Pèlerinage 2016 : Quelques mots de l’Abbé Rougé

Retour sur le départ de la colonne - Discussions matinale aux pieds de Notre Dame.

L’abbé Rougé est curé de Saint Ferdinand des Ternes, doyen des Ternes et Professeur à la faculté Notre Dame. Monsieur l’Abbé Rougé est également ancien aumônier parlementaire au titre de ses fonctions de curé de la paroisse Sainte Clotilde.

NDC : Vous venez de célébrer la Messe de lancement du pèlerinage de Notre Dame de Chrétienté à Notre Dame de Paris, pouvez-vous nous indiquer votre lien avec le pèlerinage ?

Abbé Rougé : Comme chaque année la Messe de lancement est dite par un prêtre du diocèse de Paris et prêchée par un évêque auxiliaire (Ndlr : Monseigneur de Moulins Beaufort, cette année). C’est à la suite de l’appel de Monseigneur Vingt-Trois, auquel j’ai répondu dans une obéissance joyeuse, que je suis là parmi vous. Par ailleurs, c’est une joie de dire cette Messe dans sa forme extraordinaire. Je l’ai découverte, après le motu proprio de Benoit XVI à l’occasion d’une messe de semaine dans cette forme.

Dans le doyenné des Ternes, la paroisse Sainte Odile propose également une messe en rite extraordinaire. Il y a pas mal de familles de mon quartier qui font chaque année le pèlerinage et qui sont heureux de pouvoir retrouver leur curé parmi eux.

NDC : Le thème de cette édition est « Venez Esprit Saint », ne faut-il pas craindre que ce thème soit difficile pour les chrétiens ?

Abbé Rougé : c’est un thème merveilleux. Comme l’a dit Monseigneur de Moulins Beaufort, ce thème fait référence au veni sancte spiritu, séquence du jour de la pentecôte. C’est un texte qui habite beaucoup ma prière et que je dis pratiquement tous les jours et tout au long de l’année.

Je pense que notre époque est très réceptive à la découverte que Dieu n’est pas seulement au-delà de nous mais qu’il vient en nous. L’invocation du Veni sancte spiritu nous rappelle :

Lava quod est sórdidum, riga quod est áridum, sana quod est sáucium.

Les variétés de l’œuvre de l’Esprit qui permettent de croire, reposer, assouplir… rejoignent tellement les besoins du cœur humain. Cette catéchèse liturgique touche facilement. D’ailleurs dans ma paroisse, j’avais proposé aux fidèles depuis l’Ascension de choisir tel ou tel de ces demandes d’actions de l’Esprit Saint pour la préparation de la pentecôte et plusieurs, y compris ceux qui ne sont pas les plus impliqués ont dit combien ce texte et ces invocations les avaient touchés.

NDC : comment les chrétiens peuvent témoigner de l’Esprit Saint dans le monde d’aujourd’hui ?

Abbé Rougé : pour les chrétiens dans le monde, penser qu’ils sont un sanctuaire intérieur et que Dieu habite leur cœur par son Esprit est une force extraordinaire. Ensuite pouvoir témoigner auprès de ceux qui sont ouverts à l’évangélisation et que Dieu non seulement est grand, non seulement Il s’est manifesté en parlant par son Fils Jésus, mais il rejoint le plus intime de nous-même. Il suffit d’entrer vraiment en soi pour rencontrer Dieu. C’est quelque chose qui est à mon avis est susceptible de toucher aujourd’hui.

NDC : Le pèlerinage se propose comme objectif la restauration de la chrétienté. Quelle place trouve aujourd’hui cette « chrétienté » dans le monde politique.

Abbé Rougé : un immense sujet... Mais un des sens du mot chrétienté tel que je l’entends dans la tradition que porte ce pèlerinage, c’est un vrai moment de foi partagée. Qu’est-ce que c’est que la foi partagée, c’est un climat d’attention mutuelle de gratitude et de soutien. Au fond cette chrétienté vivante et vécue en famille dans les paroisses ou au cours d’un pèlerinage c’est un témoignage qui porte dans le monde d’aujourd’hui qui est un monde de dureté et de violence souvent. Cultivons ces moments de vie chrétienne réelle partagés, cela ne pourra pas ne pas enclencher quelque chose.

NDC : Merci Monsieur l’Abbé pour votre temps, bon pèlerinage.