Le Pèlerinage en pleine page dans "Présent" du 8 mai 2010

Fils de l'Eglise et de la Chrétienté

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FILS DE L'EGLISE
ET DE LA CHRETIENTE
Entretien avec Hervé Rolland, président de Notre Dame de Chrétienté

  • Hervé Rolland, vous êtes le président de NDC depuis quelques mois, comment se présente le pèlerinage de Chrétienté de cette année ?

Sous les meilleurs auspices, mais permettez-moi de commencer par saluer mon prédécesseur, Olivier de Durat ainsi que Matthieu Joulie, vice-président, tous deux travailleurs infatigables pour le pèlerinage. Ils ont réussi trois belles éditions du « pélé » et surtout, en 2007, la magnifique célébration de son 25e anniversaire, en présence du cardinal Castrillon Hoyos.
En stricte continuité avec les fondateurs, j’anime une nouvelle équipe qui compte Hubert de Gestas, ancien président, au poste de secrétaire général et l’abbé Le Coq, de la Fraternité Saint-Pierre, toujours fidèle au poste d’aumônier général.

  • Pas de changement majeur ?

Aucun, et il importe de le préciser compte tenu de l’actualité. Notre marche, notre démarche est la même et elle est clairement politique, au sens de la construction de la Cité.
Pour répondre à la crise de la société actuelle de plus en plus dégradée, la solution est simple et connue depuis longtemps. Les mots du pape saint Pie X n’ont pas pris une ride : « On ne bâtira pas la société autrement que Dieu ne l’a bâtie… non, la civilisation n’est plus à inventer. Elle a été, elle est, c’est la civilisation chrétienne, c’est la Cité catholique. »

2010.05.09_Present_c.JPG* Est-ce toujours réaliste ?
Bien entendu ! Qu’est-ce qui caractérise nos contemporains ? Ils ont perdu le sens de la vie. On dit souvent qu’il n’y a plus de valeurs. C’est vrai qu’il n’y a plus de référence, de référentiel mais, qui plus est, il n’y a plus de sens, plus de direction, plus d’espérance. C’est le résultat de la déchristianisation qui a entraîné cette incroyable perte collective. On ne sait plus d’où on vient, ni où on va. C’est le « désenchantement » du monde sur lequel se penchent vainement les sociologues depuis des décennies.
L’homme moderne croit tout maîtriser par la technique : c’est l’incroyable vanité des scientistes et positivistes de tous ordres. Et patatras : un tsunami vient ravager les pseudo-paradis de vacances, le sanctuaire par excellence de « l’homo economicus ». Lequel reste également bouche bée parce qu’un simple volcan islandais bloque l’Europe pendant un temps imprévisible. Malgré sa science qui lui fait croire à son pouvoir, l’homme moderne se découvre impuissant devant la nature. Lui qui se croit invincible, il n’est plus rien.

  • Et le remède pour vous…

C’est ce que nous appelons la chrétienté, la civilisation chrétienne. Il ne s’agit évidemment pas d’un retour en arrière ou de je ne sais quelle rêverie moyenâgeuse. Le but est d’en finir avec ce naturalisme qui empêche de parler de Dieu publiquement. Il n’y a de vie possible que dans l’harmonie naturel-surnaturel, parce que Dieu a voulu et conçu le monde ainsi.
L’écrivain anglais Chesterton l’a résumé dans une formule choc : « Retirez le surnaturel et il ne reste que ce qui n’est pas naturel. » C’est-à-dire : la barbarie. Voyez les banlieues françaises, la violence, les trafics, les attaques quotidiennes, les atteintes à tout ce qui représente l’autorité ou l’ordre. Bref, la barbarie. Les politiciens n’osent plus aborder le sujet, ne proposent plus rien, en dehors de quelques coups de menton électoralistes, des effets d’annonces jamais suivis d’actes.

  • Il n’y a pas qu’en France…

C’est vrai. La situation du monde en 2010 est grave. Votre journal s’en fait l’écho tous les jours, je n’insiste pas. Et face à un Occident qui doute et qui se renie lui-même, parce qu’il ne veut plus de Jésus-Christ, on voit monter au contraire l’islam, qui risque bien d‘être l‘équivalent au XXIe siècle de ce que fut le communisme pour le siècle précédent.

  • Que peut apporter la civilisation chrétienne pour résoudre ces problèmes ?

En rétablissant les valeurs, les hiérarchies et les finalités. Si l’on croit que Jésus-Christ est Dieu fait homme, on écoute son message qui nous est transmis chaque jour par son Eglise. Le Christ nous a dit qu’il est « la Voie, la Vérité et la Vie ». C’est cela, rétablir l’ordre des choses, redéfinir les valeurs communes, rappeler la loi naturelle, en faire découler les lois, par exemple en faveur de la vie, de la famille et contre cette culture de mort qui nous empoisonne et tue nos enfants.
La chrétienté, c’est redonner le but, la voie, rappeler qu’il y a une vérité, le rappeler avec charité mais l’affirmer face à tous les relativismes et toutes les erreurs, y compris celles des autres religions ! Chaque homme a droit à la vérité. La charité qui s’occupe des corps est fondamentale, mais la charité qui s’occupe des âmes et des cœurs est plus importante encore. C’est redonner le sens de la vie, l’envie de vivre, de créer, d’inventer, de s’engager, de donner avec générosité. Et l’envie d’aimer.

  • Vous croyez cela possible dans une France qui ne parle que de laïcité ?

