La Sainte Écriture dit : « Là où le péché abonde, la grâce surabonde » (Rm. 5:20), et nous pouvons ajouter par analogie : « Là où les offenses à l’Eucharistie ont abondé, les actes de réparation surabonderont. »

 

Le jour où, dans toutes les églises du monde catholique, les fidèles recevront le Seigneur eucharistique, caché sous les espèces de la petite hostie sacrée, avec une foi véritable et un cœur pur, dans le geste biblique d’adoration (proskynesis), c’est-à-dire à genoux, et dans l’attitude d’un enfant, ouvrant la bouche et se laissant nourrir par le Christ lui-même dans un esprit d’humilité, alors sans aucun doute se rapprochera l’authentique printemps spirituel de l’Église. L’Église grandira dans la pureté de la foi catholique, dans le zèle missionnaire du salut des âmes et dans la sainteté du clergé et des fidèles. Le Seigneur visitera son Église en acte, avec ses grâces, dans la mesure où nous le vénérerons dans son ineffable sacrement d’amour (sic nos Tu visita, sicut Te colimus).

 

Dieu fasse que, grâce à la croisade eucharistique de réparation, le nombre d’adorateurs, d’amoureux, de défenseurs et de consolateurs de Jésus Eucharistie augmente. Que les deux petits apôtres eucharistiques de notre temps, saint Francisco Marto et le futur bienheureux Carlo Acutis (qui sera béatifié le 10 octobre 2020), ainsi que tous les saints de l’Eucharistie, soient les protecteurs de cette croisade eucharistique. Car voici, comme le rappelle saint Pierre Julien Eymard, la vérité irrévocable : « Un âge prospère ou décline en proportion de sa dévotion à l’Eucharistie. C’est la mesure de sa vie spirituelle, de sa foi, de sa charité et de sa vertu. »

 

+ Athanasius Schneider,

évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Sainte Marie à Astana

 

*

 

Prière de la Croisade de réparation au Cœur eucharistique de Jésus

 

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne t’aiment pas. (3 fois)

 

Ô Divin Cœur Eucharistique de Jésus, regardez-nous qui nous prosternons avec un cœur contrit et plein d’adoration devant la majesté de votre amour rédempteur dans le Très Saint Sacrement. Nous sommes prêts à réparer par l’expiation volontaire, non seulement nos offenses personnelles, mais aussi et spécialement les indignes outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels vous êtes offensés en ces temps dans le Très Saint Sacrement de votre amour divin, spécialement par la pratique de la communion dans la main et la réception de la sainte communion dans un état d’incrédulité et de péché mortel.

 

Plus l’incrédulité attentera à votre Divinité et à votre Présence réelle dans l’Eucharistie, plus nous croirons en vous et plus nous vous adorerons, ô Cœur eucharistique de Jésus, en qui réside toute la plénitude de la Divinité !

 

Plus vos sacrements seront outragés, plus nous croirons fermement en eux et plus nous voulons les recevoir avec respect, ô Cœur eucharistique de Jésus, source de vie et de sainteté !

 

Plus votre Très Saint Sacrement sera dénigré et blasphémé, plus nous le proclamerons solennellement : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas », ô Cœur eucharistique de Jésus, très digne de toutes les louanges !

 

Plus vous serez abandonné et oublié dans vos églises, plus nous voulons vous visiter, vous qui habitez parmi nous dans les tabernacles de nos églises, ô Cœur eucharistique de Jésus, Maison de Dieu et Porte du Ciel !

 

Plus la célébration du Sacrifice Eucharistique sera privée de son caractère sacré, plus nous voulons soutenir une célébration respectueuse de la Sainte Messe, extérieurement et intérieurement orientée vers vous, ô Cœur Eucharistique de Jésus, Tabernacle du Très-Haut !

 

Plus vous serez reçu dans la main par des communiants debout, d’une manière dépourvue de tout signe d’humilité et d’adoration, plus nous voulons vous recevoir à genoux et sur la langue, avec la petitesse du publicain et la simplicité de l’enfant, ô Cœur eucharistique de Jésus, d’une majesté infinie !

 

Plus vous serez reçu dans la Sainte Communion par des cœurs non purifiés en état de péché mortel, plus nous voulons faire des actes de contrition et purifier notre cœur par une réception fréquente du sacrement de Pénitence, ô Cœur Eucharistique de Jésus, notre Paix et notre Réconciliation !

 

Plus l’enfer travaillera à la perte des âmes, plus notre zèle pour leur salut brûlera par le feu de votre amour, ô Cœur eucharistique de Jésus, le salut de ceux qui espèrent en vous !

 

Plus la diversité des religions sera déclarée comme étant la volonté positive de Dieu et comme un droit fondé sur la nature humaine, et plus le relativisme doctrinal grandira, plus nous confesserons avec intrépidité que vous êtes l’unique Sauveur de l’humanité et l’unique chemin vers Dieu le Père, ô Cœur eucharistique de Jésus, Roi et centre de tous les cœurs !

 

Plus les autorités de l’Eglise continueront à ne pas se repentir de l’étalage des idoles païennes dans les églises, même à Rome, plus nous confesserons la vérité : « Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et des idoles ? » (2 Cor. 6:16), plus nous condamnerons avec vous « l’abomination de la désolation, établie dans le lieu saint » (Matt. 24:15), ô Cœur Eucharistique de Jésus, Temple saint de Dieu !

 

Plus vos saints commandements seront oubliés et transgressés, plus nous voulons les observer avec l’aide de votre grâce, ô Cœur eucharistique de Jésus, abîme de toutes les vertus !

 

Plus la sensualité, l’égoïsme et l’orgueil règneront parmi les hommes, plus nous voulons vous consacrer notre vie dans un esprit de sacrifice et d’abnégation, ô Cœur eucharistique de Jésus, rassasié d'opprobres !

 

Plus les portes de l’enfer s’ouvriront violemment sur votre Église et le rocher de Pierre à Rome, plus nous croirons en l’indestructibilité de votre Église, ô Cœur eucharistique de Jésus, source de toute consolation, qui n’abandonnez pas votre Église et le rocher de Pierre même dans les plus grandes tempêtes !

 

Plus les gens se sépareront les uns des autres dans la haine, la violence et l’égoïsme, plus nous voulons, en tant que membres de l’unique famille de Dieu dans l’Église, nous aimer les uns les autres en vous, ô Cœur eucharistique de Jésus, plein d'amour et de bonté !

 

Ô Divin Cœur Eucharistique de Jésus, accordez-nous votre grâce, afin que nous soyons des adorateurs fidèles et humbles, amoureux, défenseurs et consolateurs de votre Cœur Eucharistique dans cette vie, et que nous puissions recevoir les gloires de votre amour dans la vision béatifique pour l’éternité. Amen.

 

Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je vous aime ! Je demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et ne vous aiment pas. (3 fois)

 

Notre-Dame du Saint-Sacrement, priez pour nous !

 

Saint Thomas d’Aquin, saint Pierre Julien Eymard, saint Francisco Marto, saint Padre Pio et tous les saints de l’Eucharistie, priez pour nous !

 

Écrit par Mgr Athanasius Schneider

pour cette Croisade eucharistique de réparation


© leblogdejeannesmits

Lundi 13 juillet 2020

ORDINATIONS À L'INSTITUT DU BON PASTEUR

Le samedi 4 juillet 2020, Mgr Czesław Kozon, évêque de Copenhague, a ordonné deux diacres pour l’Institut du Bon Pasteur, et six nouveaux prêtres, originaires de France, du Chili, de Colombie et du Brésil.

samedi 11 juillet 2020

Manque de vocations ?

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Le site de la Conférence des évêques de France annonce l’ordination sacerdotale de 126 hommes en 2020. Depuis les années 1970, ce chiffre est relativement stable, autour de la centaine. Si on le compare aux quelque mille ordinations annuelles de la première moitié du XXe siècle, voire aux 1500-2000 du XIXe et aux 3000-4000 sous l’Ancien Régime, il est difficile de ne pas conclure, comme on nous l’assène, à une grave « crise des vocations ».

Mais est-ce vraiment le cas ? Je ne le pense pas. Car si on ramène le nombre d’ordinations à celui des catholiques pratiquants, on s’aperçoit que l’on a, en proportion du nombre de pratiquants, plus de vocations aujourd’hui, qu’au milieu du XXe siècle et même du XIXe ! Il faut remonter avant la Révolution pour voir ce rapport s’inverser ! D’après mes calculs – approximatifs j’en conviens, mais c’est l’ordre de grandeur qui importe ici –, on compte 110 ordinations par million de pratiquants en 2020, 50 vers 1950, 80 vers 1870 et 130 vers 1770.

Une crise de la foi

Il n’y a donc pas de crise des vocations en tant que telle. Voyons plutôt le problème qui se pose : il est tout simplement le trop petit nombre de catholiques fervents. La crise que nous traversons est ainsi bien plus une crise de la foi et de sa transmission qu’une « crise des vocations », celle-ci n’étant que la conséquence de celle-là. Qu’il y ait plus de chrétiens convaincus, plus de familles rayonnant la foi, et les vocations suivront. Pour l’heure, nous avons le nombre de prêtres qui correspond à ce que nous sommes, même si cela est souvent difficile à vivre tant il est douloureux de gérer un déclin aussi général, la quantité d’églises et de paroisses, reflet d’un temps de foi plus fécond, ne correspondant plus du tout à la situation présente de l’Église de France – encore est-il heureux que l’entretien des églises, dont beaucoup de joyeux architecturaux, soit à la charge de la communauté nationale, les chrétiens seuls étant incapables de subvenir à la conservation d’un tel patrimoine.

Si l’on saisit cela, on comprend du coup combien sont vaines les solutions proposées depuis des lustres par les plus progressistes, persuadés que le « manque » de prêtres serait dû à l’austérité de la « fonction » et au refus de conférer le sacerdoce aux femmes par pure « misogynie » : permettons l’ordination d’hommes mariés et de femmes, voire le mariage des prêtres, et les ordinations repartiront à la hausse ! Outre le peu de cas qu’ils font du Magistère, ils sont tellement aveuglés par leur idéologie, qu’ils ne voient pas ni ne veulent admettre que leurs remèdes, allant toujours dans le sens du monde et de ses facilités, ne marchent pas ; partout où ils ont été appliqués par les protestants, la situation est bien pire que dans l’Église catholique ! Comment ne pas le voir, quand, inversement, tout ce qui fonctionne encore à peu près correctement dans l’Église est ce qui maintient un degré d’exigence, de continuité historique et de conformité à la tradition ?

L’action humanitaire est assurément admirable, mais aucun jeune homme appelé par Dieu ne souhaite engager sa vie dans le sacerdoce pour n’être qu’un assistant social. C’est pourquoi l’idée qui se répand de « désacraliser » le prêtre est une erreur dangereuse qui ne peut qu’aggraver les choses. Quelle foi en la Présence réelle dans l’Eucharistie, en la rémission des péchés par la confession, en l’enseignement infaillible des papes (1), quand on veut « désacraliser » le prêtre et rabaisser le sacerdoce en l’ouvrant à tout-va pour espérer davantage de candidats ?

