Est-on vraiment égaux ?

La Doctrine Sociale de l’Eglise pose comme deuxième principe, après celui de la dignité de la personne humaine, celui de l’égalité fondamentale des hommes. Léon XIII précise: «  A ce point de vue, tous les hommes sont égaux ; point de différence entre riches et pauvres, maîtres et serviteurs, princes et sujets ».

Il existe donc une égalité fondamentale de nature au-delà de tout ce qui peut nous distinguer (âge, conditions physiques, sociales etc…) car les hommes ont tous une seule et même origine dans l’ordre de la nature (Rerum Novarum). Au-dessus de cette égalité de nature, les chrétiens ont entre eux une égalité supérieure dans l’ordre surnaturel, cette égalité reposant sur un même baptême, une même foi, une même Eglise, un même Esprit qui fait l’unité du corps dans une même charité, celle de la famille de Dieu. Cette supériorité parait étonnante, mais elle est surtout très exigeante, car elle fonde la fraternité des hommes, beaucoup plus fortement que ne peut le faire le seul principe d’égalité de nature.

St Paul en dégage les premières conséquences pratiques : «  plus de juif, ni de grec ; plus d’esclave ni d’homme libre ; plus d’homme ni de femme ; vous tous en effet, vous ne faîtes qu’un dans le Christ-Jésus » (I Cor. XII, 13). Cette égalité des hommes dans le Christ dépasse toutes les différences secondaires, artificielles, qui opposent les hommes les uns les autres, et même les différences naturelles. Dans les premières communautés chrétiennes, avait donc été supprimé l’esclavage et instaurée la communauté de biens, de la même manière qu’elle est organisée aujourd’hui dans les communautés religieuses.

Sur le plan social, Léon XIII en a tiré des conséquences importantes dans les relations professionnelles, ordonnant aux maîtres de « reconnaître la dignité humaine de leurs serviteurs et de les traiter convenablement, de ne pas les considérer comme de nature différente de la leur, mais comme étant au contraire leurs égaux : les uns et les autres, en effet, ont la même religion et servent le même Dieu ». (In Plurimis) Cette injonction est évidemment parfaitement transposable aux relations patrons/employés, ouvriers...

Le Pape Pie XII, dépassant le cadre relationnel de l’entreprise, mettait en garde les chefs d’entreprise italien en 1952 déjà sur les dangers qui guettent l'ordre social de manière plus générale : «  la grande misère de l’ordre social est qu’il n’est ni profondément chrétien, ni réellement humain, mais uniquement technique et économique et qu’il ne repose nullement sur ce qui devrait être sa base et le fondement solide de son unité, c'est-à-dire le caractère commun d’hommes par la nature et de fils de Dieu par la grâce de l’adoption divine ». 

Qu'en penser aujourd'hui ?