51. Année de la foi : 26ème Dimanche après la Pentecôte

La Prière du Seigneur : « Notre Père »
La prière du « Notre Père »


bannière année de la foi

version pdf imprimable version pdf imprimable:

La Prière du Seigneur : « Notre Père »


« “ Un jour, quelque part, Jésus priait. Quand il eut fini, l’un de ses disciples lui demanda : ‘Seigneur, apprends-nous à prier, comme Jean l’a appris à ses disciples’ ” (Lc 11, 1). C’est en réponse à cette demande que le Seigneur confie à ses disciples et à son Église la prière chrétienne fondamentale. S. Luc en donne un texte bref (de cinq demandes : cf. Lc 11, 2-4), S. Matthieu une version plus développée (de sept demandes : cf. Mt 6, 9-13). C’est le texte de S. Matthieu que la tradition liturgique de l’Église a retenu (Mt 6, 9-13). » (2759)


La prière du « Notre Père »


2761 “ L’Oraison dominicale est vraiment le résumé de tout l’Evangile ” (Tertullien, or. 1).

Pater_Noster2.jpg

2763 « L’Oraison dominicale est la plus parfaite des prières (...). En elle non seulement nous demandons tout ce que nous pouvons désirer avec rectitude, mais encore selon l’ordre où il convient de le désirer. De sorte que cette prière non seulement nous enseigne à demander, mais elle forme aussi toute notre affectivité. » (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 83, 9).
2765 L’expression traditionnelle “ Oraison dominicale ” (c’est-à-dire “ prière du Seigneur ”) signifie que la prière à Notre Père nous est enseignée et donnée par le Seigneur Jésus. Cette prière qui nous vient de Jésus est véritablement unique : elle est “ du Seigneur ”. D’une part, en effet, par les paroles de cette prière, le Fils unique nous donne les paroles que le Père lui a données (cf. Jn 17, 7) : il est le Maître de notre prière. D’autre part, Verbe incarné, il connaît dans son coeur d’homme les besoins de ses frères et soeurs humains, et il nous les révèle : il est le Modèle de notre prière.


+ « Notre Père qui êtes aux cieux » :

2780 Nous pouvons invoquer Dieu comme “ Père ” parce qu’il nous est révélé par son Fils devenu homme et que son Esprit nous le fait connaître. Ce que l’homme ne peut concevoir ni les puissances angéliques entrevoir, la relation personnelle du Fils vers le Père (cf. Jn 1, 1), voici que l’Esprit du Fils nous y fait participer, nous qui croyons que Jésus est le Christ et que nous sommes nés de Dieu (cf. 1 Jn 5, 1).
2782 Nous pouvons adorer le Père parce qu’il nous a fait renaître à sa Vie en nous adoptant comme ses enfants dans son Fils unique : par le Baptême, il nous incorpore au Corps de son Christ, et, par l’Onction de son Esprit qui s’épanche de la Tête dans les membres, il fait de nous des “ christs ” : « Dieu, en effet, qui nous a prédestinés à l’adoption de fils, nous a rendus conformes au Corps glorieux du Christ. Désormais donc, participants du Christ, vous êtes à juste titre appelés “ christs ”. » (S. Cyrille de Jérusalem, catech. myst. 3, 1). « L’homme nouveau, qui est rené et rendu à son Dieu par la grâce, dit d’abord “ Père ! ”, parce qu’il est devenu fils. » (S. Cyprien, Dom. orat. 9).
2784 - 2785 Ce don gratuit de l’adoption exige de notre part une conversion continuelle et une vie nouvelle. Prier notre Père doit développer en nous deux dispositions fondamentales :
1/ Le désir et la volonté de lui ressembler. Créés à son image, c’est par grâce que la ressemblance nous est rendue et nous avons à y répondre. « Il faut nous souvenir, quand nous nommons Dieu ‘notre Père’ que nous devons nous comporter en fils de Dieu. » (S. Cyprien, Dom. orat. 11)
2/ Un coeur humble et confiant qui nous fait “ retourner à l’état des enfants ” (Mt 18, 3) : car c’est aux “ tout-petits ” que le Père se révèle (Mt 11, 25) : « Notre Père : ce nom suscite en nous, tout à la fois, l’amour, l’affection dans la prière, (...) et aussi l’espérance d’obtenir ce que nous allons demander (...). Que peut-il en effet refuser à la prière de ses enfants, quand il leur a déjà préalablement permis d’être ses enfants ? » (S. Augustin, serm. Dom. 2, 4, 16).
2787 Quand nous disons “ notre ” Père, nous reconnaissons d’abord que toutes ses promesses d’amour annoncées par les Prophètes sont accomplies dans la nouvelle et éternelle Alliance en son Christ : nous sommes devenus “ son ” Peuple et il est désormais “ notre ” Dieu. Cette relation nouvelle est une appartenance mutuelle donnée gratuitement : c’est par l’amour et la fidélité (cf. Os 2, 21-22 ; 6, 1-6) que nous avons à répondre à “ la grâce et à la vérité ” qui nous sont données en Jésus-Christ (cf. Jn 1, 17).
2794 « Qui es aux cieux » : cette expression biblique ne signifie pas un lieu (“l’espace ”), mais une manière d’être ; non pas l’éloignement de Dieu mais sa majesté. Notre Père n’est pas “ ailleurs ”, il est “ au-delà de tout ” ce que nous pouvons concevoir de sa Sainteté. C’est parce qu’il est trois fois Saint, qu’il est tout proche du cœur humble et contrit : « C’est avec raison que ces paroles ‘Notre Père qui es aux cieux’ s’entendent du cœur des justes, où Dieu habite comme dans son temple. Par là aussi celui qui prie désirera voir résider en lui Celui qu’il invoque. » (S. Augustin, serm. Dom. 2, 5, 18).


