J-8 : Notre-Dame n'agira pas sans nous ; elle attend notre coopération nécessaire au renouveau

Le 13 juillet 1937, le futur Pie Xll, cardinal secrétaire d'État faisait à Notre-Dame de Paris un discours sur la vocation de la France dans lequel il rappelait "la France catholique, cette Gallia sacra qui va de Louis, le saint roi, à Benoît-Joseph Labre, le saint mendiant ; de Bernard de Clairvaux à François de Sales, à l'humble Curé d'Ars ; de Geneviève, la bergère de Nanterre, à Bernadette, l'angélique pastourelle de Lourdes ; de Jeanne d'Arc, la vierge guerrière, la sainte de la patrie, à Thérèse de l'Enfant- Jésus, la vierge du cloître, la sainte de la "Petite voie".

Que serait notre histoire sans ses moines agriculteurs, ses ordres hospitaliers, ses saints éducateurs, sans ce renouvellement incessant des formes pratiques de charité sociale et politique ? Et que serait l'histoire de l'Église en France sans ce souci des fidèles de réaliser un temporel qui permette de mener une vie digne de l'homme et du chrétien, autrement que par des vertus héroïques ? Il s'agit, nous enseigne Sainte Thérèse, de s'appliquer aux petites choses, inébranlablement, chacun à sa place, tout en visant un but élevé : le relèvement de la société, le salut de la patrie, la restauration de la Royauté de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et dans cette action, conduite parfois dans la nuit, espérer contre toute espérance. Ranimer des braises, suivre la petite voie de sainte Thérèse, "surélever la faiblesse au niveau de la force par d'humbles moyens journaliers, en prenant sur soi et en allant du fini le plus simple à l'infini".

C'est parce qu'on a fait le choix fondamental d'aimer et servir Dieu qu'on peut et doit "gérer" ses "petits choix" dans une même convergence, jusqu'à la sainteté. C'est dans la liberté de nos petits choix que nous témoignons le mieux de la qualité de notre amour pour Dieu. C'est "la petite voie" de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus éminemment libre. Il suffit d'aimer...véritablement. "Aime et fais ce que tu veux" (saint Augustin). L'ultime raison d'être de la liberté c'est de qualifier l'amour. Elle est la servante de l'amour.

 "A partir du moment où en tant que nation, la France s'est déchristianisée, le jour où elle a déclaré officiellement par voie de constitution qu'elle était une république démocratique et laïque qui ne reconnaissait aucun culte, elle a non seulement apostasié sa foi, renié son origine, mais n'a-t-elle pas, en acte, organisé sa destruction en tant que nation ? " Quand la France cesse d'être chrétienne, elle se défait. "Il y a vraiment, comme disait sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, devoir et Profit, pour chacun, à fleurir où le Bon Dieu l'a d'abord fait naître et grandir".

Soyons par notre pèlerinage les artisans de l'avènement du Sacré-Cœur de Jésus sur nos institutions. Dieu ne nous impose pas de vaincre, il nous ordonne seulement de combattre. Le combat est difficile. Les événements nous sont peut être contraires, mais "savons-nous le bien que Dieu veut en tirer ? » (St Jean de la Croix).  Notre action est toujours à reprendre, à continuer inlassablement comme notre propre sanctification, jusqu'à ce que Dieu nous rappelle à lui, notre tâche terminée.

Cette action politique est une condition de notre sanctification : agir sur les institutions pour Dieu, et pour le prochain par amour de Dieu. En quittant la France en 1986, Jean Paul II a dit : "Un nouvel élan spirituel et apostolique est possible pour l'Eglise en France", et il nous a encouragés, à plusieurs reprises, à nous mettre à l'école des innombrables saints de France : "Un très grand chapitre de l'histoire du Salut, disait-il le 1er juin 1980 au Bourget, a été inscrit dans l'histoire de votre patrie, par les fils et les filles de votre nation. Il serait difficile de les nommer tous, mais j'évoquerai au moins ceux qui ont exercé la plus grande influence dans ma vie : Jeanne d'Arc, François de Sales, Vincent de Paul, Louis-Marie Grignion de Montfort, Jean-Marie Vianney, Bernadette de Lourdes, Thérèse de Lisieux, Sœur Elisabeth de la Trinité, le Père de Foucauld et tous les autres. Ils sont tellement présents dans la vie de toute l'Eglise, tellement influents par la lumière et la puissance de l'Esprit Saint !"

Que la Sainte Vierge aide nos efforts.  A Notre-Dame, le futur Pie XII suppliait la Vierge, "qui a donné à la France tant de gages insignes de sa maternelle protection ", de ramener notre patrie, "au berceau spirituel de son antique grandeur", de l'aider "à recouvrer, sous la lumineuse et douce étoile de la foi et de la vie chrétienne, sa félicité passée, à s'abreuver aux sources où elle puisait, jadis, cette vigueur surnaturelle, faute de laquelle les plus généreux efforts demeurent fatalement stériles, ou, tout au moins, bien peu féconds". Mais Notre-Dame n'agira pas sans nous ; elle attend notre coopération nécessaire à ce renouveau. Nous ne la décevrons pas.