Planter du blé à la Sainte Barbe : une tradition provençale de l'Avent

Planter le blé de la Sainte Barbe, 20 jours avant Noël, soit le jour de la Sainte-Barbara, reste une des traditions calendales les plus suivies en Provence. Cette tradition nous vient de l’époque romaine, et la légende indique que si la germination se fait bien et si le blé est vert, la prochaine moisson sera abondante. Mais d’où vient cette tradition ?

Sainte Barbe vécut au milieu du IIIe siècle après Jésus Christ au Nord Ouest de l'Anatolie sous le règne de l’empereur Maximin. Son père, Dioscore, était un riche édile païen qui voulait la marier à homme de son choix ; elle refusa et décida de se consacrer au Christ. Pour la punir, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres, mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa.  Au retour d’un voyage de son père, Barbe lui apprit qu’elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de la tour pour représenter la Sainte Trinité et qu’elle était chrétienne. Furieux, le père mit le feu à la tour. Barbe réussit à s’enfuir, mais un berger découvrit sa cachette et avertit son père. Ce dernier la traîna devant le gouverneur romain de la province, qui la condamna au supplice. Comme la jeune fille refusait d’abjurer sa foi, le gouverneur ordonna au père de trancher lui-même la tête de sa fille. Elle fut d'abord torturée : on lui brûla certaines parties du corps et on lui arracha les seins, mais elle refusa toujours d'abjurer sa foi. Dioscore la décapita mais fut aussitôt châtié par le Ciel. Il mourut frappé par la foudre. Quant au berger qui l'avait dénoncée, il fut changé en pierre et ses moutons en sauterelles. Quand les chrétiens vinrent demander le corps de la jeune martyre, ne voulant ni utiliser son prénom païen ni se dévoiler en utilisant son prénom de baptême chrétien, ils ne purent en parler que comme « la jeune femme barbare », d'où le nom de sainte Barbara qui lui fut donné.

On invoque sainte Barbe pour être protégé de la foudre, mais elle est aussi la patronne, le modèle et la protectrice des architectes, des géologues, des mathématiciens, des pompiers, des mineurs (et par extension actuellement, des ingénieurs des Mines), des artilleurs, des sapeurs, des canonniers, des artificiers, des ingénieurs de combat, des métallurgistes, des démineurs et autres corporations liées au feu, les pétroliers militaires, les foreurs et les personnels de l'industrie des turbines à gaz, les carillonneurs, les égoutiers. Sainte Barbe est aussi la patronne de l'École polytechnique. Pie XII la déclare patronne de la marine italienne de combat par un bref du 4 décembre 1951.

Afin de ne jamais oublier Sainte Barbe, les provençaux plantent du blé dans 3 coupelles, le jour de la Sainte Barbe (transformée par l'église en 1969 en Sainte Barbara), le 4 décembre. C'est là le début réel des fêtes calendales (de Noël) en Provence.

Ces coupelles, représentant la Sainte Trinité, font ensuite partie de la décoration de la table de Noël, lors du Gros Souper du 24 décembre et le 25 décembre,  la maîtresse de maison orne ces blés de rubans jaune et rouge. À compter du 26 décembre, les coupelles sont disposées près de la crèche jusqu'à l'Epiphanie. 

 La tradition veut que si le blé est bien germé le 25 décembre, la moisson suivante sera bonne. On dit également à cette occasion : Quand lou blad vèn bèn, tout vèn bèn ((Blé bien germé, c'est la prospérité pour toute l'année)