L'islam est fort de nos faiblesses

Un appel de Mgr Aillet à retrouver nos racines et à évangéliser les musulmans

L'islam est fort de nos faiblesses

Mgr Aillet a préfacé le dernier livre de Marie-Thérèse Urvoy, "Christianisme et Islam, foi et loi"

Editions de Paris (2010).

Quelques extraits sur le Salon beige

2011.01.15_Mgr_Aillet_a.jpg"La progression constante de l’Islam dans notre société occidentale est un fait qui ne peut manquer de nous interroger : c’est la raison pour laquelle d’éminents spécialistes se sont rassemblés pour donner, dans les pages qui vont suivre, d’indispensables éléments de discernement. Souvenons-nous de la réception par le monde musulman du discours que fit Benoît XVI le 12 septembre 2006 à Ratisbonne. Le Saint-Père mettait en lumière l’apport de la raison face aux incohérences portées par l’Islam s’agissant de l’homme dans son rapport à lui-même, aux autres et à Dieu. A leur façon, les différents auteurs du présent ouvrage pointent de manière décisive les limites d’un système politico-religieux qui, pour être vécu diversement par ses adeptes, ouvre des perspectives anthropologiques bien éloignées de l’humanisme chrétien et de l’Evangile.

Si, en reprenant Saint Pie X, la faiblesse des bons fait la force des autres, il est grand temps de nous interroger sur la croissance de l’Islam en France. Est-ce que la présence de l’Islam en notre pays n’est pas l’occasion de revenir à ce qui fait l’essence de notre baptême ? Nous pouvons réentendre ce qu’écrivait le pape Paul VI dans son exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: « Elle (l’Eglise) existe pour évangéliser, c’est-à-dire pour prêcher et enseigner, être le canal du don de la grâce, réconcilier les pécheurs avec Dieu, perpétuer le sacrifice du Christ dans la sainte messe, qui est le mémorial de sa mort et de sa résurrection glorieuse.» (§ 14) Quelques décennies avant, le bienheureux Charles de Foucauld écrivait : «Il ne s’agit pas de les convertir (les musulmans) en un jour ni par force : mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.» (Lettre à René Bazin – 1916)

Si nous ne devons pas renoncer à dialoguer avec les musulmans pour favoriser un climat de connaissance mutuelle voire de conscience amicale pour mieux assurer les conditions de la paix et de la cohésion sociale, nous sommes appelés à déceler les ambiguïtés d’un dialogue islamo-chrétien qui évacuerait au nom d’une prétendue tolérance un authentique esprit missionnaire. Je doute que des initiatives comme par exemple celle du partage de l’expérience du jeûne entre chrétiens et musulmans, à l’occasion du Ramadan, fondent en vérité la rencontre. Dans cette perspective, Benoît XVI faisait remarquer aux évêques de France à Lourdes en 2008, que «le dialogue authentique demande comme conditions fondamentales une bonne formation pour ceux qui le promeuvent, et un discernement éclairé pour avancer peu à peu dans la découverte de la Vérité».

Enfin, s’agissant de la recherche du Bien commun pour la Cité, nos responsables politiques mesurent-ils suffisamment les risques que courent la paix, la liberté ou encore le respect de la dignité de la femme dans certains de nos quartiers ? De la même façon que des régimes totalitaires ont pu voir le jour par la voix des urnes, sommes-nous suffisamment attentifs à la possibilité de l’irruption dans les trois pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, de principes politiques incompatibles avec la dignité de la personne humaine, socle de notre civilisation chrétienne ? A moins que nous osions toujours plus annoncer explicitement la Bonne Nouvelle dans tous les cercles de la société, comme nous y invite saint Paul : «Annoncer l’Evangile n’est pas pour moi une gloire, c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile !» (1 Co 9, 16)"