Appel de Chartres n°230 : « Détruisez ce temple, et en trois jours, je le relèverai », Jean 2, 19

« Notre-Dame de Paris ravagée par les flammes » ; « une tragédie marque le début de la semaine sainte » ; « la flèche de Notre-Dame s’est effondrée ». Les tweets fusent à la vitesse du son, ou du feu… Il est 22h22 et l’incendie commencé vers 18h30 n’est toujours pas éteint. Nous pouvons prédire par avance les discours apocalyptiques des prochains jours : le vieil Occident Chrétien, si peu fidèle à ses ancêtres, est en train de connaître un déclin semblable à celui de l’Empire Romain. Notre-Dame brûle comme Rome avant elle… et les Néron modernes ayant épuisé leurs ressources lyriques partagent leurs émotions sur Instagram. Cet incendie est aussi un rappel de notre passage limité sur terre. Memento mori ! Rappel de fin de carême que nous aurions bien aimé éviter : « Souviens-toi, ô homme, que tu es poussière et que tu retourneras en poussière» (Gn 3, 19) et qui donne une amère résonnance à ces vers de Nerval:

« Notre-Dame est bien vieille : on la verra peut-être
Enterrer cependant Paris qu’elle a vu naître ;
Mais, dans quelque mille ans, le Temps fera broncher
Comme un loup fait un bœuf, cette carcasse lourde,
Tordra ses nerfs de fer, et puis d’une dent sourde
Rongera tristement ses vieux os de rocher !

Bien des hommes, de tous les pays de la terre
Viendront, pour contempler cette ruine austère,
Rêveurs, et relisant le livre de Victor :
— Alors ils croiront voir la vieille basilique,
Toute ainsi qu’elle était, puissante et magnifique,
Se lever devant eux comme l’ombre d’un mort ! »

L’UNESCO pleure son patrimoine, la France pleure ses racines subitement retrouvées, les catholiques pleurent… que pleurent-ils au fait ? Dieu ? Pourtant Dieu est immuable, Il est le Créateur de l’Univers ainsi que de ces pierres qui ont servi à édifier Sa Cathédrale ! Dieu ne disparaît pas en fumée comme des poutres du XIIème siècle ! Le symbole alors ? Cette flèche était un doigt pointé vers le ciel ; avec toute la Création, elle s’écriait au « chercheur de Dieu » : « nous ne sommes pas ton Dieu, cherche au-dessus de nous » ! Oui, nous sommes des êtres incarnés et limités dans notre intelligence et notre volonté, nous avons besoin de médiateurs, de rites, de signes pour prendre conscience de la présence aimante de Dieu, la recevoir et y répondre dans et par le même élan. Mais soyons francs, nous pleurons aussi notre participation au reniement de Saint Pierre. L’Église souffre par les scandales dont les médias nourrissent la foule, l’Église souffre par la profanation de ses cimetières, de ses églises, de ses tabernacles qui réactualisent les ignominieuses scènes de la Passion, enfin l’Église souffre dans l’absence complète de résistance aux attaques répétées du prince des ténèbres dont le monde nie l’existence ! Tous les jours, par notre mutisme, notre conformisme, notre relativisme, nous renions le Christ. Alors pleurons, pleurons bien car seules ces larmes pourront éteindre l’incendie.

« Réveille-toi ô toi qui dors » (Ep 5,14)… Notre monde sommeille d’un sommeil bien lourd, abruti par l’information de masse et le changement permanent, par le somnifère du confort, par la morphine du narcissisme universel. Pauvre de nous, le réveil devait être brutal… La Cathédrale est devenue le jouet des flammes et à travers elle, sont touchés les trois pouvoirs de l’Église qui réalisent « l’unité de son corps mystique, sans laquelle il n’y a pas de salut »:

  • Gouverner : la Cathédrale est le siège de l’évêque.
  • Enseigner : la chaire de l’Église est destinée aux prédicateurs qui par leurs sermons éveillent le cœur et l’esprit des fidèles et les orientent vers la Trinité.
  • Sanctifier : l’autel de l’église est le lieu du sacrifice du Christ ; le tabernacle est la tente de la Présence Réelle ; le baptistère contient les eaux qui ouvrent à l’amitié divine, les confessionnaux restaurent cette amitié.

Cette triple attaque blesse l’Église en son cœur et ne peut être l’œuvre que d’un seul ; cette triple attaque nous fait ouvrir les yeux sur les attaques isolées qui visent toujours un de ces trois pouvoirs : négation de l’autorité de l’Église, rejet de ses enseignements et de sa doctrine traditionnelle, banalisation du sacré. Ne sombrons pas dans le désespoir ! Il nous faut y répondre par un triple cri : cri de foi, cri d’espérance, cri d’amour vers le ciel. L’heure n’est plus à la mélancolie. La vie tient plus d’un concerto de Rachmaninov que d’une valse de Chopin ! Notre temps est un temps de purification qui doit nous aider à chercher la Vérité. Interrogeons-nous ? Qu’est-ce qu’un évêque ? Qu’est-ce qu’une cathédrale ? Qu’est-ce qu’une église ? Sans réponses, nous risquerions de reconstruire la voûte de Notre-Dame de Paris en bois recyclé avec intégration de panneaux solaires pour alimenter les illuminations touristiques…  Il nous faut également retrouver le sens de la noblesse de nos actes qui n’ont pleinement de valeur que lorsqu’ils sont gratuits, dépouillés, offerts : ainsi de l’édification d’une cathédrale dont le nom des bâtisseurs est un secret gardé par les pierres, ainsi de la vie – toute vie, ainsi du sacrifice salvateur du Christ pour les hommes de tous les temps.

Dans le Credo, nous affirmons « je crois à la communion des saints ». Entrons dans ce réseau d’amitié surnaturelle entre la terre et le ciel et cherchons particulièrement l’amitié des saints des temps de crise. Imitons avec la grâce de Dieu leur foi et leur force : Sainte Geneviève et sainte Clothilde, Saint Vincent Ferrier et Sainte Catherine de Sienne, Sainte Jehanne d’Arc et… Saint Michel Archange ! Au XIVème siècle, Sainte Catherine de Sienne a fait sienne trois grandes causes : la paix entre les cités (elle prêcha aux puissants de repartir en croisade dans le but de diriger leurs passions vers une cause sainte), le retour du Pape à Rome et la réforme du clergé embourbé dans la fange. L’actualité de ces trois causes n’est pas à démontrer, prions cette Sainte de nous aider dans cette nouvelle croisade : celle de la Foi dans nos cœurs et dans nos cités. Avec la Sainte Vierge au pied de la croix, tenons-nous debout car avec son regard de foi, d’espérance et de charité vers le Cœur ouvert de son Fils, nous deviendrons les pierres vivantes pour bâtir la cathédrale de la Jérusalem nouvelle (Ap 21,2) !

Chartres sonne, Chartres t'appelle, soyons encore plus nombreux cette année sous le regard de Notre Dame ! 

Pour vous inscrire, au pèlerinage de Paris-Chartres c'est ici

Sainte Geneviève, intercédez pour Paris !

Saint Michel Archange, défendez-nous dans le combat !

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

La Direction des Pèlerins