Pèlerinage 2013 - Sermon du Père de Saint Laumer

Dimanche de Pentecôte - 19 mai

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La famille, premier lieu de sainteté

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Chers amis pèlerins,

En cette fête de la Pentecôte, ouvrons tout grands nos cœurs à l’Esprit Saint. Laissons-nous envahir par l’Esprit de Vérité et d’Amour. Cet Esprit veut faire de nous des saints. Dieu nous a créés pour cela. « Vous serez saints, nous dit-il, parce que je suis saint » (Lv 11, 45). La sainteté, telle est notre vocation à tous, de par notre baptême. Or, c’est la famille qui est le premier lieu de la sainteté, car elle est le lieu :
- où la foi se transmet ;
- où s’exerce la charité ;
- où s’affermit l’espérance.

Dans la famille, la Foi se transmet. La sainteté n’est autre chose que l’union avec Dieu par la grâce sanctifiante, participation à la vie même de Dieu, reçue par le baptême.
« Que demandez-vous à l’Eglise de Dieu ? » demande-t-on aux parents qui viennent faire baptiser leur enfant. « La Foi. – Et que vous procure la Foi ? – La vie éternelle. »
Les parents chrétiens auront à cœur de procurer au plus tôt à leur enfant ce grand don de la vie divine, infusée dans l’âme par le baptême, et qui fait de nous des saints.
Bienheureux les parents qui veillent avec grand soin au développement de cette vie surnaturelle, en transmettant aux enfants que Dieu leur confie la connaissance et l’amour du Bon Dieu : par le catéchisme, par la prière, par la préparation aux sacrements de pénitence, d’Eucharistie, de confirmation. Il revient aux parents de montrer l’exemple de la fidélité à la prière : prière personnelle, prière conjugale, prière familiale : « Une famille qui prie est une famille unie », disait la bienheureuse mère Teresa de Calcutta.
Un point capital, sur lequel insistait le saint curé d’Ars, est la sanctification du dimanche : l’assistance à la messe chaque dimanche et fête est un principe sacré. La confession régulière et fréquente est aussi une nécessité pour purifier le climat familial.
Toute la vie de famille doit être imprégnée par l’esprit de foi, qui permet de comprendre le véritable sens de notre existence.
La famille est aussi le lieu où s’exerce la Charité. Elle est le lieu où l’enfant fait l’apprentissage de la vie en société et de l’amour vrai. Notre nature humaine, blessée par le péché originel, est fortement inclinée à l’égoïsme, au repli sur soi, à l’orgueil. Dans la famille, on apprend à s’ouvrir aux autres, à respecter notre prochain et le bien commun, à aimer en actes et en vérité.
Benoît XVI disait : « Le vrai amour cherchera toujours davantage le bonheur de l’autre, il se souciera toujours davantage de lui, il se donnera et désirera « être pour l’autre » et sera par conséquent toujours plus fidèle, indissoluble et fécond. »
Les parents auront à cœur d’enseigner à leurs enfants, par la parole et par l’exemple, le grand commandement divin : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. »
Au rebours de l’individualisme moderne, ils montreront la beauté du sacrifice, du renoncement à soi, de la charité fraternelle. Ils veilleront à susciter la générosité, la bienveillance, le sens du service. Ils sauront inculquer l’horreur du péché, comme une mère chrétienne, Blanche de Castille, savait le faire en osant dire à son fils, le futur saint Louis : « Mon fils, j’aimerais mieux vous voir mort à mes pieds que de savoir que votre âme est souillée d’un seul péché mortel. » Ils apprendront à leurs enfants à savoir pardonner et à savoir demander pardon.
Une famille où règne la charité devient la demeure de Dieu comme le dit Notre Seigneur dans l’évangile de ce jour : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure. » (Jn 14, 23) Ainsi les vocations sacerdotales ou religieuses peuvent naître et fleurir, dans ces familles où sont cultivés l’amour de Dieu et l’amour du prochain, à travers la prière, l’écoute de la Parole de Dieu et le don généreux de soi-même.
Enfin la famille est le lieu où s’affermit l’Espérance, parce qu’elle est le lieu où se transmet la vie humaine et la vie surnaturelle, qui est le commencement de la vie éternelle. Les parents aspirent à transmettre à leurs enfants le meilleur de ce qu’ils ont reçu : non seulement le patrimoine familial, les biens matériels, mais surtout le trésor des valeurs spirituelles, des vertus familiales.