Priorité à l’évangélisation

Cela nous ramène au problème central de notre affaire : la perte de la foi. Ce constat, simple et incontournable, devrait tracer un programme pour l’Église de France et toutes les Églises d’Europe : concentrer toutes nos forces dans le témoignage et l’annonce de l’Évangile pour ouvrir les âmes à la foi – nos contemporains, ignorant tout de la Religion en raison de la déchristianisation galopante, sont, à son égard, dans une attitude d’indifférence plus que d’hostilité. Revenons à l’exemple des Apôtres : géraient-ils une lourde administration avec moult commissions ? Se préoccupaient-ils de politique ? Non, leur unique souci était d’annoncer le Christ mort et ressuscité, et de secourir leur prochain (2).

Dans notre monde qui ne croit plus en rien, d’un horizontalisme étouffant, sans transcendance, qui n’offre aucun sens profond à notre destinée humaine – on l’a bien vu avec la pandémie du Covid-19 –, les chrétiens sous-estiment totalement leur rôle de témoins. Il ne s’agit pas de faire du « prosélytisme » agressif, mais simplement de vivre sans complexe de la foi qui nous anime et qui devrait rejaillir en une joie surnaturelle, visible, communicative…

Christophe Geffroy

(1) Jean-Paul II a mis les notes de l’infaillibilité dans la Lettre apostolique Ordinatio Sacerdotalis (1994) « sur l’ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes » : pourquoi, dès lors, y revenir toujours alors que le débat est définitivement clos ?
(2) Cette priorité à l’évangélisation, en notre monde qui a perdu tout repère, n’exclut ni l’enseignement morale prophétique de l’Eglise, à temps et à contre-temps (ce que Jésus lui-même a fait, sur l’indissolubilité du mariage, par exemple), ni les œuvres de charité et de solidarité avec les plus faibles, les plus pauvres…

© LA NEF n°327 Juillet-Août 2020

https://lanef.net/edito/

vendredi 10 juillet 2020

Lecture de vacances

« Pèlerin de Chartres depuis longtemps, ces derniers temps ont été pour moi l'occasion de lancer un projet dont les développements me sont encore flous, mais dont les débuts ont été dictés par la nécessité.

Durant le confinement que j'ai vécu à Rome, j'ai terminé l'écriture d'un livret de dévotion que j'ai imprimé par la suite. Il a pour titre : Les litanies de Lorette - petit commentaire franciscain, et le père Michel Viot m'a fait la grâce d'en écrire la préface.

Il s’inscrit dans l'esprit et la pratique du pèlerinage de chrétienté : chaque invocation est commentée afin de donner au lecteur son histoire et son sens (biblique, patristique, théologique, mystique...) ainsi que des points de méditation. Son format de poche peut en faire le compagnon idéal d'un pèlerinage marial : l'essai a été fait durant le pèlerinage orléanais de cette année. »

Henri-Maximilien M CHOMPRET

 

 

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mercredi 01 juillet 2020

In memoriam Michele Madiran - Jeanne Smits

Michèle Arfel Madiran a été rappelée à Dieu au matin du 30 juin, sept ans après le décès de son époux, Jean Madiran, qui lui manquait tant. Elle est partie sans bruit au terme d’une longue maladie et de plusieurs semaines d’hospitalisation, vécues dans une grande discrétion : dans cette pudeur qui la caractérisait. Une pudeur de grande dame.

Très entourée pendant les derniers mois et semaines de sa vie, Michèle Madiran a pu recevoir les derniers sacrements. Puis la visite de dom Louis-Marie, le Très Révérend Père Abbé du Barroux, lui a permis de communier dans la maison Jeanne-Garnier à Paris où elle fut accueillie une semaine avant son entrée dans l’au-delà, devenue inéluctable. La médecine se contentait de soulager, s’effaçait devant la maladie victorieuse ; le moine bénédictin apportait des secours de valeur infinie, pour la vie éternelle qu’elle espérait.

Où elle espérait retrouver Jean Madiran…

Elle avait une belle admiration pour Jean Madiran, elle était son soutien et cela se voyait ; que de jolie complicité entre eux deux !

En regardant nos photos d’elle et lui – nous en avons quelques-unes – j’étais saisie par ce regard amoureux, presque un regard de jeune fille, que Michèle Madiran portait sur son écrivain de mari : auteur de combat, catholique des tranchées antimodernistes, homme debout pour défendre Dieu et la France, la plume à la main, jusqu’aux derniers jours de sa longue vie enracinée dans la vérité et l’amour de la patrie.

Il fallait bien un tel homme à Michèle, née en Algérie française, pied-noire passionnée, marquée à jamais par la blessure des terres perdues… Il lui fallait cet homme de foi grave, mais espiègle, aux yeux bleus pétillants, aimant le vin, la chanson, le rire et l’amitié parce que c’est aussi tout cela qui fait l’amour de la France.

Elle était la fille du Dr Legendre, pédiatre : un de ces « colons » aujourd’hui médiatiquement maudits qui vécurent là-bas au service de la population, apportant un bout de Métropole à travers l’éducation, la santé, les routes, les infrastructures, mais aussi la langue française qui lui fut léguée en héritage.

Les Legendre, c’était une lignée d’hommes et de femmes soignants. Michèle avait quatre frères et sœurs : un frère médecin ; elle-même était infirmière-chef spécialisée en neurologie. Derrière la froideur des mots, une femme pleine d’empathie et de ce que j’aurais envie de qualifier de douceur énergique. Toujours là. Toujours prête à aider.

Michèle fut très proche de sa famille par le sang. Mais aussi de sa famille d’adoption, amie de longue date de Jean Madiran : la grande famille de Jean-Claude et Dominique Absil. Les mots que me dit l’une de leurs filles en ces jours tristes de la séparation sont parlants : « C’était une deuxième maman pour nous tous. » « Elle était là quand j’étais malade ; elle était là quand j’accouchais. Nous pouvions toujours compter sur elle. » « Elle faisait partie de nous. »

Elle avait pris sous son aile un petit-fils des Absil, gravement handicapé, parce qu’il était handicapé. Jusqu’à aller, quand les circonstances devenaient trop difficiles, passer des jours et des nuits auprès de lui à l’hôpital. Charité discrète, active, enveloppante, sans l’ombre d’une contrainte.

De Michèle, je garde le souvenir lumineux d'une femme chaleureuse, amicale, droite. Je me souviens de sa voix posée, grave et rassurante. De son accueil si amical, de son humour pince-sans-rire. Du soutien, aussi, qu’elle nous apporta lorsque les choses prirent pour nous un tour difficile à “Présent”, quelques mois après le décès de Jean Madiran…

Beaucoup de prières l’ont accompagnée lors de son grand départ dans l'autre monde, le vrai. Que Dieu daigne l'accueillir et la réunir au plus vite avec ceux qu'elle a tant aimés et qui l’ont précédée là-haut, et qu’Il console ceux, si nombreux, à qui elle manque aujourd’hui.

Jeanne Smits

Semer un grain, mais pour quelle récolte ?

Dans un texte en forme de lettre en réponse au président de la République, intitulé Le matin, sème ton grain (Bayard/Mame/Le Cerf), le président de la Conférence des évêques de France (CEF) aborde quatre axes de réflexion consacrés à nos modes de vie, sans jamais remettre en question le cadre mental de la laïcité qui a réduit l’Église à une simple organisation parmi d’autres.

Les analyses affluent sur la crise sanitaire que le monde vient de traverser et sur les leçons à en tirer pour réformer nos sociétés. Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr de MoulinsBeaufort, a voulu participer à cette entreprise en publiant un court texte, en réponse à la demande de contributions adressée aux responsables des cultes par le président de la République. C’est d’emblée dire que ce texte s’inscrit dans le cadre que nos institutions républicaines laïques laissent aux phénomènes religieux : ceux-ci sont limités à la sphère de la société civile et l’État, quant à lui, prétend transcender cette dernière. À aucun moment le successeur de la longue lignée des évêques de Reims, qui ont sacré les rois de France, ne remet en cause un tel cadre mental. Il ne s’agit pas de lui jeter la pierre car tel n’était pas le propos mais il peut être intéressant de voir si, prenant la parole à partir de la place qu’on lui laisse, il en profite pour un tant soit peu faire bouger les lignes.

Le constat d’un malaise

L’auteur part d’un constat, partagé par nombre de nos contemporains : « Quelque chose ne va pas dans notre mode de vie, dans nos façons de produire et de consommer. Comment changer ? » et il ajoute : « Autre chose est possible, avec la grâce de Dieu. » Il décline ainsi réflexions et propositions selon quatre axes : mémoire, corps, liberté et hospitalité. « Je les présente, dit-il, en espérant servir ainsi à une unité nationale plus forte. »

Le premier point consiste à faire mémoire de ce que nous avons vécu lors de cette crise, notamment de la manière dont notre rapport au temps a été modifié pendant le confinement. En contraste avec l’accélération du temps dans nos modes de vie, certains ont pu goûter la richesse de l’instant présent, « vivre l’intensité du temps au lieu de se laisser happer par le rythme frénétique de la consommation et de la production ». Le président de la CEF souhaite orienter le « mémorial » de cette expérience dans deux directions. Que chacun puisse avoir un logement digne (ce qui inclut aussi l’environnement naturel) et que le repos dominical puisse être davantage honoré. D’où la proposition concrète « qu’une fois par mois un dimanche soit “confiné” partout dans notre pays : un dimanche sans voiture ou sans dépasser un certain périmètre, sans commerces, sans travail productif, où tous soient appelés à chercher des activités accessibles à pied ou à bicyclette ou en transports en commun. » Ce qui est présenté comme une « suggestion », dans « un rêve éveillé », peut être lu comme appel à une vie plus contemplative où l’on goûte davantage le fait de demeurer. Comment sortir de cette vie liquide qui nous emporte dans des flux d’images, de soucis, d’informations souvent superficielles ? Comment sortir de cette perpétuelle captation de notre attention qui nous empêche de revenir à l’essentiel et d’être disponible à la Parole de Dieu ?

Rappel de ce qu’est le bien commun

Le deuxième axe est le corps, individuel et social. Pour sauver le premier, le second a été mis à mal par le confinement de toute la population. Comment articuler ces deux dimensions du corps ? Cela permet à Mgr de Moulins Beaufort de rappeler que le bien commun n’est pas la somme des biens individuels. Il n’est pas non plus «  la somme des biens communs (système scolaire, système hospitalier, système routier, distribution de l’eau ou de l’électricité, etc.), mais le bien dans lequel tous peuvent être en communion ». Et il ajoute : « Le corps social n’a pas à satisfaire les désirs de chacun, mais il devrait aider chacun à croire en son rôle propre, malgré ses manques et ses douleurs. ». La nécessaire participation de tous à la vie commune est requise mais on doit ajouter que celle-là, pour ne pas être formelle, doit être assumée par la pratique des vertus, au premier rang desquelles se trouve la justice. L’évêque de Reims s’insurge ensuite contre la manière dont de nombreux malades et mourants ont été ostracisés, en raison de règles ne prenant pas en compte l’intégralité des dimensions de la personne. Comment accepter que les aumôniers et visiteurs aient pu parfois être considérés comme « personnel non indispensable » ? Il rappelle alors à quel point la mort est partie prenante de la vie, et en quoi notre société cherche trop souvent à l’occulter en ne la considérant que comme un échec. La tentation de l’euthanasie s’inscrit dans cet oubli du sens profond de la mort qui est un passage que tous devront un jour vivre.

