ce que vivent nos amis pèlerins bretons à Noël

Dès le VIe siècle, 3 messes sont célébrées pour la fête de Noël:
- la première  est dite "de la nuit". Elle correspond aujourd'hui à celle qu'on appelle la messe de minuit"
- la seconde est dite "de  l'aurore" (la basse messe )
- la troisième est dite "du jour" (la "grand" messe)

La Messe de minuit, appelée en breton "Offern ar pelgent" ("la messe d'avant l'aube") était suivie avec assiduité en Bretagne et demandait souvent de faire plusieurs kilomètres à pied, de nuit, par tous les temps sur des chemins boueux tout en chantant des cantiques de Noël. Avant de partir la famille partageait une collation de crêpes et allumait la bûche.
En arrivant à l'Eglise illuminée par les cierges, la famille dépose son offrande au pied de la crêche : un gateau, du beurre, des oeufs, un panier d'osier, parfois un peu d'argent.
Ceux qui restaient  pour garder la maison et les animaux étaient chargés de disposer des couronnes de paille dans les champs autour de leurs pommiers pour s'assurer une belle récolte.
On ne touchait jamais au gui réputé magique et sacré : le 23 décembre, jour du solstice d'hiver était aussi chez les Celtes  le" jour de la pierre brute", le jour où on cueillait rituellement le gui avec une faucille d'or.

A l'époque où la pratique religieuse était très présente en Bretagne celui dont on espérait plein de bonnes choses était appelé Ar Mabig Jezuz (L'enfant Jésus) ; aujourd'hui le père Noël en Bretagne s'appelle Tad-kozh an nedeleg soit littéralement "le grand-père Noël"

Les cadeaux  (ar profou) de Noël se limitaient  souvent à un sucre d'orge ou un "petit jésus" en sucre ou encore une belle pomme rouge bien lustrée, les bonnes années les parents y ajoutaient une orange. Les enfants trouvaient leurs cadeaux dans leurs sabots le matin du 25 décembre.. à condition qu'ils soient bien propres. Inutile de vous dire que jamais sabots n'ont été aussi bien astiqués que le 24 décembre au soir !


En breton le réveillon se traduit par fiskoan, mot qui est la contraction de fest (fête) et de koan (souper) : au retour de la messe la famille réveillonne avec un repas légèrement amélioré : soupe au pain,, kig ha farz..On n'oubliait pas les animaux qui avaient droit à une ration supplémentaire....

La bûche de Noël est un énorme bois de chêne, hêtre, orme, arbre fruitier, un bois dur à combustion lente. Appelée Kef nedeleg, skod an nedeleg, an etev nedeleg ou encore  tos an nedeleg, la bûche était aspergée d'eau  bénite et de sel avant d'être brûlée. La combustion pouvait durer plusieurs jours mais devait surtout chauffer la veillée de Noël après la messe. Les braises  étaient recueillies car elles avaient des vertus médicinales mais on prétendait aussi qu'elles protégeaient de la foudre, des serpents et qu'elles purifiaient l'eau de pluie.  Les invités repartaient  parfois chez eux avec un sabot plein de braises ce qui  leur permettait d'allumer le feu à leur retour chez eux.

On dit que pendant que sonnent les 12 coups de minuit on entend au loin le son des cloches des villes englouties et on peut voir des menhirs qui sortent de terre pour aller boire à la source. Ils ont laisssé à leur emplacement un trésor  mais il faut se hâter pour s'en saisir avant leur retour ! Au cours de la nuit de Noël aucun esprit satanique ne peut agir ni aucune sorcière surgir, les korrigans comme l'ankou se sont éloignés et pendant la messe de minuit les animaux parlent "la langue de l'homme" dans leurs étables.
Des pastorales étaient jouées dans les églises et une légende des Côtes d'Armor raconte le miracle de Sainte Brigitte, pauvre infirme sans bras, qui reçut l'enfant de Marie sur ses genoux et qui retrouva ses mains et ses bras pour langer le divin enfant en lui chantant la berceuse de Noël...