Pèlerinage 2018 : Homélie de l'abbé Benoît Paul Joseph à Rambouillet

NDC2018-sermon-abbe-paul-joseph.jpg Homélie de l'abbé Benoît Paul Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité Sacerdotale Saint Pierre, le dimanche 20 mai 2018 à Rambouillet à l'occasion du 36e pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté.


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NDC2018-abbe-paul-joseph.jpg Chers amis pèlerins,

Pour quelques instants notre cohorte s’est arrêtée. Pour que nous puissions reprendre haleine ; refaire nos forces ; nourrir nos corps et nos âmes avant de repartir. Car dans une heure tout au plus, cette plaine sera à nouveau déserte et nous aurons repris la marche avec notre fatigue et notre joie, nos prières et nos chants.
Chers amis, vue du Ciel, vue de Dieu, notre cohorte est assurément magnifique ! Elle scintille de mille beautés et je crois que nous pouvons en être fiers ! Beauté certes, de nos bannières, de nos croix et de nos oriflammes, mais beauté surtout de nos traits fatigués, de nos membres déjà lourds, de notre dénuement dans cette campagne de France, de notre sainte obstination à toujours repartir, de nos cœurs pleins d’espérance et, je l’espère, de nos âmes purifiées ! Chers amis, nous sommes la cohorte des amis de Dieu, un bel échantillon de l’Eglise militante, un sursaut de chrétienté.
Pour beaucoup de nos contemporains, notre démarche est une énigme, parfois même une absurdité. Ne nous en étonnons pas, nous savons par saint Paul que l’on prenait déjà les premiers chrétiens pour des insensé ! Mais il est vrai que dans notre société de confort, de vitesse et de rentabilité un pèlerinage apparaît particulièrement décalé. Un pèlerinage c’est difficile, c’est lent et humainement ça ne rapporte rien (à vrai dire ça coûte même de l’argent…). Et pourtant, soyons sûrs que sa valeur est inestimable et son efficacité redoutable pour qui cherche Dieu, implore sa miséricorde et demande son assistance. Même à notre insu (parce qu’arrive un moment où on ne pense plus qu’à sa fatigue) un pèlerinage nous rapproche de Dieu, ce qui est le tout de notre vie.
C’est pour cela que nous sommes là et il s’agira de ne pas le cacher quand on nous demandera ce que nous avons fait durant ces 3 jours : non pas une randonnée, ni une épreuve sportive, mais un pèlerinage, une marche vers Dieu entre deux cathédrales. Toute autre explication serait incomplète, serait une rétention d’informations, d’informations essentielles, salutaires, vitales !

Et puisque nous célébrons la fête de la Pentecôte, nous supplions aujourd’hui le Saint-Esprit d’envoyer du haut du Ciel un rayon de sa lumière. Nous lui demandons d’envoyer ce rayon en nous-mêmes (en notre propre cœur), mais aussi dans nos familles – charnelles ou religieuses – et dans notre pays.
En nous même pour laver ce qui est souillé ; dans nos familles pour guérir ce qui est blessé ; dans notre pays pour rendre droit ce qui est faussé.
Car nous confessons notre immense faiblesse, Ô Père des Pauvres, nous confessons que sans votre puissance divine il n’est rien dans l’homme qui ne soit perverti ou sujet à la perversion. Aussi, en cette fête de Pentecôte, nous implorons votre lumière bienheureuse : puisse-t-elle percer les ténèbres de nos cœurs pour y verser ce rayon divin, seul capable de nous transformer !

Car, chers amis pèlerins, au-delà de nos déficiences et de nos misères personnelles, il nous revient cependant de poursuivre dans le monde, et d’abord dans notre pays, la gigantesque mission des disciples de Jésus-Christ, commencée il y a 20 siècles : l’annonce de la Bonne Nouvelle. Or, aujourd’hui en France, comme dans toute l’Europe, notre situation ressemble à celle des chrétiens du Ve siècle dans l’Empire romain d’Occident, pris en étau entre une société en voie d’effondrement, à bout de souffle et la montée en puissance d’autres cultures et surtout d’autres religions incompatibles avec le message de JC. Comme nos aînés, nous sommes confrontés à l’avachissement progressif de notre propre civilisation, infidèle à ce qui a fait sa grandeur, vide de toute force spirituelle et à la puissance conquérante, non plus de hordes barbares, mais d’un Islam déterminé et violent, portant la mort au nom du Coran.
Chers amis pèlerins, dans cette situation inquiétante, il faut faire acte de résistance, ne céder ni devant l’arrogance d’une religion belliqueuse, ni pactiser avec les idoles modernes qui anesthésient les âmes par le venin de l’indifférence, le culte abrutissant du bien-être et la prison du consumérisme. A vrai dire, ces dangers-là sont les plus insidieux et les plus redoutables car ils s’offrent à nous comme l’air qu’on respire et petit à petit contaminent nos âmes. Aussi, comme nos ainés dans la foi, il nous faut refuser de sacrifier aux idoles pour garder nos cœurs à Jésus-Christ. Chers pèlerins que ces 3 jours de prière soient l’occasion de vérifier quels sont nos vrais attachements, de vérifier si nous n’avons pas de secrètes attaches aux idoles modernes : restons-nous libres, par exemple, dans l’utilisation des réseaux sociaux : eux peuvent vivre sans nous, pouvons-nous vivre sans eux ? Quel usage avons-nous de notre smartphone : est-ce nous qui le possédons ou lui qui nous possède en s’étant rendu indispensable ? Mais surtout, quelle est notre relation avec la personne de Jésus-Christ : règne-t-il dans toute notre vie ou lui interdisons-nous l’accès à certains domaines de notre existence ? Méfions-nous de la morsure d’une société sécularisée dont Dieu a été chassé et dont le seul idéal est l’épanouissement personnel indépendamment d’une famille, d’une patrie et d’une religion.
Et nous assistons aujourd’hui au développement ultime de cet individualisme effréné, avec le refus de l’ordre et des limites posées par le créateur, le dénis de notre condition même de créature et les conséquences funestes qui en découlent : la volonté de contrôler techniquement la vie humaine quitte à blesser sa dignité, le rejet de toute loi morale et même naturelle, vues comme des atteintes à la liberté alors qu’elle nous préserve d’agissements indignes ou encore les projets fous du transhumanisme cherchant à fabriquer un être humain augmenté mais spirituellement démuni.

Chers amis pèlerins, il importe de ne pactiser, en aucune façon, avec ces nouvelles idoles, incompatibles avec notre vie d’enfants de Dieu. Il faut les fuir et les combattre avec la même énergie et la même ténacité que celles des martyrs des premiers siècles qui nous ont tracé la voie de la fidélité à Dieu. Si le sel vient à s’affadir, avec quoi va-t-on le saler ? demande NS.
Pour autant notre mission ne peut s’arrêter là : nous n’avons pas seulement vocation à nous prémunir contre les dangers du monde mais à porter haut la bannière de Jésus-Christ pour que les paroles de feu de l’Evangile embrasent toute la terre, illuminent les cœurs et les consciences. Notre mission est aussi urgente et impérieuse qu’au temps des Apôtres et nous sommes dépositaires des mêmes dons sacrés.
Chers pèlerins, en ce jour de Pentecôte, daigne le Saint-Esprit allumer en nous le feu de son amour pour que nous marchions avec fidélité derrière la cohorte de héros, de saints et de martyrs qui nous a précédés.

Abbé Benoît Paul-Joseph
Supérieur du district de France de la Fraternité Saint Pierre