jeudi 21 janvier 2021

Un remake de Good bye Lenin !

Chers pèlerins,

La lecture de la synthèse de la Consultation sur l’application du Motu Proprio Summorum Pontificum (Lettre 780 publiée le 18 janvier 2021 par Paix Liturgique) est intéressante, un peu irritante parfois, en réalité guère étonnante, certainement rajeunissante. J’ai eu l’impression de vivre un remake de « Good bye Lenin » !

Qui a bien pu rédiger un tel document ? Comment la Conférence des Evêques de France peut-elle sortir un document éloigné des éléments convenus de langage comme de la plus élémentaire charité ?

Le texte en lui-même n’a rien de surprenant quand on fréquente certains milieux épiscopaux français. Il représente le canal historique des réformes progressistes, des grandes expériences pastorales, liturgiques et tutti quanti des années soixante. Ces réformes mal inspirées et mal conduites ont suscité en France une puissante réaction traditionnelle qui a créé, entre autres, Notre-Dame de Chrétienté. Benoît XVI avait voulu apaiser les esprits par un acte de réconciliation (le motu proprio Summorum Pontificum de 2007). La lecture de cette synthèse de la CEF montre bien que le motu proprio n’aura finalement jamais été ni accepté ni compris de nombreux diocèses.

Mais est-ce si simple ? Je ne le crois pas et c’est ce que je voudrais vous dire, chers pèlerins, qui êtes perplexes, voire écoeurés devant ces calomnies.

Nous croisons beaucoup de prêtres et séminaristes dans nos pèlerinages qui ne viennent pas tous, loin de là, des milieux dits « Eccesia Dei ». N’oublions pas nos conversations de pèlerinages avec tous ces prêtres, séminaristes et parfois des évêques. L’amitié catholique qui nous unit est bien plus importante que les ragots de la synthèse. Cette amitié est le fruit du motu proprio de Benoît XVI. Quand il était le cardinal Ratzinger, il nous avait assuré que nous avions toute notre place dans l’Eglise, comme nous étions, c’est-à-dire intégralement.

Chers amis pèlerins de Notre-Dame de chrétienté, je comprends votre ressentiment devant ces mauvais traitements. Vous êtes engagés sur vos lieux de travail, dans les écoles, les mouvements pro-vie, la défense de la famille, l’évangélisation, ... Vous vous battez tous les jours pour que vos enfants reçoivent un catéchisme catholique, des sacrements catholiques dans un monde athée et anti-catholique. Vous avez bien raison de soutenir les prêtres de communautés qui donnent leurs vies pour vos âmes. Ne nous laissons ni décourager, ni diviser. Cette synthèse de la CEF ne montre aucune compréhension pour la difficulté de la vie chrétienne dans un « monde qui a cessé d’être chrétien ». Ce monde anti-catholique, chers amis, vous l’avez reçu en héritage et ceux qui vous critiquent aujourd’hui et vous font des procès, sont ceux qui ont assisté au premier rang à l’effondrement de l’Eglise catholique en France !

Les dernières familles catholiques françaises « observantes » n’ont que faire de ces haines recuites, de ces rancoeurs racornies. Elles réclament simplement la charité élémentaire du catholique envers son prochain et pour le salut de nos âmes, la possibilité de faire l’expérience de la tradition.

Notre-Dame de Paris, priez pour nous,
Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,
Sainte Jeanne d’Arc, sauvez la France,
Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président de Notre-Dame de Chrétienté

vendredi 15 janvier 2021

Appel de Chartres n° 244

» Téléchargez le numéro 244 de l'appel de Chartres (janvier 2021)

Un numéro de 16 pages.

Au sommaire:

  • Edito de l’aumônier
  • Le mot du Président
  • Un chantier de l'année: le développement des réseaux sociaux
  • Communiqué Marche Pour la Vie: rdv dimanche 17 janvier à 15h
  • Quelques nouvelles: entretien avec Jean de Tauriers après la 6ème rencontre Summorum Pontificum
  • Hommage aux aumôniers: abbé Montarien, abbé de Nailly, abbé Comby... Ces aumôniers qui plantaient des âmes
  • Le jardinier de Dieu: hommage d'un ancien de la VIIème Paris

Notre-Dame de Chrétienté a besoin de vos prières

Chers amis pèlerins,

Bonne et sainte année 2021 à vous tous, à vos familles et vos proches.

