Un prêtre auprès de malades du sida

un livre de l'Abbé Lelièvre

Nous reproduisons ci-dessous un article paru dans "Présent" du samedi 26 mars 2011

Un prêtre auprès de malades du sida

"Je veux mourir vivant – Un prêtre auprès des malades du SIDA"

par l’abbé Hubert Lelièvre, éditions de l’Emmanuel.

2011.03.27_Abbe_Lelievre_couv_b.JPGJeune vicaire d’une paroisse romaine au milieu des années 1990, l’abbé Hubert Lelièvre se retrouve aumônier des sidéens, dans le plus grand service hospitalier dédié à cette maladie en Italie à une époque où le SIDA conduisait inéluctablement à la mort.
Auprès de jeunes Italiens qui avaient pour eux toutes les promesses de la vie, mais qui vont mourir, il découvre l’envers du décor de la société moderne. La solitude affective et le vide spirituel poussent beaucoup de jeunes, dans une quête éperdue et désordonnée d’amour et de sens, à chercher un exutoire dans le plaisir sexuel ou les drogues, quitte à y risquer leur vie.
La consommation sexuelle est encouragée auprès d’enfants aux corps d’adolescents (1) qui auront le cœur brisé d’espoirs amoureux impossibles et le corps conditionné à répéter mécaniquement des actes sexuels avec des partenaires de passage avant même d’avoir atteint l’âge adulte.
Seront-ils encore capables de croire dans l’amour et dans leur propre valeur ? Dans cette perspective, ces misérables satisfactions solitaires, égoïstes et mortifères sont une insulte à la dignité humaine de toute créature de Dieu.
L’hôpital qui accueillait ces vaincus d’une sexualité sans amour, d’une liberté sans vérité, est devenu l’antichambre de la miséricorde divine révélant en eux le visage d’un Dieu au cœur immense comme le Ciel consolant la terrible misère d’enfants qui crèvent dans leur corps de n’avoir pas trouvé l’amour auquel ils aspiraient dans leur cœur.
Des personnes qu’il a rencontrées, il brosse des portraits empreints de la délicatesse de l’homme de Dieu qu’il est. Etre malade du SIDA est rarement un hasard. C’est souvent le bout de la route d’une existence à la dérive, de mauvais choix promus par une société qui prétend combattre des conséquences dont elle encourage allègrement les causes. Et Dieu est présent auprès de ceux qui paient au prix fort l’inconséquence des adultes et la faiblesse de leur nature.
Le malade du SIDA est le témoin gênant des mensonges qui nous promettent le paradis terrestre. Tandis que la jouissance égoïste et désespérée mène la danse, des enfants meurent faute d’amour authentique. Car si le progrès des trithérapies permet aujourd’hui une survie confortable, le SIDA continue de tuer après de terribles déchéances physiques et morales. Mais on tue deux fois ces victimes par le refus orgueilleux de nos contemporains de regarder en face l’échec désastreux d’un certain modèle de société et de vie morale.
L’abbé Lelièvre avoue humblement s’être retrouvé confronté à ses limites humaines devant des êtres blessés par la vie, souffrant au-delà du supportable, angoissés par l’approche de la mort. Il reconnaît s’y être purifié, « rendu » au Christ quand tout paraissait perdu à vue humaine, « espérant contre toute espérance ».
Ce livre est véritablement spirituel, sans humanisme mièvre qui tourne en rond. Il replace l’homme dans son cheminement éternel et va droit à l’essentiel.
A commencer par les témoignages qu’il reçoit. Celui qui a mal vécu connaît mieux que quiconque la vérité de ses choix dont il paie le prix fort.
Il y rencontre les victimes de la drogue, si présente dans nos sociétés et qui tue si sûrement notre âme : « Je cherchais à fuir le mal que j’avais dedans. Habiter la solitude qui me gagnait petit à petit. Remplir ce vide en fait. (…) Je sais, c’est pas bien. C’était vite devenu un jeu. On jouait avec la mort. (…) La drogue, c’est se remplir de vide. » Paroles terribles qui révèlent le dérisoire d’une existence sans vérité et sans Dieu.
Il y réconforte cet homme qui a vécu dans l’homosexualité, à qui il révèle sa propre identité d’enfant de Dieu qu’il ignorait. Comme tant d’autres, il finira par revenir vers Dieu et mourra réconcilié avec son créateur, lui-même et les siens.
Un jeune bouddhiste sri-lankais demandera à Dieu qu’il ne connaît pas une grâce et l’obtiendra : « Nous, nous avons un dieu lointain. J’ai découvert un Dieu-Père, un Dieu qui m’aime et qui est proche de moi. » Il se convertira et mourra catholique.
Et cette enfant, au virus transmis par sa mère, dont la foi est si pure, si sûre et qui mourra saintement, en martyre de l’inconscience des adultes.
L’euthanasie aussi est abordée, cet appel au secours qui disparaît quand la vie retrouve un sens, bouleversement intérieur et révélation de cette paix à laquelle nous aspirons tous secrètement.
« Notre âme est sans repos tant qu’elle ne repose en Toi, ô, mon Dieu. » (2) Dans ce livre prophétique, la vie est toujours victorieuse sur la mort.
Une jeune malade le dit d’ailleurs, qui a donné le titre au livre : « Je veux vivre, confesse-moi tout de suite, je veux mourir vivante. » Chemin de vie incomparable auprès de ceux qui, prochainement, verront Dieu. Cri d’espérance à nos sociétés qui ont perdu le goût de vivre dans la lumière de la vérité.
Le SIDA est l’enfant naturel du matérialisme marchand où tout se monnaie et rien n’a plus de valeur. Ce virus est celui d’une « Société Immuno Déficiente d’Amour », comme le dit si bien un jeune malade.
Ce livre nous montre que rien n’est jamais perdu, que la pauvreté de la maladie révèle souvent une personne à elle-même et que nulle fatalité ne peut vaincre un cœur qui veut aimer et une âme dont l’aspiration restera toujours la Vie.
Une vraie leçon de Vie que je vous invite à ne pas manquer.

Dominique Morin

(1) Combien de ces promoteurs de la sexualité des jeunes adolescents accablent l’Eglise quand certains de ses membres débauchent des jeunes ?
(2) Saint Augustin, Confessions.
Article extrait du n° 7315 du samedi 26 mars 2011
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