Interroger l’islam

Rencontre avec l’abbé Pagès

"Interroger l’islam"

Rencontre avec l’abbé Pagès


  • Mon père, pouvez-vous nous présenter votre apostolat ?

Déjà en 2003 Jean-Paul II lançait cet appel : « Il est nécessaire de préparer convenablement les chrétiens qui vivent au contact quotidien des musulmans (et pour qui n’est-ce pas peu ou prou, aujourd’hui, le cas ?) à connaître l’islam de manière objective (autrement dit : il y a des présentations de l’islam qui ne sont pas objectives…) et à savoir s’y confronter. » (Se confronter à l’islam ? Qui ose aujourd’hui dans l’Eglise demander pareille chose ?) (Exhortation apostolique Ecclesia in Europa, n° 57). La confrontation avec l’islam, à laquelle le pape somme les chrétiens de se préparer, leur demande de bien connaître l’islam, mais surtout de bien se connaître eux-mêmes.
L’apostasie dénoncée par cette même exhortation (n° 9) est telle que le discours auto-légitimant de l’islam est accueilli sans coup férir par l’Eglise, quand bien même blasphème-t-il Dieu, sa parole et son Eglise. C’est ainsi qu’Allah – pour qui croire à la Trinité est le seul péché irrémissible (coran 4.48) – est accepté comme le vrai Dieu ; Mahomet comme son prophète (cf. ; Mt 24.4,11,24 ; Ga 1.8 ; 1 Jn 2.22-27 ; 4.2-4 ; 2 Jn 7-11) ; le coran comme parole de Dieu (cf. le père de Chergé faisant sa lectio divina dans le coran) ; les mosquées comme des lieux de culte semblables à nos églises (alors que l’islam n’a aucun sacrifice à offrir à Dieu et que les mosquées sont des lieux d’endoctrinement, des tribunaux, des QG pour le djihad) ; et que des évêques sont tout heureux d’aller poser la première pierre des mosquées et de souhaiter un « saint et béni ramadan » (sic). Lorsque demain leurs ouailles auront fini de déserter les églises où ils ne trouvent plus que du sel affadi et seront devenus musulmans, ils pourront remercier leur évêque de leur avoir montré le chemin de la mosquée… Vraiment, pourrait-on trouver de pires aveugles pour conduire d’autres aveugles ? Cette folie est si révoltante que Christiano Magdi Allam, réchappé de l’islam et baptisé par Benoît XVI en 2008, a préféré, en un geste certes regrettable mais non moins prophétique, quitter l’Eglise plutôt que de cautionner avec elle la légitimité et les desseins de l’islam (Mt 24.15-18). Dans la lettre ouverte par laquelle il explique sa décision, il écrit : « Je suis de plus en plus convaincu que l’Europe finira par se soumettre à l’islam, comme cela s’est passé pour l’autre rive de la Méditerranée à partir du VIIe siècle, si elle ne fait pas preuve de lucidité et de courage pour admettre l’incompatibilité de l’islam avec notre civilisation et les droits fondamentaux de la personne, si elle n’interdit pas le coran pour apologie de la haine, de la violence et du meurtre des non-musulmans, si elle ne condamne pas la charia et les prêches qui incitent à des crimes contre l’humanité et à la violation de la sacralité de la vie de tous, qui rejettent l’égale dignité de l’homme et de la femme ainsi que la liberté religieuse, et finalement si elle ne met pas fin à la propagation des mosquées. »
La malédiction de l’islam est terrible (Ga 1.8), mais elle ne serait rien si elle ne trouvait pas dans l’Eglise et l’Occident l’apostasie qui y règne actuellement. Il devient, en effet, de plus en plus difficile de rendre témoignage à la vérité non seulement dans la société civile mais aussi dans l’Eglise où, sous couvert de tolérance et de lutte contre l’islamophobie, en bons soumis qu’ils sont déjà, les uns et les autres en viennent à condamner eux-mêmes toute critique de l’islam, laquelle se justifie pourtant amplement du fait que l’islam est un système politique, juridique et culturel incompatible avec les Droits de l’homme et ceux de Dieu. C’est ainsi que six sénateurs belges viennent de déposer un projet de loi sanctionnant pénalement la critique de l’islam !
La situation est humainement désespérée. L’ampleur du travail auquel mon apostolat voudrait coopérer est incommensurable. Comment conduire les chrétiens, et plus largement les occidentaux, à une réappropriation de leur identité, tout en arrachant les musulmans à la damnation où les tient cet antichrist caractérisé qu’est l’islam, que l’on ne veut point nommer comme tel et devant qui l’on déroule le tapis rouge, rouge du sang de tous les martyrs, passés, présents et à venir ? Je rappelle ces mots de Benoît XVI : « Le dialogue interreligieux et interculturel entre chrétiens et musulmans ne peut pas se réduire à un choix passager. C’est une nécessité vitale, dont dépend en grande partie notre avenir. » (Cologne, 20.08.2005).
Mon apostolat utilise ce fabuleux outil qu’est internet, où j’envoie de courtes vidéos (que je réalise encore, hélas ! comme un amateur) générant des échanges avec les internautes. Voici l’adresse de mon site « http://www.islam-et-verite.com/ », encore en cours de reconstruction. Je cherche des personnes, notamment arabophones, désireuses de coopérer à cet apostolat aussi urgent que délaissé.

