Le véritable missionnaire c'est le saint !

L'appel à la mission découle par nature de l'appel à la sainteté. Tout missionnaire n'est authentiquement missionnaire que s'il s'engage sur la voie de la sainteté : « La sainteté est un fondement essentiel et une condition absolument irremplaçable pour l'accomplissement de la mission de salut de l'Eglise ».

La vocation universelle à la sainteté est étroitement liée à la vocation universelle à la mission : tout fidèle est appelé à la sainteté et à la mission. Ainsi, le Concile souhaitait ardemment, « en annonçant à toutes les créatures la bonne nouvelle de l'Evangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Eglise ». La spiritualité missionnaire de l'Eglise est un chemin vers la sainteté.

L'élan renouvelé vers la mission ad gentes demande de saints missionnaires. Il ne suffit pas de renouveler les méthodes pastorales, ni de mieux organiser et de mieux coordonner les forces de l'Eglise, ni d'explorer avec plus d'acuité les fondements bibliques et théologiques de la Foi : il faut susciter un nouvel « élan de sainteté » chez les missionnaires et dans toute la communauté chrétienne, en particulier chez ceux qui sont les plus proches collaborateurs des missionnaires .

Rappelons-nous, chers Frères et Sœurs, l'élan missionnaire des premières communautés chrétiennes. Malgré la pauvreté des moyens de transport et de communication d'alors, l'annonce de l'Evangile a atteint en peu de temps les limites du monde. Et il s'agissait de la religion d'un Homme mort en croix, « scandale pour les Juifs et folie pour les Païens » (1 Co. 1,23) ! A la base de ce dynamisme missionnaire, il y avait la sainteté des premiers Chrétiens et des premières communautés.

C'est pourquoi je m'adresse aux baptisés des jeunes communautés et des jeunes Eglises. C'est vous qui êtes, aujourd 'hui, l'espérance de notre Eglise, qui a deux mille ans : étant jeunes dans la Foi, vous devez être comme les premiers Chrétiens et rayonner l'enthousiasme et le courage, en vous donnant généreusement à Dieu et au prochain ; en un mot, vous devez vous mettre sur la voie de la sainteté. Ce n'est qu'ainsi que vous pouvez être des signes de Dieu dans le monde et revivre dans vos pays l'épopée missionnaire de l'Eglise primitive. Vous serez aussi des ferments d'esprit missionnaire pour les Eglises plus anciennes.

Que les missionnaires, de leur côté, réfléchissent sur le devoir de la sainteté que le don de la vocation leur demande, en se renouvelant de jour en jour par une transformation spirituelle et en mettant à jour continuellement leur formation doctrinale et pastorale. Le missionnaire doit être « un contemplatif en action ». (...) Le missionnaire, s'il n'est pas un contemplatif, ne peut annoncer le Christ d'une manière crédible ; il est témoin de l'expérience de Dieu et doit pouvoir dire comme les Apôtres : « Ce que nous avons contemplé..., le Verbe de vie..., nous vous l'annonçons » (1 Jn 1,1-3).

Le missionnaire est l'homme des Béatitudes. Avant de les envoyer évangéliser, Jésus instruit les Douze en leur montrant les voies de la mission : pauvreté, douceur, acceptation des souffrances et des persécutions, désir de justice et de paix, charité, c'est-à-dire précisément les Béatitudes, réalisées dans la vie apostolique (cf. Mt 5,1-12). En vivant les Béatitudes, le missionnaire expérimente et montre concrètement que le Règne de Dieu est déjà venu et qu'il l'a déjà accueilli. La caractéristique de toute vie missionnaire authentique est la joie intérieure qui vient de la Foi. Dans un monde angoissé et oppressé par tant de problèmes, qui est porté au pessimisme, celui qui annonce la Bonne Nouvelle doit être un homme qui a trouvé dans le Christ la véritable espérance.

Saint Jean-Paul II - Redemptoris Missio - 7 décembre 1990