Islam et violence, encore et toujours...

Un triste lendemain d'attentant rend nécessaire de se poser la question du rapport entretenu par l’islam avec la violence. Quelques éléments de réponse des Missionnaires de la Miséricorde Divine pour aborder sans se voiler la face une difficulté majeure de cette religion.

Que de nombreux musulmans soient pacifistes et profondément opposés à la violence, il s’agit là d’une évidence. Malheureusement, un nombre toujours plus élevé d’entre eux agit avec une barbarie sans nom, relayée abondamment sur nos réseaux sociaux. Quel est le véritable islam ?

Pour pouvoir répondre à cette question, il ne suffit pas de regarder vivre les musulmans, il faut étudier précisément la doctrine de l’islam. C’est ce travail, reconnaissant la spécificité et la complexité de chaque religion, que la République laïque refuse de faire, posant à son insu un regard judéo-chrétien sur l’ensemble du phénomène religieux.

La violence dans le Coran

Les musulmans – savants et pratiquants, il va sans dire – considèrent le Coran comme la parole incréée d’Allah. Chaque verset est donc éternellement inscrit dans le Paradis. « Nul n’en connaît l’interprétation, sinon Allah » (Coran 3,7).

Or, en matière de violence et de liberté religieuse, de nombreux versets sont contradictoires. Par exemple, « vous avez votre religion, et moi j’ai la mienne » (109,6), ou « quiconque le veut, qu’il croie, et quiconque le veut, qu’il mécroie » (18,29). Dans le sens de la violence, nous trouvons : « et combattez-les jusqu’à ce qu’il ne subsiste plus d’association » (8,39), l’association (sirk) étant le péché par excellence qui consiste à associer quelque chose d’humain à Dieu, ce que font précisément les chrétiens lorsqu’ils affirment la divinité du Christ, ou encore « O Prophète, incite les croyants au combat » (8,65), « tuez les polythéistes (mushrikun) partout où vous les trouvez ; capturez-les, assiégez-les, dressez-leur des embuscades » (9,5).

L’interprétation du Coran

Comment donc interpréter ces contradictions, puisque tout verset est sacré ? En fait, tout comme les épîtres de s. Paul, les sourates du Coran ne sont pas rangées dans l’ordre chronologique d’écriture, mais par ordre de taille. Les musulmans cherchent donc à déterminer l’ordre chronologique des sourates. Elles sont divisées en deux périodes : la période mecquoise (610-622) et la période médinoise (622-632). Au début de chaque sourate est précisée la période pendant laquelle elle est descendue du ciel. Or, lorsque Mahomet était à la Mecque, il était en position de faiblesse et persécuté par les autres tribus arabes. Assez logiquement, les sourates mecquoises sont plutôt tolérantes, morales et spirituelles. Après l’Hégire (622), Mahomet se réfugie à Yathreb (future Médine) où il devient un chef militaire respecté. La violence du Coran provient systématiquement des sourates médinoises, plus politiques et sociales.

Il y a donc deux courants dans l’islam intellectuel. Le courant minoritaire estime que le véritable islam est mecquois, puisqu’il est plus respectueux du message original spirituel. Ce courant est d’ailleurs persécuté : aussi Mahmoud Mohamed Taha fut-il pendu par le Président du Soudan en 1985. Le courant majoritaire estime que le véritable islam est médinois, puisque Mohamed n’a pu déclarer toute la vérité que lorsqu’il était en position de force.

De plus, la théologie musulmane a développé la « théorie de l’abrogeant et de l’abrogé », selon laquelle un verset postérieur annule un verset antérieur contradictoire. Cette théorie, somme toute assez logique, tire sa légitimité du Coran lui-même : « si Nous [Allah] abrogeons un verset quelconque ou que Nous le faisons oublier, Nous en apportons un meilleur ou un semblable » (2,106 ; cf. aussi 16,101).