Un culte parmi d’autres…

Le troisième axe concerne la liberté et là, sans surprise, Mgr de Moulins-Beaufort s’inscrit docilement dans le droit commun : « Nous n’avons jamais réclamé un privilège ou une exemption des règles communes. Nous avons simplement demandé que les règles communes à toute la société s’appliquent à tous les cultes. » Si l’on considère que le vrai culte rendu à Dieu n’est pas une activité comme une autre, pourquoi alors ne pas contester ce principe laïciste ? On voit là que le nouveau président de la CEF assume l’héritage des équipes précédentes et ne semble pas prêt à faire bouger les lignes. L’intériorisation du régime mental qu’est la laïcité semble ici très profonde. À n’en pas douter, la manière dont « l’Église de France » se présente elle-même comme un « culte », et présente le culte comme une activité qui devrait être aussi permise que le commerce ou la réunion familiale, est signifiante de la conception (libérale) qu’elle se fait de la liberté. Certes, Mgr de Moulins-Beaufort critique la manière dont l’État a utilisé son autorité mais il n’interroge pas les présupposés profonds de celle-ci. En appeler à la responsabilité des citoyens est nécessaire mais cela ne suffit pas. La liberté de l’Église a une dimension institutionnelle car elle est responsable de ses choix devant Dieu et non devant l’État. L’Église est bien antérieure à l’État et elle a trop tendance à l’oublier.

Enfin, le dernier axe porte sur l’hospitalité. Et nous avons alors droit, parmi quelques belles remarques sur le lien humain, au couplet épiscopal habituel sur les migrations, en l’occurrence à un appel à faire preuve d’hospitalité envers les immigrés sans papiers travaillant au noir ! La captation de l’hospitalité biblique pour penser le phénomène complexe des migrations est révélatrice de la confusion mentale d’une grosse partie de nos dirigeants nationaux, légitimée par les évêques. Ce n’est pas nouveau mais on aurait pu espérer que la crise de la mondialisation, dont la pandémie est un symptôme supplémentaire, puisse être l’occasion d’une prise de conscience. Il faudra attendre d’autres signes.

Thibaud Collin - Homme Nouveau n°1714 du 20 juin 2020

vendredi 26 juin 2020

Exclusif : une réflexion approfondie de Mgr Athanasius Schneider sur le concile Vatican II et la crise actuelle de l'Eglise

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Mgr Athanasius Schneider publie ce jour un texte intitulé « Quelques réflexions sur le concile Vatican II et la crise actuelle de l'Eglise », afin de clarifier sa position sur le Concile. Il y insiste respectueusement sur le fait qu’il n’est pas favorable au rejet radical de Vatican II, une position récemment exprimée ouvertement par certains membres du clergé. Les présentes réflexions de Mgr Schneider, tirées pour partie du chapitre correspondant de son livre d’entretiens avec Diane Montagna, Christus Vincit, Christ’s Triumph Over the Darkness of the Age, développent certains points de sa discussion à propos de Vatican II, à la lumière des débats récents.

D’abord publié en anglais par Angelico Press en octobre 2019, Christus Vincit doit paraître cette semaine en allemand et en portugais. La version française, Christus vincit, Le triomphe du Christ sur les ténèbres de notre temps paraîtra à la rentrée et sera disponible via ce blog.

[Pour recevoir l’annonce de la parution de ce livre qui propose une vaste réflexion sur la situation présente de l’Eglise et ses rapports avec le monde, mais aussi des propos plus personnels de Mgr Schneider sur son enfance, sa vocation, l’islam, la perte du sens du surnatural, Fatima, les anges et bien d’autres sujets, je vous invite à m’envoyer une courriel à jeanne.smits.blog@gmail.com et je vous avertirai le moment venu.]

Son Excellence Mgr Schneider a donné le texte officiel de ces réflexions en exclusivité à The Remnant pour l’anglais, à Corrispondenza Romana pour l’italien et l’espagnol, et au Blog de Jeanne Smits pour le français. Tous droits réservés, reproduction interdite par égard pour l'éditeur français de Christus vincit, lien partageable : https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2020/06/exclusif-une-reflexion-approfondie-de.html. – J.S.
 

Quelques réflexions sur le Concile Vatican II et la crise actuelle de l'Église

par Mgr Athanasius Schneider

 

Au cours des dernières décennies, ce ne sont pas seulement les modernistes déclarés, mais aussi les théologiens et les fidèles qui aiment l’Église, qui ont fait preuve d'une attitude qui ressemble à une sorte de défense aveugle de tout ce qui a été dit par le Concile Vatican II. Une telle attitude semblait parfois exiger des acrobaties mentales, voire une « quadrature du cercle ». Même maintenant, la mentalité générale des bons et fidèles catholiques correspond, à mon avis, à une infaillibilisation totale de facto de tout ce que le concile Vatican II a affirmé, ou de ce que le pontife actuel dit et fait. Ce genre d’ultramontanisme extrême, de centrisme papal malsain, était déjà présent depuis plusieurs générations chez les catholiques, depuis deux siècles. Mais la critique a toujours été présente et permise dans la grande tradition de l’Église, puisque c’est la vérité et la fidélité à la révélation divine et à la tradition constante que nous devons rechercher, ce qui implique par soi-même le recours à la raison et à la rationalité, et suppose d’éviter les acrobaties mentales erronées. Certaines explications de certaines expressions manifestement ambiguës et trompeuses que contiennent les textes du Concile semblent artificielles et peu convaincantes, surtout lorsque l’on y réfléchit d’une manière intellectuellement plus honnête, à la lumière de la doctrine ininterrompue et constante de l’Eglise.

Instinctivement, tout argument raisonnable qui aurait pu même de la façon la plus minime remettre en cause n’importe quelle parole ou expression des textes du Concile a été réprimé . Mais une telle attitude n’est pas saine et elle contredit la grande tradition de l’Église, comme nous le constatons chez les Pères, les Docteurs et les grands théologiens de l’Église au long de ses deux mille ans d’histoire.

Une opinion différente de celle enseignée par le concile de Florence sur la question du sacrement de l'ordre, c'est-à-dire la traditio instrumentorum, a été admise dans les siècles qui ont suivi ce concile, et a conduit le pape Pie XII à se prononcer dans la Constitution apostolique Sacramentum Ordinis de 1947, par laquelle il a corrigé l'enseignement non infaillible du Concile de Florence, en déclarant que la seule matière strictement nécessaire à la validité du sacrement de l'Ordre est l'imposition des mains par l'évêque. Par cet acte, Pie XII n'a pas mis en œuvre une herméneutique de continuité, mais bien une correction, car la doctrine du concile de Florence en la matière ne reflétait pas la doctrine et la pratique liturgiques constantes de l'Église universelle. Déjà en 1914, le cardinal W.M. van Rossum écrivait à propos de l'affirmation du concile de Florence sur la question du sacrement de l'Ordre, que cette doctrine du concile était réformable et devait même être abandonnée (cf. De essentia sacramenti ordinis, Freiburg 1914, p. 186). Il n'y avait donc pas de place pour une herméneutique de continuité dans ce cas concret.

Lorsque le magistère pontifical ou un concile œcuménique a corrigé des doctrines non infaillibles de conciles œcuméniques antérieurs (cela ne s'est produit que rarement), on n'a pas sapé les fondements de la foi catholique par un tel acte, ni opposé le magistère de demain à celui d'aujourd'hui, comme l'histoire l'a prouvé. Par une Bulle de 1425, Martin V a approuvé les décrets du concile de Constance et même le décret « Frequens » - de la 39e session du concile (en 1417). Ce décret affirmait l'erreur du conciliarisme, c'est-à-dire l'erreur selon laquelle un concile est supérieur à un Pape. Cependant, en 1446, son successeur, le pape Eugène IV, a déclaré qu'il acceptait les décrets du concile œcuménique de Constance, à l'exception de ceux (des sessions 3 - 5 et 39) qui « portent atteinte aux droits et à la primauté du Siège Apostolique » (absque tamen praeiudicio iuris, dignitatis et praeeminentiae Sedis Apostolicae). Le dogme de Vatican I sur la primauté du pape a ensuite rejeté définitivement l'erreur conciliaire du concile œcuménique de Constance. Comme mentionné plus haut, le pape Pie XII a corrigé l'erreur du Concile œcuménique de Florence concernant la question du sacrement de l'Ordre. Les fondements de la foi n'ont pas été sapés par ces rares actes de correction des affirmations antérieures du magistère non infaillible, précisément parce que ces affirmations concrètes (par exemple des conciles de Constance et de Florence) n'étaient pas infaillibles.

Plusieurs expressions des textes du Concile Vatican II ne sont pas aussi facilement conciliables avec la tradition doctrinale constante de l'Église. Citons par exemple certaines expressions du Concile sur le thème de la liberté religieuse (comprise comme un droit naturel, et donc positivement voulue par Dieu, de pratiquer et de répandre une fausse religion, qui peut aussi inclure l'idolâtrie ou pire encore) ; sa distinction entre l'Église du Christ et l'Église catholique (le problème du « subsistit in » donne l'impression qu'il existe deux réalités : d'un côté, l'Église du Christ, et de l'autre, l'Église catholique) ; et sa position à l'égard des religions non chrétiennes et du monde contemporain. Bien que la Congrégation pour la Doctrine de la foi, dans ses réponses à certaines questions concernant certains aspects de la doctrine sur l'Église (29 juin 2007), ait proposé une explication de l'expression « subsistit in », elle a malheureusement évité de dire clairement que l'Église du Christ est véritablement l'Église catholique. C'est-à-dire qu'elle a évité de déclarer explicitement l'identité entre l'Église du Christ et l'Église catholique. En effet, il reste un élément de flou.

Il existe aussi une attitude qui rejette a priori toutes les objections possibles visant les déclarations douteuses susmentionnées dans les textes du concile. Au lieu de cela, la seule solution présentée est la méthode dite d'« herméneutique de la continuité ». Malheureusement, les doutes relatifs aux problèmes théologiques inhérents à ces déclarations du Concile ne sont pas pris au sérieux. Nous devons toujours garder à l’esprit le fait que la fin principale du Concile était de nature pastorale, et que le Concile n’avait pas l’intention de proposer ses propres enseignements définitifs.

Les déclarations des papes d’avant le Concile, même celles des XIXe et XXe siècles, reflètent fidèlement celles de leurs prédécesseurs et la tradition constante de l’Église d’une manière ininterrompue. Les papes des XIXe et XXe siècles, c’est-à-dire après la Révolution française, ne représentent pas une période « exotique » en comparaison avec la tradition bi-millénaire de l’Eglise. On ne saurait prétendre qu’il existe une quelconque rupture dans les enseignements de ces papes (Grégoire XVI, etc.) par rapport au Magistère antérieur. Par exemple, concernant le thème de la royauté sociale du Christ et du caractère objectivement faux des religions non chrétiennes, on ne peut pas trouver de rupture perceptible entre l’enseignement des papes Grégoire XVI à Pie XII d’une part, et celui du pape Grégoire le Grand (VIe siècle) et de ses prédécesseurs et successeurs d’autre part. On peut vraiment voir une ligne continue sans aucune rupture depuis l’époque des Pères de l’Eglise jusqu’à Pie XII, en particulier sur des sujets tels la royauté sociale du Christ, la liberté religieuse et l’œcuménisme au sens où il existe un droit naturel, positivement voulu par Dieu, de pratiquer la seule vraie religion qui est la foi catholique.

