Mgr. Marc Aillet : s'opposer à la dénaturation du mariage - prière et action

« L’action politique déborde de la prière »

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« L’action politique déborde de la prière »

Extraits de l'éditorial de Mgr Aillet dans la revue diocésaine "Notre Eglise" de novembre :

"Le projet de loi sur le « mariage » entre personnes de même sexe avec le droit d’adopter des enfants rencontre de plus en plus d’opposition : l’Eglise catholique, par la voix de nombreux évêques, mais aussi des responsables des grandes religions et des autres confessions chrétiennes, des maires et des députés y compris dans les rangs socialistes, des pédopsychiatres, psychanalystes et psychologues s’élèvent contre ce qu’il convient d’appeler une « dénaturation » du mariage. Ne faut-il pas reconnaître ici, n’en déplaise aux incrédules, la puissance de la prière proposée à toutes les paroisses catholiques de France par le Cardinal André Vingt-Trois pour la fête de l’Assomption de Notre-Dame et qui a largement ouvert le débat dans l’opinion publique ? A tel point que désormais, une majorité de Français interrogés s’oppose à l’adoption des enfants par des couples de même sexe, et que le gouvernement a préféré reporter l’examen parlementaire du projet de loi.
Comme le Pape Benoît XVI l’affirmait devant le premier groupe d’évêques français en visite ad limina, le 21 septembre dernier : « Défendre la vie et la famille dans la société n’est en rien rétrograde, mais plutôt prophétique (…) Nous avons là un véritable défi à relever » ; et d’ajouter, en nous rejoignant dans notre actualité présente : « Mariage et famille sont des institutions qui doivent être promues et garanties de toute équivoque possible quant à leur vérité, parce que tout dommage qui leur est causé constitue de fait une blessure pour la convivialité humaine comme telle ». De nombreuses associations, d’inspiration chrétienne ou non, se mobilisent actuellement pour exiger un débat public et faire barrage à ce projet de loi. Il est de mon devoir d’évêque de les soutenir dans leur bon combat, comme d’encourager les fidèles de mon diocèse à s’engager à leur côté. Le Saint-Père ne nous rappelait-il pas, lors de la même visite ad limina, que « la tâche spécifique des fidèles laïcs est l’animation chrétienne des réalités temporelles au sein desquelles ils agissent de leur propre initiative et de façon autonome, à la lumière de la foi et de l’enseignement de l’Eglise » ?
(...) Le bon sens suffit à réprouver l’adoption d’enfants par des couples de même sexe et c’est sur ce « droit de l’enfant », le grand oublié des revendications actuelles, que se concentre précisément l’opposition au projet de loi. Il faut cependant aller plus loin et s’opposer fermement au mariage lui-même entre personnes de même sexe que la majorité des personnes homosexuelles ne demandent pas et qui est revendiqué par des lobbies ultra-minoritaires, exerçant un véritable terrorisme sur l’opinion publique. Ce n’est pas être « homophobe » que d’affirmer que le droit au mariage nécessite l’altérité des sexes qui seule peut structurer et garantir des relations harmonieuses et apaisées au sein de la société, dont la famille est assurément la cellule de base ; ni de continuer à dire que les relations homosexuelles sont désordonnées et contreviennent gravement au dessein de Dieu sur le mariage et la famille (cf. Catéchisme de l’Eglise Catholique 2357-2359). Dénier ce « droit au mariage » aux personnes de même sexe ne relève aucunement de la discrimination : toute personne mérite d’être reconnue et respectée dans sa dignité, mais cette dignité précède l’orientation sexuelle d’une personne et repose fondamentalement sur son identité qui est toujours, quelles que soient ses tendances ou ses modes de vie, d’être un homme ou une femme. Il y aurait en revanche une discrimination injuste pour la grande majorité des couples et pour les enfants à qui l’on dénierait institutionnellement le droit d’être élevés par un père et une mère, à redéfinir le mariage et la filiation dans le code civil, sous la pression, somme toute, d’une poignée de militants.
En nous proposant Jeanne d’Arc, dont nous célébrons cette année le sixième centenaire de la naissance, comme « un modèle de sainteté laïque au service du bien commun », le Pape Benoît XVI a souligné que « l’un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l’expérience mystique et la mission politique ». Comme le disait autrement Marthe Robin, la stigmatisée de Chateauneuf de Galaure : « l’action politique déborde de la prière ». Face au pouvoir absolu de l’actuelle majorité parlementaire et aux puissants moyens médiatiques déployés, ce combat n’est certes pas à armes égales, comme celui de David contre Goliath. Mais il s’agit d’un combat spirituel, dans lequel nous devons nous engager avec des armes spirituelles : la charité envers les personnes, dont nous ne saurions jamais nous départir, et la prière, par laquelle nous confierons au Seigneur un combat qui n’est pas le nôtre mais le sien, car il en va de l’accomplissement de son dessein créateur. Forts de ces moyens spirituels, nous ne négligerons pas pour autant les moyens politiques qu’une démocratie participative met à la disposition des citoyens."