Ordinations 2011 à l'Institut du Christ Roi

Le 7 juillet dernier

Quatre nouveaux prêtres à l’Institut du Christ Roi

ordonnés le 7 juillet 2011

S’il fallait un seul mot pour résumer une semaine d’ordinations à l’Institut du Christ-Roi, Souverain Prêtre, ce serait celui-ci : la grâce. La semaine dernière, le 7 juillet, en l’église de saints Michel et Gaétan au cœur de la Florence historique, quatre jeunes hommes ont reçu le sacerdoce des mains du cardinal Raymond Leo Burke, prince de l’Eglise, pour servir celle-ci et répandre le Christ parmi les hommes. La veille, en ce même lieu, onze jeunes gens avaient été élevés au rang de diacre ou de sous-diacre par Mgr Athanasius Schneider ; les jours précédents plusieurs dizaines d’autres avaient reçu les ordres mineurs : portiers, lecteurs, exorcistes, acolytes, toutes ces étapes qui, dans la manière traditionnelle de conférer la prêtrise, marquent progressivement une plus profonde appartenance et une plus complète identification à Jésus Lui-même, jusqu’à pouvoir offrir en sa Personne le sacrifice du salut.
Grâce, parce que c’est Dieu qui choisit et envoie des ouvriers dans sa vigne. Nulle part comme dans une ordination sacerdotale on ne perçoit aussi concrètement, aussi physiquement la radicalité du don de soi d’êtres humains qui professent dans toutes les fibres de leur chair que l’amour de Dieu est le début et la fin de toutes choses : ils lui abandonnent leur vie, leurs espoirs, les légitimes joies humaines, pour donner encore les grâces reçues aux autres hommes à travers les sacrements qu’ils célébreront. Et les accompagnent les prières et l’intercession de tous les saints : la prostration des ordinands, accompagnée du chant solennel des litanies, redit toujours cette même vérité et provoque cette même émotion. Quarante minutes la face contre terre, qui disent à la fois l’indignité de l’homme et l’extraordinaire puissance de ce qui le soutient et soutiendra toujours dans sa prêtrise – dans leur exactitude et la variété de leurs tons, ces invocations sont aux antipodes du mantra des religions orientales. Elles parlent de personnes vraies et d’une réalité qui devient ici presque palpable : la communion des saints. Quarante minutes qui, en somme, ont paru courte, même aux enfants présents pour la longue cérémonie de l’ordination sacerdotale…
Mais revenons à la grâce. Le cardinal Burke l’a rappelé lors des ordinations sacerdotales : le prêtre est là avant tout pour la communiquer aux hommes, principalement par l’Eucharistie et le sacrement de la pénitence. Il agira désormais, par le biais des sacrements, in persona Christi. Ainsi en sera-t-il donc pour les nouveaux chanoines de l’Institut, ordonnés le 7 juillet : les Français Bertrand Bergerot, Brieuc de la Brosse, Matthieu Thermed, et un Italien, Federico Pozza, qui desservira l’apostolat de Livourne auquel l’Institut du Christ-Roi a été récemment appelé par l’évêque du lieu, Mgr Simone Giusti.
Mais cette grâce se traduit aussi de tant et tant d’autres manières. La spiritualité de l’Institut du Christ-Roi, Souverain Prêtre est celle de saint François de Sales, et de saint Philippe Néri sous l’invocation duquel est placé le séminaire de Gricigliano : des saints aimables et doux dont la bienveillance – et l’humour ! – était un appât pour attirer les âmes vers Dieu.

