Bonne fête de la Saint Joseph !

Dans l’Eglise latine, saint Joseph est mentionné dans les plus anciens martyrologues au IVième et Vième siècles. Mais c’est Saint Bernard, au XIIième siècle qui parle de Saint Joseph et développe la théologie mariale selon laquelle nul après la Vierge n’a plus approché le Christ, source de la grâce, que Joseph, donc que nul n’a plus participé que Joseph à la grâce du Christ. On en déduit que saint Joseph est un saint incomparable.

Parti de l’université de Paris, le mouvement en faveur du culte de Saint Joseph ne va plus se ralentir. Saint Albert le Grand, les Franciscains, les Dominicains le répandent par leur prédication en tous lieux et tous pays.  Le Bienheureux Jean Dun Scot, à propos du mariage de la Sainte Vierge et de Saint Joseph montre très justement que tout ce qui concerne le chaste époux de la Vierge Marie dans le décret de prédestination (il s’agit de la théologie de l’Immaculée Conception) a été fait en vue de Marie.  Saint Bonaventure et saint Bernardin de Sienne reviennent souvent sur le sujet de Saint Joseph. Le sermon de Bernardin de Sienne marque une étape dans la maturité de la dévotion à saint Joseph. 
Chancelier de l’Université de Paris, Gerson (1363-1429) deviendra le promoteur des fêtes de Saint Joseph. Il écrivit le 17 Aout 1413 une lettre à toutes les églises pour proposer les fêtes de Saint Joseph, une exposition en trois leçons sur l’Evangile " exurgens autem Joseph" et une messe propre dont il composa lui-même les morceaux liturgiques ; il obtient progressivement l’établissement en France de fêtes de Saint Joseph.

C’est surtout au Concile de Constance qu’il supplia avec succès les pères d’établir et de diffuser un culte public de Saint Joseph. En 1481, le pape Sixte IV étendit le culte de saint Joseph de France à l’Eglise Universelle.

Par la suite, les guerres de religion freinent cette expansion et il faudra attendre le XVIIième siècle, grand siècle de saint Joseph en France pour que s’établissent les fêtes et le culte de Saint Joseph tel que nous le connaissons. Le cardinal de Bérulle, Monsieur Ollier, saint Jean-Eudes consacrent à saint Joseph de très belles pages. De nombreuses fondations et institutions, congrégations et confréries se placent sous sa protection.

Chez les carmélites, madame Acarie rend plus populaire encore le culte de saint Joseph que leur fondatrice, Thérèse d’Avila, avait inculqué à ses filles. De son côté, Saint François de Sales compose ses "entretiens sur saint Joseph" et parle de lui aux filles de la Visitation. Le 19 Mars 1657, en présence du cardinal Barberini et de vingt-deux évêques, réunis à l’occasion de l’Assemblée du Clergé de France, Bossuet célèbre les gloires de Saint Joseph. Le sermon marquera tant qu’il fut répété deux ans plus tard à la cour. Et le 7 juin 1660, Saint Joseph apparaît à Cotignac, apparition reconnue par les autorités religieuses. 

Très suivi par les artisans (il était charpentier) puis par les ouvriers - Saint Joseph voit son culte prendre de l’ampleur dès le XVIième siècle : en 1621, le pape Grégoire XV éleva la fête du de Saint Joseph le 19 mars au rang de fête d’obligation ;  en 1642 le pape Urbain VIII confirma à son tour le rang de cette fête ; en 1661, après l’apparition et le miracle de la source de Cotignac, Mgr Joseph Ondedei, évêque de Fréjus, reconnaît officiellement les apparitions de saint Joseph et en approuve le culte ; cette même année 1661 le roi Louis XIV consacre la France à saint Joseph, chef de la Sainte Famille à la suite des apparitions de Cotignac.  

Le 8 décembre 1870 le pape Pie IX déclara officiellement Saint Joseph Patron de l’Eglise universelle, et fit du 19 mars une fête solennelle ; en 1889, le pape Léon XIII démontra comment Saint Joseph est le modèle des pères de famille et des travailleurs, et lui décerna officiellement le titre de « saint patron des pères de famille et des travailleurs », titre que la piété populaire lui avait déjà décerné depuis des siècles ; en 1955 le pape Pie XII reprit bien volontiers le principe de la fête du travail en instituant la solennité de Saint Joseph artisan et en la fixant au 1er mai de chaque année ; Saint Joseph est ainsi l’un des saints que l’on fête deux fois dans l’année (19 mars et 1er mai) ;  le pape Jean XXIII a ajouté son nom au canon de la Messe.

CITATIONS 

Saint Bernard de Clairvaux, au XIIème siècle, découvrait avec justesse la grandeur de saint Joseph : « Celui que de nombreux rois et prophètes ont désiré voir et n’ont pas vu, qu’ils ont désiré écouter et qu’ils n’ont pas entendu, il fut donné à Joseph, non seulement de le voir et de l’entendre, mais encore de le porter, de guider ses pas, de le prendre dans ses bras, de le couvrir de baisers, de lui donner à manger et de veiller sur lui ». 

Sainte Thérèse d’Avila, au XVIème siècle, avait choisi saint Joseph pour patron de son ordre : « Je choisis le glorieux saint Joseph pour mon patron et me recommande à lui en toutes choses. Je ne me souviens pas d’avoir jamais rien demandé à Dieu par son intercession que je ne l’aie obtenu. Jamais je n’ai connu personne qui l’ait invoqué sans faire des progrès notables dans la vertu. Son crédit auprès de Dieu est d’une merveilleuse efficacité pour tous ceux qui s’adressent à lui avec confiance ». 

Le Pape Jean Paul II écrit en conclusion de son Exhortation Apostolique Redemptoris Custos : « Je souhaite vivement que la présente évocation de la figure de Joseph renouvelle en nous aussi les accents de la prière que mon prédécesseur, il y a un siècle, le Pape Léon XIII recommanda d’élever vers lui. II est certain en effet, que cette prière et la figure même de Joseph ont acquis un renouveau d’actualité pour l’Eglise de notre temps, en rapport avec le nouveau millénaire chrétien ».