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Lettre du Président de Notre-Dame de Chrétienté au Premier Ministre au sujet du lundi de Pentecôte


Versailles, le 9 septembre 2003

Monsieur Jean-Pierre RAFFARIN
Premier Ministre
Hôtel Matignon
75007 Paris


Monsieur le Premier Ministre,

Les médias se sont fait l’écho, depuis quelques jours, de l’intention du gouvernement de supprimer un jour férié de notre calendrier, pour affecter le produit de cette journée travaillée à l’aide aux personnes âgées. Il est même précisé que le choix pourrait se porter sur le Lundi de Pentecôte, dont vous auriez dit que « la suppression ne porterait atteinte à aucune conviction » ( cf.Figaro du 4 septembre 2003).

Certes, votre intention est louable, mais je m’inscris en faux contre l’assertion que la suppression envisagée ne heurterait aucune conviction.

En effet, l’association Notre-Dame de Chrétienté que je préside, organise, chaque année à la Pentecôte, un pèlerinage à pied de trois jours, de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres. Ce pèlerinage réunit de l’ordre de 8 à 10.000 participants de tous âges et de toutes conditions dont près d’un millier d’étrangers.

La date de la Pentecôte n’a pas été choisie au hasard. Il s’agit, en effet, de l’une des plus grandes fêtes de la religion chrétienne qui, en tant que telle, bénéficiait naguère, comme vous le savez, d’une octave complète de cérémonies pour clôturer le Temps Pascal. Le Lundi de Pentecôte en est une survivance à laquelle les catholiques attachés à la Tradition sont très sensibles.

Outre le fait que la suppression de ce jour férié retirerait à la célébration de cette grande fête son caractère exceptionnel et participerait, ainsi, à la déchristianisation de notre pays en lui faisant perdre un nouveau repère, elle rendrait pratiquement impossible l’organisation de manifestations telles que notre pèlerinage – mais il en est bien d’autres, partout en France, religieuses ou laïques – qui contribuent à maintenir dans notre pays la mémoire de son passé et la pérennité de ses traditions.

Vous souhaitez, par un geste significatif, manifester la solidarité du pays envers ses anciens et nous ne pouvons que vous approuver. Mais, plutôt que de supprimer un jour de congé, établi dans notre pays depuis des temps immémoriaux, ne serait-il pas plus judicieux de réduire de quelques jours les droits à RTT récemment ouverts par l’adoption de la loi sur les 35 heures ? Celle-ci pénalise lourdement notre pays sur le plan économique et social comme le reconnaissent tous les experts. Bien sûr, vous pourriez nous objecter qu’il serait loisible à chaque salarié de prendre sur ces droits pour nous rejoindre le lundi de Pentecôte ; mais, qu’en serait-il des moins de 25 ans, encore en scolarité, qui représentent plus de la moitié de nos effectifs ?

Ne pourrait-on également envisager le regroupement en une seule journée des cérémonies en l’honneur des morts pour la patrie ?

Il semblerait surtout indispensable, pour éviter que se reproduisent les évènements dramatiques de cet été, de remettre en vigueur une véritable politique familiale qui redonnerait à chacun le sens de la solidarité entre les générations et le respect de la vie en toutes ses étapes. Toutes les familles vous en sauraient gré et plus particulièrement celles que j’ai l’honneur de représenter.

Dans l’espoir que ce courrier retiendra votre attention et qu’il sera possible de résoudre les difficultés que le pays traverse sans toucher au statut actuel du lundi de Pentecôte,

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de ma haute considération.

Hubert de Gestas Président


(Copie au Nonce Apostolique à Paris, ainsi qu'à Monseigneur Ricard, président de la Conférence Episcopale.)
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