La vie de Mahomet

Tout bon musulman se doit d’imiter en tous points la vie de Mahomet. C’est la raison pour laquelle les hadiths, c’est-à-dire les faits et gestes du Prophète, ont tant d’importance dans leur théologie. Il ne s’agit pas seulement de s’imprégner d’un certain esprit, mais d’imiter scrupuleusement chaque geste de Mahomet, dans chaque situation particulière (d’où le port de la djellaba par exemple ou les règles très précises pour se laver). Les musulmans considèrent donc que l’agir de Mahomet est l’interprétation légitime du Coran. Or, Mahomet se révèle – après l’Hégire, évidemment – un combattant effréné et un stratège doué. En moins de 10 ans, selon les historiens musulmans, il a mené 62 incursions, razzias, suriya, etc., dont pas moins de 19 guerres et de nombreux meurtres : citons les batailles de Badr (624), d’Uhud (625), du Fossé (627) de Zat-al-Salasil et Hunan (630), l’assassinat du chef juif Kaab Ibn al-Ashraf qui a osé parler contre lui (625) ou de Abi-Rafa (627), le massacre des hommes et la réduction en esclavage des femmes et des enfants de la tribu de Beni Qurayzah, les punissant ainsi d’avoir pris part à la bataille du Fossé…

Après la mort de Mahomet, ses disciples, à commencer par Abu Bakr, ont largement continué le djihad dans des pays qui ne représentaient aucune menace pour l’islam. L’armée musulmane a ainsi tué plus de quatre millions d’Egyptiens en un siècle, s’est déployée vers le Sud jusqu’au Soudan, et vers l’Ouest, conquérant toute l’Afrique du Nord et l’Espagne, avant d’être arrêtée à Poitiers en 732.

Ainsi, Mahomet a fait preuve d’une violence inouïe à partir du moment où il a été le plus fort et ses successeurs ont parfaitement suivi son exemple. Bien plus, il a condamné les musulmans qui refusaient de combattre : « le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien » (2,216). Aujourd’hui, le récit de toutes ces batailles imprègne profondément la culture et la fierté musulmanes, y compris parmi les non-pratiquants. Les multiples victoires de Mahomet attestent d’ailleurs de l’authenticité de sa mission à leurs yeux.

Par ailleurs, les musulmans modérés proposent souvent une distinction entre le « petit djihad » (c’est-à-dire la guerre sainte) et le « grand djihad » qui serait ce que les chrétiens appellent le « combat spirituel ». Malheureusement, cette distinction repose sur un hadith dont beaucoup doutent de l’authenticité (cheikh Al-Albâni le classe parmi les hadiths « faibles ») et n’est fondée sur aucun verset coranique (lesquels emploient généralement le verbe qital, c’est-à-dire « tuer dans une bataille »). Il est vrai cependant, que le jus ad bellum musulman condamne l’attaque de personnes qui ne portent pas d’armes, tout comme le suicide (2,195 ; 4,29).

Conclusion

Heureusement, de nombreux musulmans ignorent ou rejettent cette interprétation du Coran. La cohabitation pacifique avec les musulmans n’est donc pas impossible, mais il faut avoir conscience que la violence est encouragée par les textes sacrés ainsi que le comportement de Mahomet et de ses successeurs. Nous rencontrons par ailleurs dans la rue de nombreux musulmans qui, sans être prêts à utiliser personnellement la violence, ne condamnent pas et même encouragent les auteurs des attentats.

Mon propos n’a considéré que la violence guerrière proprement dite, mais il faudrait aussi réfléchir à la violence de la charia, à la considération de la femme, au châtiment des apostats, à la place de la raison, etc.

Cependant, il ne faut pas oublier que cette violence islamique a été stimulée par une autre violence, souvent ignorée : celle de notre monde occidental athée. A une civilisation décadente qui nie toute référence à la transcendance et à la loi naturelle, qui autorise l’avortement et le mariage homosexuel, qui considère le blasphème comme un droit de l’homme, les musulmans rappellent la primauté de Dieu y compris dans le domaine public, l’importance de la famille et la beauté de la transmission de la vie