CHRISTIANOPHOBIE : SILENCE, ON PROFANE !

Lu dans "Présent" du mercredi 8 septembre 2010

L’église de Beaufort, la Vierge de Perrigny, le sanctuaire de Saint-Loup, l’église de Saint-Amour… Le mois d’août 2010 aura été particulièrement funeste pour les églises et autres lieux sacrés du Jura. En quelques semaines, en effet, ce joli département, habituellement si calme et où il fait si bon vivre, aura enregistré une hausse impressionnante des actes de vandalisme frappant des édifices catholiques. Une hausse qui s’inscrit, bien sûr, dans le contexte de celle récemment observée au niveau national par un ministère de l’Intérieur dont la passivité – voire l’indifférence – face à ces profanations ne fait qu’encourager un peu plus cette autre forme de barbarie.

Le 10 août dernier, l’église de Beaufort, édifice gothique du XVe siècle sis dans le Sud-Revermont, était ainsi prise pour cible par des vandales qui, non contents d’avoir dérobé trois reliquaires, devaient en outre fracturer plusieurs meubles et taguer l’église d’un « Nique ta mère »… Quelques jours plus tard, c’est la Vierge de Perrigny, à proximité de Lons-le-Saunier, qui était vandalisée : ses ongles étaient peints en rouge, la statue était badigeonnée de vert fluo, et une croix gammée salissait son socle. Le week-end du 15 août, une semaine avant son pèlerinage annuel, la petite commune de Saint-Loup, à une vingtaine de kilomètres de Dole, découvrait, consternée, que son sanctuaire dédié à la Vierge Marie avait été lui aussi saccagé. Sur le chemin de croix qui mène à une grotte de pierre, érigée il y a 75 ans à la mémoire de la Vierge, une dizaine de croix et le socle du calvaire avaient en effet été tagués de symboles nazis, et trois autres croix avaient été cassées et renversées. Au mois d’août encore, l’église de Saint-Amour, à une trentaine de kilomètres de Lons-le-Saunier, était, elle, la cible de cambrioleurs…

Autant d’affaires qui ont donné lieu à des plaintes, suivies de l’ouverture d’enquêtes qui n’ont pour l’instant abouti à l’arrestation que d’un seul individu, responsable des profanations de Saint-Loup : un adolescent de 17 ans, « désœuvré » nous dit-on, qui a reconnu les faits.

Si elle étonne des Jurassiens peu habitués à ce genre de délits, cette récente et soudaine multiplication des actes de vandalisme contre leurs églises s’inscrit en fait dans le contexte de l’inquiétante augmentation des profanations – antichrétiennes dans 90 à 95 % des cas – observée ces dernières années au niveau national par le ministère de l’Intérieur, et que Serge Guillen, sous-directeur de l’Information générale (ex-Renseignements généraux) au Ministère, devait reconnaître dernièrement. En effet, révélait en août Serge Guillen, « depuis la création de notre service en 2008, nous avons systématisé leur recensement. En 2008, 275 lieux de culte chrétiens ont été vandalisés (146 cimetières et 129 églises, chapelles ou calvaires). L’année suivante, les chiffres ont grimpé de 42 % à respectivement 180 et 209. Et pour le premier semestre 2010, nous sommes déjà à 288 actes recensés, tous lieux de culte chrétiens compris… »

Des chiffres qui, cependant, ne semblent pas perturber plus que cela les membres d’un gouvernement pourtant si prompt à s’émouvoir et à crier au scandale lorsqu’une mosquée ou une synagogue est prise pour cible par des vandales ! Et ce, alors même qu’un certain nombre de religieux et d’élus ont déjà tenté d’attirer leur attention sur cette inquiétante escalade des actes antichrétiens.

C’est ainsi qu’en février dernier, après le pillage de l’église Saint-Michel de Morangis, dans l’Essonne, le huitième lieu de culte du département dans ce cas en quelques mois, Mgr Michel Dubost, évêque d’Evry, s’était insurgé contre « le silence étourdissant » des « pouvoirs publics, des politiques, de la presse, de l’opinion publique » quand il s’agit de dégradations d’églises. Et depuis ? Rien.

Deux mois plus tard, c’est le député UMP de Vendée Louis Guédon qui devait à son tour interpeller le ministre de l’Intérieur devant l’Assemblée et lui demander quelles mesures il entendait « prendre pour protéger ces lieux chrétiens particulièrement visés ». Avant d’ajouter : « on ne peut que regretter le silence médiatique et institutionnel entourant les si nombreuses dégradations de sites chrétiens ». Depuis ? Toujours rien…

FRANCK DELETRAZ
Article extrait du n° 7174 du mercredi 8 septembre 2010