Homélie de l’abbé Coëffet le dimanche de Pentecôte

Messe aux "Courlis"

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Abbe Coeffet 2Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Ainsi- soit –il.

Chers pèlerins,

En ce Dimanche de Pentecôte, c’est bien évidemment le Saint-Esprit qu’il nous faut d’abord invoquer : Il est l’expression personnifiée de l’Amour mutuel du Père et du Fils. La Sainte Trinité se trouve ainsi à la tête de notre pèlerinage. Le renouvellement non-sanglant de l’unique sacrifice du Christ nous permet d’adresser à cette même Sainte Trinité la plus parfaite adoration. C’est par le Saint-Esprit que nous laissons notre âme pénétrer le plus grand mystère de notre religion : Lui seul peut nous donner le goût et la connaissance de la Vérité.

Mais, chers pèlerins, la Vérité ne peut pas rester dans les hautes sphères réservées à quelques intellectuels. Celui qui a affirmé « qu’il était la voie, la vérité et la vie » est Dieu fait homme. Par Sa divinité, Il nous montre l’amour créateur de Dieu pour Sa créature. Par Son humanité parfaite, Il affirme que cette créature n’est véritable que dans son lien avec Dieu. Le Christ a voulu être homme. N’est-ce pas pour montrer que l’appartenance à Dieu se réalise dans les réalités les plus simples et les plus quotidiennes ? La Sainteté n’est pas celle des miracles : elle est d’abord la vie de chaque jour.

Nous sommes aujourd’hui protégés par les époux Beltramme-Quattroci, béatifiés comme couple par le pape Jean-Paul II le 21 Octobre 2001. La volonté du Saint-Père était évidente : à travers ce couple exemplaire, Jean-Paul II voulait hisser sur un pavois mérité la famille chrétienne.

La famille ! L’œuvre majeure de l’Eglise à travers les siècles. L’Eglise a humanisé la famille païenne de la Rome antique : elle a remplacé la « bulla » par laquelle le père de famille acceptait ou refusait l’enfant, par le Baptême, puisque Dieu accueille tous les enfants conçus en créant leur âme personnelle. L’Eglise a christianisé la famille barbare en lui expliquant son véritable rôle, dépassant largement la place de la tribu. Ce faisant, elle a jeté, en plein désordre, les bases de la Patrie, préparation organisée de la véritable patrie du ciel.

Et voici que, du désordre humain, se lève le rameau de l’ordre divin : la grande famille bénédictine essaime à travers l’Europe, fortifiant la famille, de toute nation, de toute origine, lui donnant ses lettres de noblesse, rappelant aux parents l’honneur du sacrement reçu et donné au mariage, apprenant aux enfants l’obéissance, vertu mère de la Tradition. A l’ombre du monastère, la famille a plongé ses racines dans le terreau des abbés de Cluny et de Citeaux.

Comment s’étonner alors que le véritable défenseur de la Cité, le vrai politique, qu’il fût roi, empereur ou seigneur, ne désire aucune autre forme d’action que celle de la famille ? Par la chevalerie chrétienne, le seigneur est d’abord le premier responsable du pacte qui le lie aux familles qui lui sont confiées. Le roi ou l’empereur savent que l’honneur n’est possible que si la charge est remplie, charge que Dieu seul confie en se servant des institutions humaines. Ne les voyez-vous pas, frères pèlerins ? Ils sont là, ils veillent, leur grandeur se r éveille à votre vue. Saint Louis du royaume des lys, Saint Edouard de la vénérable Angleterre catholique, Saint Etienne, de la Hongrie, rayonnante de sa lutte millénaire contre toute forme de totalitarisme, jusqu’au Bienheureux Charles de Habsbourg, dernier empereur, mais premier de ceux qui ont désiré avant tout donner à la famille la paix de Dieu.

Ô vous, saints et saintes, bienheureux et bienheureuses, nous vous implorons, nous croyons, nous vous aimons. Vous êtes les chefs de cette armée invisible de chacune de nos familles, de nos ancêtres, dont la terre porte encore le nom, héros authentiques et discrets de chacune de nos patries.

Car voici que l’ennemi de mort se lève contre l’Auteur de la Vie, ennemi rempli d’orgueil et d’impudence. Chers pèlerins, il jette dans l’opprobre votre foule merveilleuse de ce jour, le chant d’innocence joyeuse de vos enfants, l’attention respectueuse que nous portons tous aux anciens, l’hymne glorieux de nos familles. Il nous oppose la tristesse libertaire de l’avortement, la pourriture étatique et organisée de nos enfants, la satisfaction pharisaïque de l’exécution de nos anciens, l’inversion démoniaque et sinistre de la famille naturelle.

Et voilà pourquoi nous nous levons.

Qu’avons-nous à leur opposer ?

Parents, vous possédez cet amour vivifié de chaque jour, la réalité du sacrement qui grandit quotidiennement. Vous savez bien que vous n’êtes parfaits, ni l’un, ni l’autre. Mais vous savez bien aussi que le sourire qui pardonne construit davantage que l’aigreur de la rancune. Chacun de vos anges gardiens est près de vous : il vous conseille la patience et la persévérance, la véritable confiance en Dieu. Et lorsque le découragement envahit le foyer, l’ange gardien saisit la balance du mariage et montre le plateau chargé du rayon divin qui fabrique la sainteté des époux, dont chacun pense à l’autre pour regarder ensemble.

Enfants, ne vous laissez pas prendre par l’ennui mondain qui ne sait rien, ne veut rien, ne comprend rien. Regardez vos parents : ils vous apprennent la richesse de ceux qui vous ont précédé : nobles ou roturiers, gens des armes ou commerçants, paysans ou ouvriers, connus ou inconnus, vous portez désormais l’honneur et la richesse d’un nom qu’il vous appartient de faire respecter par l’exemple que vous donnerez. Apprenez, et vous serez grands ! Maintenez et développez l’héritage : vous construisez demain.

Cette sainteté quotidienne et familiale nous fait proclamer :

Le modèle de la famille est unique : un père, une mère, des enfants.

Avec l’Eglise, nous affirmons que l’école est l’auxiliaire privilégié des parents, premiers et légitimes dépositaires de l’éducation de leurs enfants. L’école ne peut pas remplacer. L’école ne doit pas s’opposer. Aucune autorité, spirituelle ou temporelle, ne peut prendre la place des parents. La vie ne se décompose pas en morceaux : elle est ou elle n’est pas. De la conception à la mort, l’homme est dépositaire de ce qui ne lui appartient pas. Dépositaire, donc responsable. Responsable, donc devant rendre compte.

Alors, pèlerins et familles réunis, n’oubliez pas : la sainteté s’apprend sur les genoux de notre mère, par l’instruction de notre père, par le respect de ceux et celles dont le regard commence de rejoindre l’Eternité.

Aux armes, catholiques ! Le combat de la famille est le combat de Dieu !

Ainsi-soit-il.

Abbé Denis Coeffet
Aumônier général de Notre Dame de Chrétienté