“Veritatem facientes in caritate”

Cette grâce était au cœur des journées passées à Gricigliano : celle du sourire, de la bonne humeur, de l’accueil attentif, d’une générosité immense se faisant discrète derrière une simplicité très naturelle, d’une courtoisie sans faille.
L’Institut du Christ-Roi est réputé (et parfois même décrié par certains) pour son goût de l’apparat, des dentelles, du faste liturgique qui imprime un « style » à ses maisons et à ses célébrations. Et il n’y a pas de doute : tous et chacun y apportent un soin tout particulier à la décoration des lieux saints, aux ornements sacerdotaux, à l’harmonie des gestes et de l’allure. En parfait et complet accord, il faut le préciser, avec les prescriptions traditionnelles de l’Eglise latine.
Mais l’envers du décor, si l’on peut dire, montre combien ces aspects extérieurs sont comme la floraison d’une attitude intérieure. A Gricigliano, j’ai vu des processions hiératiques et des ors somptueux – mais aussi la centaine de séminaristes qui, pour faire place aux chanoines, aux prêtres, aux familles et proches des ordinands, avaient cédé leurs chambres avec grâce pour se tasser dans les caves et des appentis où ils dormaient sur de méchants lits de camp… J’ai admiré la cappa magna du cardinal Burke, le parfait ordonnancement liturgique, toutes ces courtoisies et ce décorum justifiés par la place centrale de Dieu dans le culte traditionnel – mais aussi l’empressement des séminaristes chargés à tour de rôle du service, portant tablier et air amène pour faire honneur à chacun des hôtes, du plus petit au plus important.
Car l’attention aux détails est partout, dans le choix des musiques comme le soin apporté aux tables où sont reçus les hôtes, montrant que la liturgie catholique traditionnelle est aussi en harmonie avec une culture et une civilisation qui ont porté les arts profanes à leurs sommets.
J’ai vu les tapisseries élégantes et la beauté paisible de la magnifique villa Martelli qui s’inscrit dans la campagne toscane comme une évidence – et les bouteilles de vin et d’huile qui témoignent de ce que les futurs prêtres de l’Institut du Christ-Roi, Souverain Prêtre, y travaillent aussi de leurs mains. J’ai vu tous les chanoines et séminaristes présents se « déranger » pour assister aux trois confirmations conférées par le cardinal Burke en la chapelle baroque de Gricigliano alors qu’ordinations, offices et enfin un beau Te Deum remplissaient déjà leurs journées depuis le lundi matin. J’ai vu des sourires lumineux et une charité manifeste, une exquise attention à chacun, aussi bien au séminaire Saint-Philippe-Néri qu’à la maison des Sœurs de l’Institut, les Adoratrices du Cœur Royal de Jésus-Christ Souverain Prêtre, où se déroulaient les déjeuners après les ordinations.
Ainsi les ordinations à Florence et les fêtes qui les ont entourées – comme chaque fois où l’Institut du Christ-Roi célèbre la consécration d’hommes ou de femmes qui se dépouillent d’eux-mêmes pour le service de Dieu – marquent-elles le caractère profondément humain, incarné de ces événements. Equilibre nécessaire entre le surnaturel et le naturel, recherche d’adéquation entre ce que l’on voit, ce que l’on montre et ce que l’on vit : c’est véritablement la marque de de l’Institut fondé et dirigé par Mgr Gilles Wach.
Assurément, les différents Instituts, Fraternités et autres communautés qui font toute la richesse et la diversité du monde catholique attaché à la liturgie traditionnelle ont-ils chacun leur génie propre, leur vocation particulière et leur style bien à eux, et chez chacun d’eux l’on perçoit des qualités et des vertus qui forcent l’admiration. Celles de Gricigliano sont aimables comme l’Italie et romaines comme l’attachement au Souverain Pontife.
De Gricigliano, nous sommes repartis après le splendide feu d’artifice qui, traditionnellement et en musique, met un point final à l’année d’études qui culmine avec l’ordination de nouveaux prêtres. Avec des étoiles plein les yeux et le cœur dilaté par cette splendeur qui envahit la vallée de l’Arno, et dit la joie des hommes qui est celle de Dieu, leur Père.

JEANNE SMITS

Article extrait du n° 7391de "Présent" du samedi 16 juillet 2011