Dieu s’est fait petit enfant pour être aimé par tous

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Noël, dont le temps perdure jusqu'au 2 février, sera toujours une manifestation remarquable de la gratuité absolue du don divin et du don le plus grand possible qu’est la Rédemption. Les textes liturgiques de la messe de minuit y reviennent sans cesse, particulièrement l’épître tirée de la lettre de saint Paul à Tite. Celui qui était attendu depuis plus de 4000 ans, comme le chante si bien le cantique populaire Il est né le divin enfant, est donc enfin apparu, dans sa grâce et sa miséricorde. Il est le Dieu Sauveur qui seul pouvait nous arracher aux œuvres de la mort, et nous rendre la vie. La nuit de Noël, Dieu se montre à tous les hommes dans l’étroit réduit de la crèche et sous les langes de l’enfance. Oui en cette sainte nuit, voilà cette béatitude gracieuse que nous attendions. Elle nous est venue par la visite de Dieu sur la terre. Et la grâce divine apparue en ce jour nous invite tous à purifier nos cœurs. Le Dieu Père, Époux et Sauveur de l’Ancien Testament se montre désormais à tous les hommes, en ce moment même, dans l’étroite masure d’une mangeoire pour animaux. La parole s’est faite enfant, infans en latin : celui qui ne parle pas.

Avec la grâce, la lumière nous est venue, comme l’indiquait la première lecture tirée du prophète Isaïe que l’on a surnommé le cinquième évangéliste. Il y annonce la victoire de la lumière sur les ténèbres et par là même la victoire de la grâce sur le péché. C’est comme un prélude à tout le quatrième évangile et surtout à son fameux prologue qui nous dit que grâce et lumière sont venues, mais que les hommes ne les ont pas accueillies. Et pourtant en cette nuit sainte, le monde a bel et bien été transformé en profondeur. C’est ce que les anges annoncèrent aux bergers plus réceptifs à la recevoir que les grands de ce monde, en raison de leur pauvreté et de leur humilité. Mais cette annonce vaut pour l’humanité entière : juifs et païens que le Dieu tout Amour veut réconcilier. Dieu s’est fait petit enfant pour être aimé par tous, pour être reçu par tous, ce qui est loin d’être le cas. Voilà pourquoi Noël doit toujours être une fête missionnaire. Le trésor qu’avec les bergers nous avons découvert, nous ne devons pas le garder pour nous. Nous sommes appelés au contraire à le communiquer aux autres. La grâce s’est manifestée pour tous et nous devons tous être témoins de cette manifestation de la grâce apportée au monde en Jésus, Seigneur et Sauveur.

La grâce cependant n’exclut jamais la Croix. Siméon l’annoncera bientôt à Marie. Bien sûr, selon l’étymologie, grâce signifie beauté, mais la beauté, pas plus que la joie, n’exclut la Croix. La nuit de Noël est la nuit de la beauté par excellence car elle est la nuit de la grâce, mais d’une grâce qui vient dans un monde enlaidit par le péché dont le petit enfant Jésus veut nous laver par son sang. Nous sommes donc tous beaux, au moins en puissance, aux yeux de Dieu. Ne perdons donc jamais confiance, même dans la nuit de la foi. Grâce à Marie enfantant Jésus, la nuit la plus longue du monde est devenue la nuit de l’amour et de l’espérance victorieuse de la haine et du désespoir, la nuit où le jour commence à vaincre les ténèbres. Grâce à la naissance de l’Emmanuel sous les traits d’un frêle enfant, Dieu a vaincu toutes les arrogances humaines. Que toute l’humanité se souvienne de cette victoire de Dieu dans la nuit. Dieu nous aime. Il s’est incarné pour cela et nous ne sommes donc plus seuls. Mais il ne suffit pas de dire que la grâce est apparue, il faut encore l’accueillir. Et cela ne peut se faire que par l’humilité, à l’exemple de Marie et du berger qui n’avait rien à donner mais a tout reçu.