Le "Missel des dimanches 2013" persiste et signe dans ses erreurs

Une réaction de Jean Madiran

Le Missel des dimanches que nous donne chaque année notre épiscopat vient de sortir pour l’année 2013


C’est tout le contraire d’un missel de « paix liturgique ». Il va jusqu’à polémiquer explicitement contre ce qu’il appelle « la messe médiévale, transmise par le concile de Trente, et que d’aucuns présentent comme la messe de toujours » (p. 560). L’abolition de cette messe traditionnelle avait provoqué une profonde blessure que Benoît XVI s’est efforcé de guérir. Elle est artificiellement maintenue ouverte en France.
C’est toujours ce que nous avons appelé l’« exemple du latin », avec tout ce qui « va avec ». Cet exemple met en lumière la volonté de rupture qui opère souvent de manière subtile ou cachée mais qui devient évidente dans tout ce qui touche au latin. Le Missel des dimanches ne nie pas que la Constitution conciliaire sur la liturgie ait ordonné de conserver le latin mais il accommode et dissout cette obligation par l’invention limitative que, selon le Concile, « le latin devait être conservé pour les célébrations exceptionnelles ou romaines » (p. 6). De cette manière, en dehors donc d’exceptions, c’est seulement « l’emploi d’une langue compréhensible par tous les fidèles » qui est présenté comme obligatoire (p. 560).
Page 17, un faux bien connu : il nous est affirmé que le Symbole de Nicée-Constantinople aurait déclaré Jésus « de même nature que le Père ». Ce faux a commencé sa carrière en 1966-1967, avant même qu’une messe nouvelle entièrement en langue française soit imposée en France par l’ordonnance épiscopale du 12 novembre 1969. Cette suppression du « consubstantiel » a été, dès 1967, dénoncée (entre autres) par Etienne Gilson aux pages 120 à 130 de son livre La société de masse et sa culture. Avec une obstination aveugle, l’épiscopat maintient religieusement ce faux et usage de faux depuis quarante-six ans.
Cependant, en tout petits caractères, à la suite de sa fautive version française, le Symbole de Nicée-Constantinople figure aussi en latin, avec bien sûr le consubstantialem. C’est un petit pas vers une pleine rectification. Les paris sont donc ouverts sur le nombre d’années que durera encore son perseverare diabolicum.
Il y aurait encore beaucoup à dire. Notamment sur la rubrique « Pour mémoire » (p. 8) qui annonce qu’on trouvera plusieurs fois dans ce missel la « mention d’une fête juive ou musulmane » et que cela s’inscrit « dans le cadre du dialogue interreligieux » : on ne voit pourtant aucun dialogue dans ces mentions sans réciprocité. On n’aperçoit en tout cas rien qui serait « dans le cadre du dialogue avec » la messe traditionnelle, ce n’est pas de ce côté que la messe française recherche l’« enrichissement réciproque » dont il avait été question…
Pour éviter toute incertitude, signalons que l’imprimatur a été donné à ce Missel des dimanches 2013 par Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, en sa qualité officielle, mentionnée explicitement, de « président de la Commission épiscopale de liturgie et de pastorale sacramentelle ». C’est donc bien la responsabilité du collège épiscopal français qui est engagée.

JEAN MADIRAN
Article extrait du n° 7718 du quotidien "Présent", mardi 30 octobre 2012