Faut-il avoir peur du mondialisme ?

Le développement d'organisations internationales ou supranationales ou de grandes entreprises multinationales plus riches que certains Etats génère la puissance discrète, voire occulte, de groupes de pressions. Ce phénomène n'est pas récent mais prend chaque jour une importance accrue. Les banquiers, écrit Jacques Attali, se constituent au début du XXème siècle en une double élite de l'argent et de la culture, au comportement dynastique... ils finissent par s'organiser en une étrange aristocratie, une sorte d'ordre austère aux implacables lois morales et aux rituels féroces". Constituant une véritable hiérarchie parallèle, fichée au coeur de tous les régimes, exerçant le pouvoir sur le pouvoir.

Première erreur : faire de l'économie le moteur d'une nation

Il faut dénoncer l'erreur couramment commise sur la place de l'économie dans la vie de la société et notamment l'illusion d'une paix provenant de la seule économie. La politique se trouve aujourd'hui, à tort, subordonnée aux préoccupations économiques. Or le but de l'État n'est pas le développement économique et sa raison d'être n'est pas l'organisation de l'économie : le but de l'État est de garantir le bien commun. Il est de veiller à tout ce qui contribue à la paix intérieure, c'est-à- dire, selon la définition de saint Augustin à tout ce qui contribue à la tranquillité de l'ordre.

Un des aspects du bien commun d'une société, de son bien commun intrinsèque, c'est l'Unité. Le bien commun, dit Marcel De Corte, c'est tout ce qui unit. Il faut en effet permettre à tous les liens qui constituent le tissu social d'être les canaux par lesquels transitent, sont diffusées toutes les valeurs du bien commun. L'activité économique apporte au bien commun un élément important qu'est la prospérité ; mais elle doit être subordonnée à la politique, sinon par elle-même elle est diviseuse, elle est un enchevêtrement d'intérêts : le marché appelle le marchandage. L'Etat considère des permanences, l'économie recherche l'innovation. Les deux sont nécessaires et complémentaires, mais confondre organisation économique et Etat conduit à un totalitarisme, celui de l'utopie matérialiste, celui des technocrates pour qui l'administration des choses prévaut sur le gouvernement des hommes. La subordination de l'économie à la politique affaiblit les Etats, conduit à l'éclatement des nations. 

Deuxième erreur : penser que le mondialisme n'est qu'économique                                                           

Cette gigantesque entreprise dotée de moyens financiers considérables et d'un appareil très centralisé, tend à imposer un véritable train de mesures contre la vie et contre la morale car elle touche tout ce qui relève de la psychologie, voire de la science. Elle utilise les armes de la biologie, de la médecine, de la démographie, de l'agronomie, de l'immigration. Ce sont tous ces aspects qu'il faut envisager dans le mondialisme culturel qui a par définition besoin de déraciner les hommes, d'en faire des apatrides, donc manipulables. Le mondialisme fait tout ce qu'il peut pour déstabiliser l'homme, pour le "chosifier". Il a une haine profonde de la nature humaine et s'attache à détruire ce qui lui est le plus essentiel : la famille et le don de la vie.

Pour détruire l'attachement aux valeurs traditionnelles qui font ce que l'homme est, il utilise la corruption morale. Nous sommes engagés dans un processus diabolique, fondamentalement anti-catholique de mainmise sur le monde par un système en comparaison duquel le communisme pourrait bien n'avoir été qu'un épiphénomène. C'est là qu'il faut voir la raison pour laquelle le pape s'est exprimé avec tant de gravité. Ce n'est pas là un simple rappel de morale comme certains le croient, le pape défend l'homme dans sa nature même.

Troisième erreur : transformer l'homme en bien matériel

Les sans propriété, les pauvres n'ont que la patrie, avait dit Jaurès. Le mondialisme crée, en quelque sorte, de nouveaux pauvres ; à la manière de toute révolution, il rêve d'un homme nouveau, celui-ci n'a plus besoin de patrie. Ce que réclamait le prolétaire c'était un peu de biens ; avec le mondialisme l'homme lui-même se transforme en bien matériel ; c'est l'homme nomade sans racine, sans héritage. Une nation forte est un obstacle majeur à ce projet. On comprend que E. Rothschild ait pu écrire : "La structure qui doit sauter, c'est la nation" ce que Richard Gardner, lui aussi, montre de la Trilatérale, envisage une action décisive, tout autour de la souveraineté nationale, l'érodant morceau par morceau. La nation détruite, il ne reste plus que des groupuscules manipulables, des apatrides encasernés.

On retrouve dans cet acharnement à détruire la nation un vieux rêve maçonnique. La République universelle avait été évoquée par le chevalier de Ramsay et, plus récemment, le Grand Orient demandait l'abandon des privilèges de souveraineté au profit d'un gouvernement mondial.