  • Quels en sont les fruits ?

Par la grâce de Dieu, j’ai la joie de recevoir régulièrement, en provenance de divers pays, des messages m’annonçant la conversion de leurs auteurs. Il s’agit soit de musulmans pour qui mes vidéos ont été une aide dans la découverte de la vérité de l’islam, soit de catholiques non-pratiquants, de personnes d’autres religions ou d’athées. Nombre de ces personnes découvrent la vérité au sujet de Jésus-Christ et de l’Eglise, et cette découverte est si réelle et importante qu’elles demandent le baptême ou reviennent à la pratique religieuse. Mon apostolat vise un double but : la conversion des musulmans en particulier, et des non-catholiques en général, mais encore et non moins l’affermissement de la foi des catholiques.

  • Parlez-nous d’une de vos plus belles conversions ?

Un jour, sur l’un de mes forums, je vis un musulman me défendre, et plus tard, annoncer qu’il quittait l’islam. Je pris contact avec lui et allai le visiter dans la banlieue parisienne. Guinéen d’origine, islamisé sur son lieu de travail, il s’était alors mis à la recherche d’informations sur sa religion et c’est ainsi qu’il découvrit mes vidéos. Voulant en savoir davantage sur cet abbé Pagès, il trouva mes vidéos qui l’interpellèrent si bien qu’il partit s’en ouvrir à l’imam de sa ville, lequel lui répondit : « Ne va pas sur internet : il n’y a que des bêtises. Et puis, tu réfléchis trop. ». Voyant que l’imam était incapable de répondre aux contradictions que j’avais présentées, non seulement il quitta l’islam et se convertit au Christ, mais encore entraîna son épouse et, ayant téléchargé quelques-unes de mes vidéos sur son téléphone portable, convertit cinq de ses collègues à qui il les fit voir ! Il me montra un livre de prières qu’il avait trouvé dans une poubelle et avec lequel, chaque soir, à genoux, avec son épouse, ils priaient. Ils s’étaient également mis ensemble à étudier la doctrine chrétienne grâce à un livre de catéchisme de CM2 trouvé, lui aussi, dans une poubelle… Et, toujours dans une poubelle, ils avaient trouvé une copie du film de Zeffirelli Jésus de Nazareth, qu’ils regardaient rituellement et religieusement tous les dimanches soirs… J’ai vu, là, comment les pauvres du Tiers-Monde doivent aller chercher dans nos poubelles la foi et la culture chrétiennes que nous y avons rejetées ! J’ai ensuite téléphoné au curé de la paroisse sur le territoire de laquelle ils vivaient pour lui signaler l’existence de ces bienheureux (ils avaient pris l’habitude d’aller à sa messe chaque dimanche et d’y communier) et lui demander d’envoyer quelqu’un leur manifester l’accueil de la paroisse et leur rendre les devoirs de la charité, d’autant plus nécessaires que la maman était sur le point d’accoucher. J’ai téléphoné trois fois, mais jamais personne ne s’est déplacé…

  • Comment votre livre peut-il nous aider dans la démarche de conversion des musulmans ?

Pour répondre à la demande de l’Eglise susmentionnée exprimée par Jean-Paul II, j’ai donc écrit ce livre Interroger l’islam, qui contient en trois parties (Dieu, la Révélation et l’homme) un certain nombre de questions et de réponses à apporter dans un dialogue islamo-chrétien. Il est, en effet, nécessaire de présenter un minimum d’arguments lorsque nous sommes islamisés ou lorsque nous souhaitons nous-mêmes évangéliser les musulmans qui, je le dis d’expérience, n’attendent souvent que cela. Mon livre donne également aux musulmans de quoi obéir à Allah, qui leur demande : « Si tu es dans le doute sur ce qui t’a été envoyé d’en haut, interroge ceux qui lisent les Ecritures envoyés avant toi. » (coran 10.94).
Je suis évidemment très honoré et reconnaissant à Mgr Bernardini, archevêque émérite de Smyrne, en Turquie, d’avoir bien voulu écrire la préface de ce livre. Voici ce qu’il a notamment écrit : « Cette belle étude de l’abbé Guy Pagès nous donne des éléments pour un vrai dialogue islamo-chrétien et offre aux fidèles chrétiens les armes d’une exacte connaissance de la doctrine chrétienne et un exposé tout aussi exact de l’islam, par la référence constante aux textes fondateurs eux-mêmes. »

Propos recueillis par Rémi Fontaine

"Présent" - n° 7923 du samedi 24 août 2013
"Interroger l’islam. Eléments pour le dialogue islamo-chrétien", DMM.