3ème jour de préparation à la Consécration à la Sainte-Vierge

Printemps 1916 : « N’ayez pas peur. Je suis l'Ange de la Paix.

Priez avec moi. »

 

La prière de l’Ange de la Paix

Après être apparu trois fois sans rien dire l’année précédente, l’Ange apparut une

quatrième fois au printemps 1916 à Lucie qui était accompagnée cette fois de ses deux petits cousins, François et Jacinthe.

La date de cette apparition n'est pas connue avec exactitude, car les petits voyants n'en ont pas parlé tout de suite et il n'y eut aucun témoin. Dans son quatrième mémoire, soeur Lucie explique :

Je ne peux préciser les dates avec exactitude, car à cette époque, je ne savais pas encore compter les années, ni même les mois, ni même les jours de la semaine. Il me semble malgré tout que ce devait être au printemps de 1916 que l'Ange nous apparut la première fois à notre Loca du Cabeço.

Lucie rapporte l'événement de façon pratiquement identique dans les deuxième et quatrième mémoires. Voici la version du quatrième mémoire qui est un peu plus complète :

Ce jour-là, nous étions montés sur le versant à la recherche d'un abri, et après avoir goûté et prié, nous avons commencé à voir à quelque distance, au-dessus des arbres qui s'étendaient vers l'est, une lumière plus blanche que la neige, ayant la forme d'un jeune homme, lumière transparente, plus brillante qu'un cristal traversé par les rayons du soleil.

À mesure que l'apparition s'approchait, nous pouvions mieux distinguer ses traits. Nous étions surpris et à demi absorbés. Nous ne disions mot.

En arrivant près de nous, l'Ange nous dit : « N'ayez pas peur. Je suis l'Ange de la

Paix. Priez avec moi. » Et s'agenouillant à terre, il baissa le front jusqu'au sol. Poussés par un mouvement surnaturel, nous l'imitâmes et nous répétâmes les paroles que nous lui entendions prononcer : « Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je Vous aime. Je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas, qui ne Vous aiment pas. »

Après avoir répété cette prière trois fois, il se releva et nous dit : « Priez ainsi. Les Coeurs de Jésus et de Marie sont attentifs à la voix de vos supplications. » Et il disparut.

Voilà donc les toutes premières paroles du Ciel dans cette histoire de Fatima. On ne saurait trop les méditer tant elles sont riches d'enseignement.

 

L'Ange de la Paix

« Ne craignez pas. Je suis l'Ange de la Paix. » Il y a dans cette première phrase une résonance toute évangélique. En effet, la présence d'un ange saisit toujours les témoins de stupeur. Comme à Zacharie dans le temple de Jérusalem (Luc I, 13), à la Sainte Vierge dans la maison de Nazareth (Luc I, 30), aux bergers de Bethléem (Luc II, 10) ou aux femmes venues au tombeau (Mat XXVIII, 5 ; Mc XVI, 6), l'Ange commence par dire : « Ne craignez pas ».

De plus, ici, il donne son nom : « Je suis l'Ange de la Paix ». Dans notre monde

actuellement si tourmenté par les guerres et les troubles de toutes sortes, Dieu nous a envoyé l'Ange de la Paix pour nous enseigner. Ne convient-il pas, plus que jamais, de suivre les recommandations qu'il nous a données il y a maintenant cent ans ?

Et que demande-t-il ? « Priez avec moi ». Il réitérera sa demande juste avant de disparaître en disant : « Priez ainsi ». Un envoyé de Dieu est venu non seulement pour nous enseigner à prier, mais aussi pour prier "avec" nous. Or, nous dit l'Évangile, les Anges voient constamment la face de Dieu (Mat XVIII, 10). Est-il possible d'avoir un maître plus autorisé pour nous enseigner à prier ? Sa brève apparition nous instruit sur plusieurs points, en particulier l'attitude

convenable pour prier.

 

L'attitude de l'Ange

Comment prie l'Ange ? « S'agenouillant à terre, il baissa le front jusqu'au sol ». Il y a là un enseignement d'une grande importance : tout Ange qu'il est, malgré sa perfection, pour prier il n'hésite pas non seulement à s'agenouiller, mais aussi à baisser le front jusqu'à terre. Quelle humilité alors qu'il « était de lumière » selon l'expression employée par Lucie en réponse à une question du chanoine Barthas ! La première qualité de la prière est l'humilité. Nous le voyons parfaitement dans la parabole du pharisien et du publicain. L'Ange vient nous rappeler que, même pour un être aussi parfait qu'un ange, devant la majesté de Dieu, il convient d'adopter une attitude empreinte de la plus grande humilité en s'agenouillant, puis en s'inclinant le front jusqu'au sol ! Dès ce moment, les petits voyants l'imiteront. Lucie précise dans son deuxième mémoire : « Depuis lors, nous restions longtemps prosternés répétant ces prières, parfois jusqu'à en tomber de fatigue ».

