VIDÉOFORMATION NDC N°101: QUI EST L’ARCHANGE SAINT RAPHAËL?

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Entretien avec Anne Bernet, Historienne.

Qui est l’Archange saint Raphaël?

Raphaël est un très beau nom, il signifie : « Dieu guérit », « Dieu soigne », il résume admirablement le rôle et la mission de l’archange.

Dans quels passages de l’Écriture Sainte évoque-t-on l’archange Raphaël ?

Uniquement dans le livre de Tobit. Certains exégètes le considère d’ailleurs comme un livre rajouté, apocryphe. Saint Jérôme lui-même ne tenait pas le livre de Tobit en très grande estime.
De quoi s’agit-il ? De Tobit avec un t parce que son fils s’appelle Tobie avec un e.
Tobit avec t est un juif extrêmement pieux déporté à Ninive, qui continue à se comporter comme un homme de bien, à vivre dans la foi, tandis que ses coreligionnaires abandonnent peu à peu toute pratique religieuse. Cela lui attire toutes les bénédictions possibles, jusqu’au jour où, malheureusement, Dieu semble le frapper, se détourner de lui. Au moment d’une persécution contre les juifs, Tobit ose continuer à enterrer ses frères alors que le roi de Ninive vient d’interdire cette pratique de donner des sépultures aux morts. Tobit est chassé, proscrit, et est obligé de quitter Ninive. Il perd sa fortune. Quelque temps après, il revient et est gracié mais n’a plus un sou. Sa femme en est réduite à faire des ménages. Ils font l’objet de l’opprobre et du mépris des voisins. Pour ne rien arranger, il devient aveugle et ne peut plus du tout travailler.

C’est le moment où, désespéré, il se souvient qu’il a un tout petit peu d’argent qu’il avait placé dans une autre ville. Il envoie son fils unique le jeune Tobie le récupérer. Mais Tobie est extrêmement jeune et son père craint qu’il ne soit pas capable de faire ce voyage. Il va donc chercher un caravanier habitué à ce métier pour protéger son fils pendant ce voyage. Alors, un personnage va se présenter . L’inconnu se présente en disant : « je suis le secours qui vient de Dieu » mais Tobit, comme la plupart d’entre nous qui ne savons pas reconnaître les anges quand nous les croisons, ne décrypte pas le message et croit avoir à faire à une identité parfaitement banale. Il va confier à ce caravanier la responsabilité de son fils. Le voyage va être assez agité.

Dans le Tigre, Tobie va capturer un poisson géant dont l’archange Raphaël, puisque c’est lui, le prétendu Azarias, va tout simplement garder les entrailles en disant : « cela va t’être utile, tu vas voir. »

Il va ensuite arriver chez un lointain parent qui a une fille unique, la jeune Sarah. Sarah est poursuivie par une sorte de malédiction effroyable. Elle a été mariée 7 fois et 7 fois, le soir de ses noces, son mari est mort sur le pas de la porte nuptiale. Et donc Sarah est désespérée. Elle a envisagé de se suicider tellement elle n’en peut plus. La réalité, ce qu’elle ignore, est qu’elle est victime d’une malédiction du démon Asmodée dont le nom signifie exactement le contraire de celui de Raphaël parce qu’Asmodée signifie : « je suis celui qui tue », « je suis celui qui détruit ». En fait Raphaël a été envoyé par Dieu pour soulager Tobie et Sarah de leur malheur et de leur épreuve. Il va effectivement apprendre au jeune Tobie que Sarah est la fiancée qui lui est promise car ils sont cousins à un degré éloigné. La jeune fille est l’unique héritière d’une fortune immense qui permettra évidemment à Tobie et à son père de résoudre leurs difficultés financières. Raphaël va chasser Asmodée, il va lui donner une raclée mémorable. L’autre va fuir jusqu’en Égypte, mais Raphaël va le rejoindre et l’assommer à demi.

Puis Raphaël va rentrer à Ninive avec Sarah, sa dot, le jeune Tobie et le fameux foie de poisson recueilli dans le Tigre avec lequel il va faire un baume qui va guérir le malheureux vieux Tobit de sa cécité. A ce moment-là, tout le monde est ravi et le pseudo Azarias va enfin révéler sa véritable identité : « je suis Raphaël l’un des 7 qui se tiennent sans cesse auprès de Dieu. Il m’a envoyé vers vous quand il entendait vos prières, afin de vous soulager dans vos épreuves ». Ce qui explique pourquoi Raphaël est systématiquement invoqué dans les difficultés matérielles ou financières, et pourquoi il est le protecteur des jeunes couples.

Il est également le saint patron des pharmaciens, des médecins, puisqu’il est l’archange guérisseur. Les biblistes considèrent qu’il est certainement l’archange qui veille sur la piscine de Bethesda à Jérusalem, cette piscine dont il est question dans l’Évangile de Jean et que c’est lui qui agite les eaux de la piscine où, dit-on, si les malades se plongent, ils sont immédiatement guéris quand elles se mettent à bouillonner.

Alors vous venez de parler des 7 qui se tiennent devant la gloire de Dieu. On connaît très bien dans la Bible les trois noms qui sont évoqués saint Michel, saint Raphaël, saint Gabriel. Pouvez-vous nous en dire plus sur les quatre autres ?

Les quatre autres ont été très longtemps abondamment priés mais il est difficile de prier des personnes dont on ne connaît pas les noms.
Connaître le nom de quelqu’un c’est avoir un pouvoir sur lui : pouvoir l’appeler et pouvoir le nommer. Or ces quatre esprits non incarnés, comme les appellent les écritures, nous ignorons leurs noms. C’est bien le problème : dès les livres juifs, et par la suite également chez les chrétiens, on va chercher à leur donner un nom. On va en inventer et on va les appeler Uriel, Phanuel, Raguel, le quatrième a un nom difficile à retenir qui m’échappe. Pour cette raison, les milieux ecclésiastiques vont commencer à s’inquiéter en se disant que ces noms, qui ne figurent pas dans la Bible et qui sonnent bizarrement, pourraient bien être des noms démoniaques.

Plusieurs conciles vont interdire ces invocations d’anges en disant : en dehors des noms d’anges qui figurent dans la Bible (saint Michel, Gabriel, Raphaël) tous les autres noms sont des noms de démons, il ne faut pas les invoquer, ce qui prendra beaucoup de temps.

On peut représenter les sept archanges et les honorer ensemble d’un culte spécial ; mais l’on doit alors s’abstenir de désigner par aucun nom ceux d’entre eux qui ne nous sont pas spécialement connus.


Bibliographie – Pour aller plus loin :

– Saint Raphaël « Dieu guérit » – Prières, 1997- Éditions Bénédictines
– L’Archange Raphaël – sa mission, son culte, 1998 – Raphaël Delarbre – Éditions Bénédictines

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