BENOIT XVI : lucidité sur le monde musulman

dans la préparation du Synode sur le Moyen-Orient

Dans Le Figaro du 8 juin, Jean-Marie Guénois analyse l'instrumentum laboris, qui servira de base au synode sur le Moyen Orient. Extrait :

"La nouveauté de ce document est plutôt du côté de l’islam, qui occupe non une phrase mais la partie substantielle du texte, l’autre touchant aux problèmes ecclésiaux. Que dit ce texte vis-à-vis de l’islam ? Trois idées : une dénonciation, un rappel historique et une proposition.

La dénonciation porte sur la « montée d’un islam politique » depuis les années 1970 où « on voit augmenter un peu partout les attaques contre les chrétiens ». C’est un « phénomène saillant qui affecte la région », parce qu’il entend « imposer un mode de vie islamique à tous ceux qui y vivent, musulmans et non musulmans. (…) Ces courants extrémistes sont donc une menace pour tous, chrétiens, juifs et musulmans, et nous devons les affronter ensemble ».

Le rappel historique, même s’il est indubitable pour les chrétiens : « Nous appartenons au Moyen Orient et nous nous identifions. » Mais avec le paradoxe de voir que les chrétiens, qui ont été « les pionniers de la renaissance de la nation arabe » et qui apportent beaucoup sur le plan éducatif, culturel et social, sont aujourd’hui menacés de vivre en « ghetto».

Quant à la proposition, elle consiste à «distinguer la réalité religieuse et la réalité politique» alors que «les musulmans ne distinguent pas religion et politique, ce qui met les chrétiens en situation délicate de non-citoyens, alors qu’ils sont les citoyens de ces pays bien avant l’arrivée de l’islam». L’objectif serait «d’alléger le caractère théocratique des gouvernements en suivant le modèle d’une “laïcité positive”», ouverte aux religions. Et d’avancer en termes législatifs sur « la liberté religieuse et la liberté de conscience qui sont généralement inconnues dans le milieu musulman».

Ces idées vont apparaître à certains musulmans comme une provocation. Mais si l’Église catholique ose ainsi poser le problème, c’est que les chrétiens de Terre sainte - qui ont été directement consultés par Rome pour la rédaction de ce texte vigoureux - se trouvent déjà dans une problématique de vie ou de mort. Enfin, en s’opposant aux visées de l’islam politique pour préserver la convivialité des religions, qui a longtemps existé au Moyen Orient, Rome sait que l’enjeu de ce combat concerne tout l’Occident."

Voir ausi ici dans le Figaro