Aujourd'hui le vote de conviction est le premier vote utile. C'est dans cette perspective que nous disons : il faut voter à la primaire de droite.
La Primaire de droite est une première.
Elle donne occasion à de nombreux
candidats de se manifester tels qu'en
eux-mêmes, avant que les sacro-saints
parrainages politiques ne soient comptabilisés
et les candidats qui ne font pas le poids, impitoyablement
rejetés dans les ténèbres extérieures.
Ainsi Jacques Myard - député de Maisons Laffitte
se déclare-t-il fort heureux de sa campagne
inutile, mais qui aura contribué à droitiser toujours
plus le débat politique actuel. Car c'est de
cela d'abord qu'il s'agit : il faut une parole libre.
On en a assez des candidats du système, ces candidats
dont Jacques Chirac, en 2002, fut l’archétype,
élu à 82% des suffrages sur un programme
vide. Pour son discours d'intronisation,
le grand Jacques évoqua (ce n'est pas une
blague) la lutte contre le cancer et le code de la
route. Temps perdu I À l'époque, les idées ne
pouvaient plus circuler, absorbées dès leur naissance
par la correctness, sorte de glue universelle,
qui exige l’universelle confusion des
idées..
.
En 2007 ,il y eut la présidence Sarkozy. Sur
le personnage et son mandat d'hyperprésident,
je serais un peu de l'avis de Fillon : ce Président-là
aussi a eu peur de FAIRE, mais... et ce n'est pas rien dans notre théâtrocratie au suffrage
universel, il n'a pas eu peur de DIRE certaines
vérités emprisonnées depuis longtemps
sous la glue universelle. Il a libéré la parole en
parlant d'identité nationale, il a permis à des
gens comme Zemmour ou Finkielkraut de sortir
du bois
Je pense que c'est le premier rôle de la Primaire
de droite d'agiter des idées nouvelles, de
dire ce qui ne va pas, de proposer des remèdes
auxquels apparemment personne n'avait pensé
auparavant. La Primaire de droite est un merveilleux
banc d'essais des idées de droite. À ce
propos je donnerais volontiers la palme à un perdant
: Frédéric Lefebvre, le premier dans la
classe politique à défendre l‘idée d'un salaire
universel. Je vois deux avantages à cette mesure :
elle permet de responsabiliser ceux auxquels, en
lieu et place d'allocations diverses on donne un
véritable petit salaire, hommes et femmes,
employés ou chômeurs. Ce salaire universel
serait aussi l’occasion d'une révision générale du
sacro-saint système social français, qui remonte
substantiellement à la Deuxième Guerre mondiale.
Il serait peut-être temps de proposer VRAIMENT
autre chose. Eh bien ! La Primaire aura
été l’occasion d'introduire le salaire universel
comme un thème social de droite !
Sans hésiter
Je parle d'idées, je ne parle pas de valeurs : hélas,
les catholiques n'ont pas utilisé cette occasion
pour réaffirmer le caractère fondamental des
valeurs chrétiennes dans l’identité française. Les
uns veulent jouer les arbitres, les autres votent
pour François Fillon, l'homme qui dit que l’avortement
est un droit des femmes.. . Mais où est le
porte-drapeau ?
La vérité oblige à dire gue, malgré les hésitations
coupables des états-majors cathos, de
porte-drapeau il y en a un.
Il n'est pas là seulement pour faire de la figuration.
Il n'est pas non plus mono-discours,
obsédé par les valeurs morales et ne sachant parler
que de cela. . . Il a acquis une expérience politique
à la Commission des lois de l’Assemblée
nationale. Il a voyagé et sait d'instinct que la
France ne se réduit pas à un hexagone. Il a la
culture chrétienne de la concertation, sans le
goût du martyre, qui est toujours malsain, mais
alors surtout malsain en politique. Il croit dans
le rôle stabilisateur d'un État régalien et ne donne
pas dans le culte des Institutions européennes et internationales. Il ne voit pas l'islam en rose
mais réclame un véritable contractualisme entre
l’islam et la République. Il est un adversaire
décidé du laïcisme et un adepte de la pure laïcité,
qui suppose de reconnaître le christianisme au
centre de la culture française. Bref, c'est un vrai
candidat. Il n'est pas membre des Républicains
mais président du Parti Chrétien Démocrate. Il
s'agit, vous l'aurez deviné, de Jean-Frédéric
Poisson, député des Yvelines, valeureux combattant
contre le mariage pour tous, mais aussi
contre la très inefficace loi Macron et contre la
non moins dangereuse Loi El Khomry.
Il est clair que voter Poisson au premier
Tour de la Primaire (il vous en coûtera deux
euros) c'est faire avancer le vote catholique en
France, le vote de civilisation en Europe et tout
ce que nous défendons à Monde&Vie. Cela
n'empêche pas de voter autrement à l'élection
présidentielle. Mais il faut utiliser la Primaire,
qui est une fantastique caisse médiatique de
résonnance. Et pour une fois, nous pouvons faire
un vote de conviction. C'est tellement rare qu'il
me semble que quand cela devient possible
(même s'il ne s'agit que de Primaires) c'est un
devoir. Il n'y a aucun devoir à voter lorsque le
choix qui nous est donné est celui de la peste ou
du choléra. Mais lorsque les règles de la santé
politique sont senties avec tant de mesure,
lorsque la société chrétienne est défendue avec
tant de talent... Alors oui : voter, voter Poisson
Abbé G. de Tanoüarn
monde&Vie - 21 septembre 2016 - n°929
Un article de l'abbé G. de Tanoüarn extrait de Monde&Vie n°929