Avant le Concile Vatican II, il n'était pas nécessaire de faire un effort colossal pour présenter des études volumineuses montrant la parfaite continuité de la doctrine entre un Concile et un autre, entre un pape et ses prédécesseurs, car la continuité était évidente. Par exemple, le fait même qu'une « nota explicativa previa » au document Lumen Gentium ait été nécessaire montre que le texte de Lumen Gentium, au n. 22, est ambigu en ce qui concerne le sujet des relations entre la primauté du pape et la collégialité épiscopale. Les documents clarifiant le magistère à l'époque post-conciliaire, tels les encycliques Mysterium FideiHumanae Vitae, et le Credo du Peuple de Dieu du Pape Paul VI, ont été d'une grande valeur et d'une grande aide, mais ils n'ont pas clarifié les déclarations ambiguës du  concile Vatican II mentionnées ci-dessus.

Peut-être la crise actuelle – avec Amoris Laetitia et le Document d’Abou Dhabi – nous oblige-t-elle à approfondir cette considération quant à la nécessité de clarifier ou de corriger certaines déclarations du Concile évoquées ci-dessus. Dans la Summa Theologiae, saint Thomas d’Aquin a toujours présenté des objections (« videtur quod ») et des contre-arguments (« sed contra »). Saint Thomas était intellectuellement très honnête ; il faut en effet savoir accepter les objections et les prendre au sérieux. Nous devrions utiliser sa méthode sur certains des points controversés des textes du Concile qui sont en discussion depuis près de soixante ans. La plupart des textes du Concile présentent une continuité organique par rapport au magistère antérieur. Mais en dernière analyse, le magistère papal doit clarifier de manière convaincante les éléments controversés de certaines expressions des textes du Concile. A ce jour, cela n’a pas toujours été fait d’une manière honnête et intellectuellement convaincante. Si cela s’avérait nécessaire, un pape ou un futur Concile œcuménique devrait alors ajouter des explications (comme des « notae explicativae posteriores »), voire des amendements et des corrections de ces expressions controversées, puisqu’elles n’ont pas été présentées par le Concile comme un enseignement infaillible et définitif. Ainsi que Paul VI l’a déclaré, le Concile a « évité de donner des définitions dogmatiques solennelles, engageant l’infaillibilité du magistère ecclésiastique » (Audience générale, 12 janvier 1966).

L’histoire nous le dira, avec le recul. Nous ne sommes qu’à cinquante ans du Concile. Peut-être y verrons-nous plus clair quand cinquante nouvelles années se seront écoulées. Cependant, du point de vue des faits, de ce que l’on a pu constater, d’un point de vue global, Vatican II n’a pas apporté la floraison d’un réel progrès spirituel dans la vie de l’Église. Et même s'il y avait déjà des problèmes au sein du clergé avant le Concile, au nom de l'honnêteté et de la justice, nous devons reconnaître que les problèmes moraux, spirituels et doctrinaux du clergé avant le Concile n'étaient pas aussi répandus, d'une aussi grande ampleur et d'une aussi grande intensité, qu'ils l'ont été à l'époque post-conciliaire et jusqu'à aujourd'hui. Compte tenu du fait qu'il y avait déjà des problèmes avant le Concile, le premier objectif du Concile Vatican II aurait dû être précisément d'émettre des normes et des doctrines les plus claires possibles, voire exigeantes, et exemptes de toute ambiguïté, comme l'ont fait tous les Conciles de Réforme par le passé. L’objectif et les intentions du Concile étaient avant tout pastoraux, et pourtant, malgré cet objectif pastoral, il s’en est suivi des conséquences désastreuses que nous voyons encore aujourd’hui. Bien sûr, le Concile comprend beaucoup de beaux textes, précieux même. Mais les conséquences négatives et les abus commis au nom du Concile ont été si importants qu’ils ont éclipsé les éléments positifs qui s’y trouvent.

Il y avait des éléments positifs dans Vatican II : c’est la première fois qu’un Concile œcuménique a lancé un appel solennel aux laïcs, afin qu’ils prennent au sérieux les vœux de leur baptême pour tendre à la sainteté. Le chapitre de Lumen Gentium sur les laïcs est beau et profond. Les fidèles y sont appelés à vivre leur baptême et leur confirmation en tant que témoins courageux de la foi au milieu d’une société sécularisée. Cet appel était prophétique. Cependant, depuis le Concile, cet appel aux laïcs a été détourné par l’establishment progressiste de l’Église, et aussi par de nombreux fonctionnaires et bureaucrates qui travaillaient dans les bureaux et les chancelleries de l’Église. Souvent, les nouveaux bureaucrates laïcs (dans certains pays européens) n’étaient pas eux-mêmes des témoins ; ils ont au contraire contribué à la destruction de la foi dans les conseils paroissiaux et diocésains et dans d’autres comités officiels. Hélas, ces bureaucrates laïcs ont souventes fois été induits en erreur par le clergé, les évêques et les pasteurs.

La période qui a suivi le Concile a laissé l’impression que l’un des principaux fruits du Concile était la bureaucratisation. Cette bureaucratisation mondaine, au cours des décennies qui ont suivi le Concile, a paralysé dans une large mesure la ferveur spirituelle et surnaturelle. Au lieu du printemps annoncé, est survenu un temps de stérilité spirituelle généralisée, un hiver spirituel. Ces mots par lesquels Paul VI a fait un diagnostic honnête de l’état de santé spirituelle de l’Eglise sont toujours bien connus, et même inoubliables : « On croyait qu’après le Concile viendrait une journée de soleil pour l’histoire de l’Église. C’est au contraire une journée de nuages, de tempête, d’obscurité, de recherche, d’incertitude. Nous prêchons l’œcuménisme et nous nous distançons de plus en plus des autres. Nous cherchons à creuses des abîmes au lieu de les combler » (Sermon du 29 juin 1972).

Dans ce contexte, c’est surtout Mgr Lefebvre (bien qu’il ne soit pas le seul à l’avoir fait) qui a commencé, à plus grande échelle et avec une franchise semblable à celle de certains des grands Pères de l’Église, à protester contre la destruction de la foi catholique et de la sainte messe qui se produisait dans l’Église et qui était soutenue, ou du moins tolérée, jusque par de hautes autorités du Saint-Siège. Dans une lettre adressée au pape Jean-Paul II au début de son pontificat, Mgr Lefebvre a décrit avec réalisme et justesse, dans un bref synopsis, la véritable ampleur de la crise de l’Église. Je reste toujours impressionné par la clairvoyance et le caractère prophétique des affirmations suivantes : « Le flot des nouveautés dans l’Eglise accepté et encouragé par l’épiscopat, flot ravageant tout sur son passage : la foi, la morale, les institutions de l’Eglise, ne pouvait pas admettre la présence d’un obstacle, d’une résistance. Nous avions donc le choix ou de nous laisser emporter par le courant dévastateur et d’accroître le désastre, ou de résister contre vents et marées pour sauvegarder notre foi catholique et le sacerdoce catholique. Nous ne pouvions pas hésiter. (…) Les ruines de l’Eglise s’accumulent : l’athéisme, l’immoralité, l’abandon des églises, la disparition des vocations religieuses et sacerdotales sont tels que les Evêques commencent à s’émouvoir. »  Nous assistons aujourd’hui à l’apogée du désastre spirituel au sein de la vie de l’Église, que Mgr Lefebvre a souligné avec tant de vigueur il y a quarante ans déjà.

En abordant les questions relatives au Concile Vatican II et à ses documents, il faut éviter les interprétations forcées ou la méthode de la « quadrature du cercle », tout en conservant l’attitude respectueuse qui s’impose et le sens de l’Eglise (sentire cum ecclesia). L’application du principe de « l’herméneutique de la continuité » ne saurait être utilisée aveuglément en vue d’éliminer sans poser de questions des problèmes qui existent bel et bien, ou pour créer une image d’harmonie, alors que demeurent des ombres d’imprécision dans l’herméneutique de la continuité. En effet, une telle approche transmettrait artificiellement et de manière peu convaincante le message selon lequel chaque mot du concile Vatican II est inspiré par Dieu, infaillible et en parfaite continuité doctrinale avec le magistère antérieur. Une telle méthode violerait la raison, les données du réel et l’honnêteté, et ne ferait pas honneur à l’Église, car tôt ou tard (même s’il y faut un siècle) la vérité sera énoncée telle qu’elle est réellement. Il existe des livres dont les sources sont documentées et reproductibles, qui donnent un aperçu historiquement plus réaliste et plus vrai des faits et des conséquences relatifs à l’événement du concile Vatican II lui-même, mais aussi de la manière dont ses documents ont été édités, et du processus d’interprétation et d’application de ses réformes au cours des cinq dernières décennies. Je recommande, par exemple, les livres suivants qui peuvent être lus avec profit : Romano Amerio, Iota Unum, Etude des variations de l’Église catholique au XXe siècle (1996) ; Roberto de Mattei, Vatican II : Une histoire à écrire (2012) ; Alfonso Gálvez, El Invierno eclesial (2011).

Ces éléments – l’appel universel à la sainteté, le rôle des laïcs dans la défense et le témoignage de la foi, la famille en tant qu’église domestique, et l’enseignement sur Notre Dame  – sont ceux que je considère comme les contributions vraiment positives et durables du concile Vatican II.

Le magistère a été à ce point surchargé au cours des cent cinquante dernières années d’une papolâtrie malsaine, qu’il en a résulté une atmosphère où un rôle central est attribué aux hommes de l’Eglise au lieu de l’être au Christ et à son corps mystique, qui est à son tour un anthropocentrisme caché. Selon la vision des Pères de l’Eglise, l’Eglise est seulement la lune (mysterium lunae), et le Christ est le soleil. Le Concile, a malheureusement été une démonstration d’un très rare « magistériocentrisme », puisque par le simple fait du volume de ses documents interminables il a dépassé, et de loin, tous les autres conciles. Il a pourtant lui-même fourni une belle description de ce qu’est le magistère, qui n’avait jamais été donnée auparavant dans l’histoire de l’Église. On le trouve dans Dei Verbum, au n° 10, où il est écrit : « Ce Magistère n’est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il est à son service. »

Par « magistériocentrisme », j’entends que les éléments humains et administratifs – spécialement la production excessive et continue de documents et de forums de discussion (sous le slogan de la « synodalité ») – ont été placés au centre de la vie de l’Église. Même si les Pasteurs de l’Eglise doivent toujours exercer avec zèle l’exercice du munus docendi, l’inflation des documents, et souvent de documents interminables, s’est révélée asphyxiante. Des documents moins nombreux, plus courts et plus concis produiraient un meilleur effet.