Je n’oublie pas Notre-Dame de Chrétienté dans ces vœux en souhaitant de beaux pèlerinages et de nombreux pèlerins.

Aujourd’hui, Notre-Dame de Chrétienté a besoin de vos prières pour que le pélé 2021 ait lieu les 22, 23 et 24 mai dans les meilleures conditions possibles car quelle qu’en soit la forme notre pèlerinage verra à nouveau des milliers de pèlerins se tourner vers Notre Dame.

Vous le savez tous, bon nombre d’entre vous en font partie, notre organisation travaille dur sur le prochain pèlerinage et toute l’année. Nous sommes prêts depuis maintenant plusieurs mois à lancer le pèlerinage 2021 mais comment pourrions-nous engager des dépenses lourdes, obtenir les différentes autorisations administratives dans la situation sanitaire actuelle ? Les autorités n’ont aucune visibilité sur le prochain week-end de Pentecôte et ne peuvent se prononcer à ce jour.

Chers amis, je vous demande de prier Saint Joseph en ce début d’année. Saint Joseph est le saint patron des causes difficiles. Saint Joseph incarne cette force dont nous avons besoin. Nous faisons appel à lui avec confiance et tout particulièrement en ce moment puisque l’année 2021 lui a été consacrée par le Saint Père. Cette prière fervente et confiante ne nous empêchera pas de continuer à travailler à la préparation du pèlerinage pour nous adapter à toutes les situations.

Je vous demande de prier tous les soirs, en famille et sous la forme d’une neuvaine, cette prière en demandant à Saint Joseph d’intercéder pour que le pèlerinage 2021 ait lieu.

Ô vous que l'on a jamais invoqué en vain,
vous qui êtes si puissant auprès de Dieu que l'on a pu dire
"au Ciel, Joseph commande plutôt qu'il ne supplie",
tendre père, priez pour nous Jésus.
Soyez notre avocat auprès de ce divin Fils
dont vous avez été ici-bas le père nourricier et le protecteur fidèle.
Ajoutez à toutes vos gloires celle de gagner la cause difficile que nous vous confions.
Nous croyons, oui nous croyons que vous pouvez exaucer notre demande
en nous délivrant des peines qui nous accablent.
Nous avons la ferme confiance que vous ne négligerez rien
en faveur des affligés qui vous implorent.
Nous vous en supplions, ô bon Joseph, ayez pitié de nos larmes et de nos gémissements.
Couvrez-nous du manteau de vos miséricordes et bénissez-nous.
Ainsi soit-il

Notre-Dame de Paris, priez pour nous,

Notre-Dame de Chartres, priez pour nous,

Notre-Dame de la Sainte Espérance, convertissez-nous.

Jean de Tauriers
Président
Notre-Dame de Chrétienté

mercredi 06 janvier 2021

La dimension internationale du pèlerinage de Chartres

Entretien avec Jean de Tauriers après la 6ème Rencontre Summorum Pontificum (Lettre 778 du 6 Janvier 2021 - Paix Liturgique)

Nous publions ici l’entretien accordé à Paix liturgique par Jean de Tauriers, Président de Notre Dame de Chrétienté (France), à la suite de son intervention lors de la 6ème Rencontre Summorum Pontificum, qui s’est déroulée le 23 octobre 2020, à Rome, à l’Institut Maria Santissima Bambina, sur le thème de « La vitalité missionnaire de la messe traditionnelle ». On sait que Notre-Dame de Chrétienté organise le pèlerinage désormais historique de Chartres. Sur le souvenir des pèlerinages vers Chartres, en 1912 et 1913, de Charles Péguy, le pèlerinage a été longtemps un pèlerinage des étudiants catholiques de Paris, organisé par le Centre Richelieu, jusqu’à ce que la crise conciliaire le réduise à presque rien. Après qu’il ait vivoté pendant les années de plomb avec quelques étudiants et les scouts d’Europe naissant et le MJCF, il a été repris en 1983, à l’initiative de Rémi Fontaine, Dom Gérard et Bernard Anthony, par le Centre Charlier, pour devenir le pèlerinage de ND de Chrétienté en 1993. Le pèlerinage, devenu international, se déroule donc de Paris à Chartres, la vigile de Pentecôte, le dimanche et le lundi de Pentecôte, chaque année, entraînant sur les routes de Beauce près de 15.000 pèlerins. Jean de Tauriers, dans son intervention à la Rencontre avait parlé de « La dimension missionnaire et internationale du pèlerinage de Chartres », qui est aussi le sujet de cet entretien.

