Message de Pâques de Mgr. Aillet

Le combat entre la culture de la vie et la culture de la mort

Dans son message de Pâques, Mgr Aillet rappelle les trois principes non négociables :


"« Frères, vous qui êtes ressuscités avec le Christ … Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre » (Co 3, 1-2) : c’est le mot d’ordre de l’apôtre Paul à la Messe du matin de Pâques. Non pas pour nous démobiliser, en cette période tendue de campagne électorale, mais bien pour prendre de la hauteur et saisir les enjeux de ces élections avec plus de profondeur. Abreuvés de messages, souvent contradictoires, et saturés de sondages, comment se faire une opinion libre et sereine ? L’inquiétude gagne le peuple français, les impasses économiques et sociales s’imposent à tous, des lobbies s’activent, des candidats s’affrontent : où trouverons-nous le recul nécessaire ?
C’est dans la prière et l’écoute attentive de la Parole de Dieu qu’il nous faut résolument nous tenir : « C’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu » (Co 3, 2). « L’action déborde de la prière », disait Marthe Robin : à cette étape de notre histoire, comment discerner le grand dessein d’amour de Dieu sur nous et comment travailler à sa réalisation concrète dans le monde d’aujourd’hui ? C’est là la vraie question qui nous préoccupe en ces temps de réflexion et de participation par le vote à la vie politique de notre pays. Sans doute la foi est d’abord une rencontre avec le Dieu vivant, mais elle est aussi une force purificatrice pour la raison elle-même, appelée à discerner et à commander l’agir. « Bien sûr, le chrétien qui prie ne prétend pas changer les plans de Dieu ni corriger ce que Dieu a prévu. Il cherche plutôt à rencontrer le Père de Jésus Christ, lui demandant d’être présent en lui et dans son action par le secours de son Esprit » (Benoît XVI).
L’Eglise ne peut ni ne doit prendre en main la bataille politique pour édifier une société plus juste et fraternelle, mais elle ne peut pas se mettre à l’écart de la lutte pour la justice : elle doit même s’insérer en elle par la réflexion et elle doit réveiller les forces morales et spirituelles sans lesquelles la justice ne peut s’instaurer. Tout le monde s’accorde sur la solidarité qui doit régir les rapports humains au sein de la société, mais qui trouvera la force intérieure pour consentir aux sacrifices et aux renoncements qu’exige une société désemparée, où les forts ont tôt fait de s’imposer aux faibles et où l’individu tend à sacrifier la recherche du Bien commun à ses intérêts égoïstes.
L’Eglise ne saurait donner des consignes de vote, ni porter un jugement moral sur tel ou tel candidat, mais elle a le devoir d’éclairer les consciences, en énonçant des critères de discernement qu’elle tire de l’Evangile. Le Pape Benoît XVI a énoncé trois principes non négociables que les évêques de France ont rappelés, parmi d’autres, dans la note du Conseil permanent « Elections : un vote pour quelle société ? » : la dignité de la personne humaine depuis sa conception jusqu’à sa mort naturelle, la famille fondée sur l’union stable d’un homme et d’une femme, le droit pour les parents de choisir l’école de leurs enfants. La vie et la famille sont le socle fondamental de la société, la garantie de sa paix et de sa cohésion.
Ne nous laissons donc pas vaincre par la peur ni aller à un sentiment d’impuissance. Prions : « Je recommande avant tout qu’on fasse des demandes, des prières, des supplications, des actions de grâces pour tous les hommes, pour les rois et tous les dépositaires de l’autorité, afin que nous puissions mener une vie calme et paisible en toute piété et dignité » (1 Tm 2, 1-2). Il s’agit bien, aujourd’hui comme hier, d’un combat spirituel : un combat entre la culture de la vie et la culture de la mort. Avec foi et espérance, chantons avec la liturgie de Pâques : « La mort et la vie s’affrontèrent en un duel prodigieux. Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne. Amen, Alleluia ! »."