Un exemple frappant de « magistériocentrisme », où les représentants du magistère se comportent non comme les serviteurs, mais comme les maîtres de la tradition, est la réforme liturgique de Paul VI. D’une certaine manière, Paul VI s’est placé au-dessus de la Tradition – non pas la Tradition dogmatique (lex credendi), mais la grande Tradition liturgique (lex orandi). Paul VI a osé entamer une véritable révolution de la lex orandi. Et dans une certaine mesure, il a agi en contradiction avec l’affirmation du concile Vatican II dans Dei Verbum (n° 10) qui affirme que le magistère est seulement au service de la Tradition. Nous devons mettre le Christ au centre. Il est le soleil : le surnaturel, la constance de la doctrine et de la liturgie, et toutes les vérités de l’Évangile que le Christ nous a enseignées.

Par le concile Vatican II, et déjà avec Jean XXIII, l’Église a commencé à se présenter au monde, à flirter avec le monde et à manifester un complexe d’infériorité envers le monde. Mais les clercs, en particulier les évêques et le Saint-Siège, ont pour mission de montrer le Christ au monde – et non pas eux-mêmes. Vatican II a donné l’impression que l’Église catholique commençait à mendier la sympathie du monde. Cela s’est poursuivi lors des pontificats postconciliaires. L’Église mendie la sympathie et la reconnaissance du monde ; cela est indigne d’elle, et ne lui gagnera pas le respect de ceux qui cherchent vraiment Dieu. Nous devons mendier la sympathie du Christ, de Dieu et du ciel.

Certains critiques du Concile affirment que, malgré ses bons aspects, il est un peu comme un gâteau dans lequel il y a un peu de poison, et qu’il faut donc le jeter tout entier. Je ne pense pas que nous puissions suivre cette méthode, ni celle qui consiste à « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Par rapport à un concile œcuménique légitime, même s’il y avait des points négatifs, il nous faut maintenir une attitude de respect. Nous devons évaluer et avoir de l’estime pour tout ce qui est réellement et vraiment bon dans les textes du Concile, sans fermer irrationnellement et malhonnêtement les yeux de la raison sur ce qui est objectivement et manifestement ambigu, voire erroné dans certains textes. Il faut toujours se rappeler que les textes du concile Vatican II ne sont pas la Parole inspirée de Dieu, ni des jugements dogmatiques définitifs ou des déclarations infaillibles du magistère, car le Concile lui-même n’avait pas cette intention.

Un autre exemple est celui d’Amoris Laetitia. Ce texte contient certes de nombreux points qu’il nous faut critiquer objectivement et doctrinalement. Mais certains de ses chapitres sont très utiles, vraiment bons pour la vie de famille, par exemple les parties sur les personnes âgées dans la famille : en soi, ils sont très bons. On ne doit pas rejeter l’ensemble du document, mais en recevoir ce qui est bon. Il en va de même pour les textes du Concile.

Même si avant le Concile, ils ont tous dû prêter le serment antimoderniste de saint Pie X, certains théologiens, prêtres, évêques et même des cardinaux l’ont fait avec des réserves mentales, comme les faits historiques ultérieurs l’ont démontré.

Avec le pontificat de Benoît XV a commencé une lente et prudente infiltration d’ecclésiastiques à l’esprit mondain et quelque peu moderniste dans les hautes sphères de l’Église. Cette infiltration s’est surtout développée parmi les théologiens, de sorte que le pape Pie XII a dû intervenir plus tard en condamnant des théologiens très connus de la soi-disant « nouvelle théologie » (Chenu, Congar, De Lubac, etc.) et en publiant l’encyclique Humani Generis en 1950. Néanmoins, à partir du pontificat de Benoît XV, le mouvement moderniste était latent et en constante progression. Ainsi, à la veille du concile Vatican II, une part considérable de l’épiscopat et des professeurs des facultés de théologie et des séminaires étaient imprégnés d’une mentalité moderniste, qui se définit essentiellement par le relativisme doctrinal et moral, et la mondanité, l’amour du monde. À la veille du Concile, ces cardinaux, évêques et théologiens aimaient la « forme » – les schémas de pensée – du monde (cf. Rm XII, 2) et ils voulaient plaire au monde (cf. Ga I, 10). Ils faisaient preuve d’un complexe d’infériorité évident vis-à-vis du monde.

Le pape Jean XXIII a lui aussi fait preuve d’une sorte de complexe d’infériorité à l’égard du monde. Il n’était pas un moderniste dans son esprit, mais il avait une façon politique de voir le monde et il a étrangement mendié au monde de lui témoigner sa sympathie. Il avait sûrement de bonnes intentions. Il a convoqué le concile Vatican II, qui a ensuite ouvert la porte au mouvement moderniste, protestant et mondain au sein de l’Église. Elle est très significative, cette observation aiguë de Charles de Gaulle, président de la République française de 1959 à 1969, à propos de Jean XXIII et du processus de réformes entamé avec le concile Vatican II : « Jean XXIII a ouvert toutes grandes les vannes et n’a pas pu les refermer. C’était comme si un barrage s’était effondré. Jean XXIII a été dépassé par ce qu’il avait déclenché » (voir Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Paris 1997, 2, 19).

Le discours sur l’« ouverture des fenêtres » avant et pendant le Concile était une illusion trompeuse et une cause de confusion. Ces paroles ont donné l’impression que l’esprit d’un monde incrédule et matérialiste – tel qu’on pouvait clairement le voir à cette époque – pouvait transmettre certaines valeurs positives pour la vie chrétienne. Les autorités de l’Église de cette époque auraient mieux fait d’affirmer expressément le sens véritable des mots « ouverture des fenêtres » : il consiste à ouvrir la vie de l’Église à la fraîcheur de la beauté de la vérité divine, aux trésors de la sainteté éternellement jeune, aux lumières surnaturelles du Saint-Esprit et des saints, à une liturgie célébrée et vécue ans un sens toujours plus surnaturel, sacré et révérent. Au fil du temps, pendant la période postconciliaire, la porte partiellement ouverte a fait place à un déluge désastreux qui a provoqué d’énormes dégâts dans la doctrine, la morale et la liturgie. Aujourd’hui, les eaux du déluge qui ont pénétré dans l’Eglise atteignent des niveaux dangereux. Nous vivons actuellement le pic de la catastrophe de l’inondation.

Aujourd’hui, le voile a été levé et le modernisme a révélé son vrai visage, qui consiste à trahir le Christ et à devenir ami du monde en adoptant sa manière de penser. Une fois la crise de l’Église passée, le magistère de l’Eglise aura la tâche de rejeter tous les phénomènes négatifs qui ont été présents dans la vie de l’Église au cours des récentes décennies. Et l’Église le fera, parce qu’elle est divine. Elle ne peut pas ne pas le faire. Elle le fera avec précision et elle corrigera toutes les erreurs qui se sont accumulées, à commencer par plusieurs expressions ambiguës dans les textes du Concile.

Le modernisme est comme un virus caché, partiellement blotti dans plusieurs affirmations du Concile, mais qui s’est aujourd’hui manifesté. Après la crise, après la grave infection virale spirituelle, la clarté et la précision de la doctrine, le caractère sacré de la liturgie et la sainteté de la vie sacerdotale brilleront davantage.

L’Église le fera sans ambiguïté, comme elle l’a fait en temps de graves crises doctrinales et morales au cours des deux derniers millénaires. Enseigner clairement les vérités du dépôt divin de la foi, défendre les fidèles contre le poison de l’erreur et les conduire sûrement à la vie éternelle appartient à l’essence même de la tâche divinement assignée au pape et aux évêques.

La Constitution du concile Vatican II, Sacrosanctum Concilium, nous rappelle la vraie nature de la véritable Eglise, qui est « de telle sorte qu’en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin ; ce qui est visible à l’invisible ; ce qui relève de l’action à la contemplation ; et ce qui est présent à la cité future que nous recherchons » (n° 2).

Le 24 juin, 2020-06-24
Fête liturgique de saint Jean-Baptiste.

mercredi 24 juin 2020

Rendez-vous les 3 et 4 octobre !

 

Amis pèlerins, rejoignez notre

retraite Notre-Dame-de Chrétienté à Fontgombault sur

LA SAINTETÉ

les 3 et 4 octobre 2020

 « Vous serez saints, parce que moi, votre Dieu, je suis Saint » (Lévitique XX, 26).

« Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Matthieu, V, 48).

 

 

 

Pour qui ? Retraite ouverte à tous (hommes et femmes), à partir de 18 ans.

Où ? Abbaye bénédictine Notre Dame de Fontgombault - 36220 FONTGOMBAULT

Pour se rendre à l’abbaye : la gare la plus proche est la gare de Blanc. Un covoiturage pour rejoindre l’abbaye vous est proposé le vendredi soir à 20h, 21h et 22h et le samedi matin à 9h. Prévenir de votre heure d’arrivée par mail : jpisa.griffon@gmail.com

Hébergement : les hommes sont accueillis à l’hôtellerie et les femmes au village d’hôtes. Pour les personnes mariées, possibilité de chambre commune au village d’hôtes.  Toutes les inscriptions se font auprès de Notre-Dame de Chrétienté

Quand ? 

  • Les samedi 3 et dimanche 4 octobre 2020.
  • Possibilité d'arriver dès la veille, le vendredi 2 au soir (ne pas dépasser 22 heures pour l'arrivée à l'abbaye)
  • Fin de la retraite à 13h30 après le déjeuner du dimanche.

Comment ? 

Inscriptions.

  • toutes les inscriptions à cette retraite se font en ligne en utilisant ce lien. Pour plus d'information, contactez le secrétariat de Notre Dame de Chrétienté : information@nd-chretiente.com – Tél: 01.39.07.27.00.
  • Clôture des inscriptions le 20 septembre. Ne tardez pas à vous inscrire afin de faciliter la bonne préparation et le bon accueil de chaque retraitant (nombre de places limité).
  • Une participation aux frais de 40 euros (hôtellerie et repas) sera demandée (offrande pour l'abbaye et frais de nourriture); inscription et règlement en ligne.

En cas de besoin, coordonnées de l'Abbaye.

Tel. : 02.54.37.12.03 ou Fax. : 02.54.37.12.56

Père Hôtelier: retraites-fgt@orange.fr – 02 54 37 30 98

Thème de la retraite

Elle sera prêchée par l'abbé Alexis Garnier, Aumônier Général de Notre Dame de Chrétienté, sur le thème de la sainteté : celle du Christ, de l'Eglise, du chrétien. Contemplation, applications pratiques.

Horaires de la retraite.

Samedi 3 octobre 2020

  • 10h ; messe conventuelle (église abbatiale).
  • 11h00 : Accueil, installation.
  • 1ère instruction.
  • Office de Sexte.
  • Déjeuner. (réfectoire des retraitants – pour les messieurs qui en font la demande, réfectoire des moines).
  • Pause, temps libre (repos – promenade – prière à l'abbatiale - parloir, entretien et confession pour ceux qui veulent).
  • 2° instruction.
  • Pause. Temps libre.
  • 18h : Vepres.
  • Dîner.
  • Complies et repos.

