9. Année de la foi: Dimanche de la septuagésime

La création : œuvre commune de la Sainte Trinité
Le mystère de la création
Dieu réalise son dessein : la divine Providence


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«La Création»


La_creation_champaigne.jpgLa liturgie a connu très tôt comme une préface au temps du Carême : le temps de la septuagésime ; il sert de transition entre le cycle de Noël, centré sur le mystère de l’Incarnation, et celui de Pâques, centré sur le mystère de la Rédemption, c’est‐à‐dire le salut accompli par le Christ. Pour mieux comprendre l’oeuvre rédemptrice, la liturgie du dimanche de la septuagésime tourne nos regards vers la création, avant de s’arrêter sur le drame du péché originel et sur la réponse divine qu’y apporte le Christ. « Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ” (Gn 1, 1). C’est avec ces paroles solennelles que commence l’Écriture Sainte. Le Symbole de la foi reprend ces paroles en confessant Dieu le Père Tout-puissant comme “ le Créateur du ciel et de la terre ”, “ de l’univers visible et invisible ”. » (279)

La création : œuvre commune de la Sainte Trinité


290 “ Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre ” (Gn 1, 1) : trois choses sont affirmées dans ces premières paroles de l’Écriture : le Dieu éternel a posé un commencement à tout ce qui existe en dehors de lui. Lui seul est créateur (le verbe “ créer ” – en hébreu bara – a toujours pour sujet Dieu). La totalité de ce qui existe (exprimé par la formule “ le ciel et la terre ”) dépend de Celui qui lui donne d’être.
291 “ Au commencement était le Verbe (...) et le Verbe était Dieu. (...) Tout a été fait par lui et sans lui rien n’a été fait ” (Jn 1, 1‐3). Le Nouveau Testament révèle que Dieu a tout créé par le Verbe Éternel, son Fils bien‐aimé. C’est en lui “ qu’ont été créées toutes choses, dans les cieux et sur la terre (...) tout a été créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose et tout subsiste en lui ” (Col 1, 16‐17). La foi de l’Église affirme de même l’action créatrice de l’Esprit Saint : il est le “ donateur de vie ” (Symbole de Nicée‐Constantinople), “ l’Esprit Créateur ” (“ Veni, Creator Spiritus ”), la “ Source de tout bien ” (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte).
292 Insinuée dans l’Ancien Testament (cf. Ps 33, 6 ; 104, 30 ; Gn 1, 2‐3), révélée dans la Nouvelle Alliance, l’action créatrice du Fils et de l’Esprit, inséparablement une avec celle du Père, est clairement affirmée par la règle de foi de l’Église : “ Il n’existe qu’un seul Dieu (...) : il est le Père, il est Dieu, il est le Créateur, il est l’Auteur, il est l’Ordonnateur. Il a fait toutes choses par lui-même, c’est‐à‐dire par son Verbe et par sa Sagesse ” (S. Irénée, hær. 2, 30, 9), “ par le Fils et l’Esprit ” qui sont comme “ ses mains ” (ibid., 4, 20, 1). La création est l’œuvre commune de la Sainte Trinité.


+ « Le monde a été créé pour la gloire de Dieu »:

293 C’est une vérité fondamentale que l’Écriture et la Tradition ne cessent d’enseigner et de célébrer : “ Le monde a été créé pour la gloire de Dieu ” (Cc. Vatican I : DS 3025). Dieu a créé toutes choses, explique S. Bonaventure, “ non pour accroître la Gloire, mais pour manifester et communiquer cette gloire ” (sent. 2, 1, 2, 2, 1). Car Dieu n’a pas d’autre raison pour créer que son amour et sa bonté : “ C’est la clef de l’amour qui a ouvert sa main pour produire les créatures ” (S.Thomas d’A., sent. 2, prol.)
294 La gloire de Dieu c’est que se réalise cette manifestation et cette communication de sa bonté en vue desquelles le monde a été créé. Faire de nous “ des fils adoptifs par Jésus‐Christ : tel fut le dessein bienveillant de Sa volonté à la louange de gloire de sa grâce ” (Ep 1, 5‐6) (…). La fin ultime de la création, c’est que Dieu, “ qui est le Créateur de tous les êtres, devienne enfin ‘tout en tous’ (1 Co 15, 28), en procurant à la fois sa gloire et notre béatitude ” (AG 2).


