Comment réagir face aux inégalités ?

Le principe absolu de l’égalité entre les hommes a beau être une vérité pleine et entière, nous ne pouvons que constater des inégalités quotidiennes dans tous les domaines qui semblent déstabiliser le principe de base, voire lui faire perdre toute crédibilité.

A commencer par les inégalités individuelles puisque nous naissons avec des différences de sexe, de santé, de force, d’intelligence, de talent…qui viennent se complexifier avec les inégalités de fonctions (publiques, privées) qu’implique la bonne organisation d’une société, et celles des biens (matériels, culturels, de positions sociales, réseaux et relations...). On peut y ajouter les inégalités cde malice qui font que la vie profite parfois (ou souvent) mieux aux profiteurs sans scrupule, inhumains, qui arrivent à leurs fins par tous les moyens, ceci étant encore renforcé par l’inégalité de répartition des richesses et des biens sur la terre.

Alors que propose la Doctrine Sociale pour appréhender ces inégalités ? Elle va toujours chercher à découvrir ce qu’est le plan de Dieu…

En ce qui concerne l’inégalité des sexes, la Doctrine Sociale de l’Eglise affirme l’égalité des hommes et des femmes dans leur dignité de personne mais voit en chacun des dons différents et complémentaires, générant des rôles distincts. C'est tout le contraire du féminisme dont la lutte repose sur l'opposition (combat pour l'égalitarisme), là où l'Eglise parle de communion basée sur l'égalité fondamentale. Il en est de même pour les inégalités liées à l’intelligence, la force, l’âge…particulièrement portées par le pontificat de Saint Jean-Paul II et dont nous voyons aujourd'hui plus encore tous les enjeux (avortement, eugénisme, euthanasie, transhumanisme...).

Pour ce qui est des inégalités sociales, liées aux différences de fonctions et de professions dans la société, l’Eglise les reconnait utiles et bienfaisantes, dès lors que la justice et la charité sont respectées : « dans un peuple digne de ce nom, toutes les inégalités, qui dérivent non du libre caprice, mais de la nature même des choses, inégalités de culture, d’avoirs, de position sociale, sans préjudice bien entendu de la justice et de la charité mutuelles, ne sont nullement un obstacle à l’existence et à la prédominance d’un authentique esprit de communauté et de fraternité » . Parce qu’ils sont complémentaires et ont besoin les uns des autres, les hommes sont entrainés à s’aimer, à s’aider, et doivent tous collaborer ensemble au bien commun de la société.

C’est cette entraide qui va rééquilibrer les inégalités des biens, de la culture, de l’avoir, du niveau de vie par le droit de chacun un certain degré de culture intellectuelle, morale et physique (Encyclique Divini illius Magistri) et le droit à l’usage des biens matériels dans le cadre d’une recherche commune de bien commun, de justice et de charité sociale.

Quant aux inégalités liées à la malice d’hommes profiteurs, Léon XIII les a condamnées sévèrement dès son encyclique In Plurimis : « de la contagion du premier péché ont dérivé tous les maux, et notamment cette perversité monstrueuse par laquelle il y a eu des hommes qui, perdant le souvenir de leur fraternelle communauté d’origine, au lieu de pratiquer, sous l’impulsion de la nature, la bienveillance et le respect mutuels, n’ont écouté que leurs passions et ont commencé à considérer les autres hommes comme leur étant inférieurs, et à les traiter par conséquent comme des animaux nés pour le joug ».

Enfin, les inégalités liées à la mauvaise répartition des richesses ont été dénoncées également par Léon XIII et tous les papes qui lui ont succédé, considérant que si le constat de l’inégalité des richesses pouvait s’expliquer pour partie par une répartition inégale des biens naturels de la terre, l’Eglise s’opposait à l’accumulation de ces biens dans les mains d’un petit nombre au détriment de populations totalement paupérisées et aux conditions économiquement indignes de l’être humain, au nom de l’égalité fondamentale entre les hommes.

Des sujets d’une actualité brûlante en France, pour lesquels il conviendrait probablement de revenir aux fondamentaux historiquement posés par l’Eglise et continuellement rappelés par ses papes…