Dimanche 4 octobre 2020

  • Messes basses (sur volontariat) ; il est possible d'assister (ou de servir) aux messes basses qui ont lieu à l'église principale (abbatiale). Se présenter devant le portail latéral (à gauche), à 6h45.
  • Petit déjeuner pour tous (réfectoire des hôtes et réfectoire des retraitants).
  • 3ème instruction.
  • Tierce et Messe dominicale.
  • Photo de groupe - Temps libre (possibilité de parloir, entretien et confession pour ceux qui veulent).
  • Sexte et déjeuner.
  • Café, cloture de retraite, rangement (les bonnes volontés sont les bienvenues!).

Silence.

La retraite se fera en silence, sauf le moment des repas au réfectoire des retraitants (lecture en 1° partie, puis Tu autem...).

Autres informations pratiques :

  • Eglise abbatiale ouverte de 7h à 13h, et de 14h à 19h.
  • Parloir avec un moine (entretien spirituel ou de connaissance). S'adresser à la porterie ou en faire la demande auparavant directement auprès du père hôtelier.
  • La retraite inclue l'assistance à l'office de Tierce et à la messe conventuelle, ainsi qu'aux Vêpres du samedi.
  • Porterie (devant l'abbatiale à droite); icônes, chapelets, médaillons, livres, reproductions de tableaux ou de photos, cassettes et CD de chants religieux...
  • Magasin de poterie (ouvert tous les jours de 9H à 12H45 et de 14H à 19H sauf le dimanche de 10H à 12H). Grès, icônes et émaux réalisés par les moines.
  • Magasin de produits monastiques (ouvert de 11H à 12h30 et de 15H à 17H30 sauf  dimanches et fêtes) ; produits de l'artisanat provenant de divers monastères - fromage,  oeufs, fruits et légumes, vins, liqueurs, miel, confitures, pâtisseries, confiseries, produits de beauté et produits diététiques.

Dans l'attente de vous retrouver pour ce temps de grâce, nous vous redisons notre dévouement le meilleur in Christo !

Association Notre Dame de Chrétienté.

Lundi 22 juin 2020

Terres de Mission n°172 - Confinement : un évêque témoigne

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Mgr Ginoux, évêque de Montauban, a adressé le 11 mai dernier à ses diocésains une lettre d'une tonalité originale. Il revient, avec nous, sur les restrictions imposées par l'autorité publique à la liberté d'exercice du culte, dénonçant une immixtion de l'Etat dans un domaine qui n'est pas le sien, au mépris de la laïcité affichée. Comme évêque, il tire les enseignements de cette épreuve. 

Appel à une communion de prière pour Thomas Lambert

Chers amis pèlerins,

Nous vous appelons à vous unir à la communion de prière pour demander l’intercession miraculeuse de Bernard Lehner pour Thomas Lambert, fondateur avec sa femme de l'école et du collège de Blanche de Castille au Mans, diagnostiqué soudainement d'un très grave maladie.  

Pourquoi par cette intercession ? Parce que le bienheureux Bernhard Lehner a besoin d'un miracle pour que sa cause de canonisation soit entendue, et que Monsieur Lambert a besoin de cette intervention divine.

Nous vous proposons donc cette prière pour notre ami et pour sa famille.

Samedi la messe sera célébrée par l’Abbé Leclair à 11h à saint Benoît pour cette intention, messe suivie d'un temps d'adoration avec l'exposition du Saint Sacrement.

Prière pour la béatification du Serviteur de Dieu Bernhard Lehner

Très Sainte Trinité, Vous qui êtes la couronne de toute sainteté ! Vous  qui suscitez toujours dans votre église de nouveaux saints ! Nous vous en prions, permettez que votre serviteur Bernhard Lehner, qui pour l'amour de Vous et de son prochain a accompli consciencieusement tous ses devoirs, soit élevé bientôt à la gloire des autels. A cette fin nous vous confions cette intention pressante : la guérison de Thomas Lambert, afin que tous les fidèles, et en particulier les enfants et les jeunes, trouvent en lui un modèle de vie chrétienne et que par son intercession et avec votre grâce, Dieu tout-puissant, vous soyez toujours exalté, vous qui vivez et régnez dans les siècles des siècles. Amen.

mardi 09 juin 2020

Rejoignez le pèlerinage de Sainte Clotilde le 21 juin !


Le prochain pèlerinage à Ste Clotilde est fixé au dimanche 21 juin 2020.

Depuis 1947, a lieu chaque année en juin un pèlerinage national en l'honneur de sainte Clotilde. Il est venu s’ajouter à la fête locale de sainte Clotilde (3 juin), célébrée depuis des siècles dans la paroisse de Vivières. Le pèlerinage national de Vivières (dans l'Aisne) est organisé et animé spirituellement par la confrérie sainte Clotilde.

La France et la Chrétienté ont besoin de nos prières et de l’intercession de sainte Clotilde. Soyons donc nombreux à nous rendre dimanche 21 juin 2020 à Vivières, derrière les bannières de la Confrérie sainte Clotilde et celles du Centre Charlier, soutien fidèle et apprécié du pèlerinage depuis plus de 25 ans.

Départ possible depuis Paris, en autocar, qui peut transporter 30 passagers avec toutes les garanties sanitaires en vigueur : toutes les règles sanitaires en vigueur seront respectées et chaque passager doit venir avec un masque. *

Sur le site internet, vous trouverez toutes les informations nécessaires. 

11 h : Messe grégorienne célébrée par Monsieur l'abbé Maxime Quinquis, prêtre de l'Institut du Bon Pasteur.
Repas tiré du sac en forêt.
15 h : Vêpres chantées. Procession dans la vallée jusqu'à l'oratoire Sainte-Clotilde (près de la source)
Salut du Saint-Sacrement.

 

*Le car disposera : 

- D’une solution hydroalcoolique 

- d’un thermomètre avec lequel les personnes seront testées à l’entrée du car

- d’un appareil à Ozone pour la désinfection 

- de Savon de Marseille dans les toilettes 

 

INSCRIPTION :

Monsieur Pierre Maire

06 80 72 72 77  -  01 60 77 19 51

maire.pierre@numericable.com

mairep@gmx.fr

samedi 06 juin 2020

Qu'est-ce que la France ? Des auteurs et chercheurs de renom répondent

NDC- Vous venez de publier les Actes de la XIX éme Université d’été de Renaissance catholique sous le titre : L’Identité nationale. De quoi s’agit-il ?

RC- Tous les observateurs ont noté que, lors de ses interventions télévisées à l’occasion de la pandémie du covid 19, le Président de la République a renoué avec des mots qui avaient disparu du langage politique dominant : nation, patriotisme, souveraineté économique, souveraineté nationale, etc. Après l’échec de la « mondialisation heureuse » semble venue l’heure du réveil des nations. C’est à la découverte de ce qui constitue l’identité de la France que nous convions nos lecteurs. Une identité issue d’une histoire, profondément marquée par l’empreinte de l’Eglise catholique, qui s’incarne dans un héritage bien particulier. 

NDC- Pourquoi avoir traité ce sujet ?

 L’immigration de peuplement à laquelle est confronté notre pays est en train de changer d’une manière qui sera bientôt irrémédiable le visage de la France. Conscient des difficultés que créait cet état de fait Nicolas Sarkozy avait créé en 2007 un ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du co-développement, confié à un transfuge du PS : Eric Besson. Cela a donné lieu à de nombreux débats que nous avons analysés et enrichis. Ce sujet reste d’une brûlante actualité.

 NDC- De quoi avez-vous traité ?

 Selon notre démarche habituelle nous avons d’abord fait de l’histoire nous attachant à présenter tous les éléments qui, au fil du temps, ont constitué la France. Ensuite, nous avons analysé la rupture que constitue la Révolution française avant d’examiner les défis auxquels est aujourd’hui confronté notre pays dans la préservation de son identité.  

NDC- Qu’apporte cet ouvrage collectif ?

 Dans son livre « La compagnie des ombres » Michel De Jaeghere note : « Nous sommes chez nous ! » scandent parfois des Français désespérés, dépossédés de leurs quartiers, de leur sécurité de leurs coutumes. Mais pour être « chez nous » et prétendre en demeurer maîtres, encore faudrait-il être « nous ». Former plus qu’un syndicat de locataires. Être liés par une communauté de foi, d’espérance ou de culture ».  Cet ouvrage collectif est la découverte de cet héritage mais aussi des dangers qui le menacent.  Il est une défense et illustration du bel idéal de chrétienté incarné dans la terre de France.  

 

L’Identité Nationale - Éditions CONTRETEMPS - 360 pages - 27 € frais de port compris 

Auteurs : Anne Bernet, Arnaud Jayr, Hilaire de Crémiers, Claude Rousseau, Maxence Hecquard, Henry de Lesquen, Christophe Dickès, Philippe Conrad, Jean-Yves Le Gallou, Bruno Gollnisch, Jean Vallier, Jean-Pierre Maugendre

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Lundi 01 juin 2020

Mot d'envoi de l'abbé Garnier depuis la cathédrale de Chartres

Au Nom du Père et du Fils et du saint Esprit, ainsi soit-il

Amis pèlerins,

Tout d'abord, je voudrais adresser mes remerciements, … et, au vu des circonstances, mes encouragements.

Merci d'abord aux célébrants et prédicateurs des messes de pèlerinage de ces 3 jours ;

  • le chanoine Fournier, aumônier militaire, en l'église St Sulpice de Paris, samedi
  • le Révérend Père de Blignières, Religieux prêtre, prieur de la Fraternité Dominicaine St Vincent Ferrier, en l'église conventuelle Notre Dame du Rosaire de Chéméré le Roi, dimanche
  • Monseigneur Patrick Decourtieux, responsable de la 4° section de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, en la basilique Saint Pierre de Rome, au Vatican, ce lundi.

Merci à Monseigneur Philippe Christory, évêque de Chartres, qui a permis que nous puissions venir en petite délégation pour clore ce pèlerinage au nom de tous les pèlerins, en union avec eux, en France et dans le monde.
Merci au Chanoine Blondeau, Recteur de la Cathédrale Notre Dame de Chartres, pour son accueil toujours bienveillant, même en cette période difficile.

Merci à tous les intervenants chefs de région, de chapitre, pèlerins, qui ont organisé en local des marches, retrouvailles, messes, adorations, prières communes, … Et merci à tous ceux qui les ont accueilli dans des églises ou terrains privés.

Merci aux bénévoles et cadres des équipes de la Direction des pèlerins et des soutiens, qui ont assuré le bon suivi et le déroulement, tant du pèlerinage relais que des initiatives locales. Je pense particulièrement et de tout cœur aux soutiens qui ont tout fait pour rendre possible la grande colonne et les grands bivouacs, les grand'messes, le rassemblement que nous aimons... Avant d'accepter une décision douloureuse et difficile, mais inévitable.