Le mystère de la création


+ Dieu crée par sagesse et par amour :

295 Nous croyons que Dieu a créé le monde selon sa sagesse (cf. Sg 9, 9). Il n’est pas le produit d’une nécessité quelconque, d’un destin aveugle ou du hasard. Nous croyons qu’il procède de la volonté libre de Dieu qui a voulu faire participer les créatures à son être, sa sagesse et sa bonté : “ Car c’est toi qui créas toutes choses ; tu as voulu qu’elles soient, et elles furent créées ” (Ap 4, 11).“ Que tes oeuvres sont nombreuses, Seigneur ! Toutes avec sagesse tu les fis ” (Ps 104, 24). “ Le Seigneur est bonté envers tous, ses tendresses vont à toutes ses oeuvres ” (Ps 145, 9).


+ Dieu crée “ de rien ” un monde ordonné et bon:

296 Nous croyons que Dieu n’a besoin de rien de préexistant ni d’aucune aide pour créer (cf. Cc. Vatican I : DS 3022). La création n’est pas non plus une émanation nécessaire de la substance divine (cf. Cc. Vatican I : DS 3023‐3024). Dieu crée librement “ de rien ” (DS 800 ; 3025) : « Quoi d’extraordinaire si Dieu avait tiré le monde d’une matière préexistante ? Un artisan humain, quand on lui donne un matériau, en fait tout ce qu’il veut. Tandis que la puissance de Dieu se montre précisément quand il part du néant pour faire tout ce qu’il veut. » (S. Théophile d’Antioche, Autol. 2, 4 : PG 6, 1052).
298 Puisque Dieu peut créer de rien, il peut, par l’Esprit Saint, donner la vie de l’âme à des pécheurs en créant en eux un coeur pur (cf. Ps 51, 12), et la vie du corps aux défunts par la Résurrection, Lui “ qui donne la vie aux morts et appelle le néant à l’existence ” (Rm 4, 17).
299 Puisque Dieu crée avec sagesse, la création est ordonnée : “ Tu as tout disposé avec mesure, nombre et poids ” (Sg 11, 20). Créée dans et par le Verbe éternel, “ image du Dieu invisible ” (Col 1, 15), elle est destinée, adressée à l’homme, image de Dieu (cf. Gn 1, 26), appelé à une relation personnelle avec Dieu. Notre intelligence, participant à la lumière de l’Intellect divin, peut entendre ce que Dieu nous dit par sa création (cf. Ps 19, 2‐5), certes non sans grand effort et dans un esprit d’humilité et de respect devant le Créateur et son oeuvre (cf. Jb 42, 3). Issue de la bonté divine, la création participe à cette bonté (“ Et Dieu vit que cela était bon (...) très bon ” : Gn 1, 4. 10. 12. 18. 21. 31). Car la création est voulue par Dieu comme un don adressé à l’homme, comme un héritage qui lui est destiné et confié. L'Église a dû, à maintes reprises, défendre la bonté de la création, y compris du monde matériel (cf. DS 286 ; 455‐463 ; 800 ; 1333 ; 3002).


+ Dieu transcende la création et lui est présent :

300 Dieu est infiniment plus grand que toutes ses œuvres (cf. Si 43, 28) : “ Sa majesté est plus haute que les cieux ” (Ps 8, 2), “ à sa grandeur point de mesure ” (Ps 145, 3). Mais parce qu’Il est le Créateur souverain et libre, cause première de tout ce qui existe, Il est présent au plus intime de ses créatures : “ En Lui nous avons la vie, le mouvement et l’être ” (Ac 17, 28). Selon les paroles de S. Augustin, Il est “ plus haut que le plus haut de moi, plus intime que le plus intime ” (Conf. 3, 6, 11).


