Deuxième partie de l'Université d'Automne 2018 - Conférence de Bruno de St Chamas, Président d'Ichtus

L’anthropologie : qu’est ce qui fait l’homme ?

C’est la grande question que nos adversaires ont mis au centre de leur combat : la désintégration de la nature et de la personne humaine. Si nous ne savons pas répondre à nos contemporains, tout est fichu. Qu’est ce qui fait qu’un acte est humain ? Quand nous marchons vers Chartres, nous faisons l’expérience que le Christ prend tout, notre corps, notre intelligence, notre volonté.

Nous agissons de nos sens vers l’action (réflexe), puis les sens agissent vers la mémoire et l’imagination, de là les passions vers l’acte ; c’est ce que l’on appelle une action par instinct :  c’est le mode animal. Nous agissons souvent par réflexe ou par instinct : les campagnes marketing d’Apple qui réalise 10% des ventes dans les 48 premières heures  sont un bon exemple de l’instinct, de l’acte sans réflexion, sans besoin, du réflexe d’achat, de l’instinct d’appartenance.

Or l’homme est capable d’actes qui ne sont pas que des réflexes ou que des instincts ; il est capable d’actes humains, c'est-à-dire d’actes qui mobilisent en plus son intelligence, sa volonté et sa liberté qui elles-mêmes vont agir sur les passions. C’est en cela qu’il est à l’image de Dieu. L’Intelligence permet de mobiliser son attention sur le pourquoi de sa vie, de ses actions, de ses engagements, de son métier, de son amour dans sa famille, de ses responsabilités dans la politique.

Chaque personne se gouverne elle-même. Les Pères de l’Eglise disent que « la personne est un roi », nous sommes des rois et le modèle des rois, c’est le Christ, le Christ-Roi avec l’incarnation de l’homme l’Ecce homo, central dans l’enseignement de l’Eglise et dans l’expérience humaine que nous pouvons faire depuis 2000 ans. Le seul modèle de l’homme accompli c’est le Christ. Nous le savons par la foi, nous pouvons le vérifier avec notre intelligence, nous pouvons l’aimer avec notre volonté. C’est là qu’est la force de l’engagement pour l’action ; quand on s’adresse à quelqu’un, on s’adresse à son intelligence pour qu’il mobilise sa volonté, sa liberté et ses passions pour agir. Si l’on veut manipuler, agir par autoritarisme, instrumentaliser, faire faire quelque chose que l’autre n’a pas envie de faire, on cherche à agir de l’autre côté, directement sur les passions. C’est la dignité de la personne humaine qui fait que je me gouverne, que je suis un roi.

Il faut donc qu’il règne sur nos intelligences : nous devons croire, avec une complète soumission, d’une adhésion ferme et constante les vérités, révélées et les enseignements du Christ.

Il faut qu’il règne sur nos volontés : nous devons observer les lois et les commandements de Dieu.

Il faut qu’il règne sur nos cœurs : nous devons sacrifier nos affections naturelles et aimer Dieu par-dessus toutes choses et nous attacher à Lui seul.

Il faut qu’il règne sur nos corps et sur nos membres : nous devons les faire servir d’instruments ou, pour emprunter le langage de l’Apôtre saint Paul, d’armes de justice offertes à Dieu pour entretenir la sainteté intérieure de nos âmes.”

De cette doctrine de la royauté sociale de Jésus-Christ, découle tout notre comportement social. Son règne ne se limite pas seulement à notre âme, il inspire l’ensemble de notre vie.  Encyclique Quas primas, Pie XI – 1925