Merci à Notre Dame de Chartres. Elle a couvert de son voile, de sa protection les petits pèlerinages, répliques aimables du grand pélé en différents lieux. Avec l'antique prière, nous lui redisons ; « Sub tuum praesidium... Sainte Mère de Dieu, nous accourons sous votre protection. Ne méprisez pas nos prières dans les épreuves, mais de tout péril délivrez-nous, Vierge glorieuse et bénie ! »

Ami pèlerin, et maintenant?
    En cette extrémité de temps pascal, je souhaite que tu aies pu mettre à profit ce pèlerinage pour une bonne confession, une bonne communion eucharistique.
    Je souhaite que tu aies profité au mieux, en 2 ou 3 dimensions, à domicile ou dans quelque lieu saint, sur quelques chemin ou quelque terrain offert aimablement, des enseignements profonds et riches, qui acheminent jusqu'à toi les verités qui sauvent et sanctifient.
    Je souhaite que tu aies pu redécouvrir le monde des anges, invisibles et purs esprits. 
Tires-en de l'affection et de la confiance envers tes alliés les bons anges, en particulier Saint Michel, lié à notre pays par tant de rencontres, depuis celle du Mont Tombe, jusqu'à celle d'Anne d'Autriche en passant par la petite Jehanne ! Mais aussi Saint Raphaël, l'ange protecteur du mariage et de la famille, et Saint Gabriel, le patron et modèle des messagers divins, apôtre de l'évangélisation et de la mission !
Tires-en aussi de la vigilance, car le diable et ses alliés rôdent, comme des lions rugissant cherchant qui dévorer. Vigilance de la foi et de la prière, ardeur renouvelé pour le combat spirituel, recours aux sacrements et sacramentaux, humilité et confiance.
En définitive, ceux qui combattent avec toi sont meilleurs et plus nombreux que ceux qui sont contre toi. N'oublie pas cette verité pérenne un jour dite aux hommes par le prophète Elisée.
Si tu as pu faire cela, alors tu n'as pas perdu ta Pentecôte et le pélerinage autrement de 2020 n'est pas une fake news pour ce qui te concerne.

Ami pèlerin, et après ?
Rendez-vous en 2021! Nous avons tous hâte de retrouver les chemins de Paris à Chartres, et la grande colonne. Nous avons hâte de venir nous agenouiller au pied de l'autel pour la messe et la bénédiction, en chemin pour les confessions nombreuses, ces retournements d'âme. Et ensuite de nous lever pour marcher, pèleriner, progresser. D'ici là, soyons, une fois encore, lutteurs de Dieu, pour Dieu, avec Dieu. Pour la tradition, la chrétienté et la mission !

Dieu sait ce qu'Il fait, ce qu'Il veut, ce qu'Il permet.
Je terminerai par une image, une belle image. C'est un pèlerin qui a attiré là-dessus mon attention, et je lui en sais gré ; la trompette et la croix ! 
Sur les hauteurs de Notre Dame de Paris, cathédrale consumée, 
sur les hauteurs de Notre Dame de Chartres, cathédrale encore confinée, 
il y a un ange. 
Celui de Paris embouche une trompette. Il sonne le départ et le réveil spirituel du pèlerin, de l'Eglise, de la France chrétienne, il appelle au combat et signale les victoires du règne du Christ. 
Celui de Chartres présente au pèlerin arrivé une croix. Il rappelle qu'elle est l'arme suprême, que si rien n'est sacrifié, rien n'est obtenu, que c'est par la croix qu'on est vainqueur avec le Christ.

Le pèlerinage a été 
tantôt joyeux et glorieux comme un coup de trompette, 
tantôt douloureux comme une croix. 
C'était peut-être le cas particulièrement cette année! 

Mais le serviteur n'est pas plus grand que le Maître.
Jehanne d'Arc, la sainte de la Patrie, a connu à très peu de distance la trompette de la victoire et de la gloire, et la croix de la prison, du jugement et du bûcher.
Alors... faut-il s'étonner que notre œuvre suive le Christ, entre dans la logique de Dieu, puisqu'il est tout entier au service de Dieu et des âmes, au service du règne du Christ? 
Faut-il s'étonner d'avoir à passer par la Passion et la croix pour arriver à la Résurrection, puisque le Christ Lui-même a régné par le bois de la croix? 
On n'entre bien en cette demeure de Dieu qu'en pèlerin, après un temps d'effort et de purification, de conversion. 
On n'entre bien dans la gloire divine qu'en passant par la croix. 
C'est aussi une mission des anges de nous souffler, à l'oreille comme au cœur ; 


« Si tu as été éprouvé, 
c'est parce que tu étais agréable à Dieu, 
c'est pour que tu sois plus encore agréable à Dieu ». 

Ami pèlerin, de tout cœur, je te bénis et te confie à la protection des bons anges! Avec nous, chante maintenant la Reine des anges, par ta voix et ta vie, en attendant que nous le fassions, tous réunis, s'il plait à Dieu, à la Pentecôte prochaine.

O Notre Dame, ranimez notre foi,
dans les épreuves, gardez-nous l'esperance,
Vierge Marie, donnez-nous charité!

Homélie du lundi de Pentecôte par Mgr Descourtieux

Pèlerinage de chrétienté
Messe de clôture
Lundi de Pentecôte
1er juin 2020


Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

Chers pèlerins,

    qui avez parcouru invisiblement non seulement les 100 kilomètres qui séparent Paris de Chartres, mais aussi les 1472 kilomètres qui séparent Chartres de Rome, si du moins j’en crois les indications données par les instruments de calcul contemporains, soyez les bienvenus dans cette Basilique construite sur les lieux mêmes où Pierre, le prince des Apôtres, a rendu le témoignage suprême, le témoignage du sang, au terme de son propre pèlerinage, qui l’avait conduit d’une humble bourgade de Galilée jusqu’en la capitale de l’Empire romain.

    Cette année, l’épreuve principale a consisté non pas dans la marche sous le soleil ou sur les aspérités de la route et des chemins, mais dans le sacrifice qu’il a fallu faire de trois journées exaltantes, au cours desquelles on voit se rapprocher progressivement les flèches de Notre-Dame de Chartres, cette cathédrale qui, selon la belle formule de Charles Péguy, est « maîtresse de sagesse et de silence et d’ombre » (Prière de report). On ne choisit pas ses épreuves. C’est le Seigneur qui nous les envoie, en les proportionnant toujours à ce que nous sommes capables de porter avec Lui. 

    Nous voici donc réunis, non pas sous les célèbres verrières de la cathédrale ou près de Notre-Dame de Sous-Terre, mais, grâce à la bienveillance de Son Éminence le Cardinal Angelo Comastri, Archiprêtre de Saint-Pierre, devant l’autel de Sainte Pétronille, qui, au milieu du VIIIe siècle,  fut donnée comme patronne à la France par le Pape Étienne II au cours de son échange avec le roi Pépin le Bref, père de l’empereur Charlemagne. C’est ici même qu’est venu, en 1889, le premier pèlerinage ouvrier de France, sous la conduite du Cardinal Langénieux, Archevêque de Bordeaux, et c’est ici aussi qu’est célébrée tous les ans une messe pour la France, à la demande de l’Ambassade de France près le Saint-Siège.

    Mais il y a bien plus que des souvenirs purement français à évoquer ici, puisque le pèlerinage de chrétienté rassemble des pèlerins venus des quatre coins de la terre. Vous aviez, chers pèlerins, un thème de réflexion qui invite à dilater son regard bien au-delà du monde visible, puisque vous avez invoqué nos saints Anges gardiens, des anges qui sont présents sur ce très beau tableau que vous apercevez et qui montre, dans un raccourci saisissant, la mise au tombeau de sainte Pétronille, en même temps que son entrée au ciel, où elle est reçue par le Christ ressuscité dans sa gloire, qui lui montre ses mains martyrisées sur la Croix et ouvertes avec la plus grande générosité que l’on puisse imaginer.

    Sur terre, dix personnages sont représentés. Au ciel, neuf seulement, mais parmi eux, on distingue parfaitement sept anges, qui entourent Jésus et Pétronille. Leurs attitudes sont éloquentes : aucun d’eux ne nous regarde, mais tous ils travaillent pour nous : l’un s’apprête à couronner Pétronille, quatre autres soutiennent le Christ en gloire, à qui ils offrent le soutien de leur louange et de leurs services, tandis que les deux plus grands regardent le ciel, où ils voient le Père et l’Esprit Saint, qui demeurent totalement invisibles à nos yeux. Ce faisant, ils nous invitent nous aussi à dépasser le stade du visible et à nous souvenir que notre véritable habitation est dans les cieux, comme le dit saint Paul (Ph 3, 20).

    Notre Saint-Père le Pape habite à quelques centaines de mètres d’ici. Il prie pour vous et il vous bénit tous. Très souvent, il célèbre la messe votive des saints anges et, tous les ans, le 2 octobre, en la fête des saints anges gardiens, il commente un texte tiré du livre de l’Exode qui parlera tout particulièrement aux pèlerins que vous êtes. Le Pape, en effet, cite ce texte - « je vais envoyer un ange devant toi pour te garder en chemin et te faire parvenir au lieu que je t’ai préparé » (Ex 23, 20), puis il rappelle que l’Église célèbre nos « compagnons de route, les protecteurs de notre chemin, les anges qui sont précisément avec nous, sur le chemin », parce que, ajoute-t-il, « c’est vrai, la vie est un chemin sur lequel se trouvent des pièges et des périls. Nous avons besoin d’une boussole, mais d’une boussole à dimension humaine. (…) L’ange gardien n’est pas seulement avec nous, mais il voit aussi le Père. Il est en relation avec Lui. Il est un pont, chaque jour, depuis l’heure où nous nous levons jusqu’à celle où nous nous couchons » (homélies du 2 octobre 2014 et du 2 octobre 2018).

    Sur la route où nous avons marché, au moins en pensée, nous rencontrons des anges et des témoins, et, au terme, nous voici devant les textes que nous ont laissés les tout premiers disciples du Christ, saint Luc, dans les Actes, et saint Jean, dans son évangile. Ces joyaux sont à la fois au terme de votre pèlerinage et au point de départ de la suite. Saint Luc, dans les Actes, nous montre saint Pierre en train d’annoncer le Christ ressuscité à un groupe de Juifs qui le découvre. L’Esprit Saint intervient directement d’une manière extraordinaire, et tous demandent le baptême, qui les fait entrer définitivement dans l’Église. C’est effectivement un terme et un point de départ, exactement comme dans un pèlerinage : terme d’une vie dans l’ignorance du vrai sens de l’existence et dans l’obscurité de l’ignorance - ces païens menaient une vie sans but véritable -, mais c’est aussi un magnifique point de départ vers une vie d’union intense au Père, par Son Fils et dans l’Esprit. Ce qui s’est joué sur les bords de la Méditerranée, à Césarée, chez un centurion romain païen, de la cohorte Italique, nommé Corneille, c’est le passage de l’Évangile à tout ce monde païen qui n’était pas l’héritier des promesses d’Israël. Chacun d’entre nous est l’héritier de ce passage.

    Avec saint Jean, dont Mgr Léonard nous disait l’année dernière qu’il avait résumé tout son Évangile dans cette phrase « Dieu a tant aimé le monde qu’Il lui a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3, 16), tout est dit, effectivement : au départ, un amour infini, celui de Dieu le Père pour le monde. Saint Jean insiste, dans sa première lettre : « Ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est Lui qui nous a aimés » (1 Jn 4, 10). Au terme, l’amour infini encore, puisque la vie éternelle, c’est la contemplation sans fin de l’amour de Dieu qui a agi en nous, partout dans l’espace et toujours dans le temps, grâce à l’Esprit qui a « rempli l’univers » ainsi que nous l’avons chanté hier (cf. Sg 1, 7). Entre le principe et la fin, entre le point de départ et le point d’arrivée, l’amour encore nous soutient, mais là, nous sommes profondément impliqués. Le Seigneur nous demandera au cours du Jugement Dernier : comment m’as-tu aimé, comment as-tu aimé ton prochain ?

