Etre la voix des sans voix

 

Si Saint Paul pose l’Enfant comme intrinsèquement héritier, c’est parce qu'un héritier est celui qui possède de grands biens sans pouvoir encore en disposer, c'est aussi parce qu’il dépend d’autres que lui-même bien qu'il soit déjà sujet de la loi, c'est enfin parce qu'il n’hérite  que lorsqu'il peut user droitement de ses biens. 

L’héritier, c’est d'abord le Christ. On hérite en vertu de la filiation, le Christ est Fils de Dieu par nature et en droit, il est établi héritier de toute chose. L’héritier c’est encore l'Israël de Dieu aujourd'hui c'est à dire l'Eglise, plus universelle et plus large que le seul peuple hébreu. L’héritier enfin, c’ est chacun d’ entre nous : nous sommes enfants de Dieu par adoption et par grâce. C’est ce qui nous permet de prétendre à l’ héritage divin. 

L'homme est donc un héritier... Oui ! Mais pas seulement au plan surnaturel. Cela vaut aussi au plan naturel. 

Il ne s'appartient pas absolument, parce qu'il ne s'est pas fait seul et entièrement. C'est sa noblesse d'être intelligent et libre de le reconnaître, puis d'agir de manière responsable, parce que toute richesse créée une responsabilité.

Or, quelle est la tentation d'Hérode, hier et aujourd'hui? Se vouloir tout puissant, maître absolu, possesseur et manipulateur. Non serviam. Je ne sers pas, je ne reconnais pas ma condition de créature, ma dépendance envers le Créateur, je n'agis pas en conformité avec cette dépendance. Je refuse et repousse toute limite, tout repère que je n'aurai pas fixé moi-même, que je pourrai techniquement et matériellement franchir. C'est alors que la menace d'arbitraire, l'ivresse de toute puissance tourne au détriment des créatures, et atteint l'être humain lui-même. 

Sans Dieu, "l'homme est un loup pour l'homme"... En particulier le plus petit, le plus faible. Ce plus petit, ce plus faible est un signe de contradiction. Il est une limite objective posée à la volonté de puissance, à la soif de bien-être et de jouissance égoïste. Il appelle au don de soi, au dévouement, au sens des responsabilités.

Ayant redéfini que seul ce qui est apparent et performant, productif ou jouisseur a droit de cité, nous manipulons et éliminons ce qui est caché, ce qui est dépendant, ce qui est « improductif ». Terrible "culture du déchet", dénoncée par le Magistère récent ! Le progrès technique, scientifique, médical balance sans cesse entre la merveille ou la monstruosité.

C'est donc le sens de la marche pour la vie du 20 janvier prochain d'être la voix des sans voix, la défense visible des invisibles sans défense. C'est un signe de contradiction aux yeux du monde! Ces plus petits, enfants à naître, handicapés, (mais aussi malades incurables, personnes âgées et en fin de vie...) ne peuvent pas enfiler un gilet jaune pour dire ce que le système leur fait souffrir. Pour ceux et celles d'entre nous qui le peuvent, soyons au rendez-vous ! Paris n'est peut-être pas si loin de chez vous...

Le magistère récent a reformulé des fondamentaux de la loi naturelle, à travers l'écologie intégrale et l'équilibre de la maison commune.  Mais comment appliquer "l'écologisme partial" de notre siècle, qui met l'espèce humaine à égalité, voire en deça des autres espèces animales... Qui pleure sur les espèces protégées et le sort des bébés phoques, tout en détruisant des enfants à naître... Qui fait passer "l'empreinte carbone" avant "l'image de Dieu"... Qui prêche et adore le recyclage des déchets, en jetant à la poubelle de l'histoire les êtres humains les plus faibles ou les plus dépendants? Une société qui pratique massivement l'élimination des plus petits, des invisibles vivants a-t-elle un avenir?

Il y a cependant des lueurs d'espérance. On n'a pas le droit de pleurer sur les ténèbres sans regarder la lumière. Je pense à ces courageux défenseurs de la vie ; ce président des gynécologues de France qui a affirmé que l'IVG est un homicide... Cette infirmière qui a fait valoir son droit à l'objection de conscience (et combien de soignants le font encore actuellement pour le respect de la vie, et pour préserver le sens de leur profession!)... Ce chef de service qui a eu la bienveillance et la franchise d'avertir une mère hésitant à garder son enfant. Cette religieuse prix Nobel de la paix, Sainte Mere Teresa, qui a dénoncé l'IVG comme le plus grand destructeur de la paix... Ce professeur Lejeune qui a sacrifié la gloire, la richesse, pour empêcher que ses découvertes génétiques servent l'eugénisme et le tri sélectif des êtres humains... Ces bénévoles et accompagnateurs nombreux qui accueillent, écoutent, guident et encouragent les filles mères désorientées, les couples en difficulté.... Ces époux, enfin, qui vivent la parenté responsable en pleine fidélité à la loi naturelle et au Magistère de l'Eglise.

Chers amis, confions à la miséricorde de Dieu les enfants et malades victimes de la folie humaine.  Prions l'ange gardien des mères et des enfants à naître. Offrons nos prières, messes, communions en réparation de tous les IVG.  Manifestons, avec fermeté et prudence, une vraie bonté envers ceux et celles qui sont dans l'ignorance, la détresse, l'hésitation concernant l'enfant à naître.

Et enfin, si nous le pouvons, soyons nombreux à Paris le 20 janvier prochain, pour être la voix des sans voix!

Abbé Alexis Garnier