Le procès de Jeanne d’Arc

Réédition tu texte intégral

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Laissons la parole à Alain Sanders, dans "Présent" pour présenter cette réédition du texte établi par robert Brasillach


Le six-centième anniversaire johanniste nous vaut des dizaines d’ouvrages dont quelques-uns douloureusement sulpiciens, certains réussis, d’autres moins. Comme le dirait une célèbre – et très utile – association de défense des consommateurs : « Que choisir ? »
Eh bien, j’ai envie de dire qu’il ne faut pas hésiter : il faut – d’abord – choisir Le Procès de Jeanne d’Arc, publié initialement chez Gallimard, en 1941, à partir d’un texte établi par Robert Brasillach, et réédité par les Editions de Paris (avec une présentation de François Bluche).
Pourquoi ce choix prioritaire ? Parce que c’est Jeanne qui parle. Et que tous les érudits, les historiens, les exégètes, les spécialistes, ne feront jamais mieux – pour aider à la connaissance de Jeanne – que Jeanne elle-même, admirable de courage, de foi et même, chapeau, vu les circonstances ! – d’humour.
François Bluche rappelle très justement : « Robert Brasillach, publiant sous une forme accessible le Procès de condamnation de 1431, les Editions de Paris le rééditant aujourd’hui, n’ont nullement cherché à faire œuvre d’érudition, mais à arracher la mémoire de Jeanne à “la poudre du greffe” (Sainte-Beuve), après Guicherat et Champion, pour que nous puissions – jeunes ou vieux – communiquer avec l’héroïne de la France, saisir son message de gloire et de sacrifice, nous imprégner de son mystère. »
Face à elle, Jeanne a des pédants et des méchants. Avec des mots simples – mais inspirés – elle les renvoie dans les cordes. Ils veulent la piéger, elle leur oppose son innocence. Leur style est amphigourique, le sien est naturel, pur, lumineux.
Et Brasillach le dit bien qui écrit : « Le plus émouvant et le plus pur chef-d’œuvre de la langue française n’a pas été écrit par un homme de lettres. Il est né de la collaboration abominable et douloureuse d’une jeune fille de dix-neuf ans, visitée par les anges, et de quelques prêtres mués, pour l’occasion, en tortionnaires. »
Et à ceux qui objecteraient que Jeanne n’a pas tenu de plume pour écrire un livre, le poète répond : « Pas plus que le Christ. » Et ce n’est pas un hasard si le mot qui revient le plus souvent dans le procès est le mot lumière. Ils sont aveugles. Elle les éclaire. Ils sont sourds. Elle les oblige à l’écouter, sinon à l’entendre. Ils n’ont pas de cœur. Elle ouvre le sien sans ostentation. Et quand les chattemites hypocrites croient la pousser dans ses retranchements, elle les balaie d’une simple phrase : « Me croyez-vous prendre par cette manière et par cela m’attirer à vous ? »
Jeanne d’Arc par elle-même. Dans toute son authenticité. Les minutes d’un procès pour l’éternité. Jeanne, bergère, chef de guerre, sainte et martyre. Comment ne pas l’aimer ?

Editions de Paris, 13, rue Saint-Honoré, 78000 Versailles. Prix : 23 euros.


ALAIN SANDERS
Article extrait de "Présent" n° 7669 du mercredi 22 août 2012