+ Les sept demandes :

2857 Dans le “ Notre Père ”, les trois premières demandes ont pour objet la Gloire du Père : la sanctification du Nom, l’avènement du Règne et l’accomplissement de la volonté divine. Les quatre autres lui présentent nos désirs : ces demandes concernent notre vie pour la nourrir ou pour la guérir du péché et elles se rapportent à notre combat pour la victoire du Bien sur le Mal.
2858 En demandant : “ Que ton Nom soit sanctifié ” nous entrons dans le dessein de Dieu, la sanctification de son Nom – révélé à Moïse, puis en Jésus – par nous et en nous, de même qu’en toute nation et en chaque homme.
2807 Le terme “ sanctifier ” doit s’entendre ici, non d’abord dans son sens causatif (Dieu seul sanctifie, rend saint) mais surtout dans un sens estimatif : reconnaître comme saint, traiter d’une manière sainte. C’est ainsi que, dans l’adoration, cette invocation est parfois comprise comme une louange et une action de grâces (cf. Ps 111, 9 ; Lc 1, 49). Mais cette demande nous est enseignée par Jésus comme un optatif : une demande, un désir et une attente où Dieu et l’homme sont engagés. Dès la première demande à notre Père, nous sommes plongés dans le mystère intime de sa Divinité et dans le drame du salut de notre humanité. Lui demander que son Nom soit sanctifié nous implique dans “ le Dessein bienveillant qu’il avait formé par avance ” pour que “ nous soyons saints et immaculés en sa présence, dans l’amour ” (cf. Ep 1, 9. 4).
2859 « Que ton Règne vienne. » Par la deuxième demande, l’Église a principalement en vue le retour du Christ et la venue finale du Règne de Dieu. Elle prie aussi pour la croissance du Royaume de Dieu dans l’ “ aujourd’hui ” de nos vies.
2816 Dans le Nouveau Testament, le même mot Basileia peut se traduire par royauté (nom abstrait), royaume (nom concret) ou règne (nom d’action). Le Royaume de Dieu est avant nous. Il s’est approché dans le Verbe incarné, il est annoncé à travers tout l’Evangile, il est venu dans la mort et la Résurrection du Christ. Le Royaume de Dieu vient dès la sainte Cène et dans l’Eucharistie, il est au milieu de nous. Le Royaume viendra dans la gloire lorsque le Christ le remettra à son Père : « Il se peut même que le Règne de Dieu signifie le Christ en personne, lui que nous appelons de nos voeux tous les jours, et dont nous voulons hâter l’avènement par notre attente. Comme il est notre Résurrection, car en lui nous ressuscitons, et peut être aussi le Règne de Dieu, car en lui nous régnerons. » (S. Cyprien, Dom. orat. 13).
2860 « Que ta Volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » Dans la troisième demande, nous prions notre Père d’unir notre volonté à celle de son Fils pour accomplir son dessein de salut dans la vie du monde.
2823 “ Il nous a fait connaître le mystère de sa Volonté, ce dessein bienveillant qu’il avait formé par avance (...) ramener toutes choses sous un seul Chef, le Christ (...). C’est en lui que nous avons été mis à part, selon le plan préétabli de Celui qui mène toutes choses au gré de sa Volonté ”. (Ep 1, 9-11). Nous demandons instamment que se réalise pleinement ce dessein bienveillant, sur la terre comme il l’est déjà dans le ciel.
