Reynald Secher : Face à la dictature rose, résistance

Une tribune libre publiée dans le n°1546 de "l'Homme nouveau"

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Pour l’historien Reynald Secher, la répression qu’exerce le gouvernement contre les opposants au « mariage pour tous » fait partie intégrante d’une politique de « régénération » voulue par le Président François Hollande. Ostracisme, loi des suspects, fichages, se mettent en place et font tomber un manteau de plomb sur la France.


À la veille des élections présidentielles de 2012, j’avais écrit un article qui replaçait François Hollande dans son contexte et explicitait très précisément son programme au niveau du fond et de sa nature.
Les faits sont là et m’ont malheureusement donné raison. Hollande sait que le temps peut lui être compté et il va, contrairement à ce que nous pourrions penser, accentuer sa politique de régénération de l’homme, d’autant qu’il sait maintenant qu’il peut compter à la fois sur les médias qui sont serviles et sur l’administration qui lui est soumise. N’en doutons pas, la loi sur le mariage des homosexuels est un ballon d’essai. Certes des hommes et femmes courageux se sont soulevés mais il a réussi à les marginaliser et à les déconsidérer sans que le grand public ne se sente concerné.
Cette première année a été riche d’enseignement pour lui. Il sait maintenant qu’il peut réactiver dans l’indifférence générale des moyens révolutionnaires adaptés au contexte actuel. Je peux en citer au moins six :

  • Le fichage des opposants actifs grâce à une politique d’arrestation massive des manifestants : c’est ce qui explique le nombre considérable et surprenant des personnes mises en garde à vue : 231 rien que pour la manifestation du 26 mai, chiffre à comparer aux 47 qui ont fait suite aux incidents dits du Trocadéro du 13 mai 2013.
  • Le fichage des militaires et policiers réservés ou hostiles : il est en cours. Les fichés vont voir leur carrière brisée ou ralentie. Nous connaissons les conséquences de ce genre de politique. En 1909, il a donné le désastre de 1914 ; en 1936, celui de 1940.
  • Le rétablissement implicite de la loi des suspects. Le seul fait d’arborer le logo de la Manifestation pour tous peut vous conduire au poste. Le fait de porter une chaîne avec une médaille pieuse ou un scapulaire déchaîne les foudres ou les quolibets et les humiliations des policiers qui vous les font retirer lors des gardes à vue.
  • L’interdiction de rassemblement comme celui des Veilleurs dont le seul crime est de lire des textes littéraires. On la justifie par la violence potentielle qu’elle peut générer, et j’ose le dire car j’en ai été témoin lors de la Manifestation pour tous du 26 mai, violence qui est le fait de certains « policiers » ou autres comparses qui se sont regroupés vers 1 heure du matin rue de l’Université une fois leur vile action menée. Je les ai vus et reconnu certains qui avaient été pris à partie par des manifestants sidérés de voir de tels comportements quelques heures auparavant. Et que dire de la violence des CRS et des policiers qui n’hésitent pas à frapper à terre avec leur matraque des femmes, des enfants et des vieillards suppliants dont le seul crime est d’être là. Moi-même étant boulevard de Latour-Maubourg, donc à l’extérieur de la manifestation, avec quelques amis, j’ai été mis à terre par un CRS au regard vide de toute humanité uniquement parce que je refusais de changer de trottoir après qu’il m’a dit : « Dégage ». À un officier auprès duquel je dénonçais cette violence gratuite, celui-ci m’a répondu qu’il ne faisait qu’exécuter les ordres. Lorsqu’il me parlait, je repensais à la définition du bourreau de Robert Merle : « Il y a eu sous le nazisme des centaines, des milliers de Rudolf Lang, moraux à l’intérieur de l’immoralité, consciencieux sans conscience, petits cadres que leur sérieux et leurs mérites portaient aux plus hauts emplois. Tout ce que Rudolf fit, il le fit non par méchanceté, mais au nom de l’impératif catégorique, par fidélité au chef, par soumission à l’ordre, par respect pour l’État. Bref, en homme de devoir : et c’est en cela justement qu’il est monstrueux. »
  • L’ostracisme. On connaît la méthode et les mots : à ceux de brigand ou de rebelle ont été substitués ceux d’extrémiste, de fasciste ou d’antirépublicain. De facto, ils sont ainsi interdits de parole notamment médiatique.
  • Le crime d’appartenance : si vous appartenez à telle ou telle catégorie jugée idéologiquement indésirable, comme on ne peut plus vous exécuter, on vous élimine socialement ou on vous oblige à émigrer. C’est, à titre d’exemple, ce qui explique que 8 000 foyers fiscaux payent plus de 100 % d’impôt. À terme, ils ne peuvent qu’émigrer.

Depuis au moins quatre mois, le vocabulaire utilisé par nos gouvernants a évolué et est devenu totalement révolutionnaire. Relisez par exemple les circulaires Peillon, notamment celle relative à la régénération de l’enfant : elle n’est ni folle ni absurde mais simplement révolutionnaire. Les parents, et bien entendu les enseignants doublement concernés en tant que parents et diffuseurs de cette idéologie fascisante, auraient dû demander la démission immédiate de ce ministre. Non seulement il n’en a rien été, mais ils se sont contentés de réfléchir sur les modalités d’application. Un lourd, un très lourd manteau de plomb est en train de tomber sur la France. Nous n’en sommes qu’au début. Si penser est devenu un crime, demain, chanter le sera tout autant, notamment le chant des Veilleurs, le chant de l’Espérance qui à terme peut devenir une arme de résistance au même titre que le chant des partisans.

Reynald SECHER