Mais justement, la France est chrétienne, c’est son histoire, c’est son essence, son être même. C’est la fille aînée de l’Eglise, l’éducatrice des peuples, une terre de missionnaires et d’enseignants, voilà sa vocation. C’est le message de Benoît XVI lors de sa venue en France en 2008 : « La mise en évidence des racines chrétiennes de la France permettra à chacun des habitants de ce pays de mieux comprendre d’où il vient et où il va. »
On ne saurait dire mieux dire. Et cette harmonie entre le Ciel et la terre, c’est cela la saine laïcité. Nous, catholiques, veillons à cette juste distinction des deux ordres, naturel et surnaturel. Pas de mélange des deux, au contraire de l’islam, qui aboutit lui à une dictature plus ou moins religieuse.

  • Vous rêvez d’une France idéale ?

Oui, avouons-le, comme 99 % des Français (j’élimine les idéologues de l’anti-France). Nous en rêvons, donc nous y travaillons et nous invitons tous les hommes de bonne volonté à rejoindre notre idéal et notre marche.
Comme l’avait merveilleusement dit dom Gérard, fondateur et premier abbé du Barroux, lors de la Messe de clôture d’un de nos pèlerinages : « Si nous voulons embellir la terre, si nous voulons pacifier la terre, ce n’est pas pour remplacer le Ciel, c’est pour lui servir d’escabeau. » Eh bien nous, nous voulons embellir la France, pacifier la France : beau programme, non ?

  • Notre-Dame de Chrétienté a pour devise Tradition – Chrétienté – Mission. Tradition et Mission signifient quoi pour vous ?

La Tradition c’est en particulier l’usage de la forme extraordinaire du rite romain, la messe traditionnelle, qui nourrit notre foi et dont nous sommes d’ardents promoteurs. N’oublions pas que tradition vient du latin “tradere” qui signifie transmettre. La tradition est le patrimoine que nous transmettons aux générations futures.
Tradition et Mission vont ensemble : chaque année des centaines de marcheurs découvrent, émerveillés, durant notre pèlerinage, la beauté de la liturgie catholique traditionnelle. Chaque pèlerinage est marqué par des milliers de confessions, des conversions, des retours, des baptêmes même, sans parler des vocations sacerdotales et religieuses.

  • Un mot du thème du pèlerinage 2010 ?

« L’Eglise est notre Mère » : voici notre thème 2010. Ce qui veut dire : nous sommes prêts à la défendre ! Etre catholique, c’est se compter comme fils et filles. De Dieu, bien sûr, notre Père, et de l’Eglise, notre Mère.
Qu’est une Mère ? Celle qui donne la vie, aime, protège, soigne, éduque, élève, fait de nous des adultes. Exactement comme l’Eglise : elle nous donne la vie de la Grâce, protège cette vie, la soigne et la développe, par les sacrements. Elle nous élève, elle rend ainsi notre foi adulte.
Jésus-Christ a institué l’Eglise, en lui donnant autorité pour enseigner, sanctifier et gouverner. Nous méditerons cette triple mission lors de chacun de nos trois jours de marche.
Et nous porterons témoignage, car l’Eglise est violemment attaquée. Elle doit nous trouver prêts à la défendre, dans sa doctrine, dans son enseignement, dans sa vie ou dans ses pasteurs sur terre, à commencer par le Saint-Père. Certes, des prêtres ont failli, ont été source de scandale, ce qui est particulièrement douloureux pour des catholiques qui voient dans le prêtre un “alter Christus”, celui de qui l’exemple doit venir. Nous pensons d’ailleurs, comme le Saint-Père, aux victimes. Dont les accusateurs de l’Eglise ne se soucient guère. Ils s’en moquent, en réalité, seule la haine de l’Eglise les occupe.

  • Des attaques quasi quotidiennes…

Evidemment, les attaques ne cesseront pas : l’Eglise est porteuse du Christ, donc de la Vérité, donc elle dérange le Monde. Les ennemis de l’Eglise savent trop que nous seuls avons la solution de rechange et ils la craignent par-dessus tout : la chrétienté sonne la fin du relativisme, du naturalisme et surtout du libéralisme. La fin de leurs petits égoïsmes.
Un gouvernement chrétien ne laisserait pas détruire la France, ni ne laisserait les banques et les places financières diriger l’économie. Il n’accepterait pas les inégalités sociales, la « fracture » dont certains parlent sans chercher vraiment à la réduire.
Il ne tolérerait pas les lois de mort, avortement, manipulations génétiques, locations d’utérus et autres horreurs : il donnerait son sens à la vie, à la famille, à la société, à l’économie, au « vivre ensemble » par des lois adéquates.

  • Un message très politique !

Politique au sens que donnent à ce mot les papes : la politique c’est la plus grande des charités, parce qu’elle touche le plus grand nombre. Oui, c’est maintenant qu’il faut agir. Le « système » est moribond. Que ceux qui comprennent l’importance de ce témoignage nous rejoignent sur les routes de Chartres ou deviennent « pèlerins non marcheurs » qui, comme des centaines d’autres, nous suivent spirituellement pendant les trois jours de Pentecôte.

Propos recueillis par Rémi Fontaine

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Le Pèlerinage de Chrétienté a lieu les 22, 23, et 24 mai 2010. Des formules adaptées à chaque âge avec les chapitres classiques, mais aussi enfants, familles, pastoureaux (adolescents) ou pèlerins non marcheurs, par inscription sur le site internet jusqu’au 16 mai.
Renseignements et inscriptions :
01 39 07 27 00 ou sur www.nd-chretiente.com

Une action particulière cette année : recueillir des dons afin de faire dire des messes pour le Pape.
Pour les dons : Notre-Dame de Chrétienté,
49, avenue de Paris, 78000 Versailles et sur www.nd-chretiente.com