      Aujourd’hui, chers frères et sœurs, en pensant à Notre-Dame de Chartres, en priant pour toutes nos familles, pour nos amis, mais aussi pour nos ennemis, décidons d’être, en compagnie de nos anges gardiens, des pèlerins de l’amour qui acceptent de recevoir leur vie comme un don à rendre au Père de toutes les miséricordes (cf. 2 Co 1, 3). Confions-nous à Notre-Dame de la Route, qui fait tout ce chemin avec nous et demandons-lui de nous inspirer de ne jamais abandonner notre vocation chrétienne. Laissons-nous saisir par le Christ pour être offerts par Lui au Père, dans le feu de l’Esprit saint.
 
     Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il. 

Mgr Descourtieux
Congrégation pour la Doctrine de la Foi

Dimanche 31 mai 2020

Les anges et les béatitudes - Homélie du dimanche de Pentecôte

 

Chers amis,

Notre pèlerinage est cette année consacré aux saints anges. En ce dimanche de la Pentecôte, nous allons méditer comment les saints anges nous disposent à recevoir docilement la motion du Saint-Esprit qui nous fait vivre les béatitudes.

Selon une très ancienne tradition, qui remonte à Denys l’Aréopagite, interprétant la liste des chœurs angéliques donnée par saint Paul, les bons anges, ces purs esprits crées par Dieu avant le monde corporel, se répartissent en neuf chœurs. Ces chœurs sont groupés, trois par trois, en trois hiérarchies. À chacune des hiérarchies est assignée une fonction spécifique dans le gouvernement du monde et des hommes. La première hiérarchie purifie les hommes, la seconde les illumine, et la troisième les unit à Dieu.

On peut mettre en relation chacune de ces trois hiérarchies avec chacun des trois groupes de béatitudes. Les anges purificateurs de la première hiérarchie nous aident à vivre les trois premières béatitudes, celles de la fuite du péché : bienheureux les pauvres, les doux et les affligés. Les anges illuminateurs de la seconde hiérarchie nous guident dans la mise en œuvre des béatitudes de l’action : bienheureux les affamés de justice et les miséricordieux. Les anges de l’union à Dieu de la troisième hiérarchie nous soutiennent dans la pratique de la contemplation : bienheureux les cœurs purs et les pacifiques.

Les anges nous purifient en nous annonçant la joie de l’espri

La première expérience de l’homme par rapport au bonheur, c’est qu’il le désire et qu’il n’y parvient pas. Son cœur n’est jamais rassasié par les biens de ce monde. Le monde est trop petit pour nourrir sa soif de béatitude. L’âme humaine est une flamme fragile, vacillant entre deux abîmes infinis : le mystère de Dieu et l’énigme de son propre esprit. Dieu, « Celui qui est » (Ex 3, 14), habite, au sommet de la sainte montagne, le Buisson ardent qui brûle sans se consumer. L’homme scrute l’abîme profond de son âme unie au monde corporel, son âme navrée de désirs infinis… et il n’en trouve jamais le fond 

Les anges nous manifestent l’existence du monde spirituel à l’état pur. Ils nous rappellent que nous sommes des esprits comme eux, mais des esprits incarnés, que le péché a blessés et que le démon jalouse. Les bons anges, eux, sont des miroirs sans tâche de la Joie de Dieu. Leur lumière vient faire sur nos ténèbres une percée… vers le haut ! Ils nous purifient en nous détachant du royaume illusoire de notre Moi insatiable, et en nous annonçant la joie fondamentale : le Sauveur veut inscrire nos noms dans les Cieux, il veut écrire notre Nom d’éternité (cf. Ap 2, 17) dans le Foyer incandescent de Dieu !

Oui, les anges nous purifient, en effaçant de notre front les stigmates des péchés capitaux, comme l’a vu Dante dans les Chants du Purgatoire. À chaque palier de la montée purificatrice, un ange efface l’un des sept « P » que le poète porte sur son front et qui traduit les souillures de son âme, tout en chantant la béatitude opposée au vice qui est purifié ! (1)

La lumière angélique est celle d’esprits finis, elle filtre dans notre âme blessée. Elle nous intrigue, nous apprivoise au bien, et nous attire vers la Joie infinie de la Lumière éternelle. « Réjouissez-vous, vous pouvez quitter la mortelle et ennuyeuse trilogie de l’argent, de la violence et du sexe. Réjouissez-vous, les pauvres, les doux, les affligés ! Sous la conduite du Christ, vraie Lumière qui vient en ce monde (cf. Jn 1, 9), vous sortez du Royaume des ombres, vous avez déjà en vous le Royaume invisible, plus réel encore que la matière ».

Attention ! Les anges sont nos amis, nos aides, nos « diacres » (2). Mais ils le sont pour nous mener au Christ qui est leur Roi et notre unique Sauveur. C’est toujours autour du mystère du Christ que volent les anges purificateurs : à l’Annonciation faite à Marie et à celle faite à saint Joseph, aux bergers près de la Crèche de Bethléem, à l’annonce salvatrice de la fuite en Egypte.

 

Les anges illuminent les pas de notre marche vers cette joie

Non contents de nous aider à vivre les béatitudes de la fuite du péché, en nous révélant la joie pour laquelle nous sommes faits comme eux, les anges nous accompagnent dans notre marche vers cette joie, en nous aidant à pratiquer les béatitudes de l’action. Bienheureux les affamés de justice, bienheureux les miséricordieux ! Que font les anges ? Dans la Première Alliance, Jacob a vu en songe une mystérieuse échelle : « Voici, une échelle était posée sur la terre et son sommet touchait au ciel. Et […] sur elle des anges de Dieu montaient et descendaient, et en haut se tenait Yahweh » (Gn 28, 12). Jésus nous a révélé qu’il était lui-même cette échelle qui conduit à la béatitude du ciel : « En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez désormais le ciel ouvert, et les anges de Dieu  montant et descendant sur le Fils de l’homme » (Jn 1, 51).

Où est-il pour nous, sur cette terre, ce Fils de l’Homme ? Jésus nous l’a enseigné : ce sont nos frères. « Tout ce que vous ferez à l’un de ces petits, c’est à moi que vous le ferez… » (Mt 25, 40. Quelle perspective prodigieuse : chaque fois que nous faisons à l’égard du prochain une œuvre bonne, spécialement par la justice et la miséricorde, c’est au Fils de l’homme notre Sauveur que nous la faisons ! Par le va et vient de la justice et de la miséricorde, nous sommes en pleine action surnaturelle dans la grâce, nous montons et descendons « sur le Fils de l’homme ».

Les anges illuminateurs de la deuxième hiérarchie nous font danser ce ballet de la vie chrétienne, à pas d’amour, avançant vers la Joie de Dieu, qui est appuyé au haut de l’échelle. Ils jettent sur notre prochain la lumière de la face du Christ, pour que nous le reconnaissions. Si nous « connaissons » les autres, si nous les voyons et si nous les servons comme des images du Christ, nous serons « connus » du Christ ! Pour nous aider à exercer la force de la justice, les anges nous servent comme ils ont servi Jésus après la tentation au désert. Pour nous aider à aller au bout de la miséricorde, ils nous consolent, comme ils ont consolé Jésus au jardin de l’agonie.

 

Les anges nous unissent à Dieu en nous faisant chanter cette joie.

Qu’est-ce que le Ciel ? C’est voir Dieu et être « un » avec lui dans le Christ qui a ouvert les portes de la louange. C’est être heureux que Dieu soit heureux et que nous nous tenions avec son Fils devant lui, chantant sa gloire et sa miséricorde. Dans l’adoration ici-bas, nous anticipons le Ciel. C’est en adorant que nous sommes au plus haut point, nous dit saint Thomas, à l’image lumineuse de Dieu (3).

Les anges de l’union à Dieu, ceux de la plus haute hiérarchie, nous le rappellent. Ils chantent pour nous les béatitudes de la contemplation : « Réjouissez-vous, les cœurs purs, et vous qui diffusez la paix… Non seulement vous verrez Dieu et vous serez appelés ses fils dans la gloire, mais déjà vous voyez Dieu et êtes vraiment ses fils dans la louange de la grâce ». Ce sont les anges qui nous invitent à chanter et nous répondons à leur invitation (cf. Ap 5, 11-13). « L’être de l’homme, transcendé par un ordre de nature plus élevé, celui des anges, ne s’éveille à sa propre louange qu’à travers la louange du monde des esprits ». (4)

Les anges nous associent au chant du Sanctus, ou Trisaghion : « Saint, saint, saint est le Seigneur, le Dieu Tout-Puissant, qui était, qui est et qui vient ! » (Ap 4, 8) et ils nous enseignent à chanter devant le trône de Dieu le Cantique nouveau (cf. Ap 14, 3). C’est spécialement dans la liturgie de la Messe que nous sommes portés par le chant des anges. « Nous qui mystiquement représentons les Chérubins et qui, en l’honneur de la vivifiante Trinité, chantons l’hymne trois fois sainte, déposons toute sollicitude de ce monde afin de recevoir dignement le Roi de l’univers qui vient invisiblement escorté des armées angéliques »(5)

Le rôle des anges est important dans la contemplation du mystère trinitaire, dans la prière qui nous unit au Christ par le mystère rédempteur, et aussi dans l’attente et l’espérance consolante des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. Les anges étaient présents lors de la résurrection du Christ, ils l’entouraient lors de son Ascension, ils seront présents à la Parousie autour du Christ victorieux pour inaugurer le Royaume.

 

Conclusion

Dans un tableau fameux, Fra Angelico a représenté une gracieuse « ronde des élus ». Ce qui est frappant, c’est que les anges et les hommes y alternent fraternellement. La ronde se dirige vers une mystérieuse porte de lumière, qui symbolise le Paradis. Les esprits purs nous entraînent, nous les esprits unis au monde matériel. Certes, ils sont d’une nature supérieure à la nôtre, mais c’est dans notre nature que le Verbe s’est incarné.

Sous le regard de sa Mère, l’Immaculée, c’est pour lui que les anges nous purifient, c’est vers lui qu’ils nous guident, c’est à lui qu’ils nous unissent. Les Incorporels considèrent comme un honneur de nous servir comme les frères de leur Roi. Il y a de quoi être confondu de reconnaissance et d’amour pour ces êtres de lumière… et pour Dieu qui nous les a donnés comme ministres de notre salut.

 

Fr. Louis-Marie de Blignières

Prieur de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier

 

(1) Cf. Dante Alighieri, La Divine Comédie, Le Purgatoire, chant 9, verset 112 ; chant 12, verset 121 ; chant 22, versets 1-3 ; chant 27, verset 8.

(2)  Dans l’art chrétien, on représente parfois les anges portant l’étole diaconale.

(3) Cf. Somme de théologie, I, q. 93, a. 8.

(4) Erik Peterson, Le livre des anges, Ad Solem, XXX.

(5) Procession des Offrandes de la Sainte et Divine Liturgie de saint Jean Chrysostome.

samedi 30 mai 2020

Revue de presse du 38e pèlerinage de Pentecôte: