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Consécration à Marie


Consécration mariale, méditons encore



La Présentation au Temple, le 2 février, est une grande fête de la médiation de la Sainte Vierge. La méditation qui suit nous introduit à cette consécration, elle est extraite d’un recueil écrit par un chartreux pour ses frères convers à l’occasion de cette fête.

AMOUR ET SILENCE

Considérons ce que nous savons par l’Ecriture des gestes de Marie, ce jour là.

Elle arrive devant le temple, une toute jeune mère de seize ans peut-être, enveloppée dans ses voiles sous lesquels elle cache l’Enfant Jésus. Saint Joseph, son époux et son gardien, l’accompagne, portant dans une cage les deux tourterelles et dans une bourse les cinq pièces d’argent. Puissions-nous imiter son recueillement d’alors et deviner ses pensées !

Devant le parvis du temple ; elle donne une tourterelle au prêtre, elle est aspergée d’eau lustrale. Ensuite, elle avance sur les degrés pour offrir les cinq pièces d’argent et la seconde tourterelle. Enfin, elle entre dans le temple et la voici en présence du Père, vers lequel elle tend son Enfant – le Fils de Dieu et son Fils. Et, dans ce petit être, elle sait que toute l’humanité est contenue : tous les efforts, toutes les souffrances et toutes les joies des chrétiens sont déjà dans le cœur de Jésus, et Marie offre au Père tous les enfants qu’elle aura. Elle y pense sans doute, elle sait que son geste a une valeur, une portée infinie. A cette minute déjà, elle nous aimait dans son cœur virginal, elle nous offrait au Père.

Toute notre vie, en vérité, doit consister à nous préparer pour être offerts ainsi. Toutes nos actions, et nos pensées, doivent être telles que la Sainte Vierge puisse les présenter à Dieu.

* La première condition pour arriver à cette offrande sublime est donc de mener une vie pure et droite.

* La deuxième condition est la solitude du cœur. Notre cœur est un temple plus grand que celui de Jérusalem. Nous devons être seuls dans ce temple avec Dieu et la Sainte Vierge : car celle-ci ne trouble pas la solitude avec Dieu, mais elle l’assure. Il faut qu’il y règne un grand silence et un grand calme : point t de bruit, nulle discussion surtout.

Si nous sommes mécontents de nos supérieurs et de nos confrères, si nous portons des jugements sur eux et si nous sommes occupés intérieurement à nous plaindre, à comparer les situations et les hommes, alors le temple de notre cœur n’est pas tranquille, l’offrande de ce que nous faisons et de ce que nous sommes ne peut pas avoir lieu.

Point de curiosité ni d’impatience non plus. Non seulement notre cœur ne doit pas être occupé par le souci des autres, mais il ne faut pas qu’il le soit par le souci de nous-mêmes.

Assurément, nous devons regretter nos péchés, et surtout faire tout notre possible pour devenir chaque jour meilleurs, mais la pensée de nos imperfections ne doit nullement nous préoccuper : c’est à Dieu que nous devons penser, et non pas à nous-mêmes. Nous féliciter d’être ceci, nous inquiéter d’être cela : si longtemps que de telles choses nous occupent, Marie ne peut exercer en nous son sacerdoce virginal.

* La solitude du cœur ainsi comprise est toute proche de l’abandon, troisième condition pour que l’âme devienne une offrande agréable à Dieu dans les mains de Marie. Il nous faut faire, à celle-ci, le don de nos soucis, nous en remettre à elle pour toute chose, atteindre l’insouciance de l’enfant.

