Le 15 août avec les évêques de France

Prière nationale pour la France

Un article d'Olivier Figueras

paru dans "Présent" n° 7655 daté du mercredi 1er août 2012


Dans une lettre envoyée aux évêques le 25 juillet et publiée par la Conférence des évêques de France, son président le cardinal André Vingt-Trois leur fait une « proposition nationale pour une prière des fidèles en la fête de l’Assomption, le 15 août 2012 ».
Enfin ! pourrait-on dire, la fête patronale de la France lui est rendue. Celle du vœu de Louis XIII, en 1638, qui lui consacra son royaume, son pays, la France, exhortant les évêques de son royaume à célébrer cette même solennité. Est-ce, à travers les siècles, l’écho de la voix du roi de France, de Louis XIII, qui retentit ainsi aux oreilles du cardinal André Vingt-Trois ? « Nous admonestons le sieur archevêque de Paris, déclarait-il, et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son Eglise cathédrale et qu’après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession, etc. »
Certes, nous n’en sommes pas là. Mais après des années, des décennies de silence, durant lesquelles les Français ont pu croire que la France commençait en 1789, et que sa fête se célébrait au 14 juillet, cet écho, même timide, de la dévotion du pieux roi, cet appel à la prière peut être perçu comme une renaissance.
Oh ! certes, on nous explique, ici et là, et avec force insistance, qu’il s’agit « de ne pas laisser les groupes de catholiques les plus extrêmes figurer seuls dans le débat public ».
Cette assertion, recueillie auprès de notre catholique confrère La Croix, appelle une question, et sous-entend un aveu.
Il aurait donc été extrémiste, jusqu’ici, de prier pour la France ? Et de participer au débat public ? Et l’un et l’autre ne le seraient plus ?
C’est du moins ce qu’on a voulu nous faire croire… L’Eglise de France reconnaît aujourd’hui, « l’Eglise qui est en France » reconnaît qu’elle y était comme une étrangère qui ne participait pas au débat public.
Ce qu’elle veut désormais faire…
Très bien ! Comme le rappelait Benoît XVI à l’occasion de cette même fête l’année dernière, « ce n’est que si Dieu est grand que l’homme est également grand ».
Et on ne nous fera pas croire que c’est tout simplement pour lutter contre on ne sait trop quel extrémisme catholique – qu’on se garde bien, au demeurant, de préciser, de définir.
Il y a, à cela, deux raisons. La première est négative : si cela était, pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi aujourd’hui alors que les catholiques (ainsi montrés d’un doigt virtuel au moment de reprendre un rituel qu’ils avaient conservé) n’ont cessé de prier le 15 août pour la France, n’ont cessé de réitérer le vœu du roi Louis XIII ?
La seconde est positive, et ressort très clairement du texte du « sieur archevêque de Paris ». Il s’agit de prier pour les récents élus, pour leur sens du bien commun, pour les familles, et pour que les enfants puissent « bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ».
Ce n’est pas suffisamment clair ? Eh bien notre confrère précise : « Le cardinal Vingt-Trois explique aussi qu’il lui semblait opportun “d’adresser un signal fort”, au moment où le législateur se penche sur la famille. »
C’est bien ce qui s’appelle mettre les points sur les i ! Et cela prouve que cette décision de prier pour la France n’a rien à voir avec un quelconque extrémisme catholique, mais bien avec la situation de la France, soumise aujourd’hui non plus à une laïcité positive qu’on a pu croire adaptable au catholicisme, mais bien à une laïcité de combat qui, de Jules Ferry à François Hollande, voudrait faire de la prière un simple événement personnel, cantonné à la prière au pied du lit et aux sacristies.
Aujourd’hui, le cardinal-archevêque de Paris dit que c’en est trop. Il appelle à une prière nationale parce que, quoi qu’en pensait Jules ferry, et quoi que répète François Hollande, la France est littéralement pétrie, charnellement constituée de catholicisme, qui a été abreuvée de l’eau du baptême de Clovis, du sang de ses martyrs et de la prière de ses saints, de tous ses enfants de Dieu.
Le 15 août donc, Eminence, nous serons là pour prier pour la France !