Lu sur le blog de l'Archidiocèse de Washington

Questions et réponses sur la "forme extraordinaire"

Nous donnons ci-dessous quelques extraits d'un texte de Mgr. Charles Pope, publié sur le blog officiel de l'Archidiocèse de Washington.
Lien vers l'ensemble du texte (en Anglais)

Pourquoi célébrer la messe en latin ?

Samedi 24 avril - Aujourd'hui, à 12h30, en la Basilique du Sanctuaire national de l'Immaculée Conception, une grand-messe pontificale solennelle sera célébrée selon la forme extraordinaire du rite romain.

Que ceux qui ne sont pas familiers avec le jargon ecclésiastique de la phrase précédente me laissent le leur décoder. La "forme extraordinaire" de la messe est la forme de la messe telle qu'elle était célébrée jusqu'en 1965, quand les changements liturgiques survinrent pour aboutir à la messe comme on la connaît à présent.

Avant cette date, la messe était célébrée exclusivement en latin mis à part l'homélie (et parfois les lectures) en langue vernaculaire. Le célébrant était orienté comme l'assistance, ce que certains ont décrit de façon erronée comme "tournant le dos aux fidèles". Dire qu'il s'agit d'une "grand-messe solennelle" signifie que toutes les rubriques de la célébration sont observées. Il y a de l'encens, des porteurs de cierge en plus et la plupart des prières et des lectures sont chantées. Le célébrant est également assisté d'un diacre et d'un sous-diacre. Dire qu'il s'agit d'une messe pontificale signifie qu'elle est célébrée par un évêque et compte deux diacres supplémentaires et un prêtre assistant. Monseigneur Edward Slattery, de Tulsa, est le célébrant aujourd'hui.

Quelques questions sont souvent soulevées par ceux qui ne sont pas familiers des splendeurs de la liturgie latine ou n'en mesurent pas la valeur sous cette forme.

1 - Pourquoi prier en latin, dans un langage inhabituel pour les fidèles ?

En termes simples, prier en latin c'est prier dans le langage sacré de l'Église. C'est un trait commun de nombreuses cultures dans l'histoire que de prier dans une langue différente de celle de tous les jours. La prière liturgique nous rapproche du paradis, un monde à part de celui qui nous entoure. Dans de nombreuses cultures, l'usage d'une langue particulière ou plus ancienne est un moyen de souligner cet aspect.

A l'époque de Jésus, les servants de la synagogue et du Temple utilisaient l'hébreu ancien. Jésus et ses contemporains ne parlaient plus hébreu mais araméen dans leur vie quotidienne. Cependant, quand ils priaient, ils utilisaient spontanément les prières anciennes qui étaient en hébreu. Dans l'Église primitive, on constate l'emploi du grec pour la liturgie alors que de nombreuses personnes parlaient latin dans l'Empire. Pour beaucoup le latin n'était pas approprié pour la liturgie parce que selon eux celle-ci avait besoin d'une langue plus soutenue que celle parlée par le peuple. Au Vème siècle cependant, le latin fut introduit dans la liturgie en Occident au moment où il devenait une langue plus vénérable jusqu'à finalement remplacer le grec (à part quelques survivances comme le Kyrie). Il demeura la langue de l'adoration divine jusqu'en 1965 quand les langues locales furent autorisées. Cependant l'intention de l'Église n'était pas que le latin disparaisse entièrement comme cela a été grandement le cas. Le latin demeure pour l'Église le langage officiel du culte.

Pourquoi prier en latin ? Pourquoi pas ? C'est pour nous une langue sacrée qui répond à l'instinct qui nous fait considérer la liturgie comme un monde à part qui nous porte au Ciel. Prier en vernaculaire n'est pas une erreur mais, à dire la vérité, ce n'est pas l'habitude au regard de l'histoire.

2 - Pourquoi le célébrant n'est-il pas face à nous et « nous tourne-t-il le dos » ?

C'est une description totalement erronée que de dire que le prêtre nous tourne le dos. Ce qui se passe en réalité c'est que le célébrant et l'assistance regardent dans la même direction. Ils regardent Dieu. Au centre de chaque autel se trouve un crucifix. Le prêtre dit la messe face à lui. Les fidèles et lui sont tournés vers le Seigneur.

Dans l'Église antique, non seulement on était tourné vers la Croix mais aussi vers l'est pour prier. Un texte ancien écrit vers l'an 250, la Didascalie des Apôtres indique : «Vous devez prier vers l'est, parce que, comme vous savez, l'Écriture dit 'date laudem Deo qui ascendit in caelum caeli ad orientem' (psaume 67, 34)». Au fil des siècles, il ne fut pas toujours possible d'orienter (littéralement : « tourner vers l'est », NdT) les églises afin que tout le monde puisse prier face à l'est. Le crucifix sur l'autel représentait alors l'est et le Seigneur. Chacun était donc tourné vers le Seigneur pour prier. L'idée de se faire face les uns les autres pour prier est très moderne et est inconnue à l'Église avant 1965. La réponse est donc que le célébrant fait face au Seigneur pour prier et nous aussi.