Cher Jean, je souhaiterais aborder avec vous la dimension internationale du pèlerinage de ND de Chrétienté. Pour débuter cet entretien, pouvez-vous nous dire si vous avez aujourd’hui des chapitres « étrangers » au pèlerinage ?

Jean de Tauriers - L’année 2020 ayant été très spéciale, je me baserai donc sur les chiffres de 2019. Nous étions à Chartres 14 000 pèlerins marcheurs et plus de 3 500 pèlerins non marcheurs (le chapitre des Anges gardiens). 2019 avait été une année exceptionnelle, nous n’avions jamais atteint des chiffres aussi importants. La croissance depuis 7 ans atteignait 8% par année en moyenne ce qui est considérable et montre bien l’attrait du pèlerinage de Chartres et de la messe en forme extraordinaire. La moitié de nos pèlerins a moins de 20 ans ce qui ne signifie pas que les plus âgés n’ont pas leur place au pèlerinage de chrétienté car toutes les générations sont bien représentées. Mais quand on sait qu’en France, le taux de pratique est de 1% parmi les jeunes, il est facile de comprendre l’importance de notre pèlerinage aujourd’hui dans l’Eglise.

La croissance numérique de ces dernières années est aussi venue des chapitres étrangers. En 2019, les pèlerins étrangers étaient très nombreux avec près de 40 chapitres Adultes et Familles et même un chapitre Enfants (moins de douze ans). Ces 40 chapitres représentaient environ 1 300 pèlerins, un quasi doublement depuis 2 ans !

Pouvez-vous nous en faire une sorte de panorama ?

Jean de Tauriers - La liste des pays participants est impressionnante : Allemagne, Angleterre, Pays de Galles, Australie, Belgique, Ecosse, Espagne, Etats-Unis, Irlande, Italie, Lituanie, Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Suède, Suisse, Tchéquie, Vietnam. Et je ne compte pas les chrétiens d’Orient (Liban, Irak, Syrie, …) intégrés dans les chapitres français.

Notre pèlerinage s’internationalise chaque année de plus en plus. En 2019, nous avions invité le mardi de Pentecôte, le lendemain du dernier jour de pèlerinage, les chefs de chapitres étrangers pour une rencontre dans Paris. Nous pensions que nous allions être peu nombreux après la Sainte Messe à Saint Eugène. Les pèlerins étaient certainement rentrés chez eux et tout le monde était de toute manière très fatigué. A notre grande surprise, nos amis étrangers sont venus en grand nombre pour rencontrer ceux qui organisent toute l’année le pèlerinage qu’ils venaient d’accomplir. Nous avons eu un grand et bon moment que nous essaierons de recommencer si Dieu le veut mais qui montre l’ambiance très particulière d’amitié catholique autour de cet événement.

 

Mais ces pèlerins étrangers sont-ils des personnes qui vivent en France ou bien des étrangers qui viennent en France spécialement pour le pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Les pèlerins étrangers viennent des pays dont je viens de parler. Les chapitres américains sont notamment des fidèles des premiers pèlerinages, il y a près de 40 années maintenant.

Notre-Dame de Chrétienté a une organisation spécifique dédiée à l’accueil des étrangers voulant faire le pèlerinage de Chartres. Un pèlerinage se prépare au moins 12 mois à l’avance quand nous ne sommes pas perturbés par l’épidémie de Covid. Nous disposons d’un réseau pour faire comprendre l’originalité de l’œuvre, tous les détails pratiques, comment y participer et comment s’y préparer.