Les enfants ont la tête pleine de rêves d’avenir, les jeunes ont de grands désirs. A vous, parents, de les aider à construire des projets, qui soient grands, beaux et réalistes.
Une maman, un jour, est interrogée par son garçon de 12 ans : « Maman, qu’est-ce qui est le plus important pour toi ? » La maman, comprenant l’importance d’une telle question, après une brève invocation à l’Esprit Saint, répondit : « Ce qui est le plus important pour moi, mes enfants, c’est que vous gardiez toujours la Foi. » Dans la vie quotidienne, nous avons souvent une vue terre à terre. Nous devons lever les yeux, regarder notre vie avec un regard de foi. Un petit récit médiéval nous aidera à comprendre. Un poète se promenait sur un chantier. Il s’arrête devant un artisan qui frappe un bloc de pierre avec un burin, et lui demande : « Que faites-vous, mon ami ? » Sans relever la tête, l’homme répond : « Je taille une pierre. » Notre visiteur s’approche d’un autre tailleur de pierre et lui pose la même question. Celui-ci lève le menton et dit : « Je participe à la construction d’un pilier. » Plus avant le poète demande la même chose à un troisième, et celui-ci répond, rayonnant : « Je construis une cathédrale ! »
Chères familles, chers parents, chers enfants, au sein de vos familles, vous êtes souvent confrontés à des difficultés de toutes sortes, des épreuves, des soucis quotidiens. Mais levez la tête, regardez plus haut et plus loin. Vos efforts ne sont pas vains. Bien au contraire, en persévérant dans la fidélité, dans votre devoir d’état, dans l’amour que vous mettez chaque jour dans vos actions, vous construisez une cathédrale, vous bâtissez une chrétienté. Une chrétienté renouvelée, qui ne sera pas celle d’avant, mais qui sera sa continuité, l’alliance de la culture et de la Foi, l’alliance du temporel et du spirituel, l’alliance de la Tradition et de la nouveauté. Aujourd’hui, la famille est l’objet d’un combat titanesque, car elle est vitale pour la civilisation et pour la foi. C’est toujours le même combat apocalyptique du Dragon contre la femme, des puissances du mal contre le Christ, de l’orgueil diabolique contre le dessein du Créateur. Depuis quelques siècles, ce combat s’est accentué à travers des idéologies qui veulent affranchir totalement l’homme de Dieu et créer une humanité nouvelle. La famille est le grand obstacle au projet révolutionnaire, car elle est le lieu de l’apprentissage de la liberté, du respect de la nature humaine créée par Dieu, du véritable amour.
La famille est le rempart contre le totalitarisme et le mensonge. Elle est nécessaire au développement de l’homme, condition de sa vraie liberté.
D’où le cri de la Révolution : « Familles, je vous hais ! » (André Gide). « Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils appartiennent à l’Etat », disait récemment une élue socialiste (Laurence Rossignol, sur France 2).
Contre ce totalitarisme jacobin, le pape Léon XIII affirmait : « il est dans l’ordre que ni l’individu ni la famille ne soient absorbés par l’Etat. » (Rerum novarum).
« Familles, je vous aime ! », disent au contraire Dieu et l’Eglise. Dieu lui-même a voulu naître, grandir au sein d’une famille, la Sainte Famille ! Le Fils de Dieu a vécu 30 ans de vie cachée, humble, priante et laborieuse. Trente ans, c’est l’âge de notre pèlerinage de chrétienté !
Nous avons à résister aux forces du mal : par une résistance spirituelle et par une veille active. Ne pactisons jamais avec le mensonge et le mal. Et n’oublions pas que, sans Dieu, nous ne pourrons rien faire. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs. » (Ps 126). Appuyons-nous donc en premier lieu sur les armes spirituelles : la prière (spécialement celle du chapelet, le Rosaire, que Notre-Dame nous a demandé avec tant d’insistance de réciter chaque jour), le jeûne, la pénitence. Je vous incite à participer à l’excellente initiative de l’association « tous en prière », qui organise une journée de jeûne et de prière, vendredi prochain, pour soutenir notre combat sur le plan politique et social.
Soyons remplis d’espérance, car nous serons certainement vainqueurs. Comme le dit Notre-Seigneur dans l’évangile de ce jour, « il vient le prince de ce monde, et contre moi, il ne peut rien. »
« Le monde contre nature est voué tôt ou tard à la ruine » (P. Calmel).
« Tout ce qui est né de Dieu, dit saint Jean, remporte la victoire sur le monde ; et la victoire qui a vaincu le monde, c’est notre foi. » (1 Jn 5).

Fr. Dominique-Marie de Saint Laumer