Mgr. Crepaldi, archevêque de Trieste : défendre et promouvoir les "principes non négociables"

Une confirmation importante qui nous vient d'Italie

Source : le Salon Beige et Liberté politique


Monseigneur Crepaldi est archevêque de Trieste, et fut jusqu'en octobre 2009, le secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix, où à ce titre, il a supervisé la préparation du Compendium de la doctrine sociale de l'Église.

Les principes non négociables ne sont ni une invention, ni une lubie, mais devraient être le fondement qui unit tous les catholiques impliqués en politique que ce soit dans l'acte politique lui-même ou dans le commentaire journalistique ou pas de la vie de la cité.

Extraits

Pour les catholiques, la politique n'est pas seulement de la politique. Ils ne voient pas d’abord le jeu politique, souvent si confus et à courte vue, mais dans sa sphère propre la présence d’un sens absolu. En politique, se jouent aussi les valeurs éternelles. Pour cette raison, il s’agit de quelque chose de très sérieux, malgré parfois les apparences du vaudeville. Nous sommes ici en relation avec le salut, parce que l'organisation du monde n'est pas indépendante de la vocation de l'homme.
Je crois que la principale mesure du politique est, comme nous le dit Benoît XVI, sa capacité à ouvrir une place à Dieu dans le monde ou, comme l’a dit Jean-Paul II le 22 octobre 1978, « d’ouvrir au Christ les frontières des États et des systèmes économiques et politiques, les vastes champs de la culture, de la civilisation et du développement ». Le vrai bien de l'homme, et l'ordre naturel, ne peuvent venir que de là.

D'un point de vue strictement politique, cela signifie qu’il faut défendre et promouvoir les fameux « principes non négociables ». Leur effet est triple. Tout d'abord, ils constituent en eux-mêmes un moyen de défense de la dignité transcendante de la personne. Deuxièmement, ils indiquent un programme de politique générale sur les divers problèmes sociaux. Enfin, ils renvoient la politique à son fondement transcendant. Je crois qu'aucun autre critère, même s’ils sont légitimes, doivent les précéder (...)

En ce qui concerne la présence publique des catholiques, d’un côté, on essaie d'expulser le fait religieux de la politique, de l'autre, on a parfois l'impression que le fait religieux est réduit à l'intervention des évêques sur telle ou telle question. Comment assurer le bon rapport entre foi et politique?

Notons d'abord qu'il est du devoir des évêques de parler sur les questions politiques, en tant qu’elles ont un impact sur le bien des âmes, pour la protection de la création, de la dignité transcendante et les droits de la religion chrétienne. L'intervention des évêques sur « telle ou telle question » ne doit pas être interprétée comme une forme de complaisance naïve (gentilonismo), un contrat direct avec le système politique en échange du soutien et de la sécurité des soi-disant « intérêts catholiques ».

De même qu’il n’y a pas d'ingérence, il n’y a pas de négociation. Les interventions épiscopales n’ont pas pour objet de défendre les intérêts des catholiques, elles sont au service du bien de tous.

Quand les évêques appellent au respect du rôle public de la religion, ils ne le font pas pour défendre des positions ou des bénéfices, mais parce qu'ils estiment que la liberté de la religion chrétienne est bonne pour tout le monde. Il s'agit de réaffirmer la nécessité de la lumière chrétienne pour la construction de la société humaine et de « purifier » la politique quand elle s'écarte du vrai bien de l'homme. La religion chrétienne ne peut pas renoncer à sa « proposition » (pretesa). L’obliger à le faire serait lui demander de renoncer à être elle-même, ce ne serait pas la véritable laïcité.