Le but de la Révolution française : régénérer l'homme

A propos du nouveau livre du Professeur Philippe Pichot-Bravard

Le but de la Révolution française : supprimer l’homme traditionnel, créer un homme nouveau.

Un ouvrage passionnant met en lumière cette utopie radicale.

"La Révolution française", de Philippe Pichot-Bravard, Editions Via Romana - 294 pages


2014.03.11_Ph._Pichot-Bravard_la-revolution-francaise.jpgEncore un livre sur la Révolution française ! Oui, sauf que celui de Philippe Pichot-Bravard offre un intérêt inédit, celui d’intégrer les travaux récents des meilleurs historiens sur la question. Depuis quelques années, en effet, plusieurs auteurs ont profondément renouvelé notre vision du phénomène révolutionnaire. On pense en particulier à Jean de Viguerie, auteur d’Histoire et dictionnaire du temps des Lumières et d’une belle biographie de Louis XVI ; à Xavier Martin, qui à travers ses essais scanne impitoyablement l’idéologie des Lumières ; à Frédéric Rouvillois, auteur de L’Invention du progrès. Aux origines de la pensée totalitaire.

Pour l’historien Philippe Pichot-Bravard, le fil rouge de la Révolution, c’est la régénération. Les hommes de 1789 ont voulu non pas réformer la France, comme a tenté de le faire Louis XVI, mais mettre en place une France nouvelle, et donc un homme nouveau, selon des principes abstraits. Il s’agit de régénérer le pays, de régénérer l’homme. Cette ambition « régénératrice » mènera au régime jacobin, dont on peut dire qu’il est la première expérience totalitaire du monde contemporain.

Au XVIIIe siècle, s’impose une idéologie qui veut du passé faire table rase, invente le progrès, diffuse une nouvelle conception de la connaissance. Une nouvelle conception de la société aussi, due notamment à Locke, à Hobbes, à Rousseau. Pour eux, l’homme à l’état de nature est isolé ; ce n’est que par intérêt qu’il s’associe avec ses semblables, avec lesquels il conclut un pacte social. Ce contrat donne naissance à des institutions et à un droit qui sont donc artificiels – et modelables à loisir. Et pour faire tenir ensemble des êtres que rien ne relie entre eux, sinon leur égoïsme, il faudra avoir recours à la contrainte, à la propagande, à l’État. La Révolution ne s’en privera pas.

Philippe Pichot-Bravard cite un texte de Saint-Just dans lequel le député « vertueux » appelle tranquillement l’État à s’immiscer dans les moindres recoins de la vie intime, puisque « l’enfant, le citoyen appartiennent à la patrie ». On croirait du Taubira. Ou du Peillon, dont l’auteur cite les propos suivants : « La Révolution implique l’oubli total de ce qui précède la Révolution. Et donc l’école a un rôle fondamental, puisque l’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches pré-républicaines pour l’élever jusqu’à devenir citoyen. Et c’est bien une nouvelle naissance, une transsubstantiation qu’opère dans l’école et par l’école cette nouvelle Église, avec son nouveau clergé, sa nouvelle liturgie, ses tables de la loi ». Lignes extraites d’un livre dont le titre dit tout : La Révolution française n’est pas terminée.

Compte-rendu de lecture de Charles-Henri d'Andigné dans "Famille chrétienne"