Et avez-vous des prêtres étrangers qui participent au pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Avant de répondre à votre question, quelques chiffres sur le nombre des clercs participant au pèlerinage. Ils étaient plus de 330 en 2019 : 120 séminaristes et frères, 188 prêtres et 24 religieuses. Ces clercs viennent principalement des communautés ex Ecclesia Dei mais les diocésains viennent également pour une part significative. Nous y voyons là l’effet du Motu Proprio de Benoît XVI en 2007 avec une espèce de décloisonnement des mouvements et des événements du monde traditionnel.

Le plus souvent, les pèlerins étrangers viennent entourés par leurs prêtres qui connaissent fort bien le pèlerinage de chrétienté. En fonction des langues maîtrisées par les différents prêtres, nous savons organiser au mieux les différents temps de confession, de méditations pendant le pèlerinage et ainsi permettre la meilleure intégration possible.

 

Certains ont-ils essayé d’essaimer chez eux en y créant des pèlerinages dans leurs propres pays ? 

Jean de Tauriers - Nous avons aidé, il y a quelques temps, certains amis argentins, anciens pèlerins de Chartres. Un grand pèlerinage traditionnel s’est ainsi développé en Argentine entre Buenos Aires et Notre-Dame de Lujan, sainte patronne de l’Argentine.

De nombreuses initiatives sont également encouragées dans le cadre du chapitre des Anges gardiens qui réunit tous ceux qui ne peuvent marcher avec nous lors du pèlerinage mais qui veulent être en union spirituelle avec nos pèlerins marcheurs. Ces pèlerins, près de 3 500 en 2019, sont pour partie des étrangers ou des français expatriés. Parmi eux les chrétiens orientaux sont nombreux et pour beaucoup organisent dans leurs pays des temps de prières, des messes…

Nous cherchons aujourd’hui à mieux organiser notre réseau des Anges gardiens et avons besoin de cadres pour cela nous représentant dans les différents pays. Si un de vos lecteurs veut s’engager, il est le bienvenu, il suffit de téléphoner au secrétariat de NDC (01.39.07.27.00). Pourquoi n’aurions-nous pas autant de pèlerins marcheurs vers Chartres que de pèlerins Anges gardiens unis spirituellement au pèlerinage ?

Pensez-vous que cette dimension internationale va se développer au cours des prochaines années ?

Jean de Tauriers - La croissance est régulière depuis maintenant plusieurs années. Pourquoi s’arrêterait-elle ? Les catholiques pérégrinent nombreux à Lourdes, Fatima ou Czestochowa.

Notre pèlerinage traditionnel de chrétienté a vocation à devenir le grand pèlerinage international itinérant pour tous les catholiques attachés à la messe en forme extraordinaire. Le nombre des vocations, les engagements de tous types et toutes les conversions nous donnent courage et confiance pour améliorer notre organisation de plus en plus complexe.

 

D’une manière plus générale assiste-t-on dans tout le monde catholique à un renouveau du concept fort ancien de pèlerinage ?

Jean de Tauriers - Il me semble que le christianisme renaîtra dans les anciens pays occidentaux à partir des sanctuaires, pèlerinages ou monastères de même que la chrétienté est sortie des monastères au début du Moyen Age.

Notre pèlerinage est une nécessité spirituelle pour les pèlerins qui nous le disent. Pour beaucoup le pèlerinage est leur retraite annuelle. Et pour certains le pèlerinage est l’occasion de rencontrer un prêtre. Il est également une source de réconfort pour les clercs. Un prêtre diocésain m’avait écrit pour me dire qu’au pèlerinage de chrétienté nous savions ce qu’était un prêtre. Quelle phrase terrible ! J’ai souvent pensé aux souffrances endurées par ce prêtre diocésain pour écrire ainsi.

Le pèlerinage de chrétienté est un lieu de mission dans un monde athée et dans une Eglise en crise. Nos pèlerins viennent pour entendre un enseignement catholique, ce qui n’est pas si courant de nos jours. Le pèlerinage avec sa jeunesse du monde entier, sa liturgie tridentine, son exigence doctrinale rappelle à contre-courant de notre société relativiste, laïcarde et athée que le Christ doit régner sur nos sociétés. Où nos pèlerins entendraient-ils cette vérité si ce n’est au pèlerinage de chrétienté ?