J-3 : comme le curé d'Ars, "tout donner et ne rien garder"

Prier pour prendre chaque jour un peu de notre temps pour Dieu. Pour Dieu tout seul. Lui consacrer quelques instants de notre journée, pour le rencontrer dans un cœur à cœur où nous Lui livrons notre petitesse, reconnaissant notre dépendance totale vis-à-vis de Lui : nous tenons tout de Lui, nous ne pouvons rien sans Lui. La prière consiste d'abord à adorer. Se faire petit devant Dieu, Lui offrir notre louange. La prière nous invite à Le remercier pour tous les biens dont II nous comble. Prier, c'est aussi offrir à Dieu notre journée : tout ce que nous ferons, nous Le ferons alors sous son regard. C'est la manière concrète de mettre Dieu en premier dans notre vie, Lui dire notre confiance, notre volonté de Lui être fidèles, de nous soumettre en tout à Sa volonté, sachant qu'il ne veut que notre bien.

Il s'agit donc d'une prière intense, qui toutefois ne détourne pas de l'engagement dans l'histoire : en ouvrant le cœur à l'amour de Dieu, elle l'ouvre aussi à l'amour des frères et rend capable de construire l'histoire selon le dessein de Dieu. Prier est donc une nécessité vitale. La prière, c'est encore la respiration de l'âme. C'est de Dieu que l'âme reçoit sa vie. Autant la plante, pour vivre, a besoin d'air et de lumière, autant l'âme a besoin de Dieu. Dieu est amour, et l'âme est faite pour aimer. Charmot disait : " La prière est un échange d'amour entre l'homme et Dieu". C'est donc dans cette rencontre quotidienne avec Dieu que l'âme puisera la force d'aimer. Si elle reste longtemps sans prier, elle perd le goût des choses d'en-Haut, elle craint la rencontre avec Dieu et s'attache alors abusivement aux choses de la terre ; les effets ne s'en feront pas sentir tout de suite, mais seulement à long terme. « Nous valons ce que vaut notre prière » : dans la prière, nous pouvons sans crainte reconnaître que nous ne pouvons rien sans Dieu et que l'on peut Lui demander avec une grande confiance tout ce dont nous avons besoin, et que personne d'autre ne peut nous donner : les grâces qui nous sont nécessaires à chaque instant de notre vie, pour pouvoir faire le bien et son pardon, pour ce que nous avons fait de mal, par le biais de la confession dans un premier temps, et de la pénitence dans un deuxième temps.

Notre pèlerinage est un pèlerinage de réparation et notre marche est une marche d'expiation de nos péchés. La prière nous fait reconnaître notre dépendance en toutes choses à l'égard de Dieu, nous fait avancer dans la vertu, nous obtient de Dieu miséricorde, nous fortifie dans les tentations, nous réconforte dans les tribulations, nous aide dans nos besoins et nous obtient la grâce de la persévérance finale. Soeur Lucie exprima, elle aussi, ce lien très fort qui rapproche Prière et Pénitence : " Soudain, nous vîmes près de nous la même figure, le même ange à ce qu'il me semble. Il nous dit : "Que faites vous ? Priez, priez beaucoup. Les très saints Cœurs de Jésus et de Marie ont sur vous des desseins de miséricorde. Offrez constamment au Très Haut des prières et des sacrifices." Je demandais : " Comment devons nous nous sacrifier ?" - "De tout ce que vous pourrez, offrez à Dieu un sacrifice, un acte de réparation, pour les péchés par lesquels II est offensé et de supplication pour la conversion des pécheurs. Attirez ainsi la paix sur votre patrie. Surtout, acceptez et supportez avec soumission les souffrances que le Seigneur vous enverra".

Notre pèlerinage vers Chartres, rythmé par la prière et par vos pas, de plus en plus pesants en fin de journée, traduit bien l'esprit de " prière et de pénitence " qui doit conduire notre vie sur terre. Souvenons-nous en, et comme le disait Saint Philippe Néri : " prenons l'habitude de vaincre le mal dans toutes les petites occasions de la vie. Un jour, avec l'aide de Dieu, nous serons aussi le vaincre dans les grandes occasions "