Les origines chrétiennes du 1er Avril

Comme de nombreuses fêtes populaires actuelles, le Poisson d’avril est un mixte de traditions chrétiennes et populaires, qui trouvent leur source à différents moments de l’histoire.

Le premier jour de l’année à l’Annonciation du Christ

Si nous commençons aujourd’hui l’année au 1er janvier, cela n’a pas toujours été le cas. En 46 avant J.C., Jules César met en vigueur le « calendrier julien » ou calendrier solaire, divisé en 12 mois et 365 jours, mais commençant au 1er mars, avec l’arrivée du printemps et des semences. En 532, l’Église décide de faire commencer l’année au 1er janvier, mois qui suit immédiatement la naissance du Christ fixée au 25 décembre. Pour autant, le Jour de l’an a beaucoup changé au fil des siècles et ce, au gré des Églises, des époques et des pays.

Ainsi, au début XVIème siècle, dans certaines régions de France, depuis le temps des rois capétiens, c’est Pâques, date anniversaire de la résurrection du Christ, qui fait office de nouvel an. Ailleurs, c’est Noël qui est choisi comme début de l’année : ainsi, à Lyon, dans le Poitou, en Normandie ou en Anjou… Enfin, pour d’autres encore, de façon plus répandue, on fête le Nouvel An le 25 mars, le jour de l’Annonciation du Christ à la vierge Marie par l’ange Gabriel. Les festivités duraient une semaine et se terminaient le 1er avril. Durant cette semaine, on échangeait des cadeaux.

Charles IX, en 1564 décida par l’édit de Roussillon  d’unifier le calendrier sur l’ensemble du territoire français, gommant les spécificités régionales et imposa ainsi le 1er janvier comme point de départ obligatoire de chaque année, donnant lieu, en 1582 au calendrier grégorien, toujours en vigueur aujourd’hui et s’accordant à l’année solaire, comme le calendrier julien. En 1622, cette mesure fut généralisée par le Pape à l’ensemble du monde catholique, notamment pour simplifier le calendrier des fêtes religieuses.

Après l’édit de Roussillon, beaucoup de Français refusaient le nouveau calendrier et continuaient comme par le passé à échanger des cadeaux et à fêter pendant la semaine qui s’achevait le 1er avril. On se moqua de cet attachement à l’ancien Nouvel An en envoyant aux nostalgiques de faux cadeaux et en leur jouant des tours. Les cadeaux que l’on s’offrait en avril étaient le plus souvent alimentaires. Cette date étant à la fin du Carême, le poisson était le présent le plus fréquent. Lorsque les blagues se développèrent, l’un des pièges les plus courants était l’offrande de faux poissons.

Mais une tradition populaire se forme souvent de diverses influences :

Le 1er avril marque par ailleurs la période de frai, période de reproduction des poissons pendant laquelle il était interdit de pêcher afin de laisser les populations de poissons se renouveler. Il arrivait alors qu’on accrochait subrepticement un vrai poisson, un hareng, dans le dos des gens.

C’est aussi à cette période de l’année que le soleil quitte le signe astrologique du Poisson, dernier signe de l’hiver. Pour les chrétiens, le poisson reste évidemment avant tout l’anagramme des cinq mots par lesquels ils désignaient Jésus dans la langue grecque :
Ι χ θ ύ ς, I èsous C ristos T héou U ios S ôter, J ésus C hrist de Dieu le Fils S auveur.

Vers 1900, la fête du 1er avril était d’ailleurs l’occasion d’échange de cartes humoristiques et affectueuses ornées de poissons comme marque d’amitié ou d’amour. Tout comme à la St Valentin et au 1er mai, les amoureux profitaient du 1er avril pour déclarer leur flamme en envoyant une carte à l’être aimé. Aussi étonnant que cela puisse nous sembler aujourd’hui, le poisson servait de messager d’amour ! Ce qui a également donné lieu à cette époque à des poissons en chocolat, que l’on continue de déguster à Pâques.