Dieu réalise son dessein : la divine Providence


302 La création a sa bonté et sa perfection propres, mais elle n’est pas sortie tout achevée des mains du Créateur. Elle est créée dans un état de cheminement (“ in statu viæ ”) vers une perfection ultime encore à atteindre, à laquelle Dieu l’a destinée. Nous appelons divine providence les dispositions par lesquelles Dieu conduit sa création vers cette perfection.
303 Le témoignage de l’Écriture est unanime : la sollicitude de la divine providence est concrète et immédiate, elle prend soin de tout, des moindres petites choses jusqu’aux grands événements du monde et de l’histoire. Avec force, les livres saints affirment la souveraineté absolue de Dieu dans le cours des événements : “ Il y a beaucoup de pensées dans le cœur de l’homme, seul le dessein de Dieu se réalisera ” (Pr 19, 21).
322 Le Christ nous invite à l’abandon filial à la Providence de notre Père céleste (cf. Mt 6, 26‐34), et l’apôtre S. Pierre reprend : “ De toute votre inquiétude, déchargez‐vous sur lui, car il prend soin de vous ” (1 P 5, 7 ; cf. Ps 55, 23).


+ La providence et les causes secondes :

306 Dieu est le Maître souverain de son dessein. Mais pour sa réalisation, Il se sert aussi du concours des créatures. Ceci n’est pas un signe de faiblesse, mais de la grandeur et de la bonté du Dieu Tout‐puissant. Car Dieu ne donne pas seulement à ses créatures d’exister, il leur donne aussi la dignité d’agir elles‐mêmes, d’être causes et principes les unes des autres et de coopérer ainsi à l’accomplissement de son dessein.
307 Aux hommes, Dieu accorde même de pouvoir participer librement à sa providence en leur confiant la responsabilité de “ soumettre ” la terre et de la dominer (cf. Gn 1, 26‐28). Dieu donne ainsi aux hommes d’être causes intelligentes et libres pour compléter l’œuvre de la Création, en parfaire l’harmonie pour leur bien et celui de leur prochains. Coopérateurs souvent inconscients de la volonté divine, les hommes peuvent entrer délibérément dans le plan divin, par leurs actions, par leurs prières, mais aussi par leurs souffrances (cf. Col 1, 24). Ils deviennent alors pleinement “ collaborateurs de Dieu ” (1 Co 3, 9 ; 1 Th 3, 2) et de son Royaume (cf. Col 4, 11).
308 C’est une vérité inséparable de la foi en Dieu le Créateur : Dieu agit en tout agir de ses créatures. Il est la cause première qui opère dans et par les causes secondes : “ Car c’est Dieu qui opère en nous à la fois le vouloir et l’opération même, au profit de ses bienveillants desseins ” (Ph 2, 13 ; cf. 1 Co 12, 6). Loin de diminuer la dignité de la créature, cette vérité la rehausse. Tirée du néant par la puissance, la sagesse et la bonté de Dieu, elle ne peut rien si elle est coupée de son origine, car “ la créature sans le Créateur s’évanouit ” (GS 36, § 3) ; encore moins peut‐elle atteindre sa fin ultime sans l’aide de la grâce (cf. Mt 19, 26 ; Jn 15, 5 ; Ph 4, 13).


+ La providence et le scandale du mal :

324 La permission divine du mal physique et du mal moral est un mystère que Dieu éclaire par son Fils, Jésus‐Christ, mort et ressuscité pour vaincre le mal. La foi nous donne la certitude que Dieu ne permettrait pas le mal s’il ne faisait pas sortir le bien du mal même, par des voies que nous ne connaîtrons pleinement que dans la vie éternelle.



Pour aller plus loin :
- Catéchisme de l’Eglise Catholique, IIIe e partie, 2e section, ch. 1, art. 1, § 4 : le Créateur : http://www.vatican.va/archive/FRA00...


Résolution pratique :

  • Confiance et abandon entre les mains de la Providence divine : « “ Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu ” (Rm 8, 28). Le témoignage des saints ne cesse de confirmer cette vérité : « Ainsi, S. Catherine de Sienne dit à “ ceux qui se scandalisent et se révoltent de ce qui leur arrive ” : “ Tout procède de l’amour, tout est ordonné au salut de l’homme, Dieu ne fait rien que dans ce but ” (Dial. 4, 138). » (313).