L’Evangile nous l’intime avec tant de force qu’il fait paraître timides en ceci toutes les paroles humaines. N’ayez pas le souci du lendemain, dit Notre-Seigneur (Matth., VI, 4), ni de vos aliments, ni de vous vêtir, ni de votre santé (Matth., V, 28 et 31 ; Luc, XII, 22). Soyez comme les oiseaux et les fleurs, qui sont laissés à la seule main de Dieu et que celle-ci conduit à la perfection (Matth., VI, 28). Ne regardez pas en arrière non plus, ne perdez pas votre temps à considérer vos actes passés (Luc, IX, 62). Que votre droite ignore ce que fait votre gauche

(Matth. VI 3). Enfin, saint Pierre, au chapitre V de sa première Epître, résume cet enseignement dans un ordre : jetez tous vos soucis en Dieu, et le verbe dont il se sert ici, est celui qui désigne proprement l’action de jeter à la mer ce qui encombre un vaisseau menacé de faire naufrage.

Remettons-nous, les yeux fermés, entre les mains de la Sainte Vierge pour qu’elle prenne souci de nous et nous offre à Dieu. Sommes-nous dans la joie et les douceurs spirituelles ? Fermons les yeux, feignons en notre conduite de l’ignorer ; sommes-nous dans la tristesse et le délaissement ? Fermons-les encore et sachons nous abandonner. Ne nous demandons pas si l’on nous apprécie, cela ne regarde pas l’âme aux yeux lucidement fermés ; n’ayons point de jugement sur la perfection ou l’imperfection de nos frères : c’est chose encore que nous ferons mieux de laisser à Marie.

O mes chers frères, celui qui s’abandonne de la sorte, je puis vous assurer que la Sainte Vierge ne tarde pas à le prendre dans ses bras, à l’élever vers le Père. Tout l’art de passer de ce monde à Dieu, c’est de savoir fermer les yeux et remettre sa conduite à Marie.

Il ne faudrait point croire d’ailleurs, que l’abandon s’oppose à la générosité. Celui qui est

sincèrement abandonné est docile aux inspirations de la grâce. Il possède ce que l’abbé de Saint-Cyran appelle la flexibilité entre les mains de Dieu : c’est un don de l’enfance. L’enfant se laisse facilement conduire par sa mère.

Les trois conditions du sacrifice marial que nous avons énumérées : recueillement, abandon, générosité vont toujours ensemble et sont inséparables en vérité.

Voilà donc ce que nous serons, pour nous préparer à être offerts par Marie dans le temple : fidèles, tranquilles, simples et confiants, aveugles comme on le devient dans un excès de lumière. Alors, elle nous emportera. Chacune de nos actions, offerte par elle au Père, aura une valeur infinie. Il n’y a plus de petites choses pour une âme ainsi abandonnée : couper le pain, éplucher les pommes, balayer les escaliers, chanter un cantique, tout cela est immense, puisque c’est dans les mains de Marie. Nous pouvons dire aussi, sans nous contredire, que, pour une âme abandonnée, il n’y a plus de grandes choses : ce qui paraît montagne, obstacle énorme à qui se dirige lui-même et porte le souci de soi, est un accident insignifiant pour l’âme abandonnée. Qu’on ne m’estime pas, qu’on me reconnaisse pauvre homme, ou me prenne pour un scélérat : l’homme propriétaire de lui-même en est tout bouleversé.

Comment faire pour se justifier ? Un nouveau zèle de justice et de vérité – ou de mensonge - le travaille misérablement à cette nouvelle. L’enfant de Marie s’en aperçoit à peine. Ce n’est pas son affaire : il tient les yeux fermés et, la main dans la main de sa mère, se laisse conduire où il lui plaît. – Comme d’ailleurs, elle nous élève bientôt dans ses bras, nous ne voyons plus ce qui paraît si terrible aux autres. Nous sommes, en vérité, pris entre deux feux. Vous connaissez cette expression, tirée de la langue militaire, qui désigne la situation d’une armée attaquée à la fois derrière et devant. Mais, pour nous, c’est le feu de l’amour qui nous assiège de tous côtés ; devant nous, le visage du Père, la Trinité Sainte qui nous attend, et derrière nous, l’amour virginal de Marie qui nous offre à Dieu.

La vie spirituelle consiste précisément à se faire conduire, soulever et emporter par ces mains maternelles pour être présenté au Très-Haut.

Un chartreux




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