Appel de Chartres n°236: le pèlerinage, vecteur de chrétienté dans le réel !

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Chers pèlerins,

« Qu’est-ce que Dieu ? » s’interroge le jeune Saint Thomas d’Aquin. Dieu est unique, infiniment simple, supérieur à toute chose en restant pourtant infiniment proche de toute chose, immuable et éternel, ordonnateur de toute chose ; Il est l’Etre, la Vérité, l’Unicité, la Bonté, la Beauté…

Et Dieu dit : « Faisons l'homme à notre image, selon notre ressemblance. » Quel mystère… en l’homme, grâce et pesanteur ; l’homme est image et ami de Dieu mais en même temps héritier du péché originel et pécheur lui-même. Il n’est ni bête, ni ange, mais incarné dans le temps et dans l’espace, à l’intelligence et au cœur embrassant de larges horizons et pourtant incapables de saisir entièrement les mystères de l’homme, et encore moins ceux de Dieu…

Quels sont les chemins que peut alors choisir l’homme face à sa condition ? Il peut se battre pour une illusion, celle de pouvoir atteindre une des perfections de Dieu dans une recherche d’absolu et d’universel : amasser des connaissances, multiplier les œuvres de charité, développer les sciences jusqu’à la dénaturation des mystères comme celui de la vie, rechercher des positions pour faire dépendre les autres de soi, etc. « Il fallait posséder l'infini de l'espace et l'infini du temps pour savoir que ces deux infinis sont encore des prisons, que l'âme n'est qu'un cri vers un autre infini. » Vouloir être l’égal de Dieu, c’est l’histoire de la Tour de Babel réactualisée ; l’homme n’a finalement guère changé !

Cependant l’homme peut également apprendre à connaître, à apprivoiser et à aimer le réelavec ses paradoxes que l’on ne pénètre qu’avec la vision des cœurs purs, vision simple de Dieu, embrassant le temps et l’espace dans son éternité. Apprivoiser le temps et l’espace, c’est marcher pendant trois jours pour franchir 100km alors que l’on prend l’avion toutes les semaines pour franchir les océans…, c’est oublier son portable et se rendre compte que notre vie et notre salut se jouent dans les relations avec ceux qui nous entourent à chaque instant.C’est d’abord la clef de toute vie humaine que le pèlerinage de Chartres nous aide à forger !

Le retour au réel est urgent ! A-t-il un jour cessé de l’être… ? « Rien ne mène plus sûrement à la barbarie que l’esprit pur. Et peut-être est-ce la forme la plus maléfique du péché contre l’Esprit que de tout ramener à l’esprit… ». Pas après pas, en marchant vers Chartres, nous mettons l’esprit en pratique, nous apprenons à bâtir une chrétienté !

Les pierres de cette chrétienté sont chacun de nous, pèlerins ; quant au ciment, nous l’incarnons et le vivifions sur la route entre les deux cathédrales : il s’agit d’un triple amour, d’une triple piété filiale.

- Amour profond du visage de l’Eglise actuelle. L’Eglise semble « rouler » à deux vitesses mais n’est-ce pas un nouveau paradoxe sur lequel repose l’unité intrinsèque de l’Eglise ? Le faible pousse le fort à l’exemplarité et à briser sa raideur ; le fort entraîne le faible à éclairer sa conscience et à maintenir sa volonté dans le bien…

- Amour de la France et de nos patries respectives actuelles, œuvrant pour qu’elles deviennent ce qu’elles sont en puissance : le terreau fécond de saints qui auront leur couleur propre dans les cieux, une nouvelle forme de réponse à l’Epoux.

- Amour de nos familles parfois déchirées, souvent blessées. Notre chrétienté repose sur l’unité fondamentale des familles, images de la Sainte Trinité.

Ces trois amours sont notre nourriture et le lieu où nous nous donnons. Le pèlerinage les vivifie. Comment ? En leur donnant des échelles adaptées. Notre amour pour l’Eglise se porte en priorité vers notre paroisse, non seulement entité territoriale, mais lieu où nous recevons les biens spirituels, et notre Evêque, en tant que successeur des apôtres, représentant du Christ en son diocèse, pasteur et docteur des fidèles. L’amour de la France passe par l’engagement dans nos villes et villages. L’amour de nos familles exige l’exercice concret de la charité fraternelle avec nos proches et entre les générations. Nous apprenons que « nous sommes en mesure de faire le bien pendant douze heures, ce qui ne saurait pas nousdécourager, comme si nous pensions que nous devons le faire toute notre vie durant. »

Ce ciment est purifié par l’épreuve de la fidélité, fidélité envers et contre tout, fidélité qui devient la manifestation en acte de nos trois amours et de notre Espérance ! Cela ne diminue certes pas la souffrance aiguë de la perte de sens, de l’incompréhension et du sentiment d’abandon mais le pèlerinage de Chartres est une grande grâce pour nous encourager à chercher la Vérité et à traverser cette nuit de l’Eglise, de la France et de nos familles. « Aimez donc votre état [de pauvreté spirituelle] et bâtissez dessus. C’est la pierre solide car c’est la pierre de la vérité, et l’édifice qui s’y appuie résiste aux vents et aux tempêtes. » nous encourage le Père Marie-Etienne Vayssière. L’amour nous blesse ; réjouissons-nous ! En devenant par amour comme « une humanité de surcroît en laquelle [le Christ] renouvelle tout son mystère », nous acceptons le partage de la croix, plantée dans notre cœur. Voici le chemin par lequel le Christ nous mène à Sa Lumière !

Ne nous laissons pas berner par le jeu si rapide des médias qui nous oppressent, espérant nous entraîner dans leur folie planétaire. Le réel nous rend confiance non pas en un synode mais en nos prêtres et en l’Eglise à la fois comme institution de droit divin et comme assemblée d’âmes pour lesquelles le cœur à cœur avec Dieu est plus qu’un précepte dominical. 

Alors OUI, « les temps sont durs », mais béni soit ce temps, dans lequel nous sommes nés, et bénie soit cette terre sur laquelle le bon Dieu nous veut saints pour sa plus grande gloire ! Ad superna semper intenti !

Chartres nous appelle !

Notre Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous !

 

La Direction des pèlerins