Mercredi 25 août 2010

Anniversaire : la lettre de SAINT PIE X "NOTRE CHARGE APOSTOLIQUE" (1910)

2010.08.25_Sillon.jpgLe 25 août 1910, en la fête de Saint Louis, roi de France, le pape Saint Pie X adressait à l'épiscopat français la lettre "Notre charge apostolique" qui condamnait le mouvement "le Sillon".

Cet acte providentiel de Saint Pie X marqua, pour un temps, un coup d'arrêt efficace aux erreurs que répandaient le Sillon (sur la société, sur la démocratie etc ...). Ces erreurs cependant ressurgirent dans un contexte qui leur devint favorable après 1945 et surtout en profitant de "l'esprit" du Concile Vatican II.

Rien ne vaut le texte de Saint Pie X pour bien comprendre ce qu'était le Sillon. C'est pourquoi il faut saluer la réédition des Editions Clovis, avec une préface historique d'Yves Chiron.

Lettre sur le Sillon
Saint Pie X
Editions Clovis - 54 pages - 7 €

Le texte intégral au format pdf : Saint_Pie_X_Lettre_sur_le_Sillon.pdf
Nous en donnons ci-dessous quelques extraits.

§ 1. Notre charge apostolique nous fait un devoir de veiller à la pureté de la foi et à l’intégrité de la discipline catholique, de préserver les fidèles des dangers de l’erreur et du mal, surtout quand l’erreur et le mal leur sont présentés dans un langage entraînant, qui, voilant le vague des idées et l’équivoque des expressions sous l’ardeur du sentiment et la sonorité des mots, peut enflammer les coeurs pour des causes séduisantes mais funestes. Telles ont été naguère les doctrines des prétendus philosophes du dix-huitième siècle, celles de la Révolution et du libéralisme tant de fois condamnées ; telles sont encore aujourd’hui les théories du Sillon, qui, sous leurs apparences brillantes et généreuses, manquent trop souvent de clarté, de logique et de vérité, et, sous ce rapport, ne relèvent pas du génie catholique et français.

Erreur sur le fondement de l'autorité

§ 21. Le Sillon place primordialement l’autorité publique dans le peuple, de qui elle dérive ensuite aux gouvernants, de telle façon cependant qu’elle continue à résider en lui. Or Léon XIII a formellement condamné cette doctrine dans son encyclique « Diuturnum illud » (...) Tout contraire est le sentiment des catholiques qui font dériver le droit de commander de Dieu, comme de son principe naturel et nécessaire. Sans doute le Sillon fait descendre de Dieu cette autorité qu’il place d’abord dans le peuple, mais de telle sorte qu’« elle remonte d’en bas pour aller en haut, tandis que dans l’organisation de l’Église le pouvoir descend d’en haut pour aller en bas ». Mais outre qu’il est anormal que la délégation monte, puisqu’il est de sa nature de descendre, Léon XIII a réfuté par avance cette tentative de conciliation de la doctrine catholique avec l’erreur du philosophisme. Car il poursuit : « Il importe de le remarquer ici ; ceux qui président au gouvernement de la chose publique peuvent bien, en certains cas être élus par la volonté et le jugement de la multitude, sans répugnance ni opposition avec la doctrine catholique. Mais si ce choix désigne le gouvernant, il ne lui confère pas l’autorité de gouverner ; il ne délègue pas le pouvoir, il désigne la personne qui en sera investie ».

Erreur sur la dignité humaine

§ 25. Enfin à la base de toutes les falsifications des notions sociales fondamentales, le Sillon place une fausse idée de la dignité humaine. D’après lui, l’homme ne sera vraiment homme, digne de ce nom, que du jour où il aura acquis une conscience éclairée, forte, indépendante, autonome, pouvant se passer de maître, ne s’obéissant qu’à elle-même et capable d’assumer et de porter, sans forfaire, les plus graves responsabilités. Voilà de ces grands mots avec lesquels on exalte le sentiment de l’orgueil humain ; tel un rêve qui entraîne l’homme sans lumière, sans guide et sans secours dans la voie de l’illusion, où, en attendant le grand jour de la pleine conscience, il sera dévoré par l’erreur et les passions.

L'affluent d'un mouvement d'apostasie

§ 40. (...) le catholicisme du Sillon ... ne forme plus dorénavant qu’un misérable affluent du grand mouvement d’apostasie, organisé, dans tous les pays, pour l’établissement d’une Église universelle qui n’aura ni dogmes ni hiérarchie, ni règle pour l’esprit ni frein pour les passions, et qui, sous prétexte de liberté et de dignité humaine, ramènerait dans le monde, si elle pouvait triompher, le règne légal de la ruse et de la force, et l’oppression des faibles, de ceux qui souffrent et qui travaillent.