 

L’exemple de la Sainte Vierge

Le plus bel exemple d’humilité qui nous soit donné est celui de Notre-Dame. Cette humilité est affirmée dès les premières pages de l'Évangile : « Voici la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Elle se manifeste dans la visite à sainte Élisabeth, qui justement s'écrit : « Comment m'est-il donné que vienne à moi la mère de mon Seigneur ? » (Lc 1, 43). Elle brille dans la naissance de Jésus qui se produisit dans une grotte. Elle s'entoure d'un épais silence durant les trente années à Nazareth : elle brille dans l'opprobre et l'ignominie du Calvaire où Marie était présente en tant que mère du condamné.

Si nous pensons à la grandeur unique de la Vierge, nous pouvons comprendre quelle immense humilité il devait y avoir en elle, « exaltée au-dessus des anges ». Qui plus que la Sainte Vierge aurait eu des raisons de paraître ? Au contraire, elle est restée mystérieusement silencieuse et cachée tout au long de l'Évangile ! Nous, par contre, pleins de stupidité et riches de misères, nous sommes brûlés par le désir de paraître ! Nous voir sacrifiés, humiliés, méconnus dans nos talents, écartés... quelle torture et que de ressentiments ! Mais pour devenir

humbles nous devons repousser vigoureusement les impulsions secrètes et les complaisances empoisonnées de l'orgueil.

L'humilité de la Sainte Vierge est égale à sa Royauté. Exaltation extrême parce que son humiliation fut extrême. C'est à cette école qu'il faut aller pour apprendre ce qu'est l'humilité.

 

L’exemple des saints

C'est également la manière d'agir des saints : s'anéantir pour faire resplendir, intacte, la grandeur de Dieu qui agit : « Ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages... ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair

n'aille se glorifier devant Dieu ». (1Co 1, 28-29).

Le Curé d'Ars était sans doute le prêtre le moins doué et le plus dépourvu de moyens intellectuels de toute la France ! Admis au sacerdoce par grâce spéciale de la Sainte Vierge (parce qu'il savait bien réciter le chapelet), il se maintint toujours dans son humilité, conscient de sa pauvreté en tout. Il pensait surtout à prier et à faire pénitence de toutes ses forces. Le reste, ce fut Dieu qui le fit. Et ce furent des choses extraordinaires qui mirent en échec l'enfer entier, impuissant face à ce prêtre très humble. Un jour, en frappant lourdement contre les parois de la chambre, le démon lui cria : « Fripouille, tu m'as déjà volé 80 mille âmes cette année : s'il y avait quatre prêtres comme toi, c'en serait fini de mon règne dans le monde »...

C'est la réalisation de la parole divine : « Celui qui s'exalte sera humilié ; celui qui s'humilie sera exalté » (Lc 14, 11). Et encore : « Dieu résiste aux orgueilleux ; Il donne au contraire la grâce aux humbles » (1P 5,5).

Saint Antoine de Padoue fut envoyé comme cuisinier dans un petit couvent perdu dans les Apennins. Il y alla, humble et soumis comme toujours. Pourtant il était très savant et deviendra docteur de l'Église.

Quand saint Vincent de Paul entendait qu'on le louait, il devenait bavard sur ses propres défauts et sur son humble origine. Il disait être le fils d'un pauvre paysan, ignorant et incapable. S'il arrivait quelque désordre, il s'en attribuait toujours la responsabilité. De même, saint Pie X, quand on faisait son éloge pour ses discours inspirés, il tournait tout à la plaisanterie en répondant : « Babioles, babioles... ce sont des copies, ça ne vaut rien »... S'il faisait un miracle, il imposait le silence en disant : « C'est le pouvoir des clefs : moi je n'ai rien à y voir. C'est la bénédiction du pape. C'est la foi de celui qui demande la grâce ».

Sainte Gemma Galgani sut un jour trouver le moyen de s'humilier et d'être humiliée. Ayant su qu'un docte prélat était arrivé pour l'interroger sur les phénomènes extraordinaires qui lui arrivaient, elle prit sur ses genoux le petit chat de la maison et se mit à jouer avec lui sans donner la moindre importance aux demandes du prélat. Celui-ci, peu après, s'en alla, convaincu que cette pauvre jeune fille était démente.

 

La puissance de l’humilité

L'humilité écrase le démon. La très humble Vierge Marie « écrase la tête » du serpent infernal. Celui qui voulait être « semblable au Très haut » (Is.14, 14) a la tête sous les pieds de celle qui voulait seulement être « la servante du Seigneur » (Lc 1, 38). Et celui qui est humble participe au pouvoir de l'Immaculée pour frapper le démon à la tête.

