Appel de Chartres n°208


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Le pèlerinage de Chartres, un rendez-vous incontournable !


adc208-2.jpgOn me demande pour quelle raison, chaque année, à la Pentecôte, je sors de mon placard mes chaussures de marche, mon gros sac, mon tapis de sol et mon duvet.
Pourquoi, alors que les beaux jours arrivent, je décide tous les ans de marcher de Notre-Dame de Paris à Notre-Dame de Chartres.
Comme de nombreux pèlerins et pèlerines, j’ai fait de ce pèlerinage un rendez-vous incontournable car j’aime retrouver cette ferveur que tous partagent, en particulier les enfants, malgré leur fatigue. J’aime faire une pause dans un quotidien qui va toujours trop vite. J’aime me dire que Jésus est heureux de nous voir marcher en chantant, assister à la Sainte Messe et qu’Il se réjouit de toutes ces âmes qui reviennent à Lui.
Mais, par-dessus tout, je marche parce que je crois qu’il n’y a pas de prière plus efficace qu’une souffrance offerte joyeusement pour l’amour du Bon Dieu. La vie nous donne des occasions de souffrir - personne n’est épargné - mais c’est si difficile d’offrir cette souffrance à Jésus. Dans le cadre d’un pèlerinage, la douleur des pieds et la fatigue sont toutes tournées vers le Bon Dieu.
Sainte Teresa de Calcutta nous a enseigné de très jolies choses sur la souffrance : « Je dis toujours aux gens qui souffrent que la souffrance est un baiser de Jésus, un signe qu'ils sont tout près de Lui sur la croix, tellement près, que là, Jésus peut les embrasser ».
Qui pourrait désirer autre chose que cela ?

adc208-3.jpgVenir marcher sur les routes de Chartres, c’est faire en sorte de se rapprocher du Cœur de Jésus, par l’intermédiaire de sa maman qui est chantée, louée et honorée pendant trois jours. Trois jours de rosaires, de méditations, d’invitation à une plus grande intimité avec son Créateur.
Votre cœur est chargé de peine ? Alors n’hésitez plus ! Prenez à votre tour vos chaussures de marche, votre gros sac, votre tapis de sol et votre duvet.
N’ayez pas peur de ne pas y arriver, le Christ marchera à nos côtés. « Apporte toutes tes souffrances à ses pieds », nous encourage mère Teresa. « Ouvre seulement ton cœur pour qu'Il t'aime tel que tu es ; Il fera le reste ».

Faisons-lui confiance et marchons joyeusement pour la plus grande gloire de Dieu à la suite de Charles Péguy dans les bras de la Vierge Marie. « Partir, marcher droit, arriver quelque part », écrivait-il. « Arriver ailleurs plutôt que de ne pas arriver. Arriver où on n’allait pas plutôt que de ne pas arriver. Avant tout arriver. Tout plutôt que de vaguer. »

Bon carême à tous !

Marine Rondot
Une pèlerine

Présentation de la Beauce à ND de Chartres


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« … Ainsi nous naviguons vers votre cathédrale.
De loin en loin surnage un chapelet de meules,
Rondes comme des tours, opulentes et seules
Comme un rang de châteaux sur la barque amirale.

Deux mille ans de labeur ont fait de cette terre
Un réservoir sans fin pour les âges nouveaux.
Mille ans de votre grâce ont fait de ces travaux
Un reposoir sans fin pour l’âme solitaire.

Vous nous voyez marcher sur cette route droite,
Tout poudreux, tout crottés, la pluie entre les dents.
Sur ce large éventail ouvert à tous les vents
La route nationale est notre porte étroite.
Nous allons devant nous, les mains le long des poches,
Sans aucun appareil, sans fatras, sans discours,
D’un pas toujours égal, sans hâte ni recours,
Des champs les plus présents vers les champs les plus proches.

Vous nous voyez marcher, nous sommes la piétaille.
Nous n’avançons jamais que d’un pas à la fois.
Mais vingt siècles de peuple et vingt siècles de rois.
Et toute leur séquelle et toute leur volaille



Nous arrivons vers vous du lointain Parisis.
Nous avons pour trois jours quitté notre boutique,
Et l’archéologie avec la sémantique,
Et la maigre Sorbonne et ses pauvres petits.

D’autres viendront vers vous du lointain Beauvaisis.
Nous avons pour trois jours laissé notre négoce,
Et la rumeur géante et la ville colosse,
D’autres viendront vers vous du lointain Cambrésis.

Nous arrivons vers vous de Paris capitale.
C’est là que nous avons notre gouvernement,
Et notre temps perdu dans le lanternement,
Et notre liberté décevante et totale.

Nous arrivons vers vous de l’autre Notre Dame,
De celle qui s’élève au cœur de la cité,
Dans sa royale robe et dans sa majesté,
Dans sa magnificence et sa justesse d’âme. »

Charles Péguy