2861 « Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. » Dans la quatrième demande, en disant “ Donne-nous ”, nous exprimons, en communion avec nos frères, notre confiance filiale envers notre Père des cieux. “ Notre pain ” désigne la nourriture terrestre nécessaire à notre subsistance à tous et signifie aussi le Pain de Vie : Parole de Dieu et Corps du Christ. Il est reçu dans l’ “ Aujourd’hui ” de Dieu, comme la nourriture indispensable, (sur-)essentielle du Festin du Royaume qu’anticipe l’Eucharistie.
2862 « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » La cinquième demande implore pour nos offenses la miséricorde de Dieu, laquelle ne peut pénétrer dans notre coeur que si nous avons su pardonner à nos ennemis, à l’exemple et avec l’aide du Christ.
2846 (La huitième) demande atteint la racine de la précédente, car nos péchés sont les fruits du consentement à la tentation. Traduire en un seul mot le terme grec est difficile : il signifie “ ne permets pas d’entrer dans ” (cf. Mt 26, 41), “ ne nous laisse pas succomber à la tentation ”. “ Dieu n’éprouve pas le mal, il n’éprouve non plus personne ” (Jc 1, 13), il veut au contraire nous en libérer. Nous lui demandons de ne pas nous laisser prendre le chemin qui conduit au péché. Nous sommes engagés dans le combat “ entre la chair et l’Esprit ”. Cette demande implore l’Esprit de discernement et de force. (La nouvelle traduction liturgique qui prévoit de dire : « Ne nous laisse pas entrer en tentation » est donc bien meilleure, à défaut d’utiliser celle traditionnelle.)
2864 Dans la dernière demande, “ Mais délivre-nous du Mal ”, le chrétien prie Dieu avec l’Église de manifester la victoire, déjà acquise par le Christ, sur le “ Prince de ce monde ”, sur Satan, l’ange qui s’oppose personnellement à Dieu et à son dessein de salut.
2865 Par l’ “ Amen ” final nous exprimons notre “ fiat ” concernant les sept demandes : “ Qu’il en soit ainsi… ”


Pour aller plus loin :
- Catéchisme de l’Eglise Catholique, IVe partie, 2e section, art. 2 : « Notre Père qui êtes aux cieux » et 3 : Les sept demandes : http://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P9V.HTM -Catéchisme du Concile de Trente : 4e partie, ch. 39 et sv. : De l’Oraison Dominicale : http://www.salve-regina.com/salve/Cat%C3%A9chisme_du_Concile_de_Trente_:_Quatri%C3%A8me_partie#Chapitre_trente-neuvi.C3.A8me_.E2.80.94_De_l.E2.80.99Oraison_Dominicale


Résolution pratique :
- « Jésus ne nous laisse pas une formule à répéter machinalement (cf. Mt 6, 7). (…) Jésus nous donne non seulement les paroles de notre prière filiale, il nous donne en même temps l’Esprit par qui elles deviennent en nous “ esprit et vie ” (Jn 6, 63). Plus encore : la preuve et la possibilité de notre prière filiale c’est que le Père “ a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie : ‘Abba, Père !’ ” (Ga 4, 6). » (2766)
- Prenons dix minutes pour méditer le Notre Père, en demandant la grâce de le réciter avec un esprit d’enfant plein de foi et de confiance.