"Rien de plus naturel que de prier pour sa famille, pour son pays"

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, défend la prière pour le 15 août

Le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, défend, dans Le Figaro, la prière pour le 15 août :


"Politique, ce n'est pas un «gros mot»! La prière a aussi une dimension politique. Mais prier est d'abord un acte spirituel: nous nous tournons vers Dieu avec confiance, en lui demandant son aide pour ceux que nous aimons, spécialement ceux qui vivent une passe difficile. Rien de plus naturel que de prier pour sa famille, pour son pays. Jamais notre prière n'a fait abstraction des questions de la vie sociale, encore moins des souffrances des hommes. On peut dire que notre prière est marquée par les conditions de vie de la société dans laquelle nous nous trouvons. (...) Par la prière, nous affirmons surtout que la source ultime du bien n'est pas dans l'autorité politique. Nous prions pour celle-ci, car nous croyons que Dieu veut la bénir et peut lui donner lumière et force pour être vraiment au service de tous (...).

Mais l'heure est-elle si grave pour que l'Église ose ainsi manier publiquement deux sujets aussi délicats que sont prière et politique et le patronage de la France par la Vierge Marie?
Oui, l'heure est grave. C'est une rupture de civilisation de vouloir dénaturer le mariage, qui est depuis toujours une réalité merveilleuse et fragile. Il suffit de voir le nombre de fois où l'on interroge Jésus à ce sujet dans l'Évangile. On a reproché à l'Église son silence en d'autres temps. Mais si sa mission première est la prière, et j'espère qu'elle s'en acquitte fidèlement, elle doit parler quels que soient les courants qui traversent l'opinion publique. C'est la dernière consigne que Jésus nous a laissée avant de nous quitter et de nous promettre la force de l'Esprit-Saint: «Vous serez mes témoins… jusqu'aux extrémités de la terre!» (...)

Avez-vous été surpris par l'ampleur de la polémique provoquée par cet appel à la prière qui aurait très bien pu susciter l'indifférence: qu'est-ce que cela révèle, selon vous?
Petite polémique… L'Église a l'habitude d'être le paillasson sur lequel on s'essuie les pieds. Ce qui donne à penser, dans ces réactions - et paradoxalement à se réjouir -, c'est que certains semblent avoir peur de la prière. Elle est puissante, en effet!

Le texte de la prière englobe la gravité de la crise économique et sociale, quel sens particulier donneriez-vous dans ce contexte à cette fête de l'Assomption?
La tentation dans une crise d'une telle ampleur, qui semble laisser aux gouvernants bien peu de marge de manœuvre, c'est de trouver des dérivatifs sur des sujets dits «sociétaux». Faute de pouvoir résorber le chômage, on changerait le mariage, la famille… et quoi encore, demain? Je ne suis pas sûr que cela relève de l'autorité d'un Parlement. (...)"