Saint Macaire a été l'un des plus grands pères du désert. Il dût beaucoup lutter contre le démon. Un jour il le vit venir à lui avec une fourche enflammée à la main. Saint Macaire aussitôt s'humilia devant le Seigneur et la fourche tomba des mains du démon. Alors Satan dit avec colère et haine : « Écoute, Macaire, tu as de bonnes qualités, mais j'en ai plus que toi... Tu manges peu, moi pas. Tu dors peu, moi jamais. Tu fais des miracles, moi aussi je fais des prodiges. Il n'y a qu'une seule chose que tu sais faire et moi pas : tu sais t'humilier ! »

L'humilité est une force meurtrière contre Satan. Pour cette raison, d'après la vision de frère Léon, saint François d'Assise occupe dans le ciel la place de Lucifer. En effet, à qui lui demandait ce qu'il pensait de lui-même, François répondait qu'il se considérait comme l'être le plus abominable de la terre, un ver méprisable : et il ajoutait que si un autre que lui avait reçu les grâces que Dieu lui avait données, elles auraient fructifié beaucoup plus.

C'est l'essentiel de l'humilité : reconnaître que nous ne possédons que le péché. Tout le reste, tout ce qui est bien vient de Dieu (1Co 4, 7) et la plus petite chose que nous réussissons à faire en vue de la vie éternelle n'est possible que par sa grâce (1Co 12, 3 : 2Co 3, 5). Saint Padre Pio dit un jour : « Si Dieu nous enlevait tout ce qu'il nous a donné, nous nous retrouverions bien démunis ».

 

L'humilité, la clef qui ouvre le coeur de Dieu

Saint Ambroise dit que l'humilité est « le trône de la sagesse ». Rappelons-nous et inspirons-nous des trois épisodes évangéliques les plus expressifs qui concernent l'humilité.

Après la pêche miraculeuse, saint Pierre est troublé par le miracle opéré par Jésus et ne peut s'empêcher de se prosterner en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un pécheur » (Lc 5, 8). Et Jésus lui réplique : « Tu seras pécheur d'hommes » (Lc 5, 10). Le pauvre publicain se tenait au fond du temple et n'osait même pas lever les yeux, mais il murmurait humblement : « Mon Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ». Jésus nous affirme qu'il sortit du temple pardonné et purifié, à la différence du pharisien stupidement orgueilleux.

Sur le Calvaire, le bon larron se confia humblement au Juste : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume » et il reçut une puissante grâce qui le disposa rapidement à pouvoir entrer dans le Royaume des Cieux. (Lc 23,43).

Nous devons demander avec insistance à la Sainte Vierge cette sagesse. Elle veut que nous la possédions, parce que « les autres vertus frappent à la porte du coeur de Dieu, l'humilité, elle, l'ouvre ». (Saint Augustin). L'humilité est véritablement une clef qui ouvre le coeur de Dieu !

Voilà pourquoi l’Ange se prosterne jusqu’à terre. Que la Très humble Vierge Marie veuille nous donner cette clef du Coeur de Dieu. Et de temps en temps, inclinons-nous le front jusqu’au sol pour nous humilier devant Dieu et Lui demander de nous accorder cette grâce de l’humilité.

 

NOTA BENE :

1. Prier le chapelet :

Pour les pèlerins qui prient le chapelet quotidiennement : avoir cette prochaine consécration de soi-même au Coeur Immaculé de Marie comme intention générale ;

Pour ceux qui n’ont pas encore l’habitude de dire le chapelet quotidiennement : une dizaine avec cette même intention générale de sa prochaine consécration.

2. Offrir à Dieu 1 sacrifice pour la conversion des pécheurs, et la nôtre en particulier.

3. Dire les 4 prières de l’Ange et de Notre-Dame de Fatima pour la conversion des pécheurs :

a. (Prière d’oraison pendant la journée) : « Mon Dieu, je crois, j’adore, j’espère et je Vous aime, et je Vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n’adorent pas, qui n’espèrent pas et qui ne Vous aiment pas ». L’Ange de la Paix, printemps 1916.

b. (Prière d’oraison pendant la journée et après chaque communion) : « Très Sainte Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, je Vous adore profondément et je Vous offre les Très Précieux Corps, Sang, Âme et Divinité de Jésus-Christ présent dans tous les tabernacles de la terre, en réparation des outrages, sacrilèges et indifférences par lesquels Il est Lui-même offensé. Et par les mérites infinis de Son Très Saint Coeur et du Coeur Immaculé de Marie, je Vous demande la conversion des pauvres pécheurs ». L’Ange de la Paix, automne 1916.

c. (Lorsque l’on fait un sacrifice) : « Ô Jésus, c’est par amour pour Vous, pour la

conversion des pécheurs, en réparation des péchés commis contre le Coeur Immaculé de Marie, et pour le Saint-Père ». Notre-Dame, 13 juillet 1917 (et Jacinthe qui a rajouté « et pour le Saint-Père »).

d. (Après chaque mystère du chapelet) : « Ô mon Jésus, pardonnez-nous péchés, préservez-nous du feu de l’enfer et conduisez au Ciel toutes les âmes, secourez surtout celles qui ont le plus besoin de Votre sainte miséricorde ». Notre-Dame, 13 juillet 1917.

 

Saints François et Jacinthe, priez pour nous !

Saint Michel Archange, gardien de la France, priez pour nous !