« L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme » (Victor Hugo)

Editorial de Renaissance Catholique

« L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme » (Victor Hugo)

Extrait de l'éditorial de Renaissance Catholique n° 134 - Novembre / Décembre 2014

L'automne aura été dur pour les tenants et les thuriféraires de la « ténébreuse alliance » entre les libéraux et les libertaires, ceux pour qui l'homme n'est qu'un ventre et ceux qui ne pensent qu'à leur bas ventre. L'essai d'Eric Zemmour, Le suicide français, sous-titré Les 40 années qui ont défait la France, allusion transparente à la célèbre formule des 40 rois qui ont fait la France, caracole en tête des ventes et devrait approcher les 500 000 exemplaires vendus.
Philippe de Villiers soulève et émeut des salles combles de jeunes et de moins jeunes rassemblés autour de l'image de Jeanne pour entendre parler de la France, de ses épreuves, de sa grandeur, de son destin.
Les militants de Sens commun ont obligé Nicolas Sarkozy à prononcer la formule taboue : «Abrogation de la loi Taubira». Bien sûr, le ci-devant président n'en pense pas un mot mais le fait est là : l'engagement à abroger la loi Taubira lui est apparu comme un point de passage pour accéder à la présidence de l'UMP. Il y a trois ans, c'est Gay'Lib qui aurait fait subir l'examen de passage.
Les Veilleurs, imperturbablement sans tabou, continuent chaque mois de rassembler des milliers de jeunes pour réfléchir, penser, méditer. Au programme cette année : Hugo, Jefferson, Maurras, La Rochefoucauld, Péguy, saint Luc, De Gaulle, Chesterton… Il s'agit d'éveiller les intelligences, d'éclairer les consciences, de renouveler le sens du bien commun. Un Mai 68 à l'envers est en train pacifiquement, paisiblement mais inexorablement, de faire évoluer les paradigmes.  Fondamentalement, la ligne de partage est constituée par la parole de Notre Seigneur Jésus-Christ : « L'homme ne vit pas seulement de pain » (Matt IV, 4).
Les hommes politiques abasourdis, l'épiscopat français tétanisé, les médias paniqués, découvrent que parler de la France, pour beaucoup, n'est pas encore qu'un point de passage obligatoire de rhétorique électorale, que résister « à la force injuste de la loi » (François Mitterrand) peut être, pour certains, en conscience, un devoir impératif, que « les barbares auront triomphé quand il n'y aura plus personne pour défendre jusqu'au bout une idée, une vision qui dépasse son propre intérêt » (Hélie Denoix de Saint-Marc).
La sécularisation à marches forcées des sociétés n'a pas débouché sur le bonheur universel et la « fin de l'histoire » mais sur une violence endémique, un regain de tensions entre cultures et des mouvements massifs de population qui semblent incontrôlables. Ces échecs ont entraîné une dévalorisation durable de toute forme de messianisme politique. Face à la mondialisation en cours, le nombre grandit de ceux qui n'ayant trouvé ni chez Mcdonald's ni dans les Droits de l'homme la réponse aux questions fondamentales : qui suis-je, d'où viens-je, où vais-je ? se retournent vers les religions qui, seules, apportent des réponses claires à ces interrogations éternelles.
L'islam sunnite est en pleine expansion. La Russie de Poutine renoue avec l'Orthodoxie. Le parti Hindouiste (BJP) accède au pouvoir en Inde.
Après l'heure de la sécularisation est venue, semble-t-il, celle de la post-sécularisation qui est celle du retour du religieux. De Jean-Luc Mélenchon à Florian Philippot les tenants de la « laïcité à la française » sont en train de laisser passer le train de l'Histoire qui est aujourd'hui, partout, celui d'une quête identitaire s'incarnant dans une réappropriation du fait religieux, plongeant ses racines dans l'Histoire longue des civilisations. Une laïcité à bout de souffle est l'ultime rempart d'un matérialisme consumériste conçu par des mondialisateurs intéressés qui ont imposé leur loi d'airain à des mondialisés qui ne demandaient rien.
Le Parc du Puy du Fou recevant, il y a quelques jours, l'Applause Award récompensant le meilleur parc à thème du monde illustre à merveille les voies de notre renaissance. Les prouesses techniques les plus audacieuses et les plus innovantes alliées au génie du rédacteur des textes actualisent un patrimoine prestigieux et oublié vers lequel se tournent des foules en quête de sens.
L'hégémonie culturelle des enfants de Mai 68 est en train de s'effondrer, prise en tenaille entre le retour du religieux et le réveil des identités naturelles ancrées dans l'histoire longue.
Un jour, connu de Dieu seul, ce combat métapolitique se traduira, enfin, dans une politique respectueuse des droits de Dieu, de la vocation de la France et de la vérité sur l'homme. Nous le savons :
L'ouvrage des méchants demeure périssable
Les idoles d'argent qu'ils se sont élevées
S'écrouleront un jour sur leur base de sable
Et la nuit tombera sur leurs formes rêvées.
(Les